Votre enfant argumente sans cesse et négocie pour tout? Existerait-il une crise des 3 ou 4 ans?
Plusieurs parents observent que leur enfant de 3 ou 4 ans argumente sans cesse, négocie et remet en question les règles. Après la crise des 2 ans, y a-t-il une crise des 3 ou 4 ans?
Qu’est-ce que la crise des 3 ou 4 ans?
Autour de 3 ou 4 ans, certains enfants ont en effet une sorte de « petite crise d’adolescence ». Cette étape de développement est moins bien définie et documentée que la crise des 2 ans (« terrible two »), mais elle est bien présente chez plusieurs enfants. Ils peuvent alors se mettre à argumenter et à remettre en question les règles au quotidien.
Ces comportements s’expliquent par le fait qu’à cet âge, l’enfant parle beaucoup mieux qu’avant. Il est capable de mettre des mots sur ses goûts, ses préférences et ses envies. Et il devient plus habile pour négocier afin d’obtenir ce qu’il souhaite ou désire.
De plus, vers 3 ou 4 ans, l’enfant vit un plus grand besoin d’autonomie. Il veut expérimenter, avec le moins de soutien possible. Toutefois, comme son cerveau est encore en développement, la maîtrise de ses émotions et de ses impulsions reste un défi pour lui.
L’enfant de cet âge a aussi de la difficulté à accepter les limites parce qu’il souhaite avoir plus de liberté et de contrôle. Cela peut entraîner de la frustration et des comportements d’opposition.
Comment réagir à la crise des 3 ou 4 ans
Votre enfant a besoin de votre aide pour apprendre à s’affirmer, à suivre les règles et à gérer ses émotions. Voici comment vous pouvez intervenir auprès de lui lorsqu’il présente certains comportements caractéristiques de la crise de 3 ou 4 ans.
Il veut faire les choses par lui-même
Votre enfant est en quête d’autonomie. Il a envie de faire les choses par lui-même, mais comme il est encore maladroit pour certaines tâches, il a souvent besoin de votre aide (ex. : pour s’habiller). Cela peut entraîner des frustrations et des crises.
Comment réagir?
Mettez-vous à la hauteur de votre enfant lorsque vous lui parlez et regardez-le dans les yeux pour obtenir son attention.
- Donnez-lui de petites responsabilités à sa mesure pour satisfaire son besoin d’autonomie. Par exemple, demandez-lui de vous aider à mettre la table ou de mesurer les ingrédients secs d’une recette.
- Guidez-le quand il a besoin d’aide au lieu de faire les choses à sa place.
- Lorsque c’est possible, laissez plus de temps à votre enfant pour qu’il puisse faire certaines choses seul sans que vous ayez besoin de le presser.
- Partagez la tâche avec lui. Par exemple, demandez-lui : « Quel vêtement veux-tu mettre tout seul : ton pantalon ou ton chandail? Je vais t’aider à mettre l’autre morceau. »
Il ne respecte pas toujours les règles
Votre enfant comprend les règles et les consignes, mais il ne les respecte pas toujours. Il peut aussi lui arriver de vouloir changer les règles d’un jeu, surtout quand il perd. Ou encore de continuer à jouer, alors que vous lui avez demandé de ranger.
Comment réagir?
- Répétez les règles autant de fois que nécessaire. Votre enfant a encore du mal à maîtriser ses impulsions. C’est pour cette raison qu’il désobéit parfois à une règle, même s’il la connaît. Il n’est pas capable de retenir son geste.
- Expliquez-lui pourquoi les règles sont nécessaires quand il les remet en question. Comprendre les raisons qui justifient les règles peut l’encourager à les suivre. Par exemple, dites-lui que si vous refusez qu’il coure après son ballon dans la rue, c’est pour assurer sa sécurité.
Il négocie ou teste les limites
Comment aider votre tout-petit à gérer ses émotions en cas de crise.

Votre enfant peut, par exemple, refuser de ranger ses jouets en disant que, de toute façon, il jouera avec eux plus tard. Ou encore bouder et refuser d’aller prendre son bain lorsque vous lui en faites la demande.
Comment réagir?
- Ne cédez pas devant ses comportements et maintenez vos limites avec constance. Votre tout-petit comprend ainsi qu’elles sont importantes pour vous. De plus, le fait que les règles ne changent pas est rassurant pour lui.
- Prenez toutefois le temps de reconnaître et de nommer ce que votre enfant ressent. Dites, par exemple : « Je vois que tu aimerais continuer ton jeu au lieu d’aller prendre ton bain, je te comprends. Mais il est tard, tu pourras jouer demain. » Le simple fait de se sentir compris peut l’amener à collaborer.
