La parole et le langage: questions de parents

La parole et le langage: questions de parents
Le langage ou la façon de parler de votre enfant vous inquiète? Des réponses à vos questions.

Le langage est un aspect qui inquiète souvent les parents. Voici les réponses aux questions les plus souvent posées sur les difficultés de parole et de langage.



Les difficultés de langage de mon enfant vont-elles finir par disparaître?

Cela dépend de ses difficultés. En grandissant, les tout-petits rattrapent habituellement leur « retard de langage ». Ce n’est pas parce qu’un enfant a des difficultés de langage vers 2 ans que ces difficultés vont persister. En effet, 20 % des enfants de 2 ans parlent peu comparativement aux autres enfants du même âge. Seulement le quart de ces enfants aura encore des difficultés de langage à 4 ans. Par contre, un tout-petit qui présente encore des difficultés langagières à 5 ans risque d’avoir des difficultés qui vont persister, particulièrement s’il a des problèmes de compréhension du langage.

D’une manière générale, bien que certaines difficultés de langage passagères disparaissent sans aide particulière, l’avis d’une orthophoniste est toujours utile. Cette professionnelle est à même d’évaluer l’importance des difficultés de langage d’un enfant et de proposer des stratégies pour l’aider dès son tout jeune âge. Lorsqu’il y a un besoin, intervenir tôt est bénéfique.

Quels sont les différents problèmes de langage chez l’enfant?

Voici les principaux problèmes de langage qui touchent les tout-petits de 5 ans ou moins.

  • Les difficultés de langage passagères, comme des difficultés à prononcer certains sons. Il s’agit de difficultés qui se règlent d’elles-mêmes ou avec un peu d’aide. C’est l’évolution du langage de l’enfant qui permet de confirmer que les difficultés étaient passagères.
  • Le trouble développemental du langage (anciennement appelé trouble primaire du langage ou dysphasie). Il se caractérise par des difficultés de langage qui persistent dans le temps et qui ont des répercussions sur le fonctionnement de l’enfant (ex. : sa vie sociale, sa réussite scolaire). Le trouble développemental du langage est habituellement détecté à partir de l’âge de 4 à 5 ans.
  • Le trouble du développement des sons de la parole. Il se caractérise par des difficultés persistantes à prononcer les sons, sans que l’enfant présente d’autres difficultés de langage, comme développer son vocabulaire ou faire des phrases.
  • Le trouble du langage associé à une condition. Dans ce cas, les problèmes de langage s’expliquent par le fait que l’enfant présente une condition particulière (ex. : déficience intellectuelle, problèmes auditifs, paralysie cérébrale, trouble du spectre de l’autisme).

Pour en savoir plus, consultez nos fiches :

Quelles sont les causes des problèmes de langage chez l’enfant?

Quand les problèmes ne sont pas attribuables à une condition particulière (ex. : déficience intellectuelle), il n’est pas facile de déterminer les causes des difficultés de langage. Elles peuvent être héréditaires ou liées à l’environnement (ex. : un enfant qui a très peu d’occasions d’interagir avec les autres pourrait avoir des difficultés langagières).

En ce qui concerne le trouble développemental du langage, les facteurs de risque connus sont : avoir des antécédents de trouble du langage ou de dyslexie; être un garçon; être un jeune enfant dans une famille nombreuse et avoir des parents qui n’ont pas fréquenté l’école longtemps.

À noter qu’un enfant peut avoir tous les facteurs de risque et ne pas présenter de trouble développemental du langage. D’un autre côté, un enfant qui ne présente pas de facteurs de risque peut aussi avoir ce trouble.

À partir de quel âge faut-il consulter si un enfant ne parle pas?

Si à l’âge de 18 mois votre enfant ne semble pas désireux de communiquer, s’il n’utilise pas de gestes pour communiquer (comme pointer) ou s’il semble éprouver de la difficulté à comprendre ce que vous lui dites, parlez-en avec un médecin, consultez le CLSC ou communiquez avec l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec.

Dans tous les cas, si vous avez des inquiétudes au sujet du langage de votre tout-petit, c’est une bonne idée de consulter pour avoir l’heure juste.

Pour en savoir plus, consultez notre fiche : L’enfant qui ne parle pas encore.

Faut-il compter le nombre de mots dits par l’enfant?

