L'anxiété chez l'enfant

L'anxiété chez l'enfant
Il est normal qu’un enfant ressente parfois de l’anxiété. Que faire si cette anxiété prend trop d’ampleur ou nuit à son quotidien?


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Qu’est-ce que l’anxiété?

L’anxiété est une réaction normale face à un danger perçu. Cette émotion peut surgir lorsqu’une personne perçoit une menace, qu’elle soit réelle ou non. L’anxiété est donc une réponse à une impression de danger (ex. : s’imaginer qu’il y a un risque de feu). Contrairement à l’anxiété, la peur est une réaction normale à un danger réel (ex. : un feu).

Avec l’anxiété, la peur d’une situation est souvent imaginée ou exagérée par rapport à la situation réelle. Par exemple, si un enfant craint de répondre à une question en classe parce qu’il a peur que son enseignante ou enseignant ne l’aime plus s’il donne une mauvaise réponse, il s’agirait d’anxiété. En effet, ce qu’il imagine est fondé sur sa perception des choses, et non sur la réalité. Par contre, s’il a peur de répondre parce qu’il n’a pas compris la matière, il s’agit d’une peur puisque le « danger » qu’il se trompe est réel.

Lorsque la peur surgit, le corps se mobilise pour faire face à une menace concrète. En cas d’anxiété, le corps réagit de la même façon, comme si le danger était réel, mais en réalité, la menace est subjective.

Différentes situations peuvent créer de l’anxiété chez un enfant. Par exemple, un enfant peut avoir peur :

Il est normal que les enfants aient certaines peurs. Elles disparaissent lorsqu’ils grandissent. Pour en savoir plus, consultez notre fiche La peur chez les enfants.
  • de faire une présentation orale;
  • de vivre un échec scolaire ou sportif;
  • d’attraper une maladie;
  • de perdre un être cher;
  • d’être séparé de ses parents;
  • de ne pas se faire d’amis;
  • de faire rire de lui;
  • des chiens.

Par exemple, un enfant peut se comparer aux élèves de sa classe, ce qui peut le rendre anxieux. Il peut aussi craindre l’échec ou les moqueries et, ainsi, vivre de l’anxiété lorsque, par exemple, il doit répondre à des questions en classe ou passer un examen.

Quand l’anxiété prend trop de place

L’anxiété peut permettre à l’enfant de demeurer prudent dans certaines circonstances. Elle devient toutefois un problème lorsqu’elle nuit au fonctionnement quotidien de l’enfant. C’est le cas par exemple si elle provoque une réaction exagérée ou une grande détresse, si elle est difficile à contrôler, si elle dure plus d’un mois ou si elle pousse l’enfant à éviter certaines situations. Il est alors important de trouver des façons de diminuer ses craintes.

Les causes de l’anxiété

  • Un changement important. Un déménagement, une séparation, un deuil ou l’adaptation à la maternelle peuvent occasionner de l’anxiété pendant quelque temps. Ce type d’anxiété est souvent temporaire. Il est toutefois conseillé de consulter un professionnel si elle dure plus d’un mois.
  • Des événements survenus dans son entourage ou vus à la télévision. Des scènes d’un film ou certains extraits des nouvelles peuvent provoquer de l’anxiété.
  • La génétique. Certains enfants sont plus susceptibles que d’autres de développer de l’anxiété.
  • L’environnement social. Un enfant risque d’être inquiet s’il voit qu’un adulte qu’il côtoie fréquemment (ex. : parent, grand-parent, enseignante) l’est lui-même. C’est aussi le cas s’il est souvent exposé à des situations qui rendent anxieux (ex. : conflits importants à la maison, exigences élevées envers l’enfant).
  • Un manque de routine. L’hygiène de vie et l’état de santé peuvent aussi entrer en ligne de compte. Une mauvaise alimentation et un manque de sommeil peuvent rendre un enfant plus à risque de vivre de l’anxiété.
  • La surprotection. Surprotéger un enfant peut avoir pour effet de diminuer sa confiance en lui et de le rendre anxieux par rapport à l’avenir et aux choses qu’il ne contrôle pas.
  • Des exigences ou des attentes trop élevées envers l’enfant. Cela l’amène à ne pas se sentir à la hauteur, à avoir peur de déplaire, de se tromper ou de faire des erreurs, ce qui peut accentuer son anxiété.
  • La négligence et la violence. Ne pas répondre aux besoins de base de l’enfant et se montrer agressif sont autant de situations qui rendent un enfant anxieux.
Si vous trouvez que votre enfant est soudainement plus anxieux que d’habitude, assurez-vous qu’il n’est pas inquiet à cause de quelque chose et qu’il ne subit pas de rejet de la part d’autres enfants.

