La distanciation physique et plusieurs mesures de confinement vont continuer pour un bon moment. Portons une attention particulière à la santé mentale de nos enfants.Alors qu’on vient d’annoncer que les écoles du grand Montréal ne rouvriront pas, on peut dire que les semaines – et les journées! – se suivent et ne se ressemblent pas. Pour de nombreux parents, cette longue période de confinement est difficile. Pour les enfants aussi. Or, il semble clair que la distanciation physique et plusieurs mesures de confinement vont continuer pour un bon moment. Il est donc important pour les parents de continuer à porter une attention particulière à la santé mentale de leur enfant.
Chez nous, ça passe par l’anxiété. Akira ressent beaucoup d’anxiété au coucher depuis quelques jours. Des pensées en lien avec la mort, celle de son grand-père (pas prévue pour le moment!), celle de son père (pas au courant non plus!) et la sienne (lorsqu’il aura 85 ans)… En ces temps de COVID-19, morts, maladies et incertitudes font partie de la vie quotidienne. Pas surprenant que ces pensées se manifestent et provoquent des réactions émotionnelles.
Certains chercheurs évoquent l’idée de « tempête parfaite » pour beaucoup de familles ; perte d’emploi, situation économique précaire, décès de proches âgés, incapacité d’avoir recours aux moyens habituels pour recharger nos batteries ou se changer les idées (ce n’est pas demain qu’on va pouvoir passer une journée à La Ronde, par exemple!) Et dans cette tempête parfaite, nos enfants sont peu en contrôle et naviguent avec nous en ces temps difficiles.
On parle beaucoup depuis le début de cette crise des réactions normales que peut provoquer une situation anormale. Il faut toutefois être attentif aux réactions de nos enfants.
Voici une petite liste de certaines réactions à surveiller :
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difficultés à s’endormir ;
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colères, comportements agressifs ;
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déprime, pleure facilement ;
- régression (recommencer à faire pipi au lit, parler comme un bébé, avoir besoin d’un parent pour s’endormir, etc.) ;
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moins d’appétit ;
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démotivation face aux tâches un peu plus difficiles ;
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et autres comportements que vous trouvez suspects chez votre enfant.
Quoi faire si vous remarquez ces comportements? Agir, c’est-à-dire mettre en place des stratégies pour aider votre enfant. Voici comment.
Se centrer sur le positif pas seulement le négatif.
Chez nous, ça se passe au souper que nous prenons toujours en famille. Lorsqu’on a notre assiette, on fait un tour de table et chacun identifie et présente le meilleur moment de sa journée. De cette façon, on a cinq histoires positives qui viennent égayer notre repas.
Garder un cadre pour notre enfant.
Nous avons réussi à la maison à maintenir la routine habituelle. Par exemple, les heures de lever et de dodo sont les mêmes les jours de semaine qu’avant le confinement. Mais les plaisirs de fin de semaine sont également à l’horaire : le vendredi pizza-cinéma et les crêpes du dimanche matin sont également de mise. Le maintien de cette stabilité est important pour un enfant et lui offre une certaine sécurité à travers ce cadre. Oh! Et la crémière vient d’ouvrir dans notre quartier. On y retourne en famille… comme tous les étés!
Ne pas laisser trainer les discussions émotionnelles.
Lorsqu’un de nos enfants manifeste un besoin émotionnel, ce besoin est immédiatement pris au sérieux. Si nous sommes disponibles, nous discutons immédiatement des émotions ressenties par notre enfant ou, si nous ne sommes pas disponibles, nous convenons avec lui d’un moment précis pour en discuter (par exemple, ce soir avant le bain). Gardons en tête que nos enfants peuvent avoir besoin de conseils pour gérer leurs émotions, mais ils peuvent aussi seulement avoir besoin d’écoute.
Dans mon cas, j’ai décidé de prendre quelques minutes le soir pour aider Akira à mieux gérer son anxiété. Pour ça, j’ai l’aide du livre Incroyable-moi maîtrise son anxiété* que je vous conseille pour aider vos petits anxieux à mieux gérer cette émotion : discussions, exercices de relaxation, stratégies de distraction efficaces avant le coucher.
Je comprends bien que d’améliorer la gestion de l’anxiété ne changera pas la situation très anxiogène dans laquelle nous sommes tous plongés. Mais à ce moment-ci, notre travail de parent est essentiellement de protéger nos enfants des sources de stress extérieures, en attendant que la tempête parfaite qui passe au-dessus des familles se calme…
* Incroyable Moi maîtrise son anxiété, par Nathalie Couture, M. A. et Geneviève Marcotte, Ph. D., psychologues, aux Éditions Midi Trente.
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14 mai 2020
Photo : GettyImage/Light-Lab