Le camouflage alimentaire

Le camouflage alimentaire
Mon enfant n’aime pas les légumes. Est-ce une bonne idée d’en cacher dans ses recettes préférées?


Certains parents ont tendance à cacher les aliments dans les plats cuisinés parce que leur enfant ne les aime pas. Par exemple, ils mélangent des légumes ou des légumineuses en purée aux recettes. D’autres ajoutent une bonne quantité de ketchup sur la portion de repas de leur enfant pour masquer la saveur de l’aliment servi. C’est ce qu’on appelle le camouflage alimentaire.

Avantages et inconvénients du camouflage alimentaire

Le camouflage semble être une stratégie gagnante, car il permet à un enfant de manger des aliments qu’il refuse habituellement, en général des légumes. Des études ont en effet démontré qu’à court terme les enfants consomment une demie à une portion de légumes supplémentaire par jour lorsqu’on ajoute des légumes en purée à des recettes qu’ils apprécient.

Il faut éviter de forcer un enfant à manger ou à goûter. Cela dit, on peut l’encourager.

Toutefois, le camouflage alimentaire présente des inconvénients considérables à long terme, notamment pour le développement du goût. Si votre enfant ne sait pas que son plat de macaroni contient du chou-fleur, il ne peut pas découvrir ce légume.

Pour apprendre à apprécier un aliment, votre enfant doit le reconnaître et savoir qu’il le mange. De plus, si votre enfant s’aperçoit que les aliments qu’il n’aime pas sont cachés dans son assiette, il pourrait se méfier par la suite.

Dès l’introduction des aliments complémentaires vers l’âge de 6 mois, incluez régulièrement de nouveaux aliments au menu de votre enfant. Lui servir souvent ces nouveaux aliments est aussi important afin qu’il s’y habitue. Plus votre enfant est exposé tôt à divers aliments, plus il grandit avec un répertoire varié et plus il est ouvert à la nouveauté.

Pour en savoir plus, consultez notre fiche Le développement du goût chez l’enfant.

Camouflage ou enrichissement?

Pour enrichir en protéines ou en fibres certains plats, vous pouvez inclure :

  • de la purée de courge dans des muffins;
  • de la purée de haricots noirs ou de pois chiches dans des biscuits (ex. : carré chocolaté, biscuits choco-rico);
  • de la purée de chou-fleur dans le pâté chinois;
  • des haricots blancs dans du potage (ajoutez-les aux légumes avant de réduire en purée);
  • des lentilles dans le pâté chinois, dans la sauce à spaghetti ou dans d’autres plats contenant de la viande hachée.

Cette stratégie devrait servir à enrichir un plat, et non à camoufler un aliment habituellement refusé. Si vous utilisez certains aliments pour ajouter des protéines ou des fibres à vos recettes, révélez vos ingrédients « surprises » à votre enfant pour qu’il sache qu’il en mange. C’est une bonne façon de lui faire apprécier un aliment qu’il croyait ne pas aimer.

De plus, vous pouvez cuisiner avec lui, car il n’y a rien de secret dans vos recettes. Vous aider à la préparation des plats peut d’ailleurs l’aider à se familiariser avec les aliments qu’il refuse habituellement de manger. Il pourrait même décider d’y goûter.

Si vous choisissez de cuisiner en « camouflant » des légumes, servez également des légumes qui ne sont pas cachés lors des repas et des collations. Votre enfant apprend ainsi à aimer le goût des légumes. Cela lui enseigne également que les légumes sont une partie importante de chaque repas. Vous voir manger des légumes l’aide à le comprendre.

Que penser du ketchup?

En ajoutant du ketchup, les enfants acceptent souvent de manger des aliments qu’ils n’aiment pas. Il faut savoir que si les enfants aiment tant le ketchup, c’est parce qu’il contient beaucoup de sel et de sucre. Une cuillère à soupe (15 ml) de ketchup commercial contient l’équivalent d’un sachet de sucre et d’un demi-sachet de sel.

