Mon enfant a tendance à agir agressivement. Comment l’aider à gérer ce comportement ?
L’agressivité fait partie du développement normal des enfants. Elle est d’ailleurs relativement fréquente chez les tout-petits. Pour arriver à contrôler leur agressivité, ils ont besoin de l’aide active de leurs parents.
L’agressivité avant 3 ans
Comment intervenir auprès d’un enfant agressif qui joue avec d’autres enfants.

Les comportements agressifs sont fréquents entre 18 mois et 3 ans. À cet âge, l’enfant ne contrôle pas bien ses désirs et il agit sans réfléchir. C’est d’ailleurs souvent une impulsion ou le manque d’autocontrôle qui sont à l’origine de l’agressivité et non le désir de blesser quelqu’un.
Le tout-petit a tendance à se chamailler pour obtenir les objets qu’il veut ou pour les garder en sa possession. Par exemple, s’il voit un jouet qui l’attire, il le prend, même s’il se trouve dans les mains d’un autre enfant. Cette situation peut aussi amener une réaction agressive chez l’enfant qui se fait prendre son jouet.
Les premières chicanes que vit un tout-petit sont donc ce qu’on appelle des conflits de possession. Ces conflits ont lieu lorsque deux enfants veulent le même jouet ou lorsqu’ils veulent l’attention d’une même personne. Et comme ils ne parlent pas encore très bien, ils frappent, poussent ou mordent au lieu de dire : « C’est à moi » ou « C’est mon tour. » L’enfant est aussi habitué à ses parents qui agissent généralement de façon assez prévisible. Il ne comprend donc pas toujours pourquoi les choses ne se passent pas tout le temps comme il le veut avec d’autres enfants.
En plus de manquer de mots pour dire ce qu’il vit et ce qu’il veut, l’enfant peut faire mal aux autres parce qu’il n’arrive pas à exprimer ses émotions avec des mots. L’apprentissage de la maîtrise de ses émotions n’est pas facile. Les accès de colère sont très fréquents et s’accompagnent parfois d’agressivité.
L’agressivité physique (par exemple mordre, frapper ou pousser) augmente et culmine habituellement entre le deuxième et le troisième anniversaire. Vers 3 ans, les comportements agressifs commencent à diminuer, car le tout-petit développe de plus en plus son langage et ses habiletés sociales (ex. : écouter les autres, attendre son tour, partager, etc.).
Votre enfant se fait mal, que faire?
Si votre enfant se fait mal volontairement, par exemple il se cogne la tête au sol, se grafigne ou se mord, arrêtez-le et dites-lui que son comportement n’est pas acceptable. Voyez ensuite avec lui ce qui l’a contrarié et aidez-le à mettre des mots sur ses émotions. |
L’agressivité après 3 ans
Au fur et à mesure que l’enfant grandit, il manifeste de moins en moins d’agressivité physique, principalement parce que les parties du
cerveau qui freinent l’agressivité sont mieux développées.
À partir de 3 ans, l’enfant d’âge préscolaire raisonne davantage et son langage est plus développé. Cela lui est très utile pour améliorer ses habiletés sociales. Il apprécie les contacts avec ses pairs et acquiert peu à peu la notion de partage. Mais il reste toutefois égocentrique et il lui est encore difficile d’être confronté à des refus.
Avec ses capacités de raisonnement et de communication, il peut argumenter, négocier ou même menacer lorsqu’il veut obtenir quelque chose. L’agressivité observée à cet âge est alors plus verbale que physique. Toutefois, c’est également à cet âge que l’enfant prend davantage conscience de l’impact de ses gestes. Il est ainsi capable de comprendre qu’il a pu blesser un autre enfant par ses paroles, reconnaître ses torts et s’excuser. Il a également un plus grand autocontrôle sur ses gestes agressifs. Ainsi, il en vient moins souvent aux coups qu’un tout-petit de moins de 3 ans.
