Plan de rattrapage scolaire: comment soutenir son enfant?

Plan de rattrapage scolaire: comment soutenir son enfant?
Plan de rattrapage scolaire: comment soutenir son enfant?
Votre enfant est ciblé par des mesures de rattrapage scolaires? Voici comment vous pouvez le soutenir.

22 janvier 2024 | Les parents sauront cette semaine si leur enfant est visé par des mesures de rattrapage en raison du retard lié aux grèves d’avant Noël. À quoi s’attendre comme mesures et comment soutenir et motiver son enfant dans ce contexte? Voici des conseils.

Au centre de services scolaire du Val-des-Cerfs en Estrie, 37 écoles primaires ont été touchées par les grèves illimitées. Résultat? « Les élèves ont manqué 23 journées de classe du 21 novembre jusqu’au congé de Noël », indique Carl Morissette, le directeur général du centre de services scolaire (CSS).

Les parents recevront cette semaine de l’information sur les mesures de rattrapage qui vont débuter à partir du 29 janvier. « Je m’attends à ce qu’environ le tiers de nos élèves soient visés », dit le directeur.

À quoi s’attendre comme mesures de rattrapage?

Il en revient à chaque école et à chaque CSS de mettre en place les mesures de rattrapage selon les besoins de leurs élèves. Au CSS du Val-des-Cerfs, les activités seront offertes essentiellement sur l’heure du midi et après l’école. « Mais ce sera évolutif, précise Carl Morissette. On se donne le droit de s’ajuster au fil des semaines. Il y a des élèves qui auront peut-être besoin de plus de mesures et d’autres moins que ce que l’on pensait. On va s’adapter. »

Les activités seront prises en charge par le personnel de l’école. « Les élèves seront accompagnés par des gens qu’ils connaissent déjà, ajoute-t-il. C’est-à-dire du personnel de leur école, comme des enseignants, des éducatrices spécialisées et des orthopédagogues. »

La place des parents dans le plan de rattrapage

« Le rôle des parents en est un de collaboration avec l’école, estime Solène Bourque, psychoéducatrice. Les mesures peuvent demander une disponibilité et exiger un réajustement d’horaire, par exemple pour venir chercher son enfant après le rattrapage. » Elle conseille aux parents d’être dans l’ouverture et de faciliter le plus possible la disponibilité de l’enfant pour les activités de rattrapage.

« Si notre enfant est ciblé, il faut reconnaître qu’il en a besoin et lui permettre de bénéficier de cette aide », ajoute Catherine Ratelle, professeure au Département des fondements et pratiques en éducation à l’Université Laval.

Ce n’est toutefois pas aux parents de faire le rattrapage scolaire. « Il faut éviter de mettre une pression de réussite sur son enfant, souligne Solène Bourque. Mieux vaut s’intéresser à son sentiment de bien-être et de plaisir en classe plutôt qu’à ces activités scolaires. On veut qu’il se sente bien. Plus un enfant se sentira bien, plus il sera disposé à faire des apprentissages. »

Marie-Claude Devost-Roy, présidente du comité de parents du CSS du Val-des-Cerfs, pense aussi que le rôle des parents est de collaborer avec l’école. « Notre comité a l’intention de surveiller les bonnes pratiques mises en place dans les différentes écoles de notre territoire. » Le but est de partager les meilleures idées pour favoriser le rattrapage et la réussite des élèves.

Comment motiver son enfant pour les activités de rattrapage?

« Plusieurs parents sont inquiets des effets des journées d’école manquées entre autres sur la motivation scolaire des élèves », confirme Mme Devost-Roy. Les parents ont toutefois un rôle important à jouer au quotidien pour soutenir la persévérance scolaire.

« Pour être motivés, les enfants ont besoin de se sentir autonomes, compétents et liés positivement à des personnes significatives, mentionne Catherine Ratelle dont les recherches portent notamment sur la psychologie de la motivation. Un parent qui nourrit chaque jour ces besoins aide son enfant à aborder les situations d’apprentissage de façon positive et à avoir une bonne motivation. »

Voici d’autres conseils pour soutenir la motivation de votre enfant en situation de rattrapage.

