Grossesse: la dépression prénatale

Grossesse: la dépression prénatale
Les femmes enceintes ne sont pas à l’abri de la dépression.


La grossesse est en général une période heureuse, mais les femmes enceintes ne sont pas pour autant à l’abri de la dépression. Certaines futures mamans n’osent pas avouer qu’elles se sentent déprimées ou évitent de demander de l’aide parce qu’elles ont peur de se sentir jugées.

La dépression pendant la grossesse

Lorsqu’une femme enceinte dit que son moral est bas ou qu’elle se sent déprimée, son entourage doit être attentif à elle et l’écouter. Si elle manifeste en plus une tristesse persistante ou une perte d’intérêt envers ses activités habituelles, il pourrait s’agir d’une dépression.

Si vous vous trouvez dans une telle situation, parlez-en dès que possible avec votre partenaire et un professionnel de la santé, qu’il s’occupe ou non de votre suivi de grossesse.

La dépression peut se manifester à diverses intensités. Selon les études, environ 18 % des femmes enceintes souffrent d’une dépression légère au cours de leur grossesse et de 7 à 12 % des femmes peuvent présenter une dépression modérée ou sévère. De plus, une femme enceinte risque davantage de faire une dépression durant sa grossesse si elle a déjà souffert de dépression dans le passé, si elle vit beaucoup d’anxiété ou de stress au cours de sa grossesse, si elle se sent peu entourée ou si elle rapporte des difficultés dans sa relation conjugale.

Les futurs pères peuvent aussi être vulnérables à la dépression. Selon plusieurs études, la dépression touche de 6,5 % à 11,5 % des pères durant la grossesse. Au Québec, cette proportion atteindrait 13 % selon une étude publiée en 2015. Les hommes qui rapportaient des difficultés sur le plan de leur sommeil et qui se sentaient moins soutenus socialement risquaient plus de souffrir de dépression. De plus, les études indiquent que le risque de dépression chez les pères est plus grand chez ceux dont la conjointe est déprimée durant la période périnatale.

Les conjoints ont aussi leurs inquiétudes durant la grossesse et, comme la mère, ils peuvent ressentir du stress. Les couples qui attendent un enfant ont besoin d’exprimer leurs attentes, leurs peurs, leurs pensées et leurs émotions sans se sentir jugés.

Les symptômes de la dépression

Les changements d’humeur, la fatigue et les troubles du sommeil et de l’appétit sont courants à certaines périodes de la grossesse. Toutefois, ils peuvent constituer aussi des symptômes de dépression s’ils sont très intenses et persistants. Voici d’autres symptômes de dépression à surveiller :

  • tristesse constante, irritabilité ou forte anxiété;
  • perte d’intérêt ou de plaisir pour ses activités habituelles;
  • sentiments de désespoir, de culpabilité et de dévalorisation;
  • incapacité à se concentrer ou à prendre des décisions;
  • un trop grand appétit ou un manque d’appétit. La modification des habitudes alimentaires est plus marquée que ce qui constitue la norme pendant la grossesse;
  • incapacité à dormir ou à ressentir la fatigue;
  • pensées macabres ou suicidaires récurrentes.

Plus le nombre de symptômes présents est important et plus ils sont sévères, plus la dépression est grave.

Une femme enceinte qui est déprimée peut avoir plus de difficultés à adopter des comportements favorables à sa santé ou à celle de son bébé. Par exemple, elle peut ne pas se présenter à ses rendez-vous de suivi prénatal, ne pas s’alimenter correctement ou ne pas se reposer suffisamment. Elle adoptera peut-être aussi des comportements problématiques qui pourraient avoir des conséquences négatives pour le bébé, comme la consommation de tabac, d’alcool ou de drogue.

Comment traiter la dépression prénatale?

Produits naturels?
Les effets sur les femmes enceintes de plusieurs produits naturels, comme le millepertuis, pour traiter la dépression n’ont pas encore été étudiés en profondeur. Il est déconseillé de prendre ces produits sans avoir d’abord consulté son médecin ou son pharmacien.

Une femme enceinte qui se sent déprimée ou qui éprouve des symptômes de dépression devrait en parler à son médecin ou à un psychologue. Dans plusieurs cas, il peut être utile d’inclure le partenaire dans le suivi.

La dépression légère à modérée

Plusieurs actions peuvent contribuer à réduire les symptômes dépressifs, par exemple une bonne alimentation, l’exercice physique régulier, une quantité suffisante de sommeil, la recherche de soutien social et des mesures de réduction du stress (exercices de relaxation, yoga, pleine conscience, etc.). Une psychothérapie entreprise auprès d’un psychologue ou d’un psychothérapeute reconnu peut être nécessaire pour traiter la dépression.

La dépression sévère

Dans certains cas, un médicament peut être prescrit lorsque les symptômes dépressifs sont importants. En effet, la dépression pendant la grossesse est un facteur de risque de dépression post-partum. C’est pourquoi il est important de discuter des pour et des contre de la médication avec un médecin. Il pourra ainsi vous aider à faire le meilleur choix pour vous et votre bébé. Par ailleurs, la prise de médication peut être combinée aux diverses stratégies d’intervention utilisées pour traiter la dépression légère à modérée.

Les conséquences de la dépression prénatale

Selon les études, 30 à 60 % des mères aux prises avec une dépression post-partum présentaient déjà des symptômes de dépression pendant leur grossesse.

Il est normal de se sentir émotive ou anxieuse durant les deux premières semaines qui suivent l’accouchement. Durant cette période, la nouvelle maman a besoin de repos et du soutien de tout son entourage.

Toutefois, si elle manifeste des signes de dépression constants ou persistants au-delà de ces deux semaines, il faut agir. On estime que de 15 à 20 % des femmes présentent une dépression post-partum. Les deux parents devraient consulter un médecin ou un psychologue afin de déterminer la façon de traiter ces symptômes. Il est plus facile de soigner une dépression détectée tôt, avant qu’elle ne devienne trop grave.

Pour cette raison, il est important d’intervenir le plus tôt possible durant la grossesse afin de limiter les répercussions sur les mères et leur famille. En effet, une mère dépressive peut ensuite interagir moins avec son bébé, ce qui pourrait nuire au lien d’attachement.

Plusieurs études ont aussi mis en évidence l’association entre la dépression maternelle prénatale et des troubles cognitifs chez l’enfant ainsi que des troubles de comportement comme le trouble de l’attention avec hyperactivité, ou le trouble oppositionnel. De plus, des troubles comme la dépression et l’anxiété sont rapportés chez des enfants de mères déprimées durant la grossesse, et ce, jusqu’à l’adolescence.

 

À retenir

  • Les femmes enceintes ne sont pas à l’abri de la dépression.
  • En présence de symptômes de dépression, il est important d’en parler avec un professionnel de la santé.
  • Bien que certains antidépresseurs puissent avoir des effets secondaires, ne pas traiter la dépression comporte également des risques.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Nicole Reeves, psychologue
Recherche et rédaction :
Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Mars 2022

 

Photo : iStock.com/monkeybusinessimages

 

Références et ressources

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu’un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

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