L'enfant qui touche à tout

L'enfant qui touche à tout
Votre enfant touche à tout. C’est normal! Comment réagir?


Quand un enfant commence à se déplacer, un monde de découvertes s’ouvre à lui. Il peut maintenant toucher à tout ce qui est à sa portée. Comme le tout-petit n’a pas encore conscience du danger, il est important d’assurer sa sécurité tout en lui permettant de développer sa curiosité.

Pourquoi un enfant touche-t-il à tout?

Pour découvrir son environnement

Durant les premières années de sa vie, un enfant développe sa curiosité lorsqu’il est en action et qu’il utilise ses sens (la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût). Toucher les objets lui permet de découvrir leur texture, leur poids, leur goût et leur odeur ainsi que le bruit qu’ils font.

Malgré une consigne claire et concrète, un enfant peut continuer de toucher à un objet même s’il ne devrait pas, car il a besoin de répétition pour apprendre.

Comme le tout-petit vit dans le moment présent et que son cerveau est en plein développement, il n’est pas encore capable de prévoir les conséquences de ses gestes. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’un enfant, surtout avant l’âge de 2 ans, a besoin de refaire ce que ses parents lui ont dit de ne pas faire.

Répéter le geste interdit lui permet de bien comprendre sa portée. Lorsqu’il refait ce geste, il regarde souvent ses parents dans les yeux. Il ne cherche pas à les défier, mais plutôt à confirmer qu’il s’agit bien du geste à ne pas faire.

Pour tenter de répondre à un besoin

Un enfant peut toucher un objet qu’il n’est pas censé prendre afin d’attirer l’attention de ses parents, par exemple lorsqu’ils préparent le souper ou changent la couche de sa petite soeur. C’est une façon de leur dire qu’il a besoin d’eux. Ce n’est pas un caprice et il ne cherche pas à les mettre en colère.

Comme le tout-petit n’a pas toujours les mots pour décrire ce qu’il ressent, toucher à des choses qu’il ne devrait pas est un des moyens à sa disposition pour indiquer que quelque chose le dérange ou qu’il veut passer du temps avec ses parents.

Un enfant peut aussi toucher un objet interdit lorsqu’il vit une frustration afin de signifier qu’il est contrarié. Il a alors besoin d’aide pour mettre des mots sur ce qu’il ressent et pour trouver une solution pour diminuer son malaise.

Pour jouer

Un tout-petit peut toucher à différents objets simplement parce qu’il souhaite les utiliser dans ses jeux. Par exemple, un balai peut se transformer en cheval, en balai de sorcière, en baguette magique, etc. Toucher et manipuler différents objets en toute sécurité alimente sa créativité. Pouvoir explorer en s’amusant est d’ailleurs un élément important du jeu chez le tout-petit.

Une façon de canaliser son énergie

Certains enfants bougent sans cesse. Ils ont besoin de toucher et de manipuler les objets pour canaliser leur énergie. Si c’est le cas de votre tout-petit, l’activité physique (ex. : jouer à l’extérieur, faire un parcours dans la maison, danser) et les jeux sensoriels (ex. : jeux d’eau, pâte à modeler, jeux avec un bac de riz sec ou de légumineuses sèches) l’aideront à libérer son énergie.

Comment éviter qu’il touche à quelque chose d’interdit?

Voici quelques conseils pour éviter que votre enfant touche à quelque chose d’interdit ou de dangereux.

  • Formulez vos consignes afin qu’elles indiquent à votre enfant ce qu’il peut faire (ex. : « Je sais que tu aimes bien cette plante, tu peux la regarder. ») plutôt que ce qui lui est interdit. Si vous lui dites seulement ce qu’il ne doit pas faire (ex. : « Ne touche pas à cette plante. »), votre enfant pourrait ne pas comprendre ce que vous voulez qu’il fasse.
  • Aménagez des endroits dans la maison où votre tout-petit peut explorer sans danger. Vous pouvez par exemple lui rendre accessible une armoire de la cuisine afin qu’il puisse jouer avec ce qu’elle contient lorsque vous préparez les repas.
  • Laissez votre tout-petit découvrir des objets sécuritaires (ex. : bols à mélanger, spatules et tasses à mesurer en plastique) afin d’encourager son désir d’exploration. Comme votre enfant aime vous imiter, laissez-le jouer avec des objets du quotidien sécuritaires (ex. : télécommande de télévision sans piles, balai, petit linge pour épousseter, bouteille à vaporiser contenant un peu d’eau, brosse à cheveux). Des boîtes de carton et des contenants de plastique destinés au bac de recyclage peuvent lui être utiles dans ses jeux, par exemple pour jouer à l’épicerie ou pour fabriquer une boîte aux trésors. Ces objets stimulent aussi la créativité de votre enfant.
  • Si votre enfant semble avoir besoin d’un moment avec vous quand vous devez faire une tâche, prenez un petit moment ensemble pour vous faire un câlin avant de la commencer. Vous pouvez aussi lui proposer de venir jouer ou dessiner près de vous pendant que vous la faites. Comme son besoin de connexion avec vous sera comblé, il risque moins de toucher à tout pour attirer votre attention.

