L'enfant agressif

L'enfant agressif
Mon enfant a tendance à agir agressivement. Comment l’aider à gérer ce comportement?


L’agressivité fait partie du développement normal des enfants. Elle est d’ailleurs relativement fréquente dans la petite enfance. Pour arriver à contrôler leur agressivité, les tout-petits ont besoin de l’aide de leurs parents.

L’agressivité selon l’âge

L’agressivité s’explique notamment par le manque de compétences sociales et langagières des tout-petits, l’immaturité de leur cerveau de même que leur difficulté à s’autocontrôler. Crier, mordre, frapper, pousser sont souvent des moyens pour un enfant d’exprimer un besoin ou une émotion. Cela peut aussi être une façon de dire que quelque chose le dérange. Voyez comment se manifeste l’agressivité d’un enfant selon son âge.

0 à 12 mois

Votre bébé pleure et crie pour exprimer ses besoins. C’est sa façon de vous communiquer par exemple qu’il a faim, qu’il a mal ou qu’il veut être rassuré. Il peut aussi tirer les cheveux de quelqu’un, mordre ou lancer des objets seulement pour explorer son environnement, sans avoir l’intention de faire mal.

Autour de 1 an

À cet âge, votre enfant apprend à marcher et découvre une nouvelle autonomie. Il explore son environnement par essai et erreur. Il peut taper, pousser ou donner un coup de pied juste pour voir la réaction que ses gestes provoquent.

Votre tout-petit ne contrôle pas bien ses frustrations. Il peut se jeter par terre, crier et taper des pieds parce que vous lui mettez des limites, par exemple pour assurer sa sécurité. C’est souvent une impulsion ou le manque d’autocontrôle qui sont à l’origine de ses comportements agressifs, et non le désir de blesser quelqu’un.

Vers 2 à 3 ans

Les crises de colère sont fréquentes durant cette période. Votre enfant s’affirme et manifeste son désir d’autonomie. Il veut faire des choses seul, mais il n’est pas toujours capable de les faire. Il vit aussi de la frustration quand vous lui mettez des limites, et cela peut entraîner des comportements agressifs.

Votre tout-petit peut être agressif avec d’autres enfants (ex. : mordre, frapper, tirer les cheveux) lorsqu’il est contrarié, car il a de la difficulté à exprimer ses émotions comme la frustration ou la colère. De plus, il est habitué à ses parents, qui agissent en général de façon assez prévisible. Il ne comprend donc pas toujours pourquoi les choses ne se passent pas comme il le veut avec d’autres enfants.

À cet âge, votre tout-petit croit que tout ce qui est à sa portée lui appartient. Ainsi, il peut se montrer agressif pour ne pas perdre ses jouets ou ceux qu’il croit être à lui. S’il voit un jouet qui l’attire, il le prend, même s’il est dans les mains d’un autre enfant. Cette situation peut provoquer une réaction agressive chez l’autre enfant. Ce genre de chicanes peut également se produire lorsque deux enfants veulent l’attention d’une même personne.

Vers 3 à 5 ans

Au fur et à mesure que votre enfant grandit, il manifeste de moins en moins d’agressivité physique, principalement parce que les parties du cerveau qui freinent l’agressivité sont mieux développées.

À partir de 3 ans, les comportements agressifs commencent à diminuer, car votre enfant développe de plus en plus son langage et ses habiletés sociales (ex. : écouter les autres, attendre son tour, partager, etc.).

Il apprécie les contacts avec ses pairs et comprend mieux la notion de partage. Il reste toutefois égocentrique et il accepte mal les refus. Il peut donc encore avoir des comportements agressifs quand il vit des conflits ou qu’il est envahi par des émotions, comme la colère, l’anxiété ou la honte. Il a toutefois un meilleur autocontrôle sur ses gestes agressifs. Il en vient moins souvent aux coups qu’un tout-petit de moins de 3 ans.

Ses capacités de raisonnement et de communication se développent et votre tout-petit commence aussi à argumenter, à négocier ou même à menacer lorsqu’il veut quelque chose. L’agressivité observée à cet âge devient alors plus verbale que physique. Comme votre enfant prend aussi davantage conscience de l’impact de ses gestes, il est capable de comprendre qu’il a pu blesser par ses paroles, de reconnaître ses torts et de s’excuser.

Que faire si votre enfant se frappe ou se fait mal?

