Vous avez tendance à surprotéger votre enfant? Découvrez si vous êtes un parent hélicoptère.
Être un parent hélicoptère, c’est intervenir auprès de son enfant pour lui éviter toutes les difficultés. Même si c’est fait avec de bonnes intentions, ce comportement peut nuire au développement d’un enfant.
Qu’est-ce qu’un parent hélicoptère?
Le parent hélicoptère a tendance à protéger son enfant de manière excessive. L’image de l’hélicoptère est utilisée pour décrire le parent qui « vole » au-dessus de son enfant toujours prêt à intervenir pour lui éviter toute difficulté, peine ou frustration. Voici des exemples de gestes que peut poser un parent hélicoptère.
- Il ne laisse pas son enfant prendre des risques ou faire des erreurs. Par exemple, le parent hélicoptère va intervenir pour empêcher son enfant de grimper dans un module de jeu où il y aurait un faible risque de chute ou il va refuser que son enfant essaie des activités jugées légèrement risquées.
- Il s’organise pour que son enfant ne vive pas de déception ni de frustration. Pour cela, le parent hélicoptère anticipe ou résout les problèmes à la place de son enfant. Par exemple, si l’enfant n’est pas invité à l’anniversaire d’un ami, le parent va organiser une sortie spéciale ou acheter un cadeau à son enfant pour compenser sa peine, au lieu de l’accompagner dans la gestion de ses émotions. Le parent hélicoptère a aussi du mal à dire non à son enfant de peur de le décevoir.
- Il organise presque tout le temps de son enfant en planifiant la journée avec des activités éducatives ou structurées. Le parent hélicoptère laisse peu de place au jeu libre ou à la spontanéité. Il est aussi du genre à animer son enfant toute la journée.
- Il s’inquiète de manière exagérée lorsque son enfant n’est pas avec lui. Il peut envoyer des messages ou appeler fréquemment pour vérifier si son enfant va bien lorsqu’il est chez un ami.
- Il fait ou dit les choses à la place de son enfant pour lui éviter de se sentir gêné ou de vivre des difficultés. Par exemple, le parent hélicoptère va prendre son enfant dans ses bras pour monter les escaliers ou porter son sac d’école alors que l’enfant est capable de le faire. Il peut aussi répondre à la place de son enfant quand quelqu’un le questionne.
- Il ne laisse pas son enfant prendre des décisions. Par exemple, le parent hélicoptère choisit exclusivement les activités, les amis ou les vêtements de l’enfant sans le consulter ni respecter ses préférences.
- Il intervient dans les conflits de son enfant. Le parent hélicoptère va prendre systématiquement la défense de son enfant lorsque ce dernier vit des conflits avec d’autres enfants ou enseignants. Il ne laisse pas son enfant gérer ses propres relations. Il préfère tout régler à sa place sans l’inclure.
- Il s’implique de manière excessive dans la vie scolaire de son enfant. Par exemple, le parent hélicoptère corrige ses travaux scolaires. Il peut même faire en tout ou en partie ses devoirs à sa place pour s’assurer qu’ils sont parfaits, au lieu de laisser son enfant apprendre de ses erreurs.
Qu’est-ce qui pousse un parent à surprotéger son enfant?
Plusieurs raisons peuvent amener un parent à vouloir éviter tous les problèmes à son enfant comme les situations difficiles, les émotions désagréables, les déceptions, le stress et les petites blessures.
Certains parents se montrent surprotecteurs en raison de leur personnalité anxieuse ou inquiète. Ils surprotègent leur enfant pour calmer leur propre anxiété. Il y a aussi des parents qui ont du mal à voir les capacités d’autonomie de leur enfant. Même si ce dernier grandit, ils le voient toujours comme un bébé vulnérable qu’il faut protéger.
D’autres parents sont surprotecteurs en raison de leur vécu ou de la façon dont ils ont été élevés. Par exemple, un parent qui a vécu un événement grave et traumatisant durant l’enfance (ex. : accident) peut surprotéger son enfant. Un autre peut être surprotecteur parce que son tout-petit a été très malade à la naissance et qu’il a toujours peur qu’il lui arrive quelque chose de grave. Un parent qui a été négligé ou mal aimé durant l’enfance peut aussi compenser en devenant surprotecteur avec son enfant.