Quelle que soit la marque, le ketchup contient toujours les mêmes ingrédients : pâte de tomate, sucre liquide, vinaigre blanc, sel, poudre d’oignon et épices. Il ne fournit aucune fibre et très peu de vitamines et de minéraux. Il est vrai qu’il contient du lycopène, un antioxydant reconnu pour protéger contre certains cancers, mais en faible quantité. À quantité égale, la pâte de tomate en contient 85 % de plus.

Si on le consomme seulement à l’occasion et en petites quantités, le ketchup a sa place dans l’alimentation. Le ketchup doit en effet rester un accompagnement offert de temps à autre. Il est donc fortement déconseillé de manger souvent du ketchup et de l’utiliser en grande quantité pour camoufler le goût des aliments.

Comment faire aimer à un enfant les aliments qu’il apprécie moins?

  • Variez les aliments offerts et cuisinez-les de différentes façons. Par exemple, proposez des légumes sous différentes formes. Ce n’est pas parce que votre enfant n’aime pas les carottes bouillies qu’il ne les aimera pas cuisinées sous d’autres formes. Servez les légumes crus, rôtis, sautés, en purée ou coupés différemment.
  • Servez les légumes en entrée ou avant le souper sous forme de crudités (râpées ou en morceaux, selon la variété de légumes et l’âge de votre enfant). Comme votre enfant risque d’avoir faim à ce moment, cela augmente les chances qu’il en mange.
  • Évitez les collations trop rapprochées des repas (avant ou après), car votre enfant pourrait se fier aux collations pour manger des aliments connus. Il risque alors d’être moins « aventurier » lors des repas pour goûter de nouveaux aliments.
  • Amenez votre enfant faire l’épicerie et proposez-lui de choisir un nouveau légume. Invitez-le aussi à cuisiner avec vous.
  • Remplacez le ketchup par d’autres condiments plus nutritifs (ex. : sauces à base de yogourt, de fruits ou de légumes).
  • Consommez, vous aussi, des légumes variés et donnez l’exemple en mangeant avec appétit les aliments que votre tout-petit aime moins. S’il vous voit en manger, il aura tendance à vous imiter.
  • Offrez du ketchup maison à votre enfant. Cuisiner votre propre ketchup vous permet d’expérimenter, avec votre enfant, différentes saveurs (tomates vertes, ananas, pêches, betteraves, chou-fleur) et de profiter plus longtemps des légumes et des fruits récoltés durant l’été. Vous pouvez essayer notre recette de ketchup aux fruits.

À retenir

  • Votre enfant doit savoir quels aliments il mange pour apprendre à les aimer, ce que le camouflage ne permet pas.
  • Dites la vérité à votre enfant concernant les aliments qu’il mange.
  • Le ketchup est acceptable à l’occasion, en petites quantités.
Naître et grandir

Révision scientifique : Stéphanie Côté, M. Sc., nutritionniste
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Juillet 2023

Photo : iStock.com/ArtisticCaptures

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • DURWARD, Carrie et Chelsea FELLER. Hidden Vegetables. extension.usu.edu
  • FONDATION OLO. Le camouflage alimentaire : une bonne idée? 2020. fondationolo.ca
  • HINGLE, Melanie et autres. « A model of goal directed vegetable parenting practices », Appetite, vol. 58, no 2, 2012, p. 444-449. ncbi.nlm.nih.gov
  • LA PRESSE PLUS. Camoufler des aliments : pour ou contre? 2017. plus.lapresse.ca
  • LEAHY, Kathleen et autres. « Reductions in entrée energy density increase children’s vegetable intake and reduce energy intake », Obesity, vol. 16, no 7, 2008, p. 1559-1565. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
  • ONLY ABOUT CHILDREN. Should I Hide Vegetables in My Kid’s Meals? oac.edu.au
  • PETERS, Jacqueline et autres. « A comparison of parental views of their pre-school children’s ‘healthy’ versus ‘unhealthy’ diets. A qualitative study », Appetite, vol. 76, 2014, p. 129-136. sciencedirect.com

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