Pourquoi un enfant adopte-t-il un comportement agressif?
Voici les raisons courantes qui poussent un enfant à adopter un comportement agressif.
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Il imite le comportement agressif qu’il voit chez d’autres enfants ou adultes.
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Il reçoit peu d’attention ou ses besoins affectifs ne sont pas pris en considération. Il est donc moins enclin à se soucier des émotions vécues par les autres. L’agressivité peut aussi être un moyen pour lui d’attirer l’attention.
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Il refuse de partager.
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Il est régulièrement témoin de disputes familiales, ce qui lui laisse croire que l’agressivité est une réaction normale.
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Il est inquiet à cause de l’arrivée d’un nouveau bébé, d’une séparation, d’une dispute ou d’un deuil. Il essaie de s’adapter aux changements, ce qui le rend plus fatigué et irritable.
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Il a été très stimulé ou surexcité (ex. : après une longue période de jeu actif ou une fête d’enfants). Il a besoin de se retrouver seul pour se calmer ou se reposer.
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Il est puni régulièrement ou sévèrement, ce qui peut augmenter ses réactions d’agressivité.
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Il a toujours le dernier mot quand il est agressif, ce qui le pousse à croire que ses comportements hostiles sont tolérés et jouent en sa faveur.
Comment intervenir?
Un grand nombre d’enfants qui présentent des comportements agressifs ont besoin de recevoir beaucoup d’attention de la part de leurs parents et des personnes qui s’occupent d’eux pour apprendre à se contrôler. La patience est alors essentielle, car ils ont besoin de temps pour bien comprendre quels sont les comportements acceptables et ceux qui ne le sont pas.
Voici comment vous pouvez intervenir lorsque votre enfant adopte un comportement agressif.
En montrant à votre enfant à contrôler ses élans et ses émotions, vous verrez ses comportements agressifs diminuer.
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Restez calme et ferme, même si c’est difficile. N’attaquez pas votre tout-petit physiquement ni verbalement. Évitez ainsi des phrases comme « Tu es méchant » ou « Tu es bébé », car elles nuisent à l’estime de soi de votre enfant.
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Indiquez-lui que son comportement n’est pas acceptable en disant par exemple : « Non, tu ne pousses pas ton ami. Ça lui fait mal. »
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Donnez de l’attention à l’enfant blessé pour le consoler. Votre tout-petit comprend ainsi que faire mal n’est pas un bon moyen d’avoir de l’attention.
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Expliquez à votre enfant les conséquences de ses gestes. Dites-lui par exemple : « Tu te souviens quand Juliette t’a frappé? Ça t’a fait mal. Tu as pleuré. C’est pareil pour Mathis, ça lui a fait mal! »
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Aidez votre tout-petit à dire ce qu’il veut avec des mots simples. Montrez-lui à dire : « C’est à moi » ou « Non, je ne veux pas. » Cette approche simple réduit souvent l’agressivité de nombreux enfants.

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Décrivez ce qu’il ressent pour l’aider à mettre des mots sur ses émotions et pour qu’il sache que vous le comprenez. Dites-lui par exemple : « Tu es fâché parce que tu ne peux pas jouer avec le camion? Tu peux le dire : “Je suis fâché” » ou « Je vois que tu es en colère parce que je ne t’ai pas laissé manger ce que tu voulais. »
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Assurez-vous que personne n’accorde une attention déplacée au comportement agressif (ex. : rire).
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Ayez recours à une conséquence qui favorise l’apprentissage en y associant toujours une courte explication. Utilisez la réparation (ex. : consoler l’ami) ou le retrait dans un endroit neutre (une chaise ou la marche d’un escalier). Prévoyez une minute de retrait par année d’âge (ex. : 2 minutes de retrait pour un enfant de 2 ans).
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Offrez-lui un câlin lorsque la situation est réglée.
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Essayez de comprendre pourquoi il se montre agressif. Est-ce une façon pour lui d’affirmer son autonomie? Une réaction de frustration? Est-il agressif parce que les enfants autour de lui le sont?
