L’enfant unique, condamné à être égoïste et capricieux? Pas du tout!
Les enfants uniques ont parfois la réputation d’être égoïstes et capricieux, mais ce n’est pas nécessairement justifié. Cela dépend du tempérament et de l’éducation qu’ils reçoivent. Les enfants uniques ont l’avantage d’avoir toute l’attention de leurs parents, mais comme tous les tout-petits, ils doivent apprendre à partager, à faire des compromis et à bien s’entendre avec les autres.
Les avantages d’être enfant unique
Être un enfant unique comporte ses avantages. Les parents ont notamment plus de temps, d’énergie et de ressources financières à consacrer à leur enfant et à leur couple. Un enfant unique grandit généralement dans un environnement plus calme, car un tout-petit seul joue souvent plus paisiblement et n’a personne avec qui se disputer. Certaines études rapportent que les enfants uniques ont en général une bonne estime de soi et une bonne confiance en eux, notamment parce qu’ils reçoivent beaucoup d’attention positive de leurs parents. Ils seraient aussi plus motivés à l’école, auraient un vocabulaire plus élaboré et feraient preuve d’une plus grande maturité parce qu’ils sont souvent seuls avec des adultes.
Comment aider un enfant unique à développer ses habiletés sociales?
Il est vrai qu’avoir un frère ou une soeur oblige les tout-petits à faire des compromis. Par exemple, les enfants apprennent à attendre leur tour ainsi qu’à partager leurs jouets et l’attention de leurs parents. Un enfant unique peut cependant faire ces apprentissages autrement.
Si votre enfant fréquente un milieu de garde, il développe chaque jour ses habiletés sociales. Cela doit toutefois se poursuivre lorsqu’il est à la maison, car votre enfant doit aussi apprendre à faire des compromis sur son propre territoire. Partager les jouets de la garderie et accepter de prêter les siens sont deux choses bien différentes.
33 % des enfants québécois de moins de 5 ans n’ont ni frère ni soeur.
Avant 2 ans et demi, ne vous inquiétez pas si votre tout-petit a de la difficulté à partager. Cela fait partie du développement normal des enfants. C’est plutôt entre 3 et 4 ans que vous devez être plus vigilant.
Pour aider votre enfant à apprendre à partager, invitez régulièrement des cousins ou des amis pour qu’ils s’amusent avec lui. Cela permet aussi à votre tout-petit d’apprendre à bien s’entendre avec les autres, à attendre son tour et à régler de petites chicanes. Encouragez aussi votre enfant à offrir des jouets avec lesquels il ne joue plus à un plus jeune ou à un organisme pour l’habituer à partager.
Pour en savoir plus, consultez notre fiche Apprendre à partager.
Est-ce vrai qu’un enfant unique est moins sociable?
Être sociable ou solitaire est plus lié au tempérament qu’au fait d’être un enfant unique. En général, les enfants aiment la compagnie des autres. Toutefois, il peut arriver qu’un enfant unique ait moins développé ses
habiletés sociales. Par exemple, il peut avoir du mal à partager, à faire des compromis ou à régler des conflits parce qu’il n’a pas appris à le faire dans son milieu familial. De plus, il peut vouloir que les choses se déroulent à sa manière. Ainsi, un enfant unique peut parfois être perçu comme moins aimable par les autres. Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas sociable, mais plutôt qu’il a des apprentissages à faire pour améliorer ses habiletés sociales. Il est toutefois important de mentionner que tous les enfants, uniques ou pas, doivent apprendre à bien s’entendre avec les autres.
Favoriser l’autonomie de l’enfant unique
Certains parents ont tendance à effectuer des tâches à la place de leur enfant. C’est le cas de certains parents d’enfants uniques qui ont plus de temps parce qu’ils n’ont pas à s’occuper d’autres tout-petits. Même si leur intention est bonne, c’est une pratique à éviter. Faire les tâches à la place de votre enfant l’amène à croire qu’il n’est pas capable de les faire ou qu’il n’a pas besoin de les faire.
Pour aider votre tout-petit à développer son autonomie et son estime de soi, laissez-le faire des choses par lui-même. Par exemple, confiez-lui des responsabilités adaptées à son âge, comme ranger ses jouets et mettre lui-même ses vêtements propres dans ses tiroirs. De même, évitez de le surprotéger, car votre tout-petit a besoin de prendre certains risques pour apprendre. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a lâché votre main pour faire ses premiers pas et qu’il réussit, par exemple, à grimper de plus en plus haut dans les structures de jeux au parc.
Ne pas trop en faire
Avoir un seul enfant, c’est aussi avoir plus de temps pour s’en occuper. Même si cela a des avantages, évitez d’en faire trop en lui proposant des activités sans arrêt. Être toujours occupé et très stimulé peut causer de la fatigue et du désintérêt pour certaines activités.
