Les jeux de guerre

Les jeux de guerre
Vous n’aimez pas que votre enfant joue à la guerre? Pourtant, ce type de jeu a aussi ses bienfaits.


Plusieurs parents craignent que les fusils et autres armes jouets encouragent la violence et transmettent de mauvaises valeurs à leur enfant. Les jeux de guerre peuvent pourtant être une source d’apprentissage pour les enfants, comme tous les jeux où ils jouent à faire semblant.

Qu’est-ce qu’un jeu de guerre?

Les jeux de guerre comprennent les jeux dans lesquels un enfant utilise des objets de pouvoir (ex. : fusils, épées, baguettes magiques, armes aux allures réelles ou fantastiques) ou des figurines de superhéros, de pirates, de soldats ou d’autres guerriers. Bien souvent, l’enfant se sert de ces objets pour jouer, par exemple, au policier, au superhéros, au cow-boy ou au sorcier. Les jeux de guerre sont donc des jeux symboliques. Un enfant peut y jouer seul ou avec d’autres.

L’intérêt pour les jeux de guerre apparaît vers l’âge de 3 ans. Ce type de jeu serait plus fréquent chez les enfants qui ont des frères et des soeurs plus âgés et chez ceux qui regardent des émissions où les personnages utilisent des armes. Les jeux de guerre excluent toutefois les jeux vidéo.

Qu’est-ce que les jeux de guerre apportent aux enfants?

S’ils ne sont pas surveillés ou encadrés, les jeux de guerre entre enfants peuvent mener à des blessures en raison de leur nature. Blesser l’autre n’est toutefois jamais l’objectif de ces jeux.

Les jeux avec des armes jouets ou imaginaires sont très répandus et n’augmentent pas l’agressivité, sauf si les enfants ont déjà des troubles du comportement. Comme les autres jeux symboliques, les jeux de guerre favorisent l’imagination des enfants et pourraient aider les enfants à contrôler leur impulsivité et leurs émotions.

Ces jeux permettraient aussi d’expérimenter le pouvoir dans un contexte de jeu. Par exemple, lorsqu’il s’attaque à des monstres imaginaires qui l’effraient, l’enfant apprend à gérer son angoisse. En groupe, les enfants jouent très fréquemment ensemble pour contrer « un ennemi » fictif. Ils développent ainsi leur habileté à coopérer.

Par contre, les enfants qui ont fortement tendance à être agressifs jouent trop souvent à des jeux de guerre, ce qui les empêche de faire d’autres jeux symboliques. Ils ont alors moins d’occasions de développer des compétences variées.

Quand les parents ne sont pas à l’aise avec les jeux de guerre

Voir votre enfant menacer son toutou d’une arme jouet vous dérange? Gardez en tête qu’il s’agit d’un jeu symbolique, au même titre que lorsqu’il s’amuse à être un docteur, un papa ou un animal. Votre enfant, même s’il affiche un air méchant, fait seulement semblant.

Si les fusils et les épées sont incompatibles avec vos valeurs, vous pouvez bien sûr refuser d’en acheter. Attendez-vous toutefois à ce que votre enfant en fabrique en lego ou en carton ou utilise sa main pour faire semblant qu’il a un fusil. En général, l’interdiction des jeux de guerre stimule l’intérêt des enfants envers eux.

Comment encadrer les jeux de guerre?

