L'enfant anxieux

L'enfant anxieux
L’anxiété touche aussi les jeunes enfants. Voici différentes façons de la réduire.


Même s’il est jeune, il est normal qu’un tout-petit ressente parfois de l’anxiété devant l’inconnu ou un changement. L’anxiété, qui est une réaction de peur, peut même être utile, car elle permet à l’enfant d’agir avec prudence dans certaines situations. Cependant, si un tout-petit présente des réactions exagérées devant la nouveauté ou l’inconnu, il est important de trouver des moyens de le rassurer.

Si votre enfant a 5 ans ou plus, consultez notre fiche L’anxiété chez l’enfant.

Qu’est-ce que l’anxiété?

L’anxiété est une réaction de peur, mais une réaction de peur exagérée. En effet, la peur est une réaction normale à un danger réel (ex. : un feu). Le corps se mobilise alors pour faire face à une menace concrète. L’anxiété, quant à elle, est une réponse à une impression de danger (ex. : s’imaginer qu’il y a un risque de feu). Même si la menace n’est pas réellement présente, le corps réagit comme si le danger était réel.

Il est normal que les jeunes enfants aient peur, par exemple, des bruits forts, des monstres, d’une chute dans les toilettes et du père Noël. Ces peurs disparaissent en grandissant. Pour en savoir plus, consultez notre fiche Peurs enfantines, mais pas anodines.

Par contre, avec l’anxiété, la peur d’une situation est souvent imaginée ou exagérée par rapport à la situation réelle. L’anxiété peut devenir un problème si elle nuit au fonctionnement quotidien de l’enfant ou prend trop de place dans sa vie. Il est alors important de trouver des moyens de le rassurer.

Les principales causes d’anxiété chez l’enfant

Plusieurs raisons peuvent expliquer les causes de l’anxiété chez un enfant. En voici quelques-unes.

  • La génétique. Avoir un parent anxieux augmente les chances qu’un enfant soit anxieux. Certains tout-petits héritent d’un tempérament anxieux. Cela signifie donc que leur anxiété peut être plus intense que la moyenne et qu’il est plus difficile pour eux de se calmer. De plus, un parent anxieux peut transmettre son anxiété à son enfant par son attitude (ex. : plus inquiet et nerveux devant certaines situations, tendance à surprotéger l’enfant, etc.).
  • La séparation de son parent. Un bébé peut manifester de l’anxiété lorsqu’il est séparé de ses parents ou lorsqu’une personne qu’il ne connaît pas s’approche de lui. L’angoisse de séparation commence vers 8 mois et peut se prolonger jusqu’à 18 mois.
Quand votre enfant est devant l’inconnu, il peut devenir anxieux, car il n’a pas encore la capacité de bien anticiper les événements ni de bien exprimer ses émotions.
  • Des peurs irrationnelles (ex. : monstres et loups) et la peur de vous perdre lorsque vous êtes ensemble dans un endroit public.
  • La nouveauté ou un changement important. Par exemple, la naissance d’un petit frère ou d’une petite soeur, une nouvelle garderie, un changement de groupe, un déménagement, des conflits à la maison, une séparation, un décès peuvent occasionner une anxiété temporaire.
  • Un manque de routine et de règles. Une mauvaise alimentation et un manque de sommeil peuvent rendre un enfant plus à risque de vivre de l’anxiété. L’absence de règles claires et concrètes peut aussi être une source d’anxiété. L’enfant a besoin de règles pour se sentir en sécurité.
  • La surprotection. Surprotéger un tout-petit peut diminuer sa confiance en lui et le rendre anxieux par rapport à l’avenir et aux choses qu’il ne contrôle pas.
  • Un événement survenu dans l’entourage de l’enfant. Par exemple, un tout-petit qui a vécu une mauvaise expérience peut craindre que cela se répète chaque fois qu’il se trouve dans une situation semblable. Par exemple, il a glissé dans le bain et il a maintenant peur de l’eau, ou il s’est fait mordre par un chien et il a peur des chiens.
  • Des exigences ou des attentes trop élevées envers l’enfant. Cela amène l’enfant à ne pas se sentir à la hauteur, à avoir peur de déplaire, de se tromper ou de faire des erreurs, ce qui peut accentuer son anxiété.
  • La négligence et la violence. Ne pas répondre aux besoins de base de l’enfant et se montrer agressif sont autant de situations qui rendent un enfant anxieux.

