L'introduction aux aliments complémentaires

Autour de 6 mois, les bébés doivent combler des besoins plus grands en énergie et en nutriments. C’est le moment d’introduire dans leur régime des aliments « solides » ou complémentaires, c’est-à-dire autres que le lait maternel ou la préparation pour nourrissons.

Quand introduire les aliments complémentaires?

Le lait comble les besoins nutritionnels de la plupart des bébés jusqu’à l’âge de 6 mois environ. C’est pourquoi l’âge recommandé pour introduire les aliments complémentaires est de 6 mois.

Comme le rythme de croissance et les besoins varient d’un enfant à l’autre, certains bébés peuvent avoir besoin de manger avant 6 mois. Certains professionnels de la santé conseillent alors parfois de commencer à offrir des aliments complémentaires entre 4 et 6 mois.

Toutefois, aucun aliment complémentaire ne devrait être offert avant l’âge de 4 mois, car cela peut nuire à la santé du bébé. De plus, un bébé de cet âge n’est pas prêt, sur le plan physique, à manger d’autres aliments que le lait ou la préparation pour nourrissons parce que :

• sa production de salive est insuffisante;
• il n’a pas assez d’enzymes pour digérer les aliments consommés;
• ses reins ne peuvent pas tolérer de grandes quantités de protéines;
• son système immunitaire est encore immature, ce qui augmente son risque de souffrir d’allergies alimentaires.

Les aliments solides doivent toutefois être introduits sans tarder lorsque le bébé a environ 6 mois, alors que ses systèmes digestif et immunitaire sont prêts. C’est important pour combler ses besoins grandissants et aussi parce que c’est une période où il développe son goût pour les aliments et leurs différentes textures. Il s’adapte plus facilement aux aliments vers 6 mois que plus tard.

Signes qu’un bébé est prêt à commencer à manger des aliments complémentaires

Malgré les avantages liés à la prévention des allergies alimentaires, tous les bébés de 4 mois ne sont pas prêts physiquement à manger des aliments complémentaires. Ils ne sont pas tous capables non plus de communiquer pour être nourris selon leurs besoins.

Quel est le bon moment pour offrir des aliments complémentaires à votre bébé?

Assurez-vous donc que tous les signes suivants sont présents avant d’offrir des aliments complémentaires à votre enfant âgé de 4 à 6 mois :

• Le lait maternel ou la préparation pour nourrissons ne sont plus suffisants pour rassasier votre bébé. C’est peut-être le cas s’il demande à boire plus souvent depuis plus de 5 jours et qu’il semble toujours avoir faim même s’il vide les deux seins de 8 à 10 fois en 24 heures ou même s’il boit plus de 1,1 l (40 oz) par jour au biberon.
• Il se tient assis sans aide et est capable de se pencher vers l’avant.
• Il est capable de porter des aliments ou des objets à sa bouche et essaie de mâcher.
• Il soutient et contrôle sa tête pour la tourner et faire « non » de la tête.
• Il est capable de repousser des objets dont il ne veut plus, ce qui démontre qu’il est capable de repousser une cuillère pour signifier qu’il n’a plus faim.
• Il démontre de l’intérêt envers les aliments.

Un intérêt variable pour les aliments

Avant même d’avoir 6 mois, certains bébés n’auront d’yeux que pour le contenu de l’assiette de leurs parents. D’autres continueront toutefois à s’en désintéresser, même à 7 mois. L’intérêt pour les aliments complémentaires varie beaucoup d’un enfant à l’autre.

Si votre bébé n’est pas intéressé par la nourriture, encouragez-le à manger des aliments autres que le lait. Pour ce faire, asseyez-vous avec lui à table, déposez des aliments devant lui pour qu’il puisse les voir, les toucher et les sentir. Mangez aussi en sa compagnie pour qu’il ait envie de vous imiter.

Les premiers aliments : riches en fer

Il est recommandé d’introduire en premier les céréales pour bébés enrichies en fer et les aliments protéinés (viande, volaille, poisson, oeufs, légumineuses et tofu), car les études ont démontré que les bébés de 6 mois ont des besoins en fer qu’il est nécessaire de combler à cet âge. Même si la viande est la plus grande source de fer, une alimentation végétarienne peut elle aussi combler les besoins en fer de votre bébé.

Quand votre enfant mange des aliments riches en fer deux fois par jour, vous pouvez introduire d’autres aliments (légumes et fruits, produits céréaliers et produits laitiers) afin de diversifier son alimentation.

À partir de ce moment, essayez d’inclure un fruit ou un légume riche en vitamine C (ex. : fraise, orange, brocoli, poivron) aux repas qui contiennent des céréales, des légumineuses ou du tofu. Cette vitamine contribue à l’absorption du fer d’origine végétale. Cela est particulièrement important pour les bébés végétariens. Il est aussi important :

• d’offrir un seul aliment nouveau à la fois lors d’un repas ou d’une collation;
• de ne pas mélanger un nouvel aliment avec d’autres afin que votre enfant apprenne à les connaître séparément;
• de choisir des aliments nutritifs et variés.