Reconnaître les signes de l’anxiété

Enfant qui vit de l’anxiété

Si votre enfant présente souvent un ou plusieurs des signes suivants, trouver des moyens de diminuer son anxiété est important.

  • Un changement soudain de comportement. Par exemple, il est agité, irritable et de mauvaise humeur. Il fait des crises de colère intenses. Il pleure et semble triste ou inquiet.
  • Des malaises physiques comme des maux de tête, des maux de ventre, des maux de coeur ou des tensions.
  • Des problèmes de sommeil. Il a de la difficulté à s’endormir ou à bien dormir. Il refuse d’aller au lit ou demande de dormir avec vous. Il fait souvent des cauchemars ou se réveille fréquemment durant la nuit.
  • Un besoin constant d’être rassuré. Il cherche à être toujours près de vous ou vous pose plusieurs questions de façon répétée.
  • Des réactions excessives par rapport à certains événements. Il tente d’éviter certaines situations, comme aller chez des amis, aller à l’école ou se faire garder.
  • Des difficultés de concentration.
  • L’isolement. Il se replie sur lui-même, ne se mêle pas aux autres enfants ou tente toujours d’éviter les nouvelles situations.

Comment aider un enfant anxieux?

Vous pouvez aider votre enfant à traverser les périodes d’anxiété et à faire face aux angoisses passagères de plusieurs façons.