Le désir de performance peut également pousser des parents à agir ainsi. Ils veulent être les meilleurs possibles dans leur rôle de parent et leur désir de bien faire les amène à en faire trop. Les parents perfectionnistes peuvent aussi vouloir empêcher leur enfant de faire des erreurs.
Enfin, l’attention qu’apportent les médias aux mauvaises nouvelles (ex. : enlèvements, catastrophes) donne à certains parents l’impression que le monde est rempli de dangers pour leur enfant, ce qui les amène à le surprotéger.
L’impact du parent hélicoptère sur l’enfant
Même si le parent hélicoptère agit avec de bonnes intentions pour le bien de son enfant, ce comportement a des conséquences négatives. Cela peut nuire à l’autonomie de l’enfant, à sa confiance de même qu’à son développement.
Il est normal que votre enfant vive des difficultés. Votre rôle est de l’accompagner pour l’aider à les surmonter.
En effet, un enfant doit vivre des expériences variées et explorer le monde seul pour devenir plus autonome, développer sa confiance et apprendre à gérer ses émotions. Cela veut dire que l’enfant doit vivre des réussites… mais aussi des échecs et des défis.
Sans le vouloir, le parent hélicoptère envoie à son enfant le message que le monde n’est pas sécuritaire pour lui. L’enfant comprend alors qu’il ne peut pas l’affronter sans son parent et qu’il n’est pas capable de faire des choses par lui-même. Cela peut amener un enfant à :
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manquer d’autonomie;
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avoir de la difficulté à résoudre des problèmes;
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se sentir inquiet face à l’avenir;
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vivre de l’anxiété, et même développer un trouble anxieux;
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avoir de la difficulté à gérer ses émotions;
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manquer de confiance en lui et avoir une faible estime de lui-même;
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vivre des difficultés dans ses relations avec les autres;
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manquer d’initiative.
Des conseils pour protéger sans surprotéger son enfant
Vous croyez être un parent hélicoptère? Voici des stratégies pour vous aider à protéger votre enfant sans le surprotéger :
- Guidez votre enfant au lieu de faire les choses à sa place. Montrez-lui les gestes à faire pour réussir une tâche comme s’habiller, utiliser des ustensiles et faire ses boucles. Vous pouvez débuter par « faire ensemble » et le laisser faire graduellement.
- Encouragez l’autonomie de votre enfant en lui confiant de petites responsabilités adaptées à son âge comme ranger ses jouets, mettre la table et aider à nourrir un animal de compagnie. S’il est d’âge scolaire, vous pouvez par exemple le laisser préparer son sac d’école, choisir ses vêtements et faire son lit.
- Favorisez la résolution de problème. Au lieu d’intervenir dès qu’une difficulté se présente à votre enfant, aidez-le à la surmonter et à réparer ses erreurs. S’il renverse son verre de lait, invitez-le à ramasser le dégât avec vous. S’il a de la peine ou s’il est fâché, aidez-le à mettre des mots sur ses émotions. Et si votre enfant a de la difficulté avec un devoir, posez-lui des questions au lieu de lui donner les réponses. Demandez-lui par exemple : « Qu’est-ce que l’enseignante t’a expliqué? Y a-t-il des exemples dans ton cahier? Peux-tu relire la question en suivant avec ton doigt? ».
Vivre des frustrations, des échecs et des conflits fait partie du développement normal d’un enfant. Ces expériences sont essentielles pour bâtir sa confiance en soi et son autonomie.
- Apprenez-lui à régler ses conflits avec les autres. Si une dispute survient avec un autre enfant, encouragez-le à nommer ce qu’il ressent, à écouter le point de vue de l’autre et à trouver une solution au conflit sans intervenir directement. Proposez vos idées si votre enfant n’arrive pas à trouver une solution.
- Assurez-vous de faire la différence entre les désirs et les besoins de votre enfant. Il est important de répondre à ses besoins essentiels (ex. : amour, sécurité, bien-être), mais il faut éviter de toujours répondre à ses désirs immédiats (ex. : manger des bonbons, jouer sur la tablette) parce que vous ne voulez pas lui dire non. Votre enfant doit vivre des frustrations et des déceptions pour apprendre à les tolérer et à les gérer.
- Donnez à votre enfant l’occasion de prendre de petits risques. Proposez-lui des défis réalistes pour son âge ou demandez-lui quel défi il aimerait surmonter, comme monter dans la grande glissade au parc ou apprendre à faire du vélo sans petites roues. Guidez-le ensuite dans ses défis sans faire les choses à sa place.
