De 1 à 3 ans, plusieurs habiletés cognitives se mettent en place dans le cerveau d’un enfant.
Les cinq premières années sont déterminantes pour le développement du cerveau d’un enfant. C’est pourquoi il est important de stimuler les tout-petits et de les soutenir dans leurs apprentissages et dans l’exploration de leur environnement. Cela favorise leur développement cognitif, physique, social et émotionnel.
Comment le cerveau évolue
La taille du cerveau de l’enfant double durant la première année de vie. Vers l’âge de 1 an, le cerveau de l’enfant atteint déjà les 2/3 de la taille d’un cerveau adulte. Entre 2 et 3 ans, le cerveau fait environ 80 % de la taille de celui d’un adulte. Il est toutefois 2 fois plus actif que celui d’un adulte.
Le cerveau est divisé en 4 grandes régions : les lobes occipitaux, pariétaux, temporaux et frontaux.
Grâce à la multiplication des circuits de neurones dans le cortex préfrontal, une sous-région du lobe frontal, l’enfant acquiert plusieurs nouvelles habiletés. Le cortex préfrontal est le siège des fonctions exécutives, c’est-à-dire l’ensemble des processus cognitifs (ou « mentaux ») qui permettent à l’enfant de contrôler sa pensée et ses actions pour atteindre un but précis.
Les fonctions exécutives les plus étudiées chez les enfants sont la mémoire de travail, la flexibilité mentale, l’inhibition et la planification. Il existe d’autres fonctions exécutives, comme l’anticipation, l’organisation, la résolution de problèmes, le raisonnement logique, la pensée abstraite, l’initiative, etc.
Dès sa naissance, un enfant a une capacité d’apprentissage phénoménale. Voyez comment!
De 1 à 3 ans, les habiletés motrices, langagières et sociales de l’enfant continuent petit à petit à se développer en fonction de ses expériences, de ses interactions et de ses apprentissages quotidiens. Toutes les habiletés ne sont toutefois pas acquises en même temps et l’ordre peut varier d’un enfant à l’autre. Par exemple, un enfant peut commencer par la marche et un autre, par le langage.
L’enfant comprend mieux le fonctionnement du monde. Par exemple, lorsqu’il était bébé, il cherchait un objet là où il se trouvait au départ, même s’il avait vu une personne le changer de place. Maintenant, il ne fait plus cette erreur.
Il prend aussi conscience de son identité propre (de son corps, de son nom, etc.). Il est capable de se distinguer des autres et il commence à comprendre qu’il est une personne à part entière, c’est-à-dire une personne avec des émotions, des intentions et des désirs différents de ceux des autres. Il découvre aussi qu’il peut agir sur son entourage.
L’importance du jeu
Il existe plusieurs formes de jeu chez l’enfant : le jeu exploratoire, le jeu avec objets, le jeu de construction, le jeu physique (ex. :
jeux de bataille), le
jeu symbolique (faire semblant) et le jeu structuré, qui est régi par des règles.
Le tout-petit a besoin de jouer : c’est sa façon d’explorer, d’apprendre et de se développer. Le jeu est si important que les Nations Unies l’ont reconnu comme un droit particulier de l’enfant.
L’enfant acquiert les connaissances les plus importantes (ex. : habiletés cognitives, sociales, motrices, langagières et émotionnelles) lorsqu’il joue. Le jeu favorise la formation de lien entre toutes ces habiletés dans un contexte amusant.
Lorsque l’enfant joue, il apprend de nouveaux mots et il combine ses idées, ses impressions et ses intuitions avec ses expériences et ses opinions.
Notre rythme de vie interfère de plus en plus avec le temps libre alloué au jeu. Dès leur plus jeune âge, les enfants passent de longues heures en groupe. Les jeux sont alors plutôt organisés et encadrés. Bien que ces jeux soient aussi bénéfiques sur le plan de la socialisation, ils ne sont pas centrés sur les préférences et les besoins spécifiques de l’enfant. Ils laissent aussi moins de place à l’
autonomie et à la créativité. Un équilibre entre le
jeu libre et le jeu structuré est donc recommandé.
Pendant la petite enfance, le jeu devient peu à peu plus évolué et plus complexe. Par exemple, l’enfant veut comprendre pourquoi un objet rond n’entre pas dans un carré, même en le poussant dans tous les sens. Il exerce alors son jugement, son raisonnement et sa capacité d’analyse.
Les spécialistes insistent d’ailleurs sur l’importance du jeu accompagné, c’est-à-dire le jeu non dirigé. Par exemple, un adulte ou un enfant plus âgé peut aider le tout-petit à raisonner davantage en l’accompagnant, mais sans diriger lui-même le jeu ou donner les réponses. Cela laisse à l’enfant la possibilité de faire des choix, de résoudre des énigmes et de s’amuser comme il le souhaite, tout en étant accompagné.
Le jeu renforce également le lien parent-enfant. Des études ont montré qu’une relation parent-enfant de qualité est associée à un meilleur développement dans toutes les sphères de fonctionnement (ex. : cognitif, social, émotionnel, scolaire). Une relation parent-enfant favorise, par exemple, les aptitudes cognitives du tout-petit, telles que les fonctions exécutives.