  • Présentez-lui les choses positivement. Les activités de rattrapage sont des occasions de l’aider, ce ne sont pas des punitions. Solène Bourque suggère par exemple de dire : « Comme tu as manqué plusieurs jours d’école avant Noël, l’école veut t’aider. Tu vas maintenant voir l’orthopédagogue plus souvent pour que ce soit plus facile pour toi quand tu fais tes exercices de mathématiques. »
  • Rappelez à votre enfant les moments où il a eu du soutien et vécu des réussites, même si ce n’est pas dans un contexte scolaire. Vous pouvez dire par exemple : « Tu te souviens au soccer, l’entraîneur vous avait beaucoup pratiqué à botter le ballon et tu avais réussi après à compter un but. » Selon Solène Bourque, ce genre d’exemple aide votre enfant à comprendre pourquoi il va en rattrapage.
  • Au fil des semaines, faites réaliser à votre enfant qu’il s’améliore. Vous pouvez dire : « Depuis que tu fais du rattrapage avec Mme Sophie, tu fais moins de fautes dans tes dictées », conseille Catherine Ratelle. Comparez votre enfant à lui-même pour souligner ses bons coups. « Ne le comparez pas aux autres, ajoute-t-elle. Ça ne veut rien dire pour lui. »
  • Créer un tableau de motivation avec des soleils dans lesquels vous écrivez chaque semaine les réussites liées à ses activités de rattrapage. « Ça lui rappelle ce que ses efforts lui apportent », dit Solène Bourque.
  • Demandez à l’enseignante de votre enfant ce qui est à prioriser à la maison les jours de rattrapage. Solène Bourque croit qu’il serait souhaitable de ne pas faire de devoirs ces jours-là pour donner l’occasion à votre enfant de souffler. « Au retour de l’école, prenez 15 ou 20 minutes pour jouer avec votre enfant. Ça peut être suffisant pour décompresser, libérer les tensions et faire le plein d’affection. »
  • Prenez le temps de parler avec votre enfant de ce qu’il fait à l’école pour comprendre et reconnaître comment il vit les choses. Il a le droit de ne pas aimer les activités de rattrapage. Si c’est le cas, écoutez-le au lieu de nier ce qu’il ressent. « Vous pouvez lui dire par exemple que vous comprenez ce qu’il ressent, dit Catherine Ratelle. Cette approche fait en sorte qu’il sera aussi plus à l’écoute quand vous direz comment vous voyez les choses. Mais demandez-lui aussi s’il y a des moments dans la journée où il a du plaisir et où il se sent bon. Le but est de réorienter son regard pour éviter que tout soit négatif. »
  • Créez au quotidien un environnement où votre enfant sent qu’il est accepté, compris et digne de votre attention. « Intéressez-vous à lui et passez du temps avec lui, même si ce n’est que quelques minutes », dit Catherine Ratelle. Se sentir aimé et important aide votre enfant à trouver sa motivation.

Pour rassurer les parents

« On n’essaiera pas de rattraper 23 jours en un mois! », avertit Carl Morissette pour rassurer les parents inquiets de la surcharge que peuvent entraîner les mesures de rattrapage. « Les activités de rattrapage ne se feront pas tous les jours, précise-t-il. On a 6 mois devant nous pour échelonner notre plan. On veut respecter la capacité des élèves à faire plus d’apprentissages et la capacité du personnel à travailler plus étant donné que les journées sont déjà bien remplies. Notre but est d’aider les élèves et non de les surcharger. On va prendre le temps et les moyens qu’il faut. »

« Il faut faire confiance aux membres du personnel scolaire, poursuit Solène Bourque. Ils sont formés pour observer, dépister et évaluer les élèves. Ils sont capables de s’adapter pour enseigner les compétences nécessaires au fil de l’année scolaire. Un parcours scolaire, c’est sur du long terme et il reste encore plus qu’une demi-année pour rattraper les choses! »

Mon enfant n’a pas été ciblé : que faire?

Si un parent pense que son enfant non ciblé par les mesures a besoin de rattrapage, Carl Morissette suggère de communiquer avec l’école. « Le parent pourra préciser ce qui l’inquiète et l’école pourra donner son point de vue pour expliquer pourquoi l’élève n’a pas été ciblé », dit le directeur. Cela peut rassurer un parent inquiet ou permettre de réajuster le tir s’il y a vraiment des besoins chez un élève. « Il ne faut pas être alarmiste, prévient toutefois Catherine Ratelle. Ce ne sont pas tous les élèves qui ont besoin de mesures. Si ça va bien, ça va bien. » D’un autre côté, si un enfant en rattrapage semble débordé après quelques semaines, il est aussi important de communiquer avec l’école.

Julie Leduc – Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

Photos : GettyImages/FatCamera et damircudic

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