Les coliques (pleurs intenses)

Les coliques (pleurs intenses)
Tous les soirs, votre bébé pleure et se tortille. A-t-il des coliques? Que faire pour le soulager?


Qu’est-ce que les coliques?

En général, les coliques sont décrites comme des crises de pleurs récurrentes et régulières chez un bébé. Elles ont lieu au moins 3 heures par jour, 3 jours par semaine, pendant plus d’une semaine. Les crises surviennent en général aux mêmes moments de la journée, le plus souvent en fin d’après-midi ou en soirée. Les coliques sont assez fréquentes chez les jeunes bébés : jusqu’à 20 % des nourrissons seraient touchés. Selon certaines études, les bébés allaités exclusivement seraient moins touchés que les bébés nourris avec des préparations commerciales à base de lait de vache.

Les coliques peuvent commencer 3 semaines après la naissance, mais surviennent plus souvent entre la 6e et la 8e semaine. Elles disparaissent graduellement vers le 4e mois.

Lorsqu’un bébé fait des coliques, les pleurs peuvent être accompagnés de certains comportements caractéristiques. Le bébé :

  • serre les poings et devient rouge;
  • raidit les jambes et les muscles de son ventre. Il peut aussi replier les jambes contre son ventre;
  • a le ventre dur et a souvent des gaz pendant une crise;
  • peut aussi arquer le dos.

Les coliques ne sont pas une maladie, mais plutôt la description d’un comportement. Les seuls et uniques réels symptômes toujours associés aux coliques sont d’ailleurs les pleurs intenses et soutenus.

Par ailleurs, un bébé qui a des coliques est un enfant en bonne santé. Il a un réflexe de succion normal. Il boit bien. Il peut régurgiter à l’occasion, mais ne vomit pas. Il ne fait pas de fièvre. Il n’est pas léthargique. Ses selles sont normales et il mouille 6 à 8 couches par jour. De plus, il a toujours un gain de poids satisfaisant, c’est-à-dire qu’il suit sa courbe de croissance.

Quelles sont les causes des coliques?

La cause des coliques demeure souvent un mystère. Elle ne peut être clairement déterminée que dans 5 % des cas. Plusieurs hypothèses existent toutefois pour tenter d’en expliquer l’origine.

Une étape normale du développement

Les pleurs sont une chose parfaitement normale chez un bébé. Il s’agit en effet de la seule façon qu’a le nourrisson de communiquer. De 15 à 30 % des bébés pleurent d’ailleurs plus de 3 heures par jour même s’ils sont en parfaite santé.

Même si les pleurs d’un bébé font partie de son développement, il faut les prendre au sérieux et réconforter rapidement l’enfant. Le consoler chaque fois qu’il pleure ne risque pas de le gâter. C’est plutôt essentiel pour répondre à ses besoins.

De plus en plus d’experts croient donc que les coliques constitueraient en fait une étape normale du développement du bébé. L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des pleurs correspondrait aux changements causés par les différentes étapes de développement.

Par ailleurs, certains bébés pleureraient plus que d’autres tout simplement en raison de leur tempérament qui les rend plus sensibles. Chez ces bébés, les pleurs à la fin de la journée pourraient être causés par un surplus de stimulation ou tout simplement par la fatigue.

De plus, selon la Société canadienne de pédiatrie, les autres symptômes comme les régurgitations et les gaz s’expliqueraient tout simplement par le fait que les bébés avalent de l’air lorsqu’ils pleurent beaucoup.

Une immaturité gastro-intestinale

Cette hypothèse se base sur le fait que les bébés avec des coliques remontent souvent les jambes sur leur ventre et ont parfois des gaz. Certains chercheurs croient donc que l’immaturité du système digestif et du système nerveux nuirait au fonctionnement de l’intestin, causant ainsi des contractions douloureuses pour le bébé.

La siméthicone (ex. : Ovol®) est parfois suggérée pour soulager les coliques. Ce produit soulagerait les symptômes attribuables à l’excès de gaz chez le nourrisson. Cependant, selon les quelques études réalisées sur ce médicament, il ne serait pas plus efficace qu’un placebo pour réduire les pleurs des bébés.

De plus, l’intestin des nouveau-nés absorberait mal les gras et les nutriments. Cela influencerait le type de bactéries qui se développent dans leur intestin. Des études ont d’ailleurs révélé que les bébés qui souffrent de coliques ont une flore intestinale particulière.

