Être parent quand on a été maltraité

Être parent quand on a été maltraité
Peut-on devenir un bon parent quand on a été maltraité enfant?

 



Saviez-vous que le tiers des futurs parents qui attendent leur premier bébé ont vécu de la maltraitance quand ils étaient enfants? Il est fréquent, quand on a eu une enfance difficile, d’avoir peur de reproduire ce qu’on a vécu. Mais qu’en est-il au juste?

Une adaptation possible

Les nouveaux parents qui ont été maltraités lorsqu’ils étaient enfants sont souvent plus fragiles. Toutefois, même s’il peut être plus difficile pour eux de s’adapter à la vie de parent, la plupart s’en sortiraient bien.

Il est ainsi tout à fait possible d’être un bon parent même si on a vécu des abus physiques ou sexuels, ou qu’on a été témoin de violence conjugale, de consommation abusive de drogues ou d’alcool, ou de problèmes de santé mentale durant notre enfance.

L’importance d’avoir du soutien

Il est toutefois important de prendre conscience des conséquences des traumatismes vécus durant l’enfance. Cela permet de mieux comprendre ses émotions et, surtout, de trouver des moyens pour réduire les impacts de la maltraitance.

La majorité des parents qui ont vécu de la maltraitance ne reproduiront pas les comportements dont ils ont été victimes.

Ce travail de réflexion, surtout s’il est fait avec un intervenant, un psychologue ou un travailleur social par exemple, diminue grandement le risque d’être violent à son tour. Le soutien aimant de l’entourage, qu’il s’agisse de membres de la famille ou d’amis, aide aussi à sortir du cycle de la violence.

Santé à risque

Il faut cependant savoir que le risque de souffrir de dépression et d’anxiété, et d’abuser de drogues et d’alcool est plus élevé quand on a été maltraité. La grossesse est une période particulièrement sensible puisqu’elle peut faire remonter certains souvenirs difficiles et augmenter certains symptômes chez la femme qui a vécu un traumatisme durant l’enfance (ex. : cauchemars, méfiance, colère, irritabilité, isolement).

Des études ont aussi montré qu’un parent qui a vécu plusieurs formes de maltraitance a plus de risque de développer des problèmes de santé à l’âge adulte. Par exemple, une femme enceinte qui a subi plusieurs abus durant son enfance est plus à risque de souffrir de diabète de grossesse et d’hypertension, et de mettre au monde un bébé prématuré ou ayant des retards de développement.

Des effets à long terme

Certains événements stressants ou violents vécus durant l’enfance affectent aussi la façon dont le corps réagit. Par exemple, de fréquents abus durant l’enfance forcent le cerveau à demeurer constamment vigilant et à anticiper le prochain épisode de violence. L’organisme d’un enfant maltraité s’adapte donc afin de survivre dans un environnement potentiellement dangereux.

Ces modifications dans la façon dont le corps et le cerveau réagissent au stress peuvent se maintenir à l’âge adulte. Elles peuvent aussi influencer le développement du fœtus et, plus tard, de l’enfant, même si celui-ci ne vit pas d’abus ou de négligence. Ainsi, certains enfants nés de parents maltraités durant l’enfance peuvent être anxieux et avoir des troubles de comportement ou un tempérament difficile.

Il ne faut surtout pas se sentir coupable de cette situation. Il est possible de diminuer les effets sur l’enfant en lui procurant de bons soins, un environnement aimant et rassurant ainsi qu’un bon encadrement.


Un projet pour soutenir les parents
Des chercheurs et des psychologues de l’Université du Québec à Trois-Rivières ont mis sur pied le projet STEP (Soutenir la transition et l’engagement dans la parentalité) afin d’intervenir rapidement auprès des nouveaux parents qui ont été victimes de maltraitance dans leur enfance. Ce programme vise à accompagner les femmes et les hommes lors de cette période d’adaptation et à les préparer aux défis particuliers qu’ils risquent de rencontrer dans leur nouveau rôle de parents (projetstep.ca).

À retenir

  • Il est possible d’être un bon parent même lorsqu’on a été maltraité durant l’enfance.
  • Un bon soutien de son entourage et de professionnels peut aider à prendre conscience de ses émotions.
  • Un enfant dont un des parents a été maltraité peut vivre certaines difficultés, mais celles-ci peuvent être diminuées grâce à de bons soins et un milieu rassurant.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Nicolas Berthelot, psychologue et professeur au Département des sciences infirmières de l’Université du Québec à Trois-Rivières
Recherche et rédaction :
Équipe Naître et grandir
Décembre 2019

 

Photo : GettyImages/fotostorm, GettyImages/CAP53

 

Ressources et références

Note : les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES. PROJET STEP. Événements de vie difficiles et parentalité, Guide à l’intention des parents. oraprdnt.uqtr.uquebec.ca
  • UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES. PROJET STEP. Traumatisme et parentalité. oraprdnt.uqtr.uquebec.ca
  • Info-Santé et Info-Social 811
  • PREMIÈRE RESSOURCE – Aide aux parents. premiereressource.com

 

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