- Renforcez la confiance de votre enfant en l’encourageant. Utilisez des mots pour lui montrer que vous croyez en ses capacités. Dites-lui : « Je sais que tu es capable », « Je sais que tu peux trouver une solution » ou « Je suis là si tu as besoin d’aide, mais je te laisse d’abord essayer ». Valoriser aussi ses efforts plutôt que la perfection et les résultats pour lui montrer que c’est ce qui compte vraiment.
- Informez-vous pour adapter vos interventions à l’âge de votre enfant, à sa personnalité et à ses besoins. Vous pouvez vous informer dans les magazines, les sites et les livres spécialisés pour connaître les différentes étapes du développement de l’enfant. Cela vous indiquera, par exemple, vers quel âge il peut dormir dans un grand lit, monter et descendre seul les escaliers, faire des boucles sans aide, faire son lit, se rendre seul chez un ami qui habite près de chez vous, etc. Ces informations sont des repères pour ajuster vos interventions selon votre enfant et ses capacités.
- Maintenez des relations saines avec le personnel scolaire. Faites-leur confiance et évitez d’appeler ou d’écrire à l’enseignante ou l’enseignant de votre enfant chaque fois qu’il est insatisfait. Encouragez aussi votre enfant à parler directement à son enseignante si un problème survient à l’école.
- Faites-vous confiance comme parent. Rappelez-vous que les parents parfaits n’existent pas. Ayez confiance en vos compétences parentales. Faites aussi confiance aux capacités de votre enfant.
- Travaillez sur vos propres peurs pour comprendre vos interventions protectrices. Demandez-vous par exemple : « Est-ce que j’interviens pour aider mon enfant ou pour calmer mes propres inquiétudes? » Regarder la situation avec un peu de recul peut vous aider à adopter une approche moins protectrice avec votre enfant.
- Partagez vos inquiétudes. Parlez avec votre entourage (ex. : partenaire, amis, grand-parent) de vos craintes ou des émotions que vous ressentez quand votre enfant vit une difficulté. Cela peut vous aider à dédramatiser la situation. N’hésitez pas à demander l’aide d’un professionnel si vos inquiétudes ou votre anxiété sont trop difficiles à calmer.
Comment en parler à l’autre parent? Si votre partenaire agit comme un parent hélicoptère, c’est une bonne idée de lui en parler pour l’amener à prendre conscience de son comportement surprotecteur. Comme le parent hélicoptère est souvent très impliqué auprès de l’enfant, vous pouvez voir comment vous impliquer plus. Tout en reconnaissant tous les efforts qu’il fait pour l’amour et le bien-être de votre enfant, exprimez-lui votre besoin de prendre plus de place. Vous pouvez, par exemple, participer davantage aux routines comme celles du matin ou du dodo, accompagner votre enfant à ses visites médicales ou vous inscrire à une activité avec lui. Vous pouvez aussi faire remarquer à votre partenaire les situations où l’enfant pourrait être plus autonome et suggérer des interventions. Par exemple : « Je crois qu’on pourrait le laisser faire ses devoirs seul et l’aider juste quand il nous le demande. » Le but est d’amener le parent hélicoptère à déléguer des tâches et à lâcher prise sur certaines choses. Vous pouvez aussi lui suggérer des lectures sur le sujet pour le sensibiliser. |
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter nos fiches :
À retenir
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Le parent hélicoptère a tendance à surprotéger son enfant.
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Lorsque vous surprotégez votre enfant, il comprend qu’il n’est pas capable de faire des choses sans vous. Cela nuit à son autonomie, à sa confiance et à son développement.
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Mieux vaut guider votre enfant et l’aider à surmonter ses difficultés pour le faire grandir.
| Révision scientifique : Nathalie Parent, psychologue, auteure et conférencière
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Mars 2025
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Photo : GettyImages/Studio CJ
Références et ressources
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ACTIF POUR LA VIE. Soyez un « parent sauveteur ». activeforlife.com
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SOINS DE NOS ENFANTS. Le développement de votre enfant : à quoi vous attendre. soinsdenosenfants.cps.ca
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TABLE SUR LE MODE DE VIE PHYSIQUEMENT ACTIF. Sécurité bien dosée, enfant comblé! tmvpa.com
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