Qu’est-ce que l’anxiété? Des conseils pour la déjouer.
  • Restez à l’écoute de votre enfant et posez-lui des questions si vous croyez qu’il ne se sent pas bien. Aidez-le aussi à mettre des mots sur ses émotions. Le fait de nommer et de reconnaître les émotions de votre enfant lui montre que ses émotions sont importantes et qu’elles ont le droit d’exister. Lorsque vous le faites, votre enfant se sent écouté et plus en confiance. Il sera aussi plus enclin à discuter avec vous de ce qui le rend anxieux.
  • Ne dramatisez pas la situation que vit votre enfant, mais ne la minimisez pas non plus. Sa peur est réelle. Faites-lui sentir que vous le prenez au sérieux et que vous ne vous moquez pas de ses craintes. Même si vous jugez que sa crainte est exagérée, reconnaissez son émotion en disant par exemple : « Je vois que cette situation te fait peur. » Votre enfant se sentira alors compris. Rectifiez ensuite les faits et trouvez des solutions avec lui.
  • Ne faites pas sentir à votre enfant qu’il n’a pas raison d’avoir peur, par exemple en lui disant que ce sont les plus jeunes enfants qui ont peur de cela. Sinon, il pourrait se renfermer sur lui et ne plus vouloir aborder ses craintes avec vous.
  • Dites à votre enfant qu’il peut vous parler de ses craintes tous les jours à un moment précis (ex. : avant souper). C’est une manière de lui permettre d’exprimer ses craintes sans que celles-ci envahissent son quotidien. Rassurez-le à ce moment-là seulement. Si vous le rassurez en tout temps, son anxiété augmentera et il cherchera à se faire rassurer encore plus.
  • N’évitez pas les situations qui lui font peur, car plus il les évitera, plus elles seront angoissantes pour lui. Si la situation est évitée, l’anxiété de votre enfant diminuera. Toutefois, son cerveau retiendra, à tort, que cette situation était réellement dangereuse. Apprenez-lui plutôt à faire face à ces situations petit à petit. Il apprivoisera ainsi ce qui le rend anxieux. Vous pouvez d’abord essayer de l’habituer à une chose en lui racontant une histoire qui ressemble à ce qu’il vit.
  • Invitez votre enfant à s’exprimer par le dessin ou le jeu. Faites des mises en situation en recréant, dans un jeu, la situation qui l’angoisse. Cela lui permettra de vivre la situation de façon sécuritaire et lui donnera confiance.
  • Aidez votre enfant à affronter étape par étape quelque chose qui le rend anxieux. Cela permet à votre enfant d’apprendre à se faire confiance et à comprendre qu’il n’y a pas de réel danger. Par exemple, s’il a peur des chiens, regardez des images de chiens avec lui, puis des vidéos. Par la suite, allez observer des chiens dans un parc et ainsi de suite. Au besoin, consultez un professionnel (ex. : psychologue) pour vous soutenir dans ces étapes.
  • Si votre enfant a peur d’un changement à venir, préparez-le et expliquez-lui ce qui se passera. Si votre enfant doit fréquenter une nouvelle école, vous pouvez, avant la première journée, faire avec lui le trajet qu’il devra faire tous les jours, aller voir la cour d’école où il jouera à la récréation, etc. L’environnement lui sera alors familier.
Attention aux conflits
Si vous vivez des moments difficiles en famille, il est préférable de ne pas vous disputer devant votre enfant. Essayez de discuter entre adultes à un moment où votre enfant n’est pas présent.
  • Soulignez ses succès. Par exemple, rappelez-lui les peurs qu’il avait lorsqu’il était petit et qu’il a réussi à surmonter.
  • Assurez-vous que votre enfant mange et dort bien, car une bonne hygiène de vie favorise un équilibre et aide à mieux gérer l’anxiété. S’il a des cauchemars, essayez d’en trouver la cause.
  • Faites de la relaxation avec votre enfant pour l’aider à se détendre et à gérer son stress. Vous pouvez faire des respirations profondes, des activités de méditation et de pleine conscience ou des postures de yoga. Il existe d’ailleurs plusieurs applications et livres pour les enfants.
  • Travaillez sur vos propres angoisses pour ne pas influencer votre enfant. Au besoin, allez chercher de l’aide pour vous. L’anxiété peut avoir des causes génétiques et environnementales. Il est donc important de prendre soin de vous si vous vivez avec de l’anxiété afin de mieux accompagner votre enfant.
  • Si votre enfant se plaint de malaises physiques et que toute cause médicale a été écartée, ne vous en inquiétez pas. En effet, votre enfant doit comprendre que les signes que son corps lui envoie sont en lien avec une menace perçue, mais non réelle. Dites-lui qu’il est anxieux, mais que son corps lui joue des tours et qu’il n’y a pas de danger réel. Ainsi, si votre enfant se plaint de maux de ventre, aidez-le à se détendre en faisant des respirations et en trouvant des pensées positives pour faire face à ses craintes (je suis capable, je comprends bien la matière, je peux réussir mon examen…).

Quand consulter?

Si, malgré vos efforts, l’anxiété de votre enfant persiste ou devient trop intense, il est possible qu’il souffre d’un trouble anxieux. Consultez alors un professionnel (ex. : médecin, pédiatre, psychologue, travailleur social). Vous pouvez aussi contacter le CLSC de votre quartier ou appeler le service Info-Social (811, option 2) pour parler avec un travailleur social.

Voici quelques signes qui indiquent que votre enfant gagnerait à obtenir une aide extérieure :

Lorsque l’anxiété d’un enfant n’est pas traitée, le problème peut s’aggraver avec le temps.
  • Vous avez observé un changement soudain dans sa façon de réagir aux événements.
  • L’anxiété nuit à son fonctionnement et à son bien-être : il dort moins bien, il refuse de manger ou mange plus qu’à l’habitude, il s’isole ou n’a plus d’intérêt pour les jeux qu’il aime habituellement.
  • L’anxiété à la suite d’un changement survenu dans la vie de votre enfant ne diminue pas, même après un mois.
  • Son anxiété lui cause des peurs extrêmes ou des phobies.
  • Vous évitez certaines situations en raison de son anxiété ou adaptez vos activités en fonction de son anxiété.
  • L’anxiété nuit à son fonctionnement au quotidien ou à celui de votre famille.