Les signes de l’anxiété

Chez un tout-petit, les signes les plus fréquents de l’anxiété sont :

  • Des réactions excessives (ex. : pleurs, refus ou crises) devant certains événements ou changements à sa routine. Il tente d’éviter certaines situations, comme aller en visite, aller à la garderie, participer à des activités et se faire garder. Un changement soudain de comportement peut aussi être un signe d’anxiété. Par exemple, un enfant qui devient agité, irritable, triste ou inquiet.
  • Des malaises physiques comme des maux de tête, des maux de ventre, des maux de coeur ou une respiration plus rapide.
  • Des problèmes de sommeil. Il a de la difficulté à s’endormir ou à bien dormir. Il refuse d’aller au lit ou ne veut pas dormir seul. Il fait souvent des cauchemars.
  • Un besoin constant d’être rassuré. Il cherche à être constamment près de ses parents.
  • Des difficultés dans ses relations avec les autres.
  • L’isolement. Certains tout-petits plus anxieux que d’autres se replient sur eux-mêmes, ne se mêlent pas aux autres enfants ou tentent toujours d’éviter les nouvelles situations.

Comment aider un enfant anxieux?

Un parent rassuré et rassurant offre un sentiment de sécurité important à un enfant anxieux. Maman Carla témoigne.

Voici comment vous pouvez aider votre tout-petit à traverser les périodes d’anxiété et à faire face aux angoisses passagères.

  • Faites des jeux de coucou avec votre bébé. Cette activité lui fera réaliser que vous êtes toujours là, même s’il ne vous voit plus. Cette activité est particulièrement utile pendant la période de l’angoisse de séparation.
  • Offrez à votre enfant un objet sécurisant lors des transitions ou des séparations. Cela peut être par exemple un toutou, une doudou ou tout autre objet qui le rassure. À mesure que votre tout-petit grandit et gagne de la confiance, vous pouvez l’encourager à laisser son objet à la maison. Dites-lui toutefois qu’il peut le garder à l’intérieur de lui dans son coeur. Cela lui apprend petit à petit à se rassurer par lui-même, sans votre aide.
  • Instaurez des routines pour des moments clés de la journée, par exemple la routine du matin et la routine du dodo. Cela apporte un sentiment de sécurité à votre enfant. Assurez-vous aussi que votre tout-petit mange et dort bien. S’il fait des cauchemars, tentez d’en trouver la cause.
  • Adoptez une attitude calme et soyez à l’écoute de votre enfant. Observez ses réactions et posez-lui des questions afin de trouver la source de son anxiété. Répondez à ses questions de façon simple et adaptée à son âge. S’il ne parle pas encore, parlez-lui d’une voix douce et rassurante. Aidez-le ensuite à mettre des mots sur ses émotions. Dites-lui, par exemple : « Tu as peur. Je sens ton coeur qui bat vite. » Cela rassurera votre enfant et fera diminuer son anxiété.
  • Ne minimisez pas la peur de votre tout-petit même si elle vous semble exagérée, car elle est bien réelle pour lui. Faites-lui sentir que vous le prenez au sérieux et que vous ne vous moquez pas de sa peur.
  • Laissez à votre enfant tout le temps qu’il lui faut pour surmonter sa peur de quelque chose. Cependant, ne le laissez pas éviter toutes les situations angoissantes. Il est bon de l’exposer petit à petit à ce qui lui fait peur pour qu’il voie qu’il n’y a pas de danger et qu’il surmonte sa peur.
En cas de conflit avec votre partenaire, évitez de vous disputer devant votre tout-petit, car cela pourrait le rendre anxieux. Essayez plutôt de discuter entre adultes à un moment où votre enfant n’est pas présent.
  • Expliquez à votre enfant ce qui va se passer si un changement est à venir. Par exemple, si vous déménagez prochainement, amenez-le visiter son nouveau quartier et montrez-lui des photos de la nouvelle maison. S’il est anxieux à l’idée de commencer la maternelle, participez ensemble aux activités organisées à l’école pour les futurs élèves de maternelle et allez jouer dans la cour de récréation de sa future école quelques mois avant la rentrée.
  • Invitez votre enfant à utiliser son imagination pour faire face à ses peurs. Vous pouvez lui dire d’utiliser sa cape de superhéros ou son épée invisible pour se donner du courage et chasser une peur. Cela l’aide à développer sa confiance. Peu à peu, il peut apprivoiser ses peurs et arriver à se rassurer lui-même.
  • Jouez à faire semblant avec votre tout-petit et lisez-lui des histoires pour le préparer aux nouvelles situations auxquelles il risque d’avoir du mal à s’adapter ou qu’il pourrait craindre. Cela peut être par exemple un livre sur l’entrée à la maternelle, sur un déménagement ou sur une première visite chez le dentiste.
  • Montrez à votre enfant comment respirer lentement pour se calmer. Demandez-lui de mettre ses mains sur son ventre et d’imaginer un ballon qui se gonfle quand il inspire et qui se dégonfle quand il expire.
  • Assurez-vous que votre enfant a l’occasion de bouger chaque jour. Courir, sauter, danser sont des activités qui libèrent les tensions et qui stimulent la production des hormones responsables du bien-être et de la détente. Cela peut aider à faire baisser l’anxiété.
  • Rappelez-lui ses succès. Mentionnez-lui les peurs qu’il avait avant et qu’il n’a plus maintenant. Ainsi, il comprendra peu à peu qu’il est capable de surmonter ses craintes.
  • Proposez-lui des « périodes d’essai » en ce qui a trait aux nouvelles activités. Cela l’encouragera à essayer quelque chose de nouveau.
  • Félicitez-le quand il fait des efforts pour surmonter son anxiété.