Quels aliments donner à un bébé de 4 à 6 mois?

Si vous choisissez de donner des aliments solides à votre bébé âgé de 4 à 6 mois, servez-lui des purées, car avant 6 mois, il n’est pas encore prêt à manger des morceaux. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est déconseillé de commencer l’alimentation autonome avant 6 mois.

Comment procéder?

Commencer à manger des aliments complémentaires est une étape importante pour un bébé. Choisissez donc un moment où votre enfant est bien reposé, de bonne humeur et non incommodé par un rhume ou un autre problème de santé.

Certains experts recommandent d’offrir le lait maternel ou la préparation commerciale avant les aliments solides jusqu’à 7 mois environ. D’autres croient que le boire peut être donné autant avant qu’après le repas ou même partagé en deux.

Laissez-vous guider par votre bébé pour savoir dans quel ordre lui offrir son lait et les aliments complémentaires. L’important est que la consommation d’aliments solides ne réduise pas la quantité de lait maternel ou de préparation pour nourrissons qu’il boit.

Jusqu’à au moins 1 an, offrez à boire ou à manger à votre enfant à la demande. Vous instaurerez ensuite petit à petit un horaire de repas et de collations.

Continuez à offrir à votre enfant des céréales pour bébés jusqu’à l’âge de 2 ans afin qu’il profite de leur contenu élevé en fer. S’il ne veut plus en manger à la cuillère, incorporez-les dans des recettes de muffins, de crêpes ou de biscuits.

Quand donner un nouvel aliment?

Si vous le souhaitez, vous pouvez introduire un nouvel aliment, ou même plus, tous les jours. Attendez toutefois l’âge de 9 mois, idéalement 12 mois, avant d’offrir du lait de vache ou une boisson de soya enrichie à votre bébé, car une grande quantité de calcium diminue l’absorption du fer.

Attendre deux ou trois jours entre l’introduction de deux nouveaux aliments n’est pas nécessaire. Les études ont montré que cela ne prévient pas les allergies. En évitant ce délai inutile, votre bébé est exposé plus rapidement à une grande variété d’aliments, ce qui est préférable pour le développement de ses goûts.

Un bébé a souvent besoin de plusieurs jours pour apprécier un nouvel aliment. Il se peut donc que votre enfant prenne – un peu ou beaucoup – plus de temps avant d’aimer certains aliments. Continuez à les offrir régulièrement, sans jamais forcer votre enfant à en manger ni à y goûter.

Si votre enfant refuse toujours de manger un aliment après plusieurs essais, cessez de le lui servir pendant un certain temps. Il voudra peut-être y goûter dans quelques semaines.

Quelle quantité d’aliments donner à un bébé

Pour introduire les aliments solides, offrez tout d’abord de petites quantités à votre bébé, c’est-à-dire environ une cuillère à thé. Vous pourrez ensuite augmenter peu à peu selon la faim de votre enfant. Préciser les quantités à lui donner est impossible, car chaque enfant est unique.

Portez attention aux signaux de faim de votre bébé, car c’est lui qui vous guidera. Au début, donnez-lui des aliments une ou deux fois par jour. Par exemple, vous pourriez lui offrir des céréales pour bébés enrichies en fer au déjeuner et de la viande ou du tofu au dîner.

Après quelques semaines, votre bébé pourrait avoir deux ou trois repas par jour. Ainsi, il pourrait manger des céréales et des fruits au déjeuner, de la viande ou du tofu ainsi que des légumes au dîner, puis finalement du poisson et des légumes au souper, en fonction de sa faim.

Vers 7 à 8 mois, ses repas seront plus réguliers et combineront davantage d’aliments. Par exemple, son dîner pourrait être composé de légumineuses, de légumes et de fruits alors qu’il mangera des céréales, des fruits ou des légumes de même qu’un fromage ou un yogourt au souper. Prévoyez des quantités semblables pour chaque aliment, à l’image de l’assiette équilibrée. Mais laissez votre enfant décider de la quantité qu’il mange. Il est également possible de lui offrir des collations s’il a assez d’appétit.

Exemples de menus

Gardez en tête que ces menus pour bébé ne sont que des exemples. N’hésitez pas à adapter les repas à la faim de votre enfant et à vos habitudes familiales.

* Six mois ou avant si l’introduction a lieu entre 4 et 6 mois.

** « Lait maternel » est utilisé pour simplifier le tableau. Il peut s’agir de préparation pour nourrissons.

Les allergies alimentaires

Plusieurs études ont permis de prouver que l’introduction plus tardive des allergènes ne protégeait pas un enfant contre les allergies alimentaires. Au contraire, cette pratique est liée à un plus grand risque d’allergies.

