Le traumatisme crânien lié à la maltraitance des enfants (syndrome du bébé secoué)

Le traumatisme crânien lié à la maltraitance des enfants (syndrome du bébé secoué)

Le traumatisme crânien lié à la maltraitance des enfants (anciennement le syndrome du bébé secoué) : ce que c’est, comment et pourquoi il se produit, les symptômes et comment le prévenir?


Secouer un bébé, surtout avant l’âge de un an, peut entraîner des conséquences extrêmement graves et permanentes. Le traumatisme crânien lié à la maltraitance des enfants (syndrome du bébé secoué) est la forme de maltraitance physique la plus souvent mortelle chez le bébé. Il provoque les séquelles les plus graves, plus graves encore qu’un traumatisme crânien causé par un accident.

Qu’est-ce que le traumatisme crânien lié à la maltraitance des enfants (syndrome du bébé secoué)?

Le traumatisme crânien lié à la maltraitance des enfants (TC-ME) se produit lorsqu’un adulte secoue un bébé avec une certaine force ou violence en le tenant par le tronc, les épaules, les bras, les mains, les jambes ou les pieds.

Auparavant, le TC-ME était appelé le syndrome du bébé secoué.

Les victimes du TC-ME sont surtout des bébés de moins de 12 mois, l’âge moyen se situant de 2 à 5 mois. On peut aussi retrouver ce genre de traumatisme chez un enfant un peu plus vieux, en général chez les moins de 2 ans.

Lorsqu’un bébé est secoué, sa tête est projetée dans tous les sens. La tête d’un bébé est beaucoup plus lourde que celle d’un adulte par rapport à son poids. Par contre, les muscles de son cou sont faibles. Il est donc incapable de contrôler sa tête lors des secousses.

Les secousses sont dangereuses parce que le cerveau du bébé est mou et fragile. De plus, il n’occupe pas toute la place à l’intérieur de la boîte crânienne. Si le bébé est secoué, le cerveau peut bouger et se cogner contre les os du crâne. Des vaisseaux peuvent alors éclater.

Les bébés secoués peuvent présenter des lésions au cerveau (ex. : enflement et saignements à l’intérieur du crâne et des yeux). Ces lésions sont parfois accompagnées de « bleus » (ecchymoses) sur la peau, de fractures des côtes et des os longs, et de lésions sur la langue. Si le bébé a été projeté sur une surface dure, il peut aussi présenter une fracture du crâne.

Ces blessures résultent toujours de gestes ou de mouvements de secousses utilisant une certaine force ou violence, parfois de façon répétée. Elles ne peuvent pas survenir si l’enfant chute d’une table ou si le parent joue avec l’enfant, le lance dans les airs ou le balance, par exemple.

Symptômes du TC-ME (syndrome du bébé secoué)

Un bébé qui a été secoué ne porte pas nécessairement de marques de blessures. Il ne présente pas toujours des symptômes associés aux dommages internes du cerveau.

Cependant, les bébés secoués peuvent présenter un ou plusieurs des symptômes suivants :

  • Irritabilité
  • Somnolence
  • Bébé mou
  • Vomissements
  • Tremblements ou convulsions
  • Difficulté à respirer ou arrêt respiratoire
  • Perte de conscience
  • Léthargie

Que faire si un bébé semble avoir été secoué?

Si vous croyez qu’un bébé a été secoué ou si vous l’avez secoué et qu’il ne semble pas bien dans les heures ou jours qui suivent, appelez le 911 et rendez-vous rapidement à l’urgence avec le bébé.

Les soins médicaux doivent être administrés rapidement. Ils sont très importants pour limiter les dommages possibles au cerveau de l’enfant ou le décès.

Quelles sont les conséquences du TC-ME?

Le TC-ME peut causer des blessures plus ou moins graves au cerveau. Celles-ci peuvent être légères et passer inaperçues. Dans ce cas, le bébé pourrait vomir et être moche pendant quelques jours. Les blessures peuvent cependant être graves et entraîner, par exemple, des convulsions. Dans un cas comme dans l’autre, des séquelles allant du trouble scolaire au décès sont possibles.

