Si un enfant persiste dans son refus d’aller à l’école, il ne faut pas prendre cet épisode à la légère. Comment réagir?
Un enfant peut avoir une envie passagère de faire l’école buissonnière. Par contre, lorsqu’il ne veut plus aller à l’école et que ce refus persiste au fil des jours et des semaines, il peut être difficile pour un parent d’en comprendre la raison.
Il ne faut pas prendre un tel épisode à la légère si ce sentiment est accompagné de symptômes physiques (maux de ventre, nausées, maux de tête…) ou si l’enfant semble anxieux ou déprimé. Il cherche peut-être à fuir une situation angoissante. Il est néanmoins important de ne pas le laisser s’absenter de la classe, car cela pourrait augmenter sa détresse. En effet, plus le moment du retour à l’école est retardé, plus l’anxiété de l’enfant risque d’augmenter, puisqu’il croira qu’il y a un réel danger. Le rôle du parent est plutôt d’essayer de comprendre la cause du refus manifesté par son enfant et de l’encourager à affronter ses peurs.
Pourquoi refuse-t-il d’aller à l’école?
De nombreuses raisons peuvent expliquer le refus d’aller à l’école. Il peut s’agir d’un ensemble de facteurs qui s’accumulent, comme un manque de confiance en soi, un déménagement récent ou une mauvaise entente avec un élève. Voici les causes les plus courantes.
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L’enfant vit difficilement le fait d’être séparé de ses parents. S’éloigner d’eux ou de sa maison provoque une insécurité, et il peut craindre qu’un malheur arrive à ses parents. Cela peut être basé sur une crainte réelle (ex. : un parent malade) ou une crainte imaginée.
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Il a du mal à se mêler aux autres enfants.
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Il vit des conflits à l’école et ne sait pas comment les résoudre.
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Il est victime d’intimidation.
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Il manque de confiance en soi ou a peur de vivre des échecs. Il ne veut pas faire d’erreurs, a peur d’être critiqué ou craint de rater un examen.
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Il souffre de difficultés d’apprentissage et ne sait pas comment les surmonter.
Selon la Loi sur l’instruction publique (LIP), la fréquentation scolaire est obligatoire au Québec à partir de l’âge de 6 ans jusqu’à la fin de l’année scolaire où il atteint l’âge de 16 ans. Les parents doivent prendre les moyens nécessaires pour que l’enfant soit scolarisé.
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Les attentes envers lui sont trop élevées.
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Il est surprotégé par ses parents.
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Il a du mal à s’adapter à un changement (déménagement, changement d’école, d’enseignante ou d’enseignant, séparation, maladie).
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Il y a des conflits à la maison.
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Il souhaite rester à la maison avec son parent (ex. : télétravail, congé de maternité ou de paternité, etc.).
Comment réagir?
Le refus d’aller à l’école peut survenir à tout moment. Si cela arrive à votre enfant, voici ce que vous pourriez faire pour l’aider à traverser cette période difficile.
- Avant tout, insistez pour que votre enfant aille à l’école. Ne pensez pas que son anxiété partira d’elle-même. Encouragez-le à affronter ses peurs tout en le rassurant. Dites-lui qu’il est normal d’avoir des craintes, qu’il est capable de les affronter et que vous êtes là pour lui. Faites équipe avec son enseignante pour qu’elle soit votre alliée dans cette situation.
- Essayez de déterminer la cause des peurs de votre enfant et aidez-le à reconnaître ses émotions. Posez-lui des questions, sans trop insister, mais restez à l’écoute. Il est important de ne pas se moquer de lui et de ne pas nier ses peurs. N’hésitez pas à communiquer avec son enseignante si vous avez besoin de plus d’explications pour élucider la nature du problème.
- Fixez un moment dans la journée où il pourra vous parler de ses craintes. Invitez-le à respecter ce moment, et profitez-en pour le rassurer. Il est important de cibler un moment précis (il est préférable d’éviter le moment avant le coucher et de poser une limite dans le temps), puisque si l’enfant se fait toujours rassurer, son anxiété augmentera et il cherchera à se faire rassurer encore plus. En offrant cette occasion à votre enfant, vous lui permettez d’exprimer ses craintes sans que celles-ci envahissent son quotidien. Aidez-le alors à trouver des solutions.
- Aidez-le à trouver des façons de se détendre et de gérer ses émotions et son stress. Si tout risque de maladie a bien été écarté, n’accordez pas trop d’importance à ses plaintes au sujet de malaises physiques.
