Votre enfant a tendance à dénoncer les autres? Comment réagir quand il fait le porte-panier?
Votre enfant a pris l’habitude de dénoncer les autres quand ils ne respectent pas les règles ou qu’ils se comportent mal? Pourquoi agit-il ainsi? Et comment intervenir pour limiter le rapportage?
Si votre enfant a moins de 5 ans, consultez notre fiche La dénonciation entre enfants.
Le rapportage : une habitude à décourager
Dénoncer son petit frère ou son ami parce qu’il n’a pas respecté les règles ou qu’il ne fait pas les choses correctement est un comportement courant jusqu’à l’âge de 5 ans. Après cet âge, certains enfants continuent à avoir tendance à mentionner au parent ou à l’adulte responsable le moindre geste qu’ils jugent incorrect de la part d’un frère, d’une soeur ou d’un ami.
Il est toutefois préférable de ne pas encourager ce comportement. Ce n’est pas le rôle d’un enfant de surveiller les autres et de faire de la discipline. Écouter un enfant qui rapporte et donner suite à ses dénonciations n’est pas non plus la bonne façon de lui apprendre à parler directement aux autres et de développer son autonomie.
De plus dans une famille, si les parents écoutent celui qui dénonce en le remerciant puis en punissant l’enfant fautif (ex. : soeur ou frère), cela peut susciter de la jalousie et de la rivalité entre les enfants. Cela encourage également l’enfant qui rapporte à répéter ce comportement dans d’autres situations. À la longue, prendre l’habitude de dénoncer peut aussi nuire à ses relations et l’amener à se mettre ses amis à dos.
Pourquoi mon enfant dénonce?
La première chose à faire lorsque votre enfant dénonce un autre enfant est de le questionner pour comprendre sa motivation. Vous pourrez alors mieux intervenir auprès de lui.
Pour vous aider, voici les principales raisons qui peuvent expliquer pourquoi un enfant dénonce et des conseils pour réagir selon la situation.
Pour vérifier une règle
Votre enfant peut dénoncer l’autre pour vérifier s’il a bien compris une règle. À partir de l’âge de 7 ans, l’enfant saisit de mieux en mieux les notions de gestes acceptables ou non de même que les règles à respecter dans les relations avec les autres. En dénonçant quelqu’un, il cherche à confirmer auprès d’un adulte qu’il a bien compris le comportement qu’on attend de lui.
Comment réagir?
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Confirmez-lui qu’il a bien compris la règle.
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Dites-lui que cette règle tient toujours et félicitez-le de bien agir pour la respecter.
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Expliquez-lui toutefois qu’il n’est pas responsable de ce que font les autres, qu’il est uniquement responsable de sa propre conduite.
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Rappelez-lui que c’est aux parents et aux adultes de surveiller les autres enfants et d’intervenir au besoin.
Parce qu’il est attaché à ses façons de faire
Il se peut que votre enfant accorde beaucoup d’importance à ses façons de faire. C’est sécurisant pour lui de savoir exactement comment les choses vont se passer. Par exemple, quand il joue avec ses petites autos, il les place toujours de la même façon ou quand il fait du bricolage, il ferme le tube de colle après chaque utilisation. Il ne tolère pas quand d’autres enfants ne respectent pas ses façons de faire habituelles et il dénonce systématiquement la situation.
Comment réagir?
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Dites-lui que vous comprenez que ses façons de faire sont importantes pour lui.
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Encouragez-le à décrire lui-même à l’autre enfant sa façon habituelle de jouer ou d’agir.
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Expliquez-lui qu’il n’a pas à imposer ses façons de faire et qu’il peut très bien s’amuser avec un ami même si ce dernier ne veut pas faire toutes les choses comme lui.
Pour attirer votre attention
Si votre enfant prend l’habitude de dénoncer ses compagnons de jeu, il le fait peut-être pour attirer l’attention sur lui ou pour devenir votre complice.
Comment réagir?
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Demandez-lui pourquoi il vous parle de la situation et évaluez avec lui la gravité réelle de ce qu’il dénonce. C’est une façon de mieux comprendre votre enfant et de lui faire comprendre son comportement. Profitez-en pour lui expliquer pourquoi vous n’agirez pas dans cette situation.
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Expliquez-lui qu’il n’a pas besoin de surveiller les autres; il n’a que son propre comportement à surveiller. Rappelez-lui que c’est aux adultes d’assurer la supervision des enfants.
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Encouragez-le à vous parler de lui au lieu des autres. Intéressez-vous à lui et posez-lui des questions sur ce qu’il fait, ce qu’il aime, avec qui il aime jouer, etc.
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Organisez des activités seul à seul avec lui pour qu’il vive de la complicité avec vous dans un contexte positif. Son besoin d’attention exclusif sera ainsi comblé.
Pour bien paraître
En dénonçant un frère, une soeur ou un ami, votre enfant veut peut-être se mettre de l’avant, se donner du pouvoir et avoir l’avantage sur l’autre. Par exemple, en disant que son frère n’a rangé aucun jouet dans sa chambre alors que lui l’a fait, il veut bien paraître à vos yeux.
Comment réagir?
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Questionnez votre enfant et réfléchissez avec lui aux conséquences du geste qu’il dénonce et aux raisons qu’il a de vous en parler.
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Incitez votre enfant à parler de lui, de ce qu’il fait, de ce qu’il vit et de ce dont il est fier plutôt que de parler des autres.