Dans les cas les plus graves, on estime que jusqu’à 1 bébé secoué sur 5 décédera. Parmi les bébés qui survivent, jusqu’à 75 % auront des séquelles permanentes, par exemple de l’épilepsie ou une paralysie.

Le TC-ME peut aussi nuire au développement de l’enfant. Voici quelques-unes des conséquences possibles du TC-ME :

  • Difficultés scolaires
  • Déficience intellectuelle
  • Problèmes de comportement
  • Troubles de l’alimentation ou du sommeil
  • Perte de la vue (cécité) ou surdité

Qu’est-ce qui peut provoquer des gestes violents?

Les pleurs persistants sont en général ce qui amène une personne à secouer l’enfant dont elle a la charge. Ces pleurs ne sont pas la cause, mais le déclencheur du TC-ME. En effet, des pleurs persistants peuvent entraîner toutes sortes d’émotions, allant de l’irritation à l’impatience, en passant par la frustration.

Les pleurs persistants d’un bébé causent un stress chez la personne qui en a la charge. Celle-ci ressent alors peu à peu de la colère, mais n’en reconnaît pas toujours les symptômes. Elle peut aussi se sentir coupable d’être en colère contre l’enfant, ce qui augmente son stress.

Dans certains cas, le parent ou le gardien ne parvient plus à contrôler ses émotions, sa colère et ses gestes. C’est ce qui peut l’amener à poser un geste violent, comme celui de secouer le bébé.

Toutes les familles et les personnes en contact avec un bébé peuvent vivre une telle situation. Certains facteurs augmentent toutefois le risque pour une personne de se sentir stressée et en colère, ce qui la rend plus susceptible de secouer le bébé. Parmi ces facteurs, on trouve :

  • le manque de sommeil;
  • les conflits familiaux;
  • les difficultés financières, parfois au point de ne plus pouvoir nourrir normalement ses enfants;
  • le fait d’être un parent monoparental et de manquer de soutien;
  • les troubles de santé mentale;
  • l’impulsivité;
  • la consommation de certains médicaments, d’alcool ou de drogues.

Comment prévenir le TC-ME?

Tout le monde peut se sentir dépassé par les pleurs d’un bébé. Cependant, une personne qui sait que les pleurs persistants sont une phase normale du développement du bébé risquera moins de le secouer.

Les pleurs persistants ne sont pas toujours le signe d’une maladie ou d’un inconfort chez le bébé. Même après vous être assuré que votre bébé est propre et qu’il n’a pas faim, soif, chaud, froid, etc., il peut continuer de pleurer. Cela ne signifie pas que vous êtes un mauvais parent. Cela signifie parfois que le bébé se développe normalement, mais qu’il a sa « personnalité ».

Pleurer est le seul moyen dont un bébé dispose pour communiquer. Tous les bébés pleurent davantage de la naissance à l’âge de 3 ou 4 mois, souvent jusqu’à 3 heures par jour. Après l’âge de 3 ou 4 mois, les pleurs diminuent petit à petit. Certains bébés pleurent beaucoup plus que d’autres.

Pour en savoir plus sur la façon de réagir face aux pleurs de votre bébé ou en cas d’inquiétude, consultez notre fiche sur les pleurs de bébé et celle sur les coliques.

Un programme de prévention du TC-ME pour les parents

Au Québec, il existe un programme de prévention du TC-ME qui s’adresse à tous les nouveaux parents. L’objectif de ce programme est d’informer les parents sur les pleurs du nourrisson et le TC-ME. Il est ainsi possible de prévenir le TC-ME en permettant aux parents de mieux comprendre les pleurs de leur bébé.
Le programme de prévention aide également les parents ou les gardiens à reconnaître les émotions et la colère qui peuvent les envahir lorsque le bébé pleure. Ainsi, ils peuvent mieux contrôler leur colère et éviter qu’elle se transforme en agressivité et en violence.

Que faire si votre bébé pleure sans arrêt?