Quand demander de l’aide?
Les comportements agressifs commencent habituellement à décroître à partir de 3 ans. À cet âge, les enfants contrôlent mieux leurs émotions et ils ont appris à exprimer par des mots ce qu’ils veulent dire. Il est important d’obtenir de l’aide si, après 3 ans, votre enfant n’a toujours pas appris à maîtriser ses émotions et son agressivité ou s’il semble indifférent aux émotions des autres. Il est plus facile de modifier la tendance à avoir des comportements agressifs d’un tout-petit que celle d’un enfant plus âgé. Discutez donc de la situation avec le médecin de votre enfant ou communiquez avec votre CLSC. |
Que faire si votre enfant est victime d’agressivité à la garderie?
Si votre tout-petit reçoit des coups ou se fait mordre au service de garde, il n’est pas souhaitable que vous interveniez directement auprès de l’enfant qui a fait mal au vôtre ou de ses parents. C’est la responsabilité de l’éducatrice et des parents de cet enfant d’agir. Vous pouvez toutefois en parler avec l’éducatrice afin qu’elle mette en place des moyens pour que les gestes agressifs diminuent. Vous pouvez aussi aider votre enfant à dire comment il se sent et lui apprendre à dire : « Non, ça fait mal » ou « Je suis triste. »
Comment prévenir l’agressivité?
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Instaurez la règle : « On ne blesse pas les autres. » Pour la plupart des enfants, être gentil avec les amis, les animaux familiers et les gens en général est quelque chose qui doit être appris.
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Soyez vous-même un bon modèle en maîtrisant vos propres réactions de frustration. Lorsque cela est possible, expliquez ce que vous ressentez et indiquez différentes façons d’y réagir sans agressivité.
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Montrez à votre enfant comment il peut demander ce qu’il veut. Dites-lui : « Tu peux demander le jouet » ou « Tu peux tendre la main si tu veux le jouet. »
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Rappelez souvent à votre enfant les comportements acceptables et ceux qui sont inadmissibles. Cela peut être décourageant de devoir toujours répéter la même chose, mais certains tout-petits ont besoin de ces nombreuses répétitions pour bien se rappeler les règles. Si, par exemple, vous allez au parc, rappelez-lui qu’il est important d’attendre son tour pour glisser et de ne pas pousser pour passer devant les autres qui font la file.
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Lisez ensemble des histoires qui traitent de la colère ou de comportements agressifs. Discutez ensuite des émotions ressenties par les personnages et de la façon dont ceux-ci pourraient les maîtriser. Rappelez à votre enfant les situations où il a, lui aussi, ressenti les mêmes émotions et comment il avait alors réagi. Tentez ensuite de trouver des manières d’améliorer ses réactions afin qu’il n’adopte pas un comportement agressif la prochaine fois qu’il vivra ces émotions.
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Aménagez des endroits où votre enfant peut jouer sans que vous ayez constamment à lui dire « Ne touche pas à cela » et « Ne fais pas cela ». Toujours se faire dire « non » est frustrant pour votre enfant et peut le mettre en colère. Dans les situations où vous devez poser un interdit pour sa sécurité, dirigez-le vers une activité permise. Dites-lui par exemple : « Non, tu ne peux pas jouer dans l’armoire sous le lavabo, c’est dangereux. Par contre, tu peux jouer avec les plats de plastique de cette armoire. » Il ressentira ainsi moins de frustration.
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Organisez des séances de jeu avec d’autres enfants en votre présence, pour aider votre tout-petit à faire face de façon plus positive à toute expérience frustrante et à développer sa sensibilité envers les autres. Faites-lui comprendre les émotions que son comportement provoque chez les autres (ex. : douleur, joie). Puis, encouragez-le à exprimer verbalement ses émotions.