Si votre enfant se fait mal volontairement, par exemple il se cogne la tête au sol, se grafigne ou se mord, le plus souvent c’est parce qu’il est dépassé par ses émotions. Même si ce comportement vous bouleverse, gardez votre calme et évitez de le chicaner. Restez près de lui pour essayer d’arrêter son geste et le calmer en lui parlant avec une voix douce et rassurante. Essayez ensuite de voir avec lui ce qui l’a dérangé. Pour en savoir plus sur la façon d’intervenir, consultez notre fiche : L’enfant qui se frappe.

Des situations qui favorisent l’agressivité

L’agressivité diminue à mesure que votre tout-petit réussit à mettre des mots sur ses frustrations et à contrôler son impulsivité. Malgré tout, certaines situations favorisent des réactions agressives, peu importe son âge. En voici quelques-unes.

  • Il imite le comportement agressif qu’il voit chez d’autres enfants, chez des adultes ou encore dans certaines émissions qu’il écoute.
  • Il n’a pas appris de stratégies pour gérer sa colère ou résoudre les conflits de façon acceptable.
  • Il reçoit peu d’attention ou ses besoins d’affection ne sont pas pris en considération. L’agressivité peut ainsi être un moyen pour lui d’attirer l’attention pour qu’on réponde à ses besoins.
  • Il fait face à un défi trop grand pour lui. L’agressivité est alors un moyen pour lui d’éviter la tâche qu’il trouve désagréable ou trop difficile.
  • Il est régulièrement témoin de disputes familiales, ce qui l’amène à croire que l’agressivité est une réaction normale.
  • Il est inquiet à cause de l’arrivée d’un nouveau bébé, d’une séparation, d’une dispute ou d’un deuil. Il essaie de s’adapter aux changements, ce qui le rend plus fatigué et irritable.
  • Il a été très stimulé ou surexcité (ex. : après une longue période de jeu actif ou une fête d’enfants). Il a besoin de se retrouver seul pour se calmer ou se reposer.
  • Il est puni régulièrement ou sévèrement, ce qui peut augmenter ses réactions d’agressivité.
  • Il a toujours le dernier mot quand il est agressif, ce qui le pousse à croire que ce comportement est toléré et l’aide à obtenir ce qu’il veut.
  • Il grandit dans une famille où les règles sont trop strictes, incohérentes ou absentes. Un encadrement trop sévère, imprévisible ou trop permissif peut rendre l’enfant anxieux et agressif.
  • Il a un retard de langage qui nuit à sa capacité à nommer ses émotions et ses besoins.

Comment intervenir avec un enfant agressif?

Votre tout-petit a besoin de votre aide pour apprendre à contrôler son impulsivité, à nommer ses émotions et à bien s’entendre avec les autres. Voici comment intervenir lorsque votre enfant adopte un comportement agressif.

Faites preuve de patience, car votre enfant a besoin de temps pour apprendre à contrôler ses élans et ses émotions.
  • Restez calme et ferme, même si c’est difficile. Ne chicanez pas votre tout-petit et évitez des phrases comme « Tu es méchant » ou « Tu es bébé », car elles nuisent à son estime de soi. Votre enfant doit sentir que vous l’aimez toujours. Restez proche de lui. Offrez-lui un câlin ou un espace tranquille pour se calmer selon son besoin.
  • Essayez de comprendre pourquoi il se montre agressif. Est-ce pour affirmer son autonomie? Est-ce une réaction à une frustration, une émotion trop intense ou un besoin? Est-il agressif parce que les enfants autour de lui le sont? Évitez toutefois de le bombarder de questions quand il est envahi d’émotions.
  • Aidez-le ensuite à comprendre ses émotions en décrivant ce que vous observez. Dites-lui par exemple : « Tu es fâché parce que tu ne peux pas jouer avec le camion? Tu peux le dire : “Je suis fâché”. » Vérifiez avec lui pour voir si vous avez bien compris ce qu’il vit.
  • Indiquez-lui que son comportement n’est pas acceptable en disant par exemple : « Non, tu ne pousses pas ton ami. Ça lui fait mal. » Puis montrez-lui quel comportement il peut adopter à la place. Par exemple, encouragez-le à bien faire une demande : « C’est moi qui avais le ballon, redonne-le-moi svp. »
  • Si votre enfant a fait mal à un autre, consolez l’enfant blessé. Votre tout-petit comprend ainsi que faire mal n’est pas un moyen d’avoir de l’attention. Expliquez-lui les conséquences de ses gestes. Dites par exemple : « Tu te souviens quand Juliette t’a frappé? Ça t’a fait mal. Tu as pleuré. C’est pareil pour Mathis, tu lui as fait mal. » Aidez-le ensuite à réparer son geste, par exemple en consolant l’ami blessé avec un câlin ou un jouet.