Voici ce que vous pouvez faire si vous avez vérifié que les besoins de votre bébé sont satisfaits et qu’il n’est pas malade, mais que vous ne réussissez pas à le calmer :

  • Déposez-le doucement dans son lit et quittez la chambre. Retournez le voir toutes les 15 minutes pour vous rassurer et vous assurer que tout va bien.
  • Utilisez différentes stratégies pour retrouver votre calme : prenez des respirations profondes, prenez un bain ou une douche, écoutez de la musique, regardez la télévision, jouez à un jeu sur votre cellulaire, faites une marche à l’extérieur pendant quelques minutes, serrez un objet mou contre vous, pleurez, etc.
Ne laissez jamais votre bébé avec quelqu’un en qui vous n’avez pas confiance ou qui pourrait avoir des réactions violentes.
  • Demandez de l’aide à l’autre parent ou à une personne en qui vous avez confiance. Vous pouvez, par exemple, appeler quelqu’un pour parler de vos émotions ou demander à un voisin ou à un ami de venir chez vous pendant que vous vous calmez à l’extérieur. Vous pouvez aussi communiquer par texto avec une personne de confiance.
  • Attendez de vous sentir calme avant de reprendre votre bébé dans vos bras. Votre corps vous donne des indices pour vous indiquer qu’il a repris son calme : votre coeur bat moins vite, vous avez moins chaud, votre respiration est plus normale, plus lente. Vos pensées sont aussi moins violentes ou inquiétantes.
  • Si rien ne va plus ou si vous avez besoin de conseils, contactez la LigneParents (1 800 361-5085) ou votre CLSC. Au besoin, appelez Info-Santé (811).

Si votre bébé pleure vraiment beaucoup, demandez l’aide d’un proche et faites garder votre enfant régulièrement afin de vous reposer. Une personne reposée est plus patiente, moins impulsive et moins stressée. Elle est aussi plus en contrôle de sa colère et de ses gestes.

Le TC-ME est considéré comme une forme grave et bien définie de violence faite aux enfants. Lorsqu’on soupçonne qu’un enfant a été victime d’un tel acte, on doit avertir le Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ) ainsi que les autorités policières. Le TC-ME est un acte criminel.
Naître et grandir

Révision scientifique : Dr Jean-Yves Frappier, cogestionnaire, programme de prévention de la maltraitance infantile et du TC-ME au CHU Sainte-Justine
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Mars 2025

Photo : GettyImages/damircudic

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • AGENCE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU CANADA. Déclaration conjointe sur le trauma crânien causé par la maltraitance des enfants (TC-ME) : une mise à jour de la Déclaration conjointe sur le syndrome du bébé secoué. 2023. canada.ca
  • BÉLIVEAU, Sylvie. « La prévention du trauma crânien non accidentel (TCNA) pédiatrique », Rapport québécois sur la violence et la santé, Institut national de santé publique du Québec, 2018. inspq.qc.ca
  • CHU SAINTE-JUSTINE. Syndrome du bébé secoué (SBS) : tout ce qu’il faut savoir. 2018. chusj.org
  • CHU SAINTE-JUSTINE. Syndrome du bébé secoué (SBS) : programme périnatal de prévention. 2023. chusj.org
  • CHU SAINTE-JUSTINE. Vidéo « 3 questions 1 expert – La gestion de la colère ». fb.watch
  • CHU SAINTE-JUSTINE. Le traumatisme crânien lié à la maltraitance des enfants : un enjeu qui dépasse le cadre familial. 2024. recherche.chusj.org
  • HÔPITAL DE MONTRÉAL POUR ENFANTS. Traumatisme crânien abusif. hopitaldemontrealpourenfants.ca
  • KIDSHEALTH. Abusive head trauma (shaken baby syndrome). 2024. kidshealth.org
  • NATIONAL CENTER ON SHAKEN BABY SYNDROME. Learn more. dontshake.org
  • SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE. L’évaluation médicale en cas de soupçons de trauma crânien causé par la maltraitance des enfants : point de pratique. 2024. cps.ca
  • STOP BÉBÉ SECOUÉ. Le syndrome du bébé secoué. stopbebesecoue.fr

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