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Inventez des scénarios où les gens ressentent de la frustration, par exemple : « Jeanne jouait à la balle, quand Samuel est arrivé et lui a pris sa balle. » Puis, demandez à votre enfant d’imaginer la suite : « Qu’est-ce que Jeanne a fait ensuite, d’après toi? » Déterminez ensemble comment chaque personnage de l’histoire peut maîtriser les émotions que cette situation lui fait vivre. Jouer à faire semblant permet aussi aux enfants d’âge préscolaire de faire l’expérience de différentes émotions, dont la colère.
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Complimentez votre enfant quand il contrôle bien son comportement. Un tout-petit aux tendances agressives passe souvent beaucoup de temps sans recevoir de compliments. Des félicitations mesurées motivent votre enfant à vous faire plaisir.
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Si votre enfant a plus de 3 ans, vous pouvez utiliser un tableau de motivation afin de réduire les comportements agressifs.
Les jeux de bataille
Les jeux de bataille sont normaux chez les jeunes enfants. Il faut toutefois surveiller ces jeux de près pour qu’ils ne parviennent pas au stade où un des joueurs se blesse. Ces mêlées aident les enfants d’âge préscolaire à comprendre les limites de leur force et de leurs compétences sociales et à savoir quand s’arrêter. Les parents jouent d’ailleurs un rôle très important pour les aider à maîtriser la différence subtile entre les jeux très physiques et l’agressivité. |
| Révision scientifique : Solène Bourque, psychoéducatrice Traduction et adaptation :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Août 2016
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Photo : iStock.com/antikainen
Ressources et références
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BOURQUE, Solène. « Quand les tout-petits explosent », Magazine Naître et grandir, vol. 7, no 9, novembre 2012, p. 6-16.
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ENCYCLOPÉDIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS. Agressivité - Agression. www.enfant-encyclopedie.com
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GUIDE INFO-FAMILLE DU CHU SAINTE-JUSTINE : le site dirige vers différentes associations et groupes d’entraide, mais donne aussi des références de livres pour adultes et enfants. www.chusj.org
Livres pour parents -
BOURCIER, Sylvie. L’agressivité chez l’enfant de 0 à 5 ans. Montréal, Les Éditions du CHU Sainte-Justine, 2008, 224 p.
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DUCLOS, Germain et Martin DUCLOS. Responsabiliser son enfant. Montréal, Les Éditions du CHU Sainte-Justine, 2005, 198 p.
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DUMESNIL, François. Questions de parents responsables. Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2004, 256 p.
- GAGNIER, Nadia, Ah! non, pas une crise : les crises de colère chez les 2 à 6 ans et même plus. Montréal, Éditions La Presse, 2006, 80 p.
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JULIEN, Gilles (Dr). Vivre avec un enfant qui dérange. Montréal, Bayard Canada, 2007, 175 p.
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LAVIGUEUR, Suzanne. Ces parents à bout de souffle. Les Éditions Québec-Livres, 2012, 424 p.
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RIGON, Emmanuelle. Turbulent, agité, hyperactif : Vivre avec un enfant tornade. Paris, les éditions Albin Michel, 2008, 208 p.
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RUFO, Marcel et Christine SCHILTE. Élever bébé. Paris, Hachette pratique, 2016, 720 p.
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WYCKOF, Jerry et Barbara C. UNELL. Se faire obéir des enfants sans crier. Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2015, 256 p.
Livres pour enfants -
D’ALLANCÉ, Mireille. Grosse colère. Paris, L’école des loisirs, 2004, 30 p.
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DESPUTEAUX, Hélène. Mella, une mauvaise journée. Beloeil, Desputeaux + Aubin, 2008, 12 p.
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LATULIPPE, Martine et Nathalie Parent. La colère de Fabien. Mammouth rose, juin 2020, 32 p.
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MOSES, Brian. Pourquoi je suis en colère. Montréal, Éditions École active, 2007, 32 p.
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SIMARD, Danièle. Je veux! Montréal, Les éditions Imagine, 2007, 32 p.
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