Comment réagir quand il touche à tout?

  • Redirigez le geste de votre enfant lorsqu’il se dirige vers une source potentielle de danger ou s’il risque de faire quelque chose d’interdit. Par exemple, s’il essaie de grimper sur la table de la cuisine, vous pouvez lui dire : « Ah, je vois que tu as envie de grimper! Viens, on va s’entraîner à grimper sur le divan ou faire un parcours. » Si votre enfant dessine sur les murs, collez une large bande de papier à sa hauteur sur la porte-fenêtre pour qu’il puisse y dessiner. Faites preuve de créativité dans les options proposées, car la plupart des tout-petits aiment ce qui sort de l’ordinaire!
  • Évitez de chicaner votre tout-petit s’il fait de petits dégâts en touchant à certaines choses, car il explore et développe peu à peu son autonomie. Proposez-lui plutôt de vous aider à nettoyer. Assurez-vous toutefois que le nettoyage n’est pas vu comme une punition, mais plutôt comme un geste normal à la suite d’un dégât.
  • Si votre enfant touche à quelque chose d’interdit en raison d’une frustration, décrivez ce que vous croyez qu’il ressent, par exemple : « Je vois qu’il y a quelque chose qui te dérange. Tu aurais aimé continuer de jouer avec moi… C’est vrai que c’est frustrant d’arrêter de faire une activité amusante. » Lorsqu’il est plus calme, dites-lui quand vous pourrez jouer de nouveau avec lui et que vous avez hâte à ce moment. Ainsi, votre enfant sent qu’il a de la valeur à vos yeux, que vous le comprenez et que vous êtes là pour l’accompagner dans la gestion de ses émotions.
  • Arrêtez doucement le geste de votre enfant lorsqu’il touche à quelque chose qu’il ne devrait pas. Par exemple, s’il tire sur le cordon électrique d’une lampe, approchez-vous de lui, retirez-lui le fil des mains et dites-lui : « Le cordon reste branché au mur. C’est seulement papa et maman qui peuvent y toucher. » Puis, dirigez-le vers une autre activité. Faites preuve de patience, car votre tout-petit va probablement le refaire à un autre moment. Il a besoin que vous lui répétiez la consigne et que vous le guidiez, car son cerveau est encore immature. Il vit dans le moment présent et si quelque chose attire sa curiosité, il veut l’expérimenter maintenant.

À retenir

  • Toucher les objets permet notamment à l’enfant de découvrir son environnement, de tenter de répondre à un besoin et de développer sa curiosité ainsi que son autonomie.
  • Avant l’âge de 2 ans, un enfant a besoin de refaire ce que ses parents lui ont dit de ne pas faire pour confirmer l’interdiction.
  • Insister sur ce que l’enfant peut faire plutôt que sur ce qui lui est interdit.
Naître et grandir

Révision scientifique : Marie-Hélène Chalifour, psychoéducatrice
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Avril 2024

Photo : iStock.com/Iogannsb

Ressources et références

  • FILLIOZAT, Isabelle. « J’ai tout essayé! » : opposition, pleurs et crises de rage : traverser sans dommage la période de 1 à 5 ans. N. éd., Paris, Marabout, 2019, 256 p.
  • HAMEL, Sarah. Le Ti-pou d’Amérique : mieux le comprendre pour mieux intervenir. Laval, Saint-Jean éditeur, 2022, 182 p.
  • MACNAMARA, Deborah. Jouer, grandir, s’épanouir : le rôle de l’attachement dans le développement de l’enfant. Montréal, Éditions au Carré, 2017, 309 p.

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