Père jouant au pirate avec sa fille
  • Laissez les enfants s’amuser à des jeux de guerre tant qu’ils ne risquent pas de se blesser.
  • Assurez-vous que les armes utilisées sont sécuritaires. Les objets durs et pointus avec lesquels les enfants pourraient réellement se faire mal doivent être évités.
  • Interdisez les véritables coups. Le jeu doit rester un jeu. Dans les jeux d’escrime par exemple, encouragez les enfants à frapper sur l’épée, et non sur l’autre enfant.
  • Fournissez à votre enfant du matériel polyvalent qu’il pourra utiliser selon son imagination. Par exemple, un rouleau de papier essuie-tout pourra être à la fois la longue-vue et l’épée du pirate. Vous pouvez aussi mettre différents costumes à sa disposition (ex. : cow-boy, sorcière, ninja).
  • N’hésitez pas à jouer le rôle du « méchant ». Contrairement à un tout-petit, vous ne risquez pas de confondre le jeu avec une vraie agression. En effet, si un enfant comprend mal le jeu, il pourrait répondre par des gestes violents.
  • Si votre enfant a tendance à être agressif avec les autres enfants, soyez son partenaire de jeu lorsqu’il veut faire des jeux de guerre afin de lui apprendre ce qui, dans ce jeu, est acceptable et ce qui ne l’est pas. S’il joue avec d’autres enfants, surveillez-le davantage.

Quand intervenir?

Lorsque votre enfant et ses amis jouent à des jeux de guerre, observez-les. S’ils semblent avoir du plaisir, laissez-les continuer. Portez attention cependant aux situations suivantes :

  • Lorsque l’un des enfants n’a aucun plaisir, séparez-les;
  • Si les enfants se trouvent dans un endroit dangereux (ex. : près d’un escalier), faites-leur remarquer et indiquez-leur un endroit sécuritaire où poursuivre leur jeu;
  • Si la situation semble sur le point de dégénérer, demandez-leur de prendre une pause;
  • S’ils utilisent des objets durs ou pointus, arrêtez-les.

Les jeux de guerre et de bataille à la garderie

En 2017, un cadre de référence destiné aux milieux de garde a été publié pour mieux soutenir les garçons. Les auteurs de ce document se sont attardés aux garçons, car ils présentent plus souvent que les filles des difficultés d’adaptation dans les milieux de garde et à l’école ainsi que plus de problèmes graves de comportement à l’école que les filles.
Ce cadre de référence souligne entre autres que les jeux de bataille et de guerre répondent au besoin d’action et de compétition des garçons. Il ne faut pas oublier que les filles aiment aussi faire ces jeux et que tous les garçons ne s’y intéressent pas. L’intérêt pour ces jeux dépend avant tout du tempérament et de la personnalité de l’enfant.
Après avoir fait des jeux de bataille ou de guerre, les enfants seraient plus attentifs et plus disposés aux activités demandant de la concentration. Les auteurs de ce cadre de référence invitent donc les éducatrices et les éducateurs en petite enfance à accueillir de manière positive les jeux de bataille et de guerre en les permettant, en les encadrant et en y participant eux-mêmes.

 

À retenir

  • Les jeux de guerre sont des jeux durant lesquels l’enfant joue à faire semblant. Comme les autres jeux symboliques, ils contribuent au développement de l’imagination.
  • Les jeux avec des armes jouets ou imaginaires n’augmentent pas l’agressivité, sauf chez les enfants qui ont déjà des troubles du comportement.
  • Il est important de s’assurer que les objets utilisés lors des jeux de guerre sont sécuritaires pour éviter que les enfants se blessent réellement.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Daniel Paquette, professeur à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Septembre 2021

 

Photos : GettyImages/RonTech2000 et ozgurcankaya

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • FILION, Rolande. « En ces temps difficiles, devons-nous interdire aux enfants de jouer à des jeux guerriers et de bataille? », Revue préscolaire, vol. 55, no 4, automne 2017, p. 5-8. www.aepq.ca
  • JUKES, Jacqueline A. « Children and aggressive toys: Empirical study of toy preference », Dissertation Abstracts International Section C: Worldwide, 2018, p. 75(3-C).
  • PAQUETTE, Daniel. « Batailles, jeux de bataille et jeux de guerre : doit-on tout interdire? », Défi Jeunesse, vol. 11, no 2, mars 2005, p. 22-28.
  • PARTENAIRES POUR LA PETITE ENFANCE DE LA MRC DES SOURCES. Mieux soutenir nos garçons : cadre de référence. 2017. famillaction.org

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