Si votre enfant est victime de gestes agressifs à la garderie…

Si votre tout-petit reçoit des coups ou se fait mordre au service de garde, il n’est pas souhaitable que vous interveniez directement auprès de l’enfant qui lui a fait mal ou de ses parents. C’est la responsabilité de l’éducatrice et des parents de cet enfant d’agir. Avisez l’éducatrice et voyez ce qu’elle peut mettre en place pour que les gestes agressifs cessent. Vous pouvez aussi aider votre enfant à dire comment il se sent et lui apprendre à dire : « Non, ça fait mal » ou « Je suis triste ».

Conseils pour prévenir les comportements agressifs

  • Mettez en place des limites claires et sécurisantes pour votre enfant. Un milieu stable, chaleureux et bienveillant lui permet de se sentir en sécurité.
  • Assurez-vous de passer des moments de plaisir avec votre enfant pour nourrir votre relation et son besoin d’attention.
  • Apprenez dès que possible à votre tout-petit à reconnaître et à nommer ses émotions. Montrez-lui aussi à dire ce qu’il veut avec des mots simples : « C’est à moi », « Non, je ne veux pas » ou « Est-ce que je peux avoir le jouet? ».
  • Aidez-le à trouver des solutions à des conflits. Par exemple : « Que peux-tu faire quand ta petite soeur te dérange? » Offrez des choix au besoin. Vous pouvez aussi le pratiquer avec des jeux de rôles.
  • Instaurez la règle : « On ne blesse pas les autres. » Rappelez-lui aussi régulièrement les comportements acceptables et ceux qui ne le sont pas pour l’aider à bien se souvenir des règles. Par exemple, au parc, rappelez-lui d’attendre son tour pour glisser et de ne pas pousser pour passer devant les autres.
  • Soyez vous-même un bon modèle et essayez de maîtriser vos réactions de frustration. Quand c’est possible, expliquez ce que vous ressentez et indiquez différentes façons d’y réagir sans agressivité.
  • Regardez ensemble des livres qui parlent de la colère ou de comportements agressifs. Discutez ensuite des émotions vécues par les personnages. Rappelez à votre enfant les situations où il a, lui aussi, ressenti les mêmes émotions et réagi avec agressivité. Tentez de trouver des manières d’améliorer ses réactions la prochaine fois.
  • Aménagez des endroits où votre enfant peut jouer sans que vous ayez à lui mettre des interdits comme : « Ne touche pas à cela » et « Ne fais pas cela ». C’est frustrant de toujours se faire dire non. Au besoin, dirigez votre tout-petit vers une activité permise. Par exemple : « Tu ne peux pas jouer dans l’armoire sous le lavabo, c’est dangereux. Mais tu peux jouer avec les plats de plastique de cette armoire. » Cela réduit les frustrations et répond à son besoin d’exploration.
  • Proposez-lui chaque jour des activités et des jeux qui le font bouger pour lui permettre de dépenser son énergie.
  • Invitez un ami ou une amie à la maison pour que votre tout-petit joue avec d’autres et développe ses habiletés sociales. Cela lui apprend à partager, à tolérer des frustrations et à gérer de petites chicanes.
  • Complimentez votre enfant quand il adopte le comportement attendu. Cela le motive à utiliser les bonnes façons d’exprimer ses émotions ou ses besoins.

Les jeux de bataille

Les jeux de bataille sont normaux chez les enfants. Ces jeux les aident à comprendre les limites de leur force, à savoir quand s’arrêter et à contrôler leur impulsivité. Il faut toutefois surveiller ces jeux de près pour qu’ils ne parviennent pas au stade où un des joueurs se blesse. Les parents jouent d’ailleurs un rôle très important pour les aider à maîtriser la différence subtile entre les jeux très physiques et l’agressivité.

Quand demander de l’aide?

Les comportements agressifs commencent en général à diminuer à partir de 3 ans. À cet âge, les enfants contrôlent mieux leurs émotions et ils ont un peu plus de mots pour s’exprimer.

Il est toutefois important d’obtenir de l’aide si vous vous sentez dépassé par les réactions de votre enfant ou si, après 3 ans, il a encore beaucoup de difficulté à maîtriser ses émotions et son agressivité. Il est plus facile de modifier la tendance à avoir des comportements agressifs d’un tout-petit que celle d’un enfant plus âgé.

Vous pouvez discuter de la situation avec un médecin ou communiquez avec votre CLSC pour obtenir de l’aide.

