De 1 an à 3 ans, plusieurs habiletés cognitives se mettent en place dans le cerveau d’un enfant.
Les cinq premières années sont déterminantes pour le développement du cerveau d’un enfant. C’est pourquoi il est important de le soutenir dans la gestion de ses émotions et dans son apprentissage. Cela stimule ainsi son développement intellectuel.
Le développement du cerveau de 0 à 12 mois Le développement du cerveau de 3 à 5 ans Le développement du cerveau après 5 ans1 à 3 ans
Vers 1 an, le cerveau de l’enfant a déjà atteint les 2/3 de la taille d’un cerveau adulte. Entre 2 et 3 ans, le cerveau d’un tout-petit est toutefois deux fois plus actif que celui d’un adulte.
Dès sa naissance, un enfant a une capacité d’apprentissage phénoménale. Voyez comment!

Grâce à la multiplication des circuits de neurones dans le cortex préfrontal, l’enfant acquiert plusieurs nouvelles habiletés. Le cortex préfrontal est en effet le siège des fonctions exécutives, c’est-à-dire l’ensemble des processus intellectuels qui permettent à l’enfant de contrôler sa pensée et ses actions pour atteindre un but précis. Les fonctions exécutives les plus étudiées chez les enfants sont la mémoire de travail, la flexibilité mentale, l’inhibition et la planification. Toutefois, elles comprennent aussi l’anticipation, l’organisation, la résolution de problème, le raisonnement logique, le contrôle cognitif, la pensée abstraite, l’apprentissage de règles, l’attention sélective, l’initiative, etc.
Entre 1 et 3 ans :
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L’enfant organise ses nouvelles connaissances. Toutes les habiletés ne sont toutefois pas acquises en même temps, et l’ordre peut varier d’un enfant à l’autre. Par exemple, un enfant peut commencer par la marche et un autre, par le langage.
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L’enfant comprend mieux le fonctionnement du monde. Par exemple, lorsqu’il était bébé, il cherchait un objet là où il se trouvait au départ, même s’il avait vu une personne le changer de place. Maintenant, il ne fait plus cette erreur.
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L’enfant prend conscience de son identité propre (de son corps, de son nom, etc.). Il est capable de se distinguer des autres et il comprend qu’il est une personne à part entière. En particulier, il s’aperçoit qu’il peut avoir une action sur son entourage.
Bien plus qu’un jeu d’enfant
Il existe plusieurs formes de jeu chez l’enfant : le jeu exploratoire, le jeu avec objets, le jeu de construction, le jeu physique (ex. : bataille), le jeu symbolique (faire semblant), le jeu régi par des règles.
Le jeune enfant a besoin de jouer : c’est sa façon d’apprendre et de se développer. L’importance du jeu est telle que les Nations Unies l’ont reconnu comme un droit particulier de l’enfant.
C’est par le jeu que l’enfant acquiert les connaissances les plus importantes telles les habiletés intellectuelles, sociales, motrices, langagières et affectives. Le jeu favorise la formation de lien entre toutes ces sphères. De plus, en jouant, l’enfant apprend à combiner ses idées, ses impressions et ses intuitions avec ses expériences et ses opinions.
Notre rythme de vie interfère de plus en plus avec le temps libre alloué au jeu. Dès leur plus jeune âge, les enfants passent de longues heures en groupes. Les jeux sont alors plutôt organisés et encadrés. Ils ne sont donc pas centrés sur les intérêts et les besoins de l’enfant. Ils laissent aussi moins de place à l’autonomie et à la créativité.
Pendant la petite enfance, le jeu de l’enfant change progressivement. Il va devenir de plus en plus évolué et complexe. Par exemple, l’enfant voudra comprendre pourquoi un objet rond n’entre pas dans un carré, même en poussant dans tous les sens. Il exerce alors son jugement, son raisonnement et sa capacité d’analyse.
Les spécialistes insistent d’ailleurs sur l’importance du jeu accompagné, c’est-à-dire le jeu non dirigé. Par exemple, un adulte ou un enfant plus âgé qui est plus expérimenté que le tout-petit peut aider ce dernier à raisonner davantage en l’accompagnant, mais sans diriger lui-même le jeu. Cela laisse à l’enfant la possibilité de s’amuser comme il le souhaite.
Le jeu permet également de renforcer le lien parent-enfant. Des études ont d’ailleurs montré qu’une relation parent-enfant de qualité permet de favoriser les aptitudes intellectuelles de l’enfant, telles que les fonctions exécutives.
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Chez le nourrisson, le sommeil agité occupe 50 % du temps de sommeil. C’est deux fois plus que son équivalent chez l’adulte, le sommeil paradoxal. Pendant le sommeil, les circuits de neurones du cerveau se développent. Le sommeil permet ainsi la maturation du cerveau de l’enfant, et donc de ses fonctions cognitives comme la mémoire. C’est pourquoi il est important de favoriser et de respecter le sommeil de l’enfant, en durée et en qualité. Vers 3 ans, l’enfant est plus susceptible de faire des cauchemars. Les spécialistes croient que le phénomène est lié à la capacité nouvelle des enfants de cet âge de se créer des images mentales qui peuvent leur faire peur. Les cauchemars sont le signe que l’enfant développe son imagination, qu’il a une meilleure capacité de mémorisation et de meilleures habiletés langagières. En règle générale, les enfants arriveront à maîtriser leurs peurs à mesure qu’ils développeront une plus grande maturité émotionnelle et cognitive. |
Les premiers souvenirs
Plusieurs types de mémoires
- Mémoire procédurale : permet l’acquisition d’habiletés et l’amélioration des performances motrices. Elle est constituée d’automatismes sensorimoteurs si bien intégrés que nous n’en avons plus conscience.