Le nombre de mots que l’enfant dit est un indicateur parmi d’autres du développement de son langage. Il n’est pas nécessaire de compter les mots que dit votre tout-petit pour savoir si son langage se développe bien. Certains enfants ressentent moins le besoin de s’exprimer avec des mots. Si votre enfant essaie de communiquer d’une manière ou d’une autre (par exemple, par des gestes) et qu’il comprend les consignes, ce n’est pas grave s’il dit moins de mots qu’un autre enfant de son âge.

Arrive-t-il souvent que le plus jeune de la famille parle moins?

L’ordre de naissance n’est pas la cause des problèmes de langage : les enfants qui ont des difficultés peuvent être nés en premier, en second ou en cinquième. On remarque cependant que les aînés ont parfois eu plus de facilité à développer leur langage.

Toutefois, dans une famille où les enfants plus vieux ont tendance à parler à la place du plus jeune, les parents doivent encourager les efforts de chacun pour s’exprimer avec des mots.

Apprendre plus d’une langue retarde-t-il l’acquisition du langage?

Vivre dans un milieu où l’on parle plus d’une langue ne retarde pas l’acquisition du langage. Habituellement, les premiers mots d’un enfant sont prononcés aux alentours de 1 an, que l’enfant soit exposé à plus d’une langue ou non. Les progrès peuvent toutefois être un peu plus rapides dans une langue que dans l’autre; cela dépend en bonne partie du temps d’exposition à chacune des langues. L’enfant peut aussi sembler dire moins de mots que les autres enfants de son âge, car le nombre total de mots qu’il exprime se répartit dans deux langues plutôt qu’une seule.

Pour en savoir plus, consultez notre fiche : L’apprentissage de plusieurs langues.

Est-ce que le langage des signes pour bébé peut nuire au développement du langage d’un enfant?

Rien n’indique que le langage des signes pour bébé, qui se compose de gestes, nuit au développement du langage. Il ne semble pas non plus que cette méthode accélère le développement du langage. Si vous utilisez le langage des signes pour bébé, il est recommandé de dire les mots en même temps que vous faites les signes pour que votre enfant entende et apprenne les mots. Il est logique de penser que les signes peuvent aider l’enfant dans son apprentissage du langage parlé. Toutefois, peu d’études d’envergure le démontrent.

Pour en savoir plus, consultez notre fiche : Le langage des signes pour bébé.

Est-ce que la suce peut nuire au langage d’un tout-petit?

Il n’y a pas de lien clair entre l’utilisation de la suce après l’âge de 2 à 3 ans et les difficultés de prononciation. Toutefois, l’usage prolongé de la suce peut favoriser un positionnement inadéquat de la langue pendant que l’enfant avale ou parle, ce qui peut favoriser certaines difficultés comme zozoter (parler sur le bout de la langue).

Devrais-je attendre que mon enfant commence l’école pour consulter en orthophonie?

Non. Quand un enfant présente des difficultés de langage, plus tôt on intervient, mieux c’est. Reconnaître tôt les difficultés de langage d’un enfant favorise aussi ses apprentissages scolaires.

Si votre enfant présente des difficultés à s’exprimer ou à comprendre ce que les autres disent, n’hésitez pas à en parler avec un médecin, à consulter le CLSC ou à communiquer avec l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec.

Naître et grandir

Révision scientifique : Marie-Ève Bergeron-Gaudin, M. Sc., orthophoniste
Recherche et rédaction :
Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Décembre 2019

Photo : GettyImages/Kosamtu

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • BERGERON-GAUDIN, Marie-Ève. J’apprends à parler : le développement du langage de 0 à 5 ans. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2018, 184 p.
  • BISHOP, D.V.M., et autres. « Phase 2 of CATALISE: A multinational and multidisciplinary Delphi consensus study of problems with language development: Terminology », The Journal of Child Psychology and Psychiatry, vol. 58, no 10, octobre 2017.
  • DAVIAULT, Diane. L’émergence et le développement du langage chez l’enfant. Montréal, Chenelière Éducation, 2011, 256 p.
  • ORDRE DES ORTHOPHONISTES ET AUDIOLOGISTES DU QUÉBEC. Le trouble développemental du langage, 2018. ooaq.qc.ca
  • REILLY, Sheena, et autres. « Identifying and managing common childhood language and speech impairments », BMJ, mai 2015.
  • TUPULA KABOLA, Agathe. Le bilinguisme, un atout dans son jeu : pour une éducation bilingue réussie. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2016, 192 p.

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