Certains experts suggèrent donc que les probiotiques pourraient être utiles pour soulager les coliques. Cependant, les études disponibles sur le sujet ne permettent pas encore de conclure qu’ils sont réellement efficaces.

Une allergie alimentaire

Certains experts croient que les coliques s’expliqueraient par une allergie alimentaire chez le bébé. Les protéines du lait de vache sont d’ailleurs souvent montrées du doigt. Toutefois, ce type d’allergie s’accompagne en général d’autres symptômes, comme des vomissements, de la diarrhée ou des rougeurs cutanées.

C’est pourquoi on suggère parfois aux mères allaitantes de modifier leur alimentation pour éviter certains aliments. Cette approche pourrait être efficace pour réduire les coliques chez un petit nombre de nourrissons. Pour celles qui donnent un biberon de préparation commerciale à base de lait de vache, il serait possible de changer pour des préparations hypoallergéniques et de voir un effet bénéfique dans certains cas.

Cependant, à peine 2 à 3 % des bébés souffrent d’une allergie aux protéines du lait de vache. De plus, les régimes alimentaires stricts chez la mère peuvent mener à des carences nutritionnelles ou au sevrage chez les bébés allaités.

Les experts recommandent donc de réserver ces interventions aux nourrissons chez qui on soupçonne sérieusement une allergie. Il est d’ailleurs préférable de consulter un médecin avant d’apporter des changements à l’alimentation de la mère ou de modifier le type de préparation consommée par le bébé.

Des migraines

Selon certaines études, les mères qui souffrent de migraines risquent davantage d’avoir un bébé qui a des coliques. De plus, les bébés qui ont des coliques sont plus nombreux à avoir des migraines plus tard dans leur vie.

Cependant, les scientifiques ne comprennent pas encore exactement ce qui ferait alors pleurer les bébés. Il est bien sûr possible qu’ils aient mal à la tête. Toutefois, ces bébés pourraient également être excessivement sensibles aux bruits et à la stimulation lumineuse.

Comment soulager les coliques de bébé?

Prendre soin d’un bébé qui a des coliques peut être très éprouvant. Devant les pleurs soutenus d’un nourrisson, il est possible de se sentir impuissant et incompétent. Il faut alors se rappeler que la colique est un phénomène répandu et temporaire. De plus, elle n’a aucune conséquence néfaste et ne nuit pas au développement d’un enfant.

Par ailleurs, même en faisant de son mieux pour consoler un bébé, il est possible qu’il soit inconsolable. De plus, ce qui fonctionne pour un bébé peut ne pas fonctionner pour un autre. Voici quelques pistes :

  • Garder l’environnement très calme autour du bébé et baisser les lumières;
  • Bercer le bébé doucement;
  • Porter le bébé dans un porte-bébé ou une écharpe;
  • Faire un massage abdominal en frottant dans le sens des aiguilles d’une montre;
  • Éviter la suralimentation (trop de biberons ou de tétées);
  • Limiter l’absorption d’air durant la tétée ou le biberon et essayer de bien faire faire le rot;
  • Pour les bébés allaités, ne donner qu’un seul sein par tétée ou le même sein pour 2 tétées de suite de façon à ce que bébé atteigne le lait gras de fin de tétée qui peut prévenir les coliques.

Dans une telle situation, il est normal de ressentir de la colère. La colère se manifeste en effet dans des situations imprévisibles et incontrôlables. Cette émotion n’a rien à voir avec le fait d’être un mauvais parent. Il est toutefois important de ne pas s’emporter. Pour d’autres suggestions sur la façon d’apaiser votre bébé, consultez notre fiche sur les pleurs de bébé.

Les coliques et le syndrome du bébé secoué.
Le syndrome du bébé secoué se produit lorsqu’un bébé est secoué violemment par la personne qui en a la garde. Les bébés qui en sont victimes sont en général âgés de 2 à 5 mois.
Les pleurs persistants sont en général ce qui amène un parent à secouer son enfant. Il est donc important de demeurer calme et en contrôle de soi en présence d’un bébé. Si vous en êtes incapable, demandez l’aide d’un parent ou d’un ami. Si vous êtes seul, déposez votre bébé dans son lit, quittez la pièce et attendez de vous calmer avant de le reprendre dans vos bras. Retournez quand même voir le bébé toutes les 15 minutes.
Le fait de secouer un bébé peut avoir des conséquences graves et notamment causer des hémorragies à l’intérieur du crâne, des fractures et des ecchymoses. Le syndrome du bébé secoué est la cause de presque tous les décès par maltraitance chez les nourrissons. La majorité des enfants qui en sont victimes et qui survivent en garderont des séquelles (paralysie, cécité, épilepsie, troubles d’alimentation et du sommeil, retards de développement et déficits cognitifs).