L’importance du sommeilLe sommeil se divise en plusieurs stades caractérisés par des états de vigilance différents. Par exemple, des mouvements rapides du corps et des yeux sont présents lors du sommeil agité alors que l’enfant est presque immobile lors du sommeil calme. Chez le nourrisson, le sommeil agité occupe 50 % du temps de sommeil. C’est 2 fois plus que son équivalent chez l’adulte, qu’on appelle sommeil paradoxal. Pendant le sommeil, les circuits de neurones du cerveau se développent. Le sommeil permet ainsi la maturation du cerveau de l’enfant, et donc de ses fonctions cognitives comme la mémoire. C’est pourquoi il est important de favoriser et de respecter le sommeil de l’enfant, en durée et en qualité. À partir de 2 ans, l’enfant est plus susceptible de faire des cauchemars ou des terreurs nocturnes, qui se différencient par le stade de sommeil dans lequel ils se produisent et l’état mental et d’éveil de l’enfant. L’enfant qui se réveille après un cauchemar peut être facilement consolé par un parent, alors qu’il est agité, désorienté et inconsolable après une terreur. Les spécialistes croient que l’apparition des cauchemars et des terreurs nocturnes est liée à la capacité nouvelle des enfants de cet âge de se créer des images mentales qui peuvent leur faire peur. Ces rêves intenses apparaissent au moment où l’enfant développe son imagination, sa mémoire et son langage. En règle générale, les enfants arriveront à maîtriser leurs peurs à mesure qu’ils développeront une plus grande maturité émotionnelle et cognitive. |
Les premiers souvenirs
Il existe plusieurs types de mémoires
Mémoire procédurale : Elle permet l’acquisition d’habiletés et l’amélioration des performances motrices et cognitives. Elle est constituée d’automatismes si bien intégrés que nous n’en avons plus conscience. On utilise cette mémoire par exemple lorsqu’on se souvient comment faire du vélo.
Mémoire épisodique : Elle permet de se souvenir des informations précises liées à des événements vécus dans un lieu et à un instant donné. Ce type de mémoire permet, par exemple, de se rappeler ce que l’on a mangé plusieurs jours auparavant.
Mémoire de travail : Elle permet de retenir une information, de la garder en tête tout en la manipulant et de l’utiliser de façon appropriée dans un autre contexte. On utilise cette mémoire par exemple lorsqu’on se rappelle une liste d’épicerie.
Pendant qu’un enfant découvre le monde, il développe également ses différents types de mémoires. Grâce à sa mémoire procédurale, il enregistre de nouvelles habiletés, comme marcher ou tenir sa cuillère. C’est toutefois sa mémoire épisodique qui lui permet de se souvenir d’informations plus précises (ex. : un objet, un visage, un événement). Durant la petite enfance, ces 2 types de mémoires travaillent ensemble.
Les interactions parent-enfant sont très importantes pour le développement de la mémoire. Les premiers souvenirs d’un tout-petit proviennent des interactions qu’il a avec son entourage immédiat. La manière dont ses parents lui décrivent des événements influencera sa capacité à se rappeler des événements qu’il a personnellement vécus. Son âge et son développement cognitif ont aussi une influence sur la façon dont les souvenirs sont enregistrés.
L’acquisition du langage contribue également à former et à conserver les souvenirs, car les mots que l’enfant entend participent à modifier ses réseaux de neurones. Il est beaucoup plus facile pour lui de garder en mémoire de l’information lorsqu’il comprend le sens des mots. Autrement dit, l’enfant se souvient davantage de ce qu’il comprend.
L’apprentissage du langage contribue ainsi à modeler certains souvenirs des premières années de vie d’un enfant. Certains demeureront accessibles au fil des années, tandis que les autres deviendront inaccessibles, modifiés ou « écrasés » par d’autres informations.
La mémoire dépend également des capacités attentionnelles. Afin de pouvoir garder une information en mémoire, l’enfant doit y porter attention, la retenir, et parfois la manipuler.
L’apparition du langage
De 1 à 3 ans, les régions du cerveau associées au langage sont en plein développement et subissent une myélinisation. La myélinisation consiste en la formation d’une protection isolante autour de certaines régions du neurone, ce qui améliore la transmission des signaux nerveux. Ce processus est très important, car il contribue à une acquisition plus rapide du vocabulaire.
Le langage apparaît généralement au cours de la période de 18 à 24 mois. À cet âge, l’enfant communique par mot isolé. C’est souvent l’émotivité associée à la vision d’une chose qui amène le tout-petit à dire ces mots à voix haute.
Entre l’âge de 2 et 3 ans, un enfant peut utiliser autour de 200 mots, et parfois jusqu’à 1 000 mots.
Les mots n’ont pas forcément le sens plus complexe que leur prêtent les adultes. Par exemple, lorsqu’un tout-petit dit « chat » ou « balle », il ne veut pas nécessairement dire « regarde le chat! » ou « je veux la balle ».
Ces premiers mots témoignent du fait que l’enfant a compris que les objets continuent d’exister même s’il ne les voit plus. Il a aussi intégré, bien avant de pouvoir parler, le côté social du langage, comme la communication non verbale et la notion des tours de parole dans la conversation.
L’acquisition du langage varie d’un enfant à l’autre. C’est pourquoi il ne faut pas conclure trop rapidement à un trouble de langage. En effet, certains enfants peuvent manifester des difficultés de langage qu’ils rattraperont sans que cela devienne un trouble. Au Canada, environ 8 à 12 % des enfants d’âge préscolaire ont des troubles du langage.
À retenir
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Entre 2 et 3 ans, le cerveau fait environ 80 % de la taille de celui d’un adulte.
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Le jeune enfant a besoin de jouer : c’est sa façon d’explorer, d’apprendre et de se développer.
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Le jeu permet à l’enfant d’acquérir des connaissances importantes telles que les habiletés cognitives, sociales, motrices, langagières et émotionnelles.
| Révision scientifique : Miriam Beauchamp, professeure titulaire en neuropsychologie, Université de Montréal, et chercheuse au CHU Sainte-Justine Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Décembre 2023
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Photo : iStock.com/monkeybusinessimages
Ressources et références
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