Diabète: hausse des cas chez les enfants durant la pandémie

Diabète: hausse des cas chez les enfants durant la pandémie
Diabète: hausse des cas chez les enfants durant la pandémie

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Des experts ont noté une hausse des cas de diabète chez les enfants aux États-Unis et en Europe depuis le début de la pandémie. Qu’en est-il au Québec?

11 avril 2022 | Depuis le début de la pandémie, le nombre de cas de diabète de type 1 et 2 chez les enfants a augmenté, selon plusieurs études un peu partout dans le monde. Même si la COVID-19 ne semble pas causer le diabète, elle pourrait avoir un rôle à jouer dans cette hausse de cas. Les explications de deux spécialistes québécois.

Aux États-Unis et en Europe, les études démontrent que la COVID-19 et le diabète semblent liés. « Au Québec, la situation est difficile à chiffrer pour le diabète de type 1 car, contrairement à l’Europe et aux États-Unis, nous n’avons pas de registre qui recense les cas de cette maladie auto-immune au niveau provincial, et même fédéral », signale Laurent Legault, endocrinologue pédiatre à l’Hôpital de Montréal pour enfants. De plus, il n’y a aucune étude canadienne disponible actuellement sur le sujet.

« On commence toutefois à voir un signal de hausse de cas de diabète de type 1 chez les enfants dans les hôpitaux », note Rémi Rabasa-Lhoret, endocrinologue à l’Institut de recherches cliniques de Montréal et au Centre hospitalier de l’Université de Montréal. C’est d’ailleurs le cas à l’Hôpital de Montréal pour enfants.

En revanche, l’augmentation des cas de diabète de type 2 au Québec est davantage connue. « Le nombre de cas a doublé chez les enfants pendant la pandémie », indique le Dr Laurent Legault.

Aux États-Unis, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies signalent que les enfants et les adolescents infectés par le coronavirus sont 2,5 fois plus susceptibles de recevoir un diagnostic de diabète de type 1 ou de type 2 que ceux qui n’ont pas attrapé le virus. Une autre étude américaine fait état d’une augmentation de 57 % du nombre de jeunes admis pour du diabète de type 1, entre mars 2020 et mars 2021.

En Europe, des chercheurs ont aussi noté davantage de diagnostics de diabète de type 1 pendant la pandémie. En plus, ils ont remarqué une hausse de la fréquence et de la sévérité de l’acidocétose diabétique (hyperglycémie sévère). Cette complication du diabète est potentiellement mortelle si elle n’est pas prise en charge.

La COVID-19 ne donne pas le diabète

Le coronavirus ne cause probablement pas le diabète comme tel. Ce virus serait toutefois un déclencheur ou un accélérateur chez des gens susceptibles de développer le diabète, en raison de leur génétique (surtout pour le type 1) ou de leur mode de vie (pour le type 2).

À quoi sert l’insuline?
L’insuline ajuste constamment le taux de sucre dans le sang pour qu’il ne soit ni trop élevé ni trop bas. Sans elle, le corps ne peut pas, par exemple, utiliser le sucre comme source d’énergie pour remplir ses fonctions vitales.

Dans le cas du diabète type 1, les experts croient que le coronavirus lancerait le signal au système immunitaire d’attaquer les cellules du pancréas qui produisent l’insuline, comme peuvent le faire d’autres infections respiratoires courantes dans la petite enfance. « Chez une personne prédisposée génétiquement, le virus pourrait devancer l’arrivée de la maladie », pense le Dr Rémi Rabasa-Lhoret.

Pour sa part, le diabète de type 2 se développe généralement en raison d’une prédisposition génétique combinée à de mauvaises habitudes de vie. Pour expliquer la hausse des cas de diabète de type 2 durant la pandémie, les médecins pointent du doigt la grande sédentarité associée aux règles sanitaires.

« Les enfants sont devenus inactifs et ont pris du poids. Cela rend le corps moins efficace à utiliser l’insuline produite par le pancréas et à réguler le taux de sucre dans le sang », explique le Dr Laurent Legault.

Par ailleurs, le coronavirus viendrait modifier les mécanismes de production d’insuline. « Comme le virus de la grippe, on croit que le coronavirus provoque une résistance à l’insuline », signale le Dr Rémi Rabasa-Lhoret.

Selon ce spécialiste, le syndrome inflammatoire multisystémique, qui est associé à la COVID-19, pourrait aussi déclencher le diabète.

Faut-il s’inquiéter?

Malgré la hausse des cas depuis le début de la pandémie, les parents ne doivent pas craindre que leur enfant développe le diabète après avoir eu la COVID-19. « Il faut savoir que le nombre de nouveaux cas de diabète de type 1 diagnostiqués chaque année chez les enfants augmente depuis longtemps », précise le Dr Laurent Legault.

De plus, une partie de la hausse des cas de diabète, surtout pour le type 2, s’expliquerait également par le fait que les enfants admis à l’hôpital ont subi plusieurs tests. Ces tests ont permis de détecter un diabète qu’on aurait probablement diagnostiqué un peu plus tard.

Selon les deux endocrinologues, le problème avec le diabète, c’est le temps d’exposition à la maladie. Plus une personne développe tôt le diabète, plus elle risque de présenter des complications à long terme si elle contrôle mal le taux de sucre dans son sang. Les dommages aux reins, aux yeux et au coeur font partie des complications possibles.

 

Symptômes du diabète                                                                       

  • Envie fréquente d’uriner
  • Soif prononcée
  • Manque d’énergie
  • Fatigue anormale
  • Perte de poids (type 1) ou gain de poids (type 2)

Sources : Centers for Disease Control and Prevention et JAMA Pediatrics

 

Nathalie Kinnard – Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/FatCamera

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