Mieux comprendre l'anxiété de performance chez les enfants

Mieux comprendre l'anxiété de performance chez les enfants
Mieux comprendre l'anxiété de performance chez les enfants
L’anxiété de performance est un problème qui peut toucher les enfants dès l’âge de 4 ans. Comment aider les enfants qui en souffrent?

2 novembre 2020 | Maux de ventre, boule dans la gorge, agitation et fatigue. Voilà des signes de l’anxiété de performance, un problème qui peut paralyser les enfants, dès l’âge de 4 ans. Qu’est-ce au juste l’anxiété de performance? Pourquoi les enfants en souffrent-ils? Et surtout, comme parent, comment venir en aide à son petit anxieux?

Pour répondre à ces questions, nous avons discuté avec la psychologue Nathalie Parent, auteure du livre 10 questions sur l’anxiété de performance chez l’enfant et l’adolescent – Mieux comprendre pour mieux intervenir, paru aux éditions Midi Trente en août dernier. Voici ses réponses.

Combien d’enfants sont touchés par l’anxiété de performance?

C’est difficile à dire puisque l’anxiété de performance n’est pas inscrite dans le DSM-5, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Elle est toutefois incluse dans l’anxiété de façon générale. On sait qu’environ 10 à 15 % des enfants et des adolescents vont recevoir un diagnostic de trouble anxieux.

Quels sont les signes de l’anxiété de performance chez l’enfant?

L’anxiété de performance peut se manifester de plusieurs façons. L’enfant qui en souffre peut avoir des réactions physiques : des bouffées de chaleur, des maux de coeur ou de ventre, l’impression d’avoir la gorge ou l’estomac noué, des migraines, des étourdissements, un besoin pressant d’aller aux toilettes, de l’insomnie, de la fatigue et un changement dans son alimentation.

L’enfant peut aussi, du côté émotionnel, présenter une peur démesurée, une irritabilité et un sentiment d’impuissance alors que, du côté cognitif, il peut avoir des pensées irrationnelles ou imaginer des scénarios catastrophes.

Finalement, du côté comportemental, l’anxiété de performance peut se traduire par de l’opposition, une demande d’attention, de l’hyperactivité, de l’agitation, une difficulté de concentration, de la fuite ou de l’évitement, des tics, des manies et un surinvestissement, soit la tendance à en faire trop.

Il peut être difficile pour un parent de distinguer le stress et l’anxiété. Quelle est la différence entre les deux?

Le stress est lié à des événements extérieurs à la personne et provoque une montée d’hormones pour bien réagir à la situation alors que l’anxiété est un état affectif. Elle part de l’intérieur de la personne qui vit un sentiment de peur sans que l’événement stressant soit là. On est alors dans l’anticipation, l’appréhension.

Quels sont les besoins exprimés par l’enfant qui présente de l’anxiété de performance?

Il y en a plusieurs, mais citons le besoin de l’enfant d’être vu comme étant bon pour que l’attention du parent soit centrée sur lui. Il y a également le besoin d’être différent, unique. On peut travailler cela en reconnaissant les forces réelles de notre enfant. Et il y a le besoin d’autonomie pour lequel les enfants ont besoin d’avoir confiance en leurs propres capacités.

Quelles sont les émotions liées à l’anxiété de performance?

La honte ou la peur d’avoir l’air ridicule, d’échouer ou de ne pas être à la hauteur. La jalousie et l’envie sont aussi liées à l’anxiété de performance. Il s’agit d’ailleurs d’émotions dont on parle peu, mais qu’on aurait avantage à aborder même lorsque les enfants sont tout petits, par le jeu par exemple.

Comment aider son enfant à gérer son anxiété de performance?

L’enfant doit avoir l’espace pour s’exprimer et extérioriser ses émotions, que ce soit par le jeu ou le dessin, par exemple. On essaie de trouver des moments pour se détendre. L’anxiété peut monter tout au long de la journée et, s’il ne prend pas le temps de s’arrêter, l’enfant n’a pas l’occasion de l’évacuer. On essaie, par exemple, de ne rien faire trente minutes avant d’aller se coucher. On se colle, on se fait des massages.

Parmi les autres stratégies, on peut aider l’enfant à se faire un horaire et à organiser son temps de devoirs et de leçons. On peut aussi limiter la quantité de temps passé sur les écrans, rire ensemble et mettre l’accent sur le plaisir.

Comment aider son enfant dans ses apprentissages, sans nourrir l’anxiété de performance?

Plus l’enfant est jeune, plus il a besoin du parent pour se calmer et gérer ses émotions. On peut par exemple l’aider à se prendre à l’avance, à bien prioriser ce qu’il a à faire, à réduire ses pertes de temps, mais aussi à adopter de bonnes habitudes de vie : bien dormir, bien manger, prendre des pauses pour se changer les idées, bien respirer et éviter le multitâche, par exemple.

 

Propos recueillis par Maude Goyer – Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/fizkes

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