Comment les femmes enceintes ont-elles vécu la pandémie?

Comment les femmes enceintes ont-elles vécu la pandémie?
Comment les femmes enceintes ont-elles vécu la pandémie?

Cette nouvelle fait partie de nos archives. Il se peut que son contenu ne soit pas à jour.


Les impacts de la pandémie de COVID-19 sur la santé mentale des femmes enceintes canadiennes.

18 février 2022 | La pandémie aurait eu un impact majeur sur la santé mentale des femmes enceintes selon une étude menée au Canada et ailleurs dans le monde. La crise aurait notamment augmenté les symptômes dépressifs ou anxieux et le stress en général, et ce, peu importe que la future mère ait attrapé la COVID ou non, explique Annick Bérard, chercheuse au CHU Sainte-Justine qui a lancé cette étude.

« En mars 2020, la pandémie, c’était du jamais vu, rappelle-t-elle. On ne savait pas trop ce qui se passait et les avis de santé publique pouvaient différer d’une province à l’autre. Les directives variaient aussi entre les hôpitaux. Tout ça, c’était très anxiogène. »

Puisque la grossesse est une période charnière dans la vie d’une femme, Annick Bérard et son équipe ont voulu comprendre comment la crise était vécue par les femmes enceintes. L’étude CONCEPTION a été mise sur pied dès juin 2020. « Le but premier de notre étude était de regarder l’impact de la pandémie et des mesures sanitaires sur la santé mentale de ces femmes. »

Annick Bérard a présenté les plus récentes conclusions de son étude dans le cadre des Webconférences de l’Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants le 11 février dernier.

Des accouchements sous tension

Pour participer à l’étude, les femmes devaient être enceintes au moment du recrutement ou avoir accouché après le 13 mars 2020. L’équipe a ainsi recruté 2 574 Canadiennes enceintes et 626 femmes qui avaient accouché depuis le 13 mars 2020.

Selon les résultats de l’étude, la pandémie aurait eu un effet très important sur la santé mentale, du moins pour la dépression. En effet, entre 21 et 27 % des participantes présentaient des symptômes dépressifs sévères. Pour les symptômes modérés à sévères, cette proportion variait de 35 à 43 %.

« Pour avoir un comparatif, la fréquence des symptômes modérés à sévères durant la crise du verglas était d’environ 20 % », souligne Annick Bérard.

Par ailleurs, les femmes qui ont accouché tout de suite après le début de la pandémie rapportaient plus souvent des symptômes dépressifs sévères que les femmes qui étaient enceintes. Cependant, plus le moment de l’accouchement s’approchait, plus la fréquence des symptômes dépressifs sévères augmentait. La même tendance a été observée pour les symptômes modérés à sévères.

C’était aussi le cas pour le stress. Les femmes qui avaient accouché pendant la pandémie avaient un niveau de stress moyen plus élevé que celles qui étaient encore enceintes. De plus, celles qui étaient sur le point d’accoucher semblaient avoir un niveau de stress plus élevé que celles qui étaient en début de grossesse.

Une deuxième vague difficile

L’équipe d’Annick Bérard a aussi remarqué que c’est la deuxième vague qui a été la plus éprouvante pour les femmes enceintes. « C’est vraiment durant la deuxième vague que les niveaux de symptômes dépressifs étaient les plus élevés, note la chercheuse. Pendant la première et la troisième vague, le niveau de symptômes dépressifs était comparable. »

Selon Annick Bérard, les vagues sont surtout reliées aux restrictions qu’on imposait à la population. « Durant la deuxième vague, tout recommençait à refermer. Le vaccin n’était pas encore disponible et même s’il l’a été un peu plus tard, les femmes enceintes n’étaient pas sur la liste prioritaire. »

Une tendance similaire a été observée pour l’anxiété et le stress. « L’anxiété, la dépression et le stress sont extrêmement interreliés, remarque la chercheuse. Les plus grands prédicteurs de dépression durant la grossesse lors de la pandémie sont d’ailleurs le stress maternel et l’anxiété maternelle. » Il est donc important d’intervenir puisqu’en s’attaquant à l’une de ces problématiques, on a un effet sur les deux autres.

Pire au Canada?

L’étude CONCEPTION a aussi recruté des femmes aux États-Unis, en Europe, en Asie et en Afrique. C’est ce qui permet à l’équipe d’Annick Bérard de conclure que la pandémie aurait été vécue plus difficilement par les femmes enceintes canadiennes.

« Les mères canadiennes semblent avoir été plus affectées par la COVID au niveau de la dépression, mais pas au niveau de l’anxiété et du stress, remarque la chercheuse. Nous allons devoir nous pencher plus particulièrement sur cette tendance pour voir ce qui en est et pour mieux l’expliquer. »

Il serait possible que les mesures assez sévères en place au Canada soient en cause. Les données récoltées à l’extérieur du Canada permettront de mieux comparer les conséquences des mesures sanitaires sur la santé mentale des femmes enceintes.

 

Kathleen Couillard – Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/damircudic

Partager