À retenir

  • Les comportements agressifs comme crier, mordre ou frapper sont souvent des moyens pour un tout-petit d’exprimer un besoin ou une émotion.
  • Montrez à votre enfant à reconnaître ses émotions et ses besoins de même quà contrôler ses élans pour réduire son agressivité.
  • Adoptez une approche chaleureuse et bienveillante avec votre enfant pour l’aider à se sentir en sécurité et prévenir les comportements agressifs.
Naître et grandir

Révision scientifique : Céline Blanc, psychoéducatrice
Rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Décembre 2023

Photos : GettyImages.com/zdravinjo et chabybucko

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

Pour les parents

  • BOURCIER, Sylvie. L’agressivité chez l’enfant de 0 à 5 ans. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2018, 248 p.
  • BOURQUE, Solène. Les grandes émotions des tout-petits : comprendre et soutenir les apprentissages émotionnels chez les 2 à 6 ans. Québec, Éditions Midi trente, 2020, 139 p.
  • DUCLOS, Germain et Martin DUCLOS. Enfants et ados responsables. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2021, 222 p.
  • ENCYCLOPÉDIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS. Agressivité – Agression. www.enfant-encyclopedie.com
  • FILLIOZAT, Isabelle. Au coeur des émotions de l’enfant : comprendre et réagir aux larmes et aux paniques. Vanves, Éditions Marabout, 2019, 320 p.
  • FILLIOZAT, Isabelle. J’ai tout essayé! Oppositions, pleurs et crises de rage : traverser sans dommage la période de 1 à 5 ans. Vanves, Éditions Marabout, 2019, 252 p.
  • GUEGUEN, Catherine. Pour une enfance heureuse : repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau. Paris, Éditions Robert Laffont, 2014, 304 p.
  • GUIDE INFO-FAMILLE DU CHU SAINTE-JUSTINE : le site dirige vers différentes associations et divers groupes d’entraide, mais donne aussi des références de livres pour adultes et enfants. www.chusj.org
  • GAGNIER, Nadia, Ah! non, pas une crise : les crises de colère chez les 2 à 6 ans et même plus. Montréal, Éditions La Presse, 2006, 80 p.
  • HAMEL, Sarah. Le Ti-pou d’Amérique : mieux le comprendre pour mieux intervenir. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2022, 200 p.
  • LAVIGUEUR, Suzanne. Ces parents à bout de souffle. Montréal, Les Éditions Québec-Livres, 2012, 424 p.
  • MACNAMARA, Deborah. Jouer, grandir et s’épanouir : le rôle de l’attachement dans le développement de l’enfant. Montréal, Les Éditions au Carré, 2017, 309 p.
  • RACINE, Brigitte. L’autorité au quotidien. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2018, 288 p.
  • SIEGEL, Daniel J. et Tina Payne BRYSON. L’attachement : comment créer ce lien qui donne confiance à votre enfant pour la vie. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2021, 336 p.
  • WYCKOF, Jerry et Barbara C. UNELL. Se faire obéir des enfants sans crier. Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2015, 256 p.

Pour les enfants

  • BOURQUE, Solène. Mini loup vit un tourbillon d’émotions. Québec, Éditions Midi trente, 2017, 48 p.
  • CAIN, Janan. Tourbillon d’émotions. Markham, Éditions Scholastic, 2008, 32 p.
  • CHABOT, Claire. Collection « Zut de Flûte », Saint-Lambert, Éditions Dominique et compagnie.
  • COUTURIER, Stéphanie. Ma bibliothèque des émotions (coffret de 6 livres). Paris, Éditions Grund, 2019.
  • DUFRESNE, Rhéa. Ma journée, mes humeurs. Montréal, Éditions de l’Isatis, 2013, 24 p.
  • GRAVEL, Elise. Comment ça va? Markham, Éditions Scholastic, 2016, 96 p.
  • HÉBERT, Ariane. La colère racontée aux enfants. Boucherville, Éditions de Mortagne, 2021, 68 p.
  • LATULIPPE, Martine et Nathalie Parent. La colère de Fabien. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2020, 32 p.
  • LLENAS, Anna. La couleur des émotions. Paris, Éditions Quatre Fleuves, 2017, 46 p.
  • MOSES, Brian. Pourquoi je suis en colère. Montréal, Éditions École active, 2007, 32 p.
  • POTTER, Molly et Sarah JENNINGS. La ronde des émotions. Markham, Éditions Scholastic, 2016, 32 p.
  • SIMARD, Danièle. Je veux! Montréal, Les Éditions Imagine, 2007, 32 p.

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