- Mémoire épisodique : permet de se rappeler des informations précises liées à des événements vécus dans un lieu et à un instant donné.
- Mémoire de travail : permet de retenir une information et de l’utiliser de façon appropriée dans un autre contexte.
Pendant que votre enfant découvre le monde, il développe également ses différents types de mémoires. Grâce à sa mémoire procédurale, il enregistre de nouvelles habiletés (ex. : marcher, tenir sa cuillère), tandis que sa mémoire épisodique lui permet de se rappeler d’informations plus précises (ex. : un objet, un visage, un événement). Durant la petite enfance, ces deux types de mémoires travaillent ensemble.
Les interactions parent-enfant sont très importantes pour que le tout-petit puisse développer sa mémoire, car ses premiers souvenirs prennent forme dans les interactions qu’il a avec son entourage immédiat. En effet, la manière dont les parents décrivent des événements à leur enfant influencera sa capacité à se rappeler des événements qu’il a personnellement vécus. L’âge et le développement intellectuel de l’enfant ont aussi une influence sur la façon dont les souvenirs sont enregistrés.
L’acquisition du langage contribue également à former et à conserver les souvenirs, car les mots que l’enfant entend participent à modifier ses réseaux de neurones. Par ailleurs, il est beaucoup plus facile pour lui de garder en mémoire de l’information lorsqu’il comprend le sens des mots. Autrement dit, l’enfant se souvient davantage de ce qu’il comprend.
L’apprentissage du langage contribue ainsi à modeler certains souvenirs des premières années de vie d’un enfant. Certains demeureront accessibles au fil des années tandis que les autres deviendront inaccessibles, modifiés ou « écrasés » par d’autres informations.
L’apparition du langage
À cet âge, les régions du cerveau associées au langage ont subi leur myélinisation. La myélinisation consiste en la formation d’une protection isolante autour de certaines régions du neurone, ce qui améliore la transmission des signaux nerveux. Ce processus est très important, car il permet aux différents systèmes du cerveau d’entrer progressivement en fonction.
Le langage apparaît généralement dans la période de 18 à 24 mois. À cet âge, l’enfant communique par mot isolé. C’est souvent l’émotivité associée à la vision d’une chose qui amène l’enfant à prononcer ces mots à voix haute. Ainsi, les mots n’ont pas forcément le sens plus complexe que leur prêtent les adultes. Par exemple, lorsqu’un tout-petit dit « chat » ou « balle », il ne veut pas nécessairement dire « regarde le chat! » ou « je veux la balle ». À l’époque de « l’explosion du vocabulaire », autour de 2 à 3 ans, les enfants peuvent acquérir jusqu’à 40 nouveaux mots par jour.
Ces premiers mots témoignent du fait que l’enfant a compris que les objets continuent d’exister même s’il ne les voit plus. Il a aussi intégré, bien avant de pouvoir parler, le côté social du langage, telle la notion des tours de parole dans la conversation.
Cela dit, la mise en place du langage varie d’un enfant à l’autre, et on aurait tort de conclure trop rapidement à un retard de langage. En effet, au Canada, seulement 8 à 12 % des enfants d’âge préscolaire ont des troubles du langage.
| Révision scientifique : Stéphanie Duval, professeure en éducation préscolaire à l’Université du Québec à Chicoutimi Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Juillet 2015
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Photo : iStock.com/monkeybusinessimages
Ressources et références
Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.
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ANIMNET. « La petite enfance ». www.animnet.com
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BEAUDOIN, Martin. « Le développement du langage ». University of Alberta.
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BOUCHARD, Caroline. Le développement global de l’enfant de 0 à 5 ans en contextes éducatifs. Les Presses de l’Université du Québec, 2008.
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ENCYCLOPÉDIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS. « La mémoire et le développement précoce du cerveau ». www.enfant-encyclopedie.com
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GRESSENS, Pierre. « Le cerveau se développe au-delà de l’adolescence ». Linternaute. www.linternaute.com
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HEWES, Jane. « Laissons-les s’amuser : l’apprentissage par le jeu chez les jeunes enfants ». www.enfant-encyclopedie.com
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INSTITUT NATIONAL DE PRÉVENTION ET D’ÉDUCATION POUR LA SANTÉ (INPES). « Hygiène du cerveau ». www.bmlweb.org
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LA RECHERCHE. « La maturation du cerveau ». www.larecherche.fr
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La VIE. « Dans le cerveau des tout-petits ». www.lavie.fr
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LE CERVEAU À TOUS SES NIVEAUX! « Le développement cognitif selon Piaget ». www.lecerveau.mcgill.ca
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OPTIMISER LE FONCTIONNEMENT DE SON CERVEAU. « Le développement du cerveau des enfants ». www.booster-son-cerveau.fr
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PARENTS. « 3-6 ans : ses petits tics et manies ». www.parents.fr
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UNICEF. « Premiers stades du développement cérébral : un jaillissement de créativité ». www.unicef.org
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