À retenir

  • Si l’anxiété peut permettre à un enfant de demeurer prudent dans certaines situations, elle peut aussi devenir un problème lorsqu’elle nuit à son fonctionnement quotidien ou à celui de sa famille.
  • Il est important de ne pas minimiser les peurs de l’enfant ni de lui faire sentir qu’il ne devrait pas les ressentir, car elles sont bien réelles pour lui.
  • Rassurer un enfant anxieux est important, mais mieux vaut ne pas le faire constamment. Il est préférable de cibler une période fixe pour le faire. S’il se fait toujours rassurer, son anxiété augmentera et il cherchera à se faire rassurer encore plus.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Ariane Leroux-Boudreault, psychologue
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Janvier 2023

 

Photos : iStock.com/kali9 et GettyImages/SDI Productions

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

Pour les parents

  • ANXIÉTÉ CANADA. L’anxiété chez les enfants. anxietycanada.com
  • BERTHIAUME, Caroline. 10 questions sur l’anxiété chez l’enfant et l’adolescent. Québec, Éditions Midi trente, 2017, 128 p.
  • GIBSON DESROCHERS, Susie. Pourquoi j’ai mal au ventre? Guide pratique de l’anxiété chez les enfants de 7 à 12 ans. Montréal, Les Éditions Logiques, 2011, 144 p.
  • GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. Anxiété chez les enfants. 2019. quebec.ca
  • GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. À propos des troubles anxieux. 2019. quebec.ca
  • HÉBERT, Ariane. Anxiété. La boîte à outils : stratégies et techniques pour gérer l’anxiété. Boucherville, Éditions De Mortagne, 2016, 175 p.
  • HÔPITAL DE MONTRÉAL POUR ENFANTS et CENTRE UNIVERSITAIRE DE SANTÉ MCGILL. Anxiété, malaises et rentrée scolaire : comment aider son enfant. hopitalpourenfants.com
  • KAISER GREENLAND, Susan. En route vers la sérénité. La méditation, un art de vivre pour les enfants. Montréal, Les Éditions Transcontinental, 2014, 280 p.
  • LEROUX, Sophie. Aider l’enfant anxieux : guide pratique pour parents et enfants. Montréal, Éditions CHU Sainte-Justine, coll. « Pour la vie », 2016, 168 p.
  • LEROUX, Sophie. Anxiété chez l’enfant et l’adolescent. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, coll. « Parlons Parents », 2022, 228 p.
  • PARENT, Nathalie. 10 questions sur l’anxiété de performance chez l’enfant et l’adolescent. Québec, Éditions Midi trente, 2020, 144 p.

Pour les enfants

  • COUTURE, Nathalie et Geneviève MARCOTTE. Extraordinaire Moi calme son anxiété de performance. Québec, Éditions Midi trente, 2014, 48 p.
  • COUTURE, Nathalie et Geneviève MARCOTTE. Incroyable Moi maîtrise son anxiété. N. éd., Québec, Éditions Midi trente, 2021, 48 p.
  • DUMONT, Dominique et Isabelle CHARBONNEAU. Mon premier livre de méditation. Saint-Lambert, Dominique et compagnie, 2013, 32 p.
  • HÉBERT, Ariane et Jean MORIN. L’anxiété racontée aux enfants. Boucherville, Éditions De Mortagne, 2017, 50 p.
  • KILGORE, Emily et Zoe PERSICO. Cora et les Et-si. Montréal, Éditions Québec Amérique, 2022, 40 p.
  • LATULIPPE, Martine et Nathalie PARENT. L’anxiété de Timothée. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2022, 28 p.
  • LATULIPPE, Martine et Nathalie PARENT. La peur de Mathis. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2020, 28 p.
  • MALBOEUF-HURTUBISE, Catherine et Éric LACOURSE. Mission méditation : pour des élèves épanouis, calmes et concentrés. Québec, Éditions Midi trente, 2016, 96 p.
  • MARTEL, Sophie et autres. Mon premier livre de yoga (Yoganimo). N. éd., Saint-Lambert, Dominique et compagnie, 2021, 32 p.
  • NEPVEU-VILLENEUVE, Maude et Sandra DUMAIS. Simone sous les ronces. Montréal, Éditions Fonfon, 2019, 32 p.
  • WATT, Mélanie. Frisson l’écureuil. Markham, Éditions Scholastic, 2006, 40 p.

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