Si vous commencez à perdre votre calme et si personne ne peut vous aider, couchez votre bébé et téléphonez immédiatement à une ressource médicale : infirmière du CLSC ou Info-Santé (8-1-1).

Quand consulter un médecin?

Consultez le médecin si les pleurs de votre bébé :

  • apparaissent dès ses premiers jours de vie;
  • continuent d’augmenter au-delà de la 8e semaine de vie, ou s’ils n’ont pas commencé à diminuer durant le 3e mois de vie;
  • surviennent sans horaire précis et s’ils ne sont pas plus importants en fin de journée (comme le sont habituellement ceux des coliques);
  • se produisent toujours durant ou juste après les boires;
  • sont associés à des régurgitations ou à des vomissements et que vous croyez que votre enfant ne s’alimente plus ou que sa prise de poids a ralenti.

Consultez aussi le médecin si votre bébé :

  • ne semble pas se développer normalement (ex. : contact visuel pauvre, absence de sourire, mauvais tonus musculaire);
  • fait de la fièvre;
  • a une diarrhée ou du sang dans ses selles;
  • ne dort pas, ne veut pas boire ou ne se conduit pas comme d’habitude;
  • a fait une chute ou s’est blessé récemment.

Ces symptômes ne sont pas ceux d’une simple colique : ils peuvent nécessiter une aide médicale d’urgence ou être le reflet d’un trouble qui nécessite une attention médicale.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Valérie de Beaumont, infirmière bachelière et IBCLC
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Avril 2017

 

Références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • BARR, Ronald G. “The Normal Crying Curve: What Do We Really Know?”, Developmental Medicine & Child Neurology, vol. 32, no 4, 1990, p. 356-362.
  • BIAGIOLI, E. et autres. “Pain-relieving agents for infantile colic”, Cochrane Database of systematic Reviews 2016, no 9. Ar. No. : CD009999.
  • CAMILLERI, M. et autres. “Exploring hypotheses and rationale for causes of infantile colic”, Neurogastroenterology & Motility, vol. 29, no 2, 2017.
  • CRITCH, J. N. « Les coliques du nourrisson : les interventions alimentaires ont-elles un rôle à jouer? », Peadiatrics & Child Health, vol. 16, no 1, 2011, p. 50-52. (reconduit 2016). www.cps.ca
  • DORÉ, Nicole et Danielle LE HÉNAFF. Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans : guide pratique pour les mères et les pères. Institut national de santé publique du Québec, Québec. www.inspq.qc.ca
  • ENCYCLOPÉDIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS. « Les pleurs ». www.enfant-encyclopedie.com
  • EVERYDAY HEALTH. « How to Cope if Your Baby Gets Colic ». www.everydayhealth.com
  • FORTIN, S. et al. Prévention du syndrome du bébé secoué et de la maltraitance infantile. CHU Sainte-Justine. 2011. www.chusj.org
  • GELFAND, Amy A. “Infant Colic”, Seminars in Pediatric Neurology, vol. 23, no 1, 2016, p. 79-82.
  • KIDSHEALTH. « Your Colicky Baby ». http://kidshealth.org
  • LABBÉ, Jean (Dr). Bulletins pédiatriques. Votre enfant de la naissance à 5 ans. Faculté de médecine, Université Laval, Québec, 2006.
  • MAYOCLINIC. « Colic ». www.MayoClinic.com
  • NARVAEZ, Darcia. “The Period of PURPLE Cry”, Psychology Today, 2013. www.psychologytoday.com
  • SAVINO, Francesco et al. “Lactobacillus reuteri (American Type Culture Collection Strain 55730) versus simethicone in the treatment of infantile colic: a prospective randomized study”, Pediatrics, vol. 119, no 1, janvier 2007. www.ncbi.nlm.nih.gov
  • SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE. Soins de nos enfants. « Les coliques et les pleurs ». www.soinsdenosenfants.cps.ca
  • THOMPSON, Kirsten. “My baby is crying. Is it colic? How can I help?” The conversation, 2016. theconversation.com

 

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