L’abus sexuel : en reconnaître les signes et en parler pour le prévenir.
Il n’est pas facile de parler d’abus sexuel avec un jeune enfant, pourtant il est important de le faire afin de le protéger, sans toutefois lui donner l’impression que tout le monde est dangereux. De même, un enfant qui a été informé sur les risques d’abus sexuel pourrait se confier plus facilement si jamais il en était victime.
La prévention de l’abus sexuel
Pour prévenir les abus sexuels, il est important de discuter de ce risque avec votre enfant. Donnez-lui des informations claires et, une fois que c’est fait, n’en parlez pas sans arrêt. Si vous dramatisez trop, cela pourrait inciter votre enfant à se taire s’il se trouvait en difficulté pour éviter de vous bouleverser. Il pourrait aussi développer une telle crainte qu’il ne fasse plus confiance à personne.
Sachez cependant que la plupart des abus sexuels sont commis par des gens que les enfants connaissent. Même si vous mettez votre tout-petit en garde, il n’en demeure pas moins que la responsabilité de prévenir les abus sexuels est d’abord la vôtre.
Si vous avez vous-même été victime d’abus sexuels dans votre enfance, il se peut que vous soyez mal à l’aise de parler de risques d’abus avec votre enfant ou que vous soyez paniqué à l’idée que cela puisse lui arriver. Dans ce cas, n’hésitez pas à consulter un professionnel spécialisé en abus sexuels, comme un sexologue ou un psychologue.
Vous pouvez aussi communiquer avec le centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de votre région. Consultez le site du regroupement québécois des CALACS pour connaître le numéro de téléphone du centre le plus près de chez vous.
Discuter des risques d’abus sexuels avec votre enfant Voici quelques questions qui vous aideront à commencer une discussion sur les risques d’abus sexuels. -
tu nous perdais dans une foule?
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la voisine venait te chercher à la garderie sans que papa ou maman t’ait prévenu?
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la personne qui te garde te disait : « Tu pourras aller te coucher plus tard si tu me laisses te voir nu… »?
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quelqu’un que tu connais bien te proposait de t’amener au parc sans notre autorisation?
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quelqu’un que tu aimes voulait avoir un secret avec toi et te demandait de ne pas me le dire?
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ton moniteur de natation te touchait souvent le sexe en t’apprenant à nager?
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un adulte « sympathique » te demandait, dans la rue, de l’aider à retrouver son chat?
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un enfant plus vieux te demandait de le toucher?
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un adulte voulait prendre des photos de toi nu?
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un adulte voulait te montrer des images de gens nus?
Source : Te laisse pas faire! Les abus sexuels expliqués aux enfants, Jocelyne Robert, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2005, 112 pages.
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Le comportement d’un adulte m’inquiète
Votre enfant peut être en contact avec une personne (ex. : membre de votre famille, personne qui garde votre enfant, voisin, moniteur) qui vous met mal à l’aise à cause de sa façon de toucher votre tout-petit. Quelle que soit la personne en question, fiez-vous à votre intuition et tentez de découvrir ce qu’il en est véritablement, au lieu de vous dire que vous vous trompez et d’éviter la situation.
Comment réagir
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Discutez avec votre enfant afin de découvrir s’il se sent mal à l’aise en présence de la personne que vous soupçonnez. Parlez calmement, sans porter d’accusation et sans faire de suggestions, car vous essayez juste, pour le moment, d’obtenir des informations.
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Si vous ne l’avez pas encore fait, parlez à votre enfant des contacts physiques qui sont appropriés et de ceux qui ne le sont pas. Expliquez-lui que personne n’a le droit de toucher son corps d’une façon qui le met mal à l’aise, qui le dérange ou qui l’effraie.
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Dites-lui de vous prévenir si jamais il subit des contacts physiques inappropriés. Assurez-lui que vous ne vous mettrez pas en colère. Tout ce que vous voulez, c’est qu’il se sente bien et en sécurité.
Que faire si un enfant me confie qu’il est abusé?
Les enfants ont souvent peur de parler des mauvais traitements qu’ils subissent. L’auteur des sévices peut leur avoir fait promettre de garder le secret, les avoir menacés ou les avoir manipulés. Ils peuvent aussi avoir honte de ce qui leur est arrivé, se sentir coupables ou craindre que personne ne les croie.
Si un enfant vous dit qu’il est victime d’abus ou qu’il l’a été dans le passé, c’est qu’il se sent en sécurité avec vous et qu’il vous fait confiance. Quand un enfant parle franchement d’abus, il montre qu’il sait que c’est mal et qu’il désire qu’on l’aide à y mettre fin.
Comment réagir
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Faites-lui comprendre que vous l’écoutez attentivement et que vous prenez ses paroles au sérieux. Dites-lui : « Parle-m’en! » plutôt que « En es-tu sûr? » pour qu’il ne pense pas que vous ne le croyez pas.