- Transformez votre demande en jeu pour lui donner le goût de participer. Proposez, par exemple : « Je t’aide à ranger tes jouets et tu choisis ensuite si on va vers le bain en chantant ou en dansant. »
- Proposez-lui des choix. Dites-lui par exemple : « Quel pyjama veux-tu mettre? Le bleu ou le vert? » Offrir des choix à votre enfant lui donne l’occasion de prendre une décision. Ça ne marche pas à tous les coups, mais ce sentiment de pouvoir peut l’amener à collaborer plus.
Si vous voulez des conseils pour vous aider à faire face aux crises de colère de votre enfant, consultez Comment agir devant les crises de colère?
Quand est-ce que la crise des 3 ou 4 ans se termine?
Ces comportements diminuent habituellement vers 5 ou 6 ans, quand votre enfant comprend un peu mieux que les règles sont nécessaires pour mieux vivre ensemble, que ce soit en famille, à la garderie ou à l’école.
Soyez patients, car votre façon de réagir aux comportements de votre enfant va l’aider à développer ses habiletés sociales.
Peu à peu, votre enfant va :
- comprendre que les règles sont essentielles afin que tous se sentent respectés;
- respecter mieux les demandes des adultes et contribuer au bon fonctionnement de la vie de famille ou de groupe;
- devenir plus autonome et faire de plus en plus de choses par lui-même;
- parler calmement au lieu de crier lorsqu’il exprime un besoin ou un désir.
Non aux punitions corporellesMême lorsqu’un enfant a un comportement difficile, les punitions corporelles ( frapper, secouer, pousser…) ne sont pas des formes de discipline efficaces. Au contraire, elles ont des effets négatifs sur le développement psychologique et social de l’enfant. |
À retenir
-
Vers 3 à 4 ans, il arrive souvent que les enfants négocient et remettent en question les règles.
-
La constance de vos interventions lui permettra de se sentir en sécurité.
-
Avec votre soutien, votre enfant peut trouver des moyens positifs de s’affirmer.
| Révision scientifique : Marie-Hélène Chalifour, psychoéducatrice Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Novembre 2025
|
Photo : GettyImages/Juanmonino
Ressources et références-
BILODEAU, Mélanie. Soyez l’expert de votre tout-petit. Québec, Éditions Midi trente, 2022, 240 p.
-
BOURQUE, Solène. Les grandes émotions des tout-petits : comprendre et soutenir les apprentissages émotionnels chez les 2 à 6 ans. Québec, Éditions Midi trente, 2020, 139 p.
-
COUTURIER. Stéphanie. Aider son enfant à s’apaiser sans cris ni punitions. Vanves, Éditions Marabout, 2022, 159 p.
-
DOYON, Nancy. Parent, gros bon sens. Éditions Midi trente, 2017, 224 p.
-
FILLIOZAT, Isabelle. Éduquer : tout ce qu’il faut savoir. Paris, Éditions Robert Laffont, 2024, 368 p.
-
HAMEL, Sarah. Le Ti-pou d’Amérique : mieux le comprendre pour mieux intervenir. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2022, 200 p.
-
RACINE, Brigitte. Le respect, une valeur pour la vie. Éditions du CHU Sainte-Justine, 2016, 236 p.
Livres pour les enfants -
ALLANCÉ, Mireille. Grosse colère. Paris, L’école des loisirs, 2021, 28 p.
-
BOURQUE, Solène. Mini Loup vit un tourbillon d’émotions. Québec, Éditions Midi trente, 2017, 48 p.
-
DESPUTEAUX, Hélène. Mella : une mauvaise journée. Beloeil, desputeaux + aubin, 2008, 12 p.
-
GAUDRAT, Marie-Agnès et Fred BENAGLIA. Adélidélo dompteuse de colère. Montrouge, Bayard Jeunesse, 2021, 26 p.
-
HAMEL, Sarah. Ti-pou est très fâché! Laval, Saint-Jean Éditeur, 2024, 32 p.
-
LATULIPPE, Martine et Nathalie PARENT. La colère de Fabien. Mammouth rose, juin 2020, 32 p.
-
LAURANS, Camille. La colère. Toulouse, Milan jeunesse, 2020, 29 p.
-
LLENAS, Anna. La couleur des émotions. Paris, Éditions Quatre Fleuves, 2017, 46 p.
-
PARUIT, Marie. Je suis en colère. Paris, Larousse Jeunesse, coll. « La météo des humeurs », 2020, 24 p.
-
PERCIVAL, Tom. La colère de Ravi. Markham, Éditions Scholastic, 2019, 32 p.
|