- Essayez de cibler avec lui ses pensées négatives et aidez-le à les remplacer par des pensées positives. Par exemple, vous pouvez prendre une feuille sur laquelle vous écrirez ce que votre enfant peut faire de plaisant à l’école (p. ex. : apprendre de nouvelles choses, se faire des amis, jouer à de nouveaux jeux…). Vous pouvez aussi l’aider à changer la formulation de sa pensée. Par exemple, pour un enfant qui dit qu’il a peur de ne rien réussir, vous pouvez l’amener plutôt à verbaliser qu’il est important de faire de son mieux.
- Félicitez votre enfant lorsqu’il réussit à affronter ses peurs. Dites-lui que vous êtes fier de lui. Pour l’encourager, vous pouvez aussi établir un système de renforcement positif en lui donnant, par exemple, une bille ou un collant chaque fois qu’il est prêt à aller à l’école à l’heure. Il pourra ensuite échanger ses billes ou ses collants contre un privilège.
- Essayez de rester calme. Si vous démontrez de l’anxiété, du stress ou de la frustration, vous risquez de rendre votre enfant encore plus anxieux.
- Lorsque vous lui parlez de l’école, soyez affirmatif et ne laissez pas de place au doute. Dites, par exemple : « Prépare-toi pour l’école », plutôt que « Es-tu prêt pour l’école? ». Utilisez « quand » au lieu de « si » : « Quand tu seras à l’école demain […] », plutôt que « Si tu vas à l’école demain […] ». Si cela aide votre enfant, vous pouvez lui indiquer visuellement (p. ex. : avec un minuteur) le temps restant avant de partir.
- Si vous êtes incapable de l’envoyer à l’école, établissez des règles et restez ferme pour ne pas rendre la journée à la maison attrayante. Ne permettez pas la télévision, les jeux vidéo ou toute autre activité plaisante. Faites-lui faire des devoirs. Surtout, ne laissez pas cette situation se prolonger. Au besoin, vous pouvez demander l’aide de professionnels du CLSC pour le refus scolaire.
À l’école
- Si votre enfant doit se rendre seul à l’école mais n’y parvient pas, allez-y graduellement. Allez d’abord le reconduire jusqu’à l’école, puis jusqu’au coin de la rue de l’école, puis jusqu’à votre coin de rue, etc.
- Soyez bref. Avertissez-le qu’une fois rendu à l’école, vous lui ferez un câlin et qu’ensuite vous partirez. Plus la séparation avec le parent s’allonge, plus elle peut créer de l’anxiété pour l’enfant. Même si cela peut être difficile pour le parent, il est important de ne pas démontrer sa propre détresse à l’égard de cette situation. Votre enfant doit sentir qu’il peut être en confiance à l’école.
- Travaillez en collaboration avec son enseignante et la direction de l’école pour comprendre ce qui se passe et trouver des solutions. Lorsque c’est pertinent, partagez vos stratégies d’intervention avec l’école. Par exemple, votre enfant ne doit pas pouvoir vous appeler durant la journée ou retourner à la maison (même s’il dit qu’il a mal au ventre).
- Si vous pensez que votre enfant est victime d’intimidation, parlez-en immédiatement à son enseignante et à la direction de l’école.
- Si la situation perdure, faites appel à un professionnel de la santé ou à votre médecin de famille, ou adressez-vous à l’accueil psychosocial de votre CLSC. De plus, le psychologue de l’école peut vous aider à découvrir la source du problème et à trouver des solutions.
Peur ou anxiété? |
La peur est une réaction normale à un danger réel (p. ex. : un feu). Le corps se mobilise alors pour faire face à une menace concrète. L’anxiété, quant à elle, est une émotion normale en réponse à une impression de danger (p. ex. : s’imaginer qu’il y a un risque de feu), mais le corps réagit de la même façon que lors d’une réaction de peur. Or, l’anxiété devient un problème lorsqu’elle suscite une réaction exagérée, qu’elle génère une grande détresse, qu’elle est difficile à contrôler, qu’elle dure un certain temps et qu’elle fait en sorte que l’enfant évite certaines situations. Bref, lorsqu’elle nuit au fonctionnement quotidien de l’enfant.
Si vous pensez que votre enfant vit de l’anxiété et que celle-ci persiste malgré vos interventions, il est possible qu’il souffre d’un trouble anxieux. En cas de doute, n’hésitez pas à consulter un médecin, le CLSC de votre quartier ou un psychologue. Vous pouvez aussi contacter Info-Social (811) pour connaître les ressources à proximité. Il est important que ces troubles soient traités le plus tôt possible pour que votre enfant puisse fonctionner normalement. |
L’importance de la routine
La routine est importante pour votre enfant en général, mais elle l’est d’autant plus s’il refuse d’aller à l’école. Il se sentira mieux si les règles et les limites sont bien établies. Voici quelques conseils.