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Laissez-le vous raconter dans ses mots ce qui s’est passé, sans lui mettre de mots dans la bouche ni lui suggérer ce qui a pu arriver.
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Dites-lui que vous le soutenez et qu’il a bien fait de se tourner vers vous.
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Gardez votre calme, même si vous êtes choqué ou horrifié par ses révélations. Si vous vous mettez en colère ou montrez que vous êtes bouleversé et que vous vous en voulez, l’enfant risque de se sentir coupable de vous avoir troublé et de porter alors le poids de votre propre peine.
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Rassurez-le en lui disant que ce n’est pas sa faute. Les enfants sont vulnérables, et on ne peut jamais s’attendre à ce qu’ils se protègent.
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Si l’enfant vous demande de garder le silence, dites-lui que vous comprenez qu’il ait peur, mais que vous êtes là pour l’aider. Expliquez-lui que ce qu’il vous a dit est trop important pour que vous gardiez le silence et, qu’en fait, c’est le silence qui permet à la personne qui l’agresse de continuer ses gestes et que ceux-ci doivent s’arrêter.
- Signalez l’abus à la police ou au bureau de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de votre région. Votre identité demeurera confidentielle. N’oubliez pas que l’enfant s’est confié à vous, car il compte sur votre aide.
Ce que dit la loi Au Québec, la Loi sur la protection de la jeunesse oblige quiconque à faire un signalement s’il croit qu’un enfant a été victime d’abus sexuel. |
Quand s’inquiéter?
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L’enfant touche ses parties génitales si souvent qu’il néglige d’autres activités.
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Il continue à toucher ses organes génitaux en public même si on lui a répété à maintes reprises d’arrêter.
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Il continue à dire de gros mots (ou des mots à connotation sexuelle) même si on lui a répété plusieurs fois d’arrêter, si on lui a expliqué pourquoi ce n’était pas bien et si on lui a appris des mots appropriés.
Comportements plus à risque d’être le signe d’un abus sexuel
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Il oblige les autres enfants à se déshabiller.
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Il caresse les parties génitales d’autres enfants.
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Il en sait trop sur le sexe pour son âge. Par exemple, il est au courant des relations sexuelles buccogénitales et des positions sexuelles.
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Il simule des rapports sexuels ou d’autres comportements sexuels adultes.
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Il utilise la menace, le chantage ou la contrainte dans ses « jeux sexuels » avec d’autres enfants.
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Il a des comportements sexualisés envers des adolescents ou des adultes.
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Il introduit des objets dans son vagin ou son rectum ou dans ceux d’autres enfants.
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Il demande à regarder des images sexuellement explicites.
Vous êtes inquiet? Si les comportements sexuels de votre enfant vous inquiètent, consultez son médecin. Si vous craignez qu’on ait agressé sexuellement votre enfant, contactez le bureau de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de votre région ou votre CLSC. |
| Révision scientifique : Geneviève Parent, sexologue et psychothérapeute Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mai 2014
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Références
Note : les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.
Ressources pour les enfants -
GRANDIR EN SÉCURITÉ AVEC SIMA LE CHIEN. www.grandirensecurite.com
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LEDWON, Peter. Le secret de Mia : une histoire sur... l’abus sexuel. Saint-Lambert, Enfants Québec, 2008, 24 pages. (4 ans et plus)
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MINISTÈRE DE LA JUSTICE. Le secret du petit cheval. Ottawa, ministère de la Justice, Communications et affaires publiques, 1989, 15 pages.
Ressources pour les parents - BOIVIN, Janique et Joëlle BOUCHER-DANDURAND. Comment protéger nos enfants contre les agresseurs sexuels, pédophiles et autres prédateurs. Montréal, Éditeurs réunis, 2009, 240 pages.
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DIRECTION DE LA PROTECTION DE LA JEUNESSE. Faire un signalement au DPJ, c’est déjà protéger un enfant - Quand et comment signaler? Québec, La Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, 2008, 28 pages. www.cdpdj.qc.ca
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L’ÉQUIPE DU CAVAC DES LAURENTIDES. Si ton enfant te dit que quelqu’un l’a touché sexuellement, écoute-le! 2003, 39 pages. cavac.qc.ca
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ROBERT, Jocelyne. Te laisse pas faire! Les abus sexuels expliqués aux enfants. Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2005, 112 pages.
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ROBERT, Jocelyne. Parlez-leur d’amour... et de sexualité. Montréal, Les Éditions de l’Homme, 1999, 192 pages.
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SAINT-PIERRE, Frédérique et Marie-France VIAU. L’enfant victime d’agression sexuelle : comprendre et aider. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2010, 240 pages.
Organismes -
Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC).Visitez leur site pour découvrir le centre le plus près de chez vous. www.cavac.qc.ca
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Organismes ESPACE. Ce regroupement offre des ateliers de prévention des abus sexuels aux enfants de milieux scolaires et préscolaires. www.espacesansviolence.org
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Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS). www.rqcalacs.qc.ca
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