Il n’est donc plus recommandé d’attendre pour introduire les aliments dits allergènes, et ce, même pour les enfants à risque d’allergie (qui ont un parent, un frère ou une soeur ayant une allergie alimentaire ou si les bébés font eux-mêmes de l’eczéma ou de l’asthme). Donner à ces enfants les aliments allergènes tôt, entre 4 et 6 mois, les protégerait mieux.

Pour connaître les principaux allergènes et les symptômes d’une allergie alimentaire, consultez notre fiche Les allergies alimentaires chez l’enfant.

Les textures des aliments

Au début, vous pouvez présenter à votre bébé ses repas sous forme de purée lisse. Certains bébés acceptent aussi assez rapidement des aliments écrasés à la fourchette seulement et d’autres mangeront très tôt des aliments hachés finement ou en petits morceaux.

L’introduction de nouvelles textures dans l’alimentation de votre enfant est importante pour le stimuler et lui permettre de développer ses habiletés. Même s’il n’a pas de dents, ses gencives lui permettent de mastiquer.

Évitez de rester plus que quelques semaines au même stade de texture. Les capacités de votre bébé doivent évoluer. Sinon, il risque de développer une paresse face aux textures et éprouver des difficultés à se nourrir normalement en grandissant.

Dès qu’il est capable de porter des aliments à sa bouche, encouragez votre enfant à prendre avec ses doigts de petits bouts d’aliments mous : des légumes bien cuits, des fruits mûrs, des céréales non sucrées en forme d’anneaux... Il vous mettra peut-être même devant le fait accompli.

En plus de favoriser son autonomie, manger avec ses doigts lui permet de développer sa motricité fine. De 9 à 12 mois, votre bébé mangera presque de tout si sa nourriture est coupée en menus morceaux.

Prévenir les étouffements

Parce qu’ils ont la même grosseur que l’oesophage d’un jeune enfant, certains aliments peuvent rester pris dans sa gorge et bloquer sa trachée. Jusqu’à 4 ans, afin de prévenir les risques d’étouffement, évitez de lui donner des aliments petits, durs et ronds.

Parmi les aliments à éviter se trouvent les arachides, les noix, les raisins secs (sauf s’ils sont bien hydratés, dans un muffin par exemple), les raisins frais entiers, les rondelles de saucisse, les carottes et le céleri crus, les aliments piqués sur des cure-dents, le fromage en bâton de type Ficello (sauf si effiloché) et le maïs soufflé.

Pour savoir quoi faire en cas d’étouffement, consultez notre fiche sur l’étouffement.

Il refuse de manger un aliment?

Si votre bébé refuse de manger un aliment, n’insistez pas. Un enfant se familiarise avec les aliments à l’aide de ses cinq sens. Il peut avoir besoin de les regarder, de les sentir, de les toucher plusieurs semaines ou mois avant d’accepter de les goûter. Si on le force ou si on insiste, l’enfant associera l’aliment à une expérience négative, et cela diminuera encore plus ses chances d’aimer ces aliments un jour.

Si votre enfant refuse de manger un aliment, proposez-le-lui de nouveau quelques semaines plus tard. Continuez à le lui offrir même après 3 ou 4 refus, puisque cela peut prendre 15 ou 20 fois avant qu’il aime un nouvel aliment, le temps que son goût se forme.

Ne vous inquiétez pas non plus si son appétit est très variable : s’il refuse de manger un jour et s’il dévore son assiettée le lendemain. Faites-lui confiance, car il sait instinctivement écouter les besoins de son corps. S’il s’intéresse à la cuillère et à la nourriture, il vous signale qu’il a faim. S’il ferme la bouche, tourne la tête, joue avec sa nourriture, boude ou pleure, il vous indique qu’il a assez mangé.

Pendant et après le repas, n’hésitez pas à lui offrir de l’eau s’il a soif. Elle peut l’aider à mastiquer et à avaler en plus de favoriser son hydratation. Vous pouvez aussi lui en offrir en petites quantités à la fois au cours de la journée.

À retenir

• Vers l’âge de 6 mois, un bébé est prêt physiquement à manger des aliments complémentaires. Certains bébés sont prêts plus tôt, mais jamais avant 4 mois.
• Faire découvrir des aliments variés à l’enfant dès qu’il commence à manger aide à combler ses besoins et à développer ses goûts.
• Pour prévenir les étouffements, il faut toujours offrir des aliments dont la forme, la taille et la texture sont sécuritaires, et toujours être avec bébé lorsqu’il mange.

Révision scientifique : Stéphanie Côté, M. Sc., nutritionniste Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Février 2024

Photos : GettyImages/StockerThings et Yummy pic