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Si ce comportement est fréquent, faites-lui faire un petit exercice lorsqu’il veut dénoncer un ami, un frère ou une soeur en lui demandant de dessiner le problème ou de l’écrire, selon son âge. En réfléchissant, il fera probablement mieux la différence entre les situations importantes à dénoncer et celles qui le sont moins. Il risque aussi de constater que l’effort à y mettre ne vaut pas le coup.
Pour exercer un chantage
Il est aussi possible que votre enfant dénonce son frère, sa soeur ou un ami pour faire du chantage et obtenir ce qu’il veut. Par exemple, il peut menacer de dénoncer son frère s’il ne joue pas avec lui ou ne lui prête pas son jouet. Il peut dire par exemple : « Je vais le dire à maman que tu as dit un gros mot si tu ne me laisses pas prendre ta trottinette. »
Comment réagir?
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Dites-lui qu’il doit régler lui-même sa mésentente avec l’autre enfant.
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Encouragez-le à dire clairement ce qu’il veut et à comprendre que le chantage n’est pas la bonne façon d’obtenir ce qu’il veut. Incitez-le plutôt à expliquer à l’autre pourquoi il aimerait jouer à tel jeu ou avoir tel jouet.
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Expliquez-lui que son geste peut nuire à la relation de confiance qu’il a avec l’autre enfant et avec vous. Vous aurez du mal à lui faire confiance s’il invente des histoires ou s’il dénonce une situation dans le but d’en tirer profit.
Comment prévenir le rapportage?
Apprenez à votre enfant à exprimer ses désaccords directement aux autres enfants en expliquant comment il se sent dans cette situation. Par exemple, encouragez-le à dire à un autre enfant ce qui le dérange ou le contrarie : « Je n’aime pas quand tu viens dans ma chambre sans me le demander. » Il apprend ainsi à s’affirmer, à exprimer ses émotions et à faire face aux situations qui le dérangent sans l’aide d’un parent ou d’un adulte.
Lorsque vous êtes témoin d’un conflit entre enfants, invitez-les à trouver des solutions par eux-mêmes. Votre enfant a suffisamment conscience de l’autre pour être capable de comprendre son point de vue et exprimer le sien. Il peut aussi faire des compromis qui seront acceptables pour tous.
Pour mieux faire comprendre à votre enfant l’impact du rapportage sur les autres, vous pouvez lui parler d’une expérience connue ou qu’il a vécue. Dites-lui par exemple : « Comment te sentirais-tu si ta soeur venait avant toi me dire que tu as fait un dégât juste pour me montrer que tu as mal agi? »
Quelles sont les bonnes raisons de dénoncer?
Il existe des situations où votre enfant a raison de venir rapporter une situation. Voici lesquelles.
Pour vous alerter d’un danger
« Maman, Léo a détaché sa ceinture de sécurité! » ou « Papa, Alice a ouvert la barrière de la piscine! » Voilà d’excellentes raisons de dénoncer. Quand votre enfant vous informe qu’il y a un danger ou un risque pour la sécurité de quelqu’un, il faut vite l’écouter, vérifier si ce qu’il dit est vrai et intervenir pour corriger la situation.
Vous pouvez par la suite confirmer à votre enfant que la situation était dangereuse et le remercier de vous avoir averti. Rappelez-lui qu’il peut vous aviser n’importe quand d’un danger. Dans des cas comme ceux-là, la dénonciation est un geste d’amour qui vise à protéger les autres.
Pour exprimer un malaise
Il est possible aussi que votre enfant dénonce une situation parce qu’il se sent blessé ou injustement traité. Par exemple, il peut dire : « Il ne veut pas jouer avec moi parce que je suis grosse », « Elle m’a dit que j’étais laid! » ou « Il est entré dans ma chambre et il a défait toute ma construction! »
Dans ce cas, il est important de prendre le temps d’écouter votre enfant et de l’aider à vous expliquer ce qui s’est passé et à dire comment il se sent. Dites, par exemple : « Tu trouves que la situation n’est pas juste pour toi, c’est ça? Ça te fait de la peine? » Prenez aussi le temps de le consoler au besoin.
Vous pouvez ensuite l’inviter à dire à l’autre (ex. : frère, soeur, ami) ce qu’il ressent et à exprimer calmement ses désirs ou ses malaises. De cette façon, vous lui donnez confiance en ses moyens et vous lui apprenez les bonnes façons d’interagir avec les autres.
S’il s’est passé quelque chose de plus sérieux, comme de l’intimidation, il sera utile d’intervenir plus directement auprès de l’autre enfant ou de son parent ou encore d’en parler à son enseignante ou enseignant si la situation s’est produite à l’école.
À retenir
- Mieux vaut ne pas encourager le rapportage chez l’enfant, car cette habitude peut nuire à ses relations avec les autres.
- Un enfant peut dénoncer pour vérifier une règle, pour attirer l’attention, pour se mettre en valeur et pour exercer du chantage.
- Encourager votre enfant à exprimer ses désaccords, à dire comment il se sent et à régler lui-même ses petits conflits avec les autres permet de prévenir le rapportage.
| Révision scientifique : Solène Bourque, psychoéducatrice Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Avril 2021
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Photo : iStock.com/AndreyPopov
Ressources et références-
DUCLOS, Germain et autres. Besoins et défis des enfants. Vivre en harmonie avec les enfants de 6 à 12 ans. Éditions Enfants Québec, 2009, 320 p.
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GAGNIER, Nadia. C’est pas moi, c’est lui! Éditions La Presse, 2008, 106 p.
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RACINE, Brigitte, Le respect, une valeur pour la vie. Éditions du CHU Sainte-Justine, 2016, 236 p.
Pour les enfants : -
MONETTE, Marylène. Les combats de Ti-cœur. Éditions Fonfon, 2013, 32 p.
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