La violence conjugale pendant la grossesse

La violence conjugale pendant la grossesse
Si vous êtes victime de violence conjugale, il est important de briser le silence.


Au Québec, environ 1 femme sur 10 mentionne avoir été victime d’actes violents de la part de leur conjoint dans la période entourant la grossesse. Cette violence peut être présente avant la grossesse et s’y poursuivre, ou faire son apparition au cours de cette période. Dans la très grande majorité des cas, la violence se poursuivra après la naissance de l’enfant.

La violence conjugale n’est pas une perte de contrôle de la part du partenaire, mais plutôt une façon de dominer la femme qui en est victime. Différente d’un conflit entre conjoints, la violence conjugale est marquée par une relation inégalitaire entre les conjoints, où le contrôle et la peur sont présents.

Par ailleurs, le contexte dans lequel se déroule la grossesse peut aussi faire augmenter la violence entre les conjoints. Par exemple, si la grossesse était imprévue ou constitue une source importante de stress, cela peut contribuer à créer une atmosphère tendue au sein du couple.

Le cycle de la violence

La violence conjugale ne se vit pas de la même façon d’une personne à l’autre. Toutefois, selon le témoignage de plusieurs femmes victimes, la violence conjugale s’installe souvent de façon graduelle et elle peut aussi être cyclique. Ce cycle tend à se répéter et à s’accélérer.

  • Phase de tension
    Au début, le conjoint violent a des crises de colère, est irritable et manifeste son mécontentement par son silence. La femme victime se sent alors inquiète et cherche à ne pas provoquer la colère de son conjoint en étant prudente dans ce qu’elle fait en sa présence.
  • Phase de l’agression
    Par la suite, le conjoint pose des gestes violents de différentes natures. La femme éprouve ainsi de l’humiliation et de la détresse.
  • Phase de justification
    Le conjoint violent aura alors tendance à tenter de justifier son comportement, à banaliser ce qui s’est passé et à jeter le blâme sur la victime. Celle-ci tente alors d’être compréhensive, allant jusqu’à se sentir responsable.
  • Phase « lune de miel » ou de réconciliation
    Le conjoint s’excuse et promet de ne plus poser de tels gestes. Il redevient attentionné et agréable. La victime reprend alors espoir qu’il a réellement changé. La vie de couple est de nouveau agréable jusqu’à ce que le cycle recommence.

Par ailleurs, la grossesse pourrait avoir des répercussions particulières sur les comportements du conjoint qui peut craindre de ne plus être le centre d’attention ou de perdre le contrôle qu’il exerce sur la future mère.

Les différentes formes de violence

La violence conjugale peut prendre plusieurs formes, dont :

  • La violence physique
    Frapper ou donner des coups dans le ventre et les seins, briser des objets, bousculer ou pousser, tirer les cheveux, empêcher l’autre de sortir de la maison.
  • La violence psychologique et verbale
    Menacer de provoquer une fausse couche ou de s’en prendre aux enfants, ridiculiser les choix de prénoms ou imposer son propre choix, ridiculiser le corps de la femme enceinte ou se plaindre de sa prise de poids, douter des compétences parentales, remettre en doute la paternité, crier et insulter, donner des ordres, critiquer les goûts et les compétences de l’autre.
  • La violence sexuelle
    Forcer l’autre à avoir des relations sexuelles contre son consentement, bouder si l’autre n’a pas envie d’avoir des relations sexuelles, menacer d’avoir des relations sexuelles avec d’autres personnes si la victime refuse, imposer le visionnement de films pornos.
  • La violence de contrôle
    Ne pas permettre à la mère de répondre aux besoins de son enfant, limiter le choix d’allaiter ou non, dénigrer les relations de l’autre et lui interdire de voir sa famille et ses amis, surveiller les déplacements et contrôler les activités, les appels, les textos, les courriels, etc.
  • La violence financière
    Contrôler les dépenses de l’autre, ne pas laisser l’autre participer aux décisions financières, refuser que la victime occupe un emploi.

Les conséquences de la violence

La grossesse est une période où les femmes sont plus vulnérables à la violence conjugale. La violence pendant la grossesse peut en effet avoir des conséquences importantes pour la future mère. Par exemple, la femme qui en est victime peut :

  • être blessée physiquement;
  • vivre de l’anxiété, du stress et des symptômes dépressifs;
  • se sentir seule et isolée;
  • avoir de la difficulté à manger ou à dormir;
  • adopter des habitudes de vie défavorables à la santé.

La violence peut aussi nuire au bébé puisqu’elle augmente le risque de :

Enfin, la violence conjugale peut compromettre la construction d’un lien mère-enfant solide.

Si vous êtes victime de violence

Il n’est pas toujours facile de réaliser qu’une relation amoureuse est maintenant violente.

Les femmes victimes de violence conjugale ressentent souvent de la peur et de la honte, et certaines préfèrent s’isoler. Malheureusement, la violence prend rarement fin d’elle-même.

Si vous êtes victime de violence, il est important de dénoncer les actes dont vous êtes victime. Vous pouvez :

  • parler de ce que vous vivez à une personne en qui vous avez confiance;
  • trouver des personnes qui peuvent vous aider.

Si vous sentez que votre vie ou celle de votre enfant est menacée, appelez la police, au 911.

Ressources

  • SOS violence conjugale :
    ligne téléphonique bilingue accessible en tout temps
    514 873-9010 ou 1 800 363-9010
    www.sosviolenceconjugale.ca
  • Info-Santé et Info-Social
    811
  • Le centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de votre secteur. Les professionnels de la santé qui y travaillent pourront vous aider ou vous diriger vers les bonnes ressources.
    Centre intégré de santé et de services sociaux
  • Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
    maisons-femmes.qc.ca
  • Fédération des maisons d’hébergement pour femmes
    fede.qc.ca

À retenir

  • La violence conjugale peut être présente pendant la grossesse sous différentes formes.
  • Elle peut avoir des conséquences graves autant pour la future mère que pour son enfant.
  • Si vous êtes victime de violence conjugale, sachez qu’il existe des ressources pour vous aider.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Sylvie Lévesque, sexologue
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Février 2020

 

Références

  • DORÉ, Nicole et Danielle LE HÉNAFF. Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans : guide pratique pour les mères et les pères. Québec, Institut national de santé publique du Québec. www.inspq.qc.ca
  • INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC. La violence conjugale en période périnatale au Québec en 2018. www.stat.gouv.qc.ca
  • INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC. Violence conjugale : pour accompagner les parents. Portail d’information périnatale. www.inspq.qc.ca
  • MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX. Pour une grossesse paisible : brisez le silence. publications.msss.gouv.qc.ca

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