Même si vous avez du temps pour jouer avec votre enfant, assurez-vous qu’il a aussi des périodes de jeux libres. Encouragez-le à jouer seul, car c’est aussi important que partager des moments de jeux avec vous. Quand il s’amuse seul et qu’il décide à quoi et comment il joue, votre tout-petit développe son autonomie, sa débrouillardise, son imagination et sa capacité à prendre des initiatives. Cela lui permet aussi de découvrir ses préférences et d’apprendre par lui-même.
Certains parents ont aussi tendance à surveiller de très près leur tout-petit pour qu’il réussisse dans tout. Comme ils n’ont qu’un seul enfant, ils attendent beaucoup de lui. Attention toutefois de ne pas avoir des exigences trop élevées pour votre enfant et de ne pas projeter vos rêves sur lui. Il pourrait alors ressentir une certaine pression de performance et devenir anxieux parce qu’il a peur de vous décevoir ou de ne pas être à la hauteur de vos attentes. Aidez-le à être lui-même. Restez à l’écoute quand votre tout-petit parle de ses goûts et de ce qui l’intéresse. N’essayez pas de l’influencer; respectez ses préférences. Par exemple, si votre enfant aime la danse et vous non, c’est très bien ainsi : permettez-lui de vivre ses propres expériences.
Le besoin de limites
Tous les enfants, qu’ils soient uniques ou entourés de frères et soeurs, ont besoin de limites. Même si celles-ci peuvent être frustrantes pour un tout-petit, elles contribuent à le rassurer et à lui donner un sentiment de sécurité. Donnez donc à votre enfant des limites claires pour qu’il sache ce que vous attendez de lui. De même, ne cédez pas à toutes ses demandes. Si vous le faites, vous risquez d’en faire un enfant qui ne supporte aucun refus et qui développe une faible tolérance à la frustration.
Il est aussi important de permettre à l’enfant unique de vivre de petites déceptions. Les tout-petits qui ont un frère ou une soeur y sont souvent plus habitués. Par exemple, ils peuvent être déçus de ne pas avoir le jouet avec lequel leur soeur joue ou de ne pas pouvoir aller jouer au parc tout de suite parce que leur petit frère fait la sieste. Ce n’est pas le cas d’un enfant unique. Or, la déception est une émotion saine que votre enfant doit apprendre à gérer. Si vous essayez toujours d’épargner sa sensibilité et ne l’aidez pas à vivre et à gérer des déceptions, votre tout-petit risque d’avoir du mal plus tard à supporter les sentiments négatifs ou trop intenses.
De plus, votre vie de famille ne devrait pas être centrée sur les désirs de votre enfant. Rappelez-vous que les décisions d’adultes ne le concernent pas. Par exemple, ce n’est pas à votre enfant de choisir à quel moment aller faire des courses ou de décider qui viendra souper chez vous samedi soir. Bien sûr, vous pouvez prendre ses opinions en considération, mais ne le laissez pas toujours choisir les activités que vous ferez en famille. C’est ainsi qu’il apprend à tenir compte des désirs et des opinions des autres.
Il demande un petit frère ou une petite soeur... Expliquez-lui brièvement votre choix avec des mots simples, par exemple : « Papa et maman veulent avoir seulement un enfant. » Tentez par contre de comprendre le besoin qui se cache derrière ce souhait. S’il est fasciné par les bébés, vous pourriez côtoyer davantage un poupon de votre entourage. S’il veut un camarade de jeu, vous pourriez inviter plus souvent d’autres enfants à la maison. |
À retenir
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Jouer régulièrement avec des amis ou des cousins aide l’enfant unique à apprendre à partager et à faire des compromis.
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Mieux vaut éviter de faire les choses à la place d’un enfant unique et de l’occuper sans arrêt afin qu’il puisse développer son autonomie et sa débrouillardise.
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Comme tous les tout-petits, un enfant unique a besoin de limites et doit apprendre à gérer de petites frustrations. C’est pourquoi il ne faut pas céder à toutes ses demandes ni centrer la vie de la famille sur ses désirs.
| Révision scientifique : Annie Goulet, psychologue Recherche et rédaction : Équipe Naître et grandir Mise à jour : Septembre 2019
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Photos : iStock.com/kirillica et GettyImages/PeopleImages
Ressources et référencesNote : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée. - GAGNIER, Nadia. C’est pas moi, c’est lui! Les relations fraternelles et les défis particuliers aux enfants uniques. Montréal, Les Éditions La Presse, 2008, 108 p.
- MINISTÈRE DE LA FAMILLE. Regard statistique sur les jeunes enfants au Québec. 2014, 116 p. mfa.gouv.qc.ca
- SANDLER, Lauren. One and Only : The Freedom of Having an Only Child, and the Joy of Being One. Éditions Simon and Schuster, 2013, 224 p. (en anglais seulement)
- WHYTE, Carolyn. L’enfant unique. Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2013, 208 p.
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