- Le matin, tentez d’avoir une routine calme et stable. Évitez d’être à la course pour ne pas générer de stress supplémentaire chez votre enfant. La routine devrait être la même chez les deux parents s’ils sont séparés.
- Faites un horaire clair (écrit ou avec des dessins) des différentes étapes du matin dans l’ordre : prendre son déjeuner, se brosser les dents, s’habiller… Vous pouvez au besoin utiliser une minuterie, qui aidera votre enfant à finir sa routine dans un temps donné et ainsi ne pas être en retard.
- Assurez-vous que votre enfant se couche à la même heure tous les soirs et qu’il dorme suffisamment. S’il est fatigué, ce sera plus difficile pour lui de se lever et de se motiver à aller à l’école. Par contre, n’oubliez pas que le fait de n’avoir pas assez dormi n’est pas une raison valable pour manquer l’école.
- Le dimanche, prévoyez une activité plaisante en après-midi et une soirée tranquille.
Comment prévenir l’anxiété liée à l’école?
Voici quelques suggestions pour réduire les risques d’anxiété de votre enfant et faciliter son adaptation à l’école.
- Commencez une routine quelques semaines avant la rentrée des classes pour habituer votre enfant à des horaires fixes et, ainsi, le sécuriser.
- Habituez-le aussi à une certaine discipline, comme ramasser ses jouets et effectuer certaines tâches domestiques.
- Laissez-lui de plus en plus d’autonomie. Par exemple, laissez-le choisir ses vêtements, s’habiller tout seul, se servir son déjeuner, etc.
- Aidez votre enfant à relaxer en faisant des exercices de respiration ou de yoga. Habituez-le à de brèves périodes de pause, sans bruit.
- Ayez des attentes réalistes envers votre enfant. Demandez-lui des choses à sa mesure, selon ses capacités, et ne le comparez pas aux autres enfants.
- Aidez votre enfant à créer des liens avec d’autres adultes. Vous pouvez le faire garder par des gens en qui vous avez confiance, autres que ses proches.
Que faire en cas d’intimidation? |
Si vous soupçonnez que votre enfant est victime d’ intimidation, discutez-en avec lui pour essayer de comprendre ce qui se passe. Restez calme afin de le rassurer. Parlez-en avec son enseignante et la direction de l’école. Travaillez en collaboration avec eux pour trouver une solution et demandez un suivi de la part de l’école. S’il s’agit d’un grave problème d’intimidation, n’hésitez pas à consulter un psychologue ou un psychoéducateur. |
*Le mot « enseignante » est privilégié pour alléger le texte et simplifier la lecture.
À retenir
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Plusieurs raisons peuvent expliquer le refus d’aller à l’école : un manque de confiance en soi, des conflits à l’école ou des difficultés d’apprentissage.
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Insistez pour que votre enfant aille à l’école et encouragez-le à affronter ses peurs, tout en le rassurant.
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Il est important de faire équipe avec le milieu scolaire. Si la situation perdure, faites appel à un professionnel de la santé.
| Révision scientifique : Ariane Leroux-Boudreault, psychologue Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Octobre 2021
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Photo : iStock.com/DianaHirsch
Ressources et références
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Ressources pour les parents -
BARON, Chantal. Les troubles anxieux expliqués aux parents. Éditions du CHU Sainte-Justine, 2001, 88 p.
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BERTHIAUME, Caroline. 10 questions sur l’anxiété chez les enfants et les adolescents. Éditions Midi trente, 2017,128 p.
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COUTURE, Nathalie et Geneviève MARCOTTE. Incroyable Moi maîtrise son anxiété. Éditions Midi trente, 2011, 48 p.
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COUTURE, Nathalie et Geneviève MARCOTTE. Super Moi surmonte sa timidité. Éditions Midi trente, 2015, 48 p.
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DOYON, Nancy. Non à l’intimidation. J’apprends à m’affirmer. Éditions Midi trente, 2011, 112 p.
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FONDATION JASMIN-ROY. www.fondationjasminroy.com
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GAGNIER, Nadia. À l’aide, il y a de l’intimidation à mon école : l’intimidation chez les jeunes expliquée aux parents. Les Éditions La Presse, coll. « Vive la vie… en famille », vol. 8, 2012, 120 p.
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GAGNIER, Nadia. Maman j’ai peur, chéri, je m’inquiète : l’anxiété chez les enfants, les adolescents et les adultes. Les Éditions La Presse, coll. « Vive la vie… en famille », vol. 2, 2010, 88 p.
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GIBSON DESROCHERS, Susie. Pourquoi j’ai mal au ventre : guide pratique de l’anxiété chez les enfants de 7 à 12 ans. Les Éditions Logiques, 2011, 144 p.
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