Comment éviter de transmettre votre anxiété à votre enfant?

Votre enfant ressent facilement vos émotions et vos craintes. De plus, comme il apprend par imitation, il risque d’être inquiet s’il voit que vous l’êtes vous-même. Pour cette raison, restez le plus calme possible lorsqu’une situation vous rend anxieux alors qu’elle ne présente pas de réel danger.

Évitez par exemple d’utiliser des mots à caractère catastrophique comme « c’est épouvantable » ou « cela ne marchera jamais ». Sinon, votre enfant pourrait lui aussi devenir anxieux à l’égard de cette situation. Si votre anxiété affecte votre enfant, allez chercher du soutien auprès d’un proche ou d’un professionnel (ex. : psychologue, travailleur social).

Quand consulter?

Si l’anxiété de votre enfant a de grandes conséquences dans la vie de tous les jours ou si elle entraîne chez lui une importante détresse difficile à apaiser, consultez un professionnel (ex. : médecin, pédiatre, psychologue, travailleur social). Lorsque l’anxiété d’un enfant n’est pas traitée, le problème peut s’aggraver avec le temps.

Voici quelques signes qui indiquent que votre tout-petit gagnerait à obtenir une aide extérieure :

  • Vous avez observé un changement soudain dans sa façon de réagir aux événements.
  • L’anxiété nuit à son fonctionnement quotidien : il dort moins bien, il refuse de manger, il s’isole ou il n’a plus d’intérêt pour les jeux qu’il aime habituellement.
  • L’anxiété à la suite d’un changement survenu dans la vie de votre tout-petit ne diminue pas même après un mois.
  • Son anxiété lui cause des peurs extrêmes ou des phobies.
  • Vous évitez certaines situations en raison de son anxiété.

À retenir

  • Un certain niveau d’anxiété est normal chez les enfants.
  • Votre attitude calme et rassurante aide beaucoup votre tout-petit à surmonter son anxiété.
  • Il est important d’aller consulter si l’anxiété de votre enfant devient importante et l’empêche de bien fonctionner.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Dre Sophie Leroux, psychologue, Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Mars 2019

 

Photos : iStock.com/Birkholz et GettyImages/photoguns

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

Pour les parents

  • DOYON, Nancy et Suzie CHIASSON-RENAUD. Pleurs, crises et opposition chez les tout-petits… et si c’était de l’anxiété. Éditions Midi trente, 2018, 192 p.
  • GAGNIER, Nadia. Maman j’ai peur, chéri je m’inquiète. L’anxiété chez les enfants, les adolescents et les adultes. Les Éditions La Presse, coll. « Vive la vie… en famille », vol. 2, 2010, 88 p.
  • HÔPITAL RIVIÈRE-DES-PRAIRIES. Centre hospitalier de soins psychiatriques. CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal. Trouble d’anxiété de séparation, 2013. hrdp.qc.ca
  • LEROUX, Sophie. Anxiété chez l’enfant et l’adolescent. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, coll. « Parlons parents », 2022, 228 p.
  • LEROUX, Sophie. Aider l’enfant anxieux. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2016, 168 p.
  • RAISING CHILDREN NETWORK. Anxiety and fears. 2014. raisingchildren.net.au
  • RAISING CHILDREN NETWORK. Anxiety. The stepladder approach. 2014. raisingchildren.net.au

Pour les enfants

  • COUTURE, Nathalie et Geneviève MARCOTTE. Extraordinaire Moi calme son anxiété de performance. Éditions Midi trente, 48 p.
  • COUTURE, Nathalie et Geneviève MARCOTTE. Incroyable Moi maîtrise son anxiété. Éditions Midi trente, 48 p.
  • LATULIPPE, Martine et Nathalie PARENT. L’anxiété de Timothée. Guy Saint-Jean Éditeur, septembre 2022, 28 p.
  • LATULIPPE, Martine et Nathalie PARENT. La peur de Mathis. Mammouth rose, juin 2020, 32 p.
  • ROSS, Tony. Je veux ma maman! Paris, Gallimard Jeunesse, 2010, 32 p.
  • WATT, Mélanie. Frisson l’écureuil. Éditions Scholastic, 2006, 40 p.

 

Partager

À lire aussi