Le sevrage de l'allaitement

Peu importe le moment où il se produit, le sevrage est une étape normale de l’allaitement. Il peut se faire de façon naturelle ou bien être planifié. Lorsque votre décision de mettre fin à l’allaitement est prise, donnez-vous le temps qu’il faut pour vivre cette transition de façon harmonieuse. Demeurez flexible et restez le plus possible à l’écoute de votre enfant.

Quand sevrer bébé?

Il n’existe pas d’âge idéal pour sevrer un bébé. Il est toutefois recommandé d’allaiter le plus longtemps possible, car l’allaitement comporte de nombreux bienfaits.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’UNICEF et la Société canadienne de pédiatrie recommandent d’ailleurs l’allaitement exclusif au sein jusqu’à l’âge de 6 mois. Puis, de 6 mois à 2 ans, voire plus, il est recommandé que l’allaitement se poursuive avec une alimentation solide adéquate.

Lorsque la mère laisse l’enfant se sevrer à son rythme, l’allaitement cesse en général entre l’âge de 2 et 4 ans.

Comment sevrer son bébé?

Pour ne pas brusquer votre bébé, procédez au sevrage graduellement. Pour commencer, éliminez une des tétées de la journée. Si cela se passe bien, vous pourrez couper une autre tétée un autre jour. Petit à petit, vous remplacerez autant de tétées que vous le désirez. Évitez toutefois de sevrer votre enfant s’il est malade, car il a alors besoin de votre présence réconfortante.

Coupez les tétées du matin et du soir en dernier, car ce sont souvent celles que les enfants préfèrent. Vous pouvez d’ailleurs les garder très longtemps. De nombreuses mamans y parviennent même après être retournées au travail.

Si votre enfant a commencé à manger des aliments solides, vous pouvez essayer les stratégies suivantes pour le sevrer :

• Sans lui « refuser » le sein du jour au lendemain, cessez de le lui offrir.
• Retardez les tétées s’il n’est pas trop impatient. Cela contribuera à les espacer et à en diminuer le nombre. Changez-lui les idées en lui proposant d’autres activités.
• Raccourcissez la durée des tétées.
• Changez le contexte des tétées (ne vous installez plus avec lui sur le fauteuil habituel, aux mêmes heures, etc.).

Le processus de sevrage sera peut-être plus long que ce que vous aviez prévu ou, au contraire, plus rapide. Cela dépendra de l’âge de votre enfant, de son tempérament, de vos sentiments concernant le sevrage et de votre approche. Il est généralement réaliste de prévoir environ 4 semaines pour un sevrage complet et en douceur.

Que donner à la place du sein?

En remplacement d’une tétée, votre bébé devrait d’abord recevoir du lait de sa maman mis en réserve au congélateur. Si vous n’en avez pas, donnez-lui de la préparation commerciale pour nourrisson enrichie de fer. Vers 9 à 12 mois, votre enfant peut boire du lait de vache homogénéisé à 3,25 % de matières grasses, à condition qu’il ait un menu varié et qu’il mange suffisamment d’aliments riches en fer. Si ce n’est pas le cas, attendez à 12 mois pour lui en donner.

Servez le lait de sa maman, la préparation commerciale pour nourrisson ou le lait de vache à votre enfant dans un biberon, un gobelet ou un verre avec ou sans bec. En général, les bébés allaités qui ont plus de 6 mois préfèrent le gobelet.

Il est normal que votre bébé ne boive au verre qu’une petite quantité de lait à la fois. Offrez-le-lui donc souvent. Si votre enfant ne boit pas assez de lait au verre, donnez-lui aussi le biberon.

Si votre bébé a plus de 6 mois et qu’il a commencé l’alimentation solide, vous pouvez aussi remplacer une tétée par une collation nutritive.

La grève de la tétée

En général, un bébé qui refuse subitement de boire au sein n’est pas en train de se sevrer. Il s’agit plus probablement d’une « grève de la tétée ». Voir son bébé refuser le sein est sans aucun doute une situation qui peut être troublante et angoissante pour une mère qui allaite.

Des épisodes de refus du sein et les « grèves de la tétée » ne sont pas rares et peuvent survenir à différents moments au cours de l’allaitement. Si elles ne sont pas confondues avec un sevrage, les grèves de la tétée finissent généralement par se résoudre. Parfois, il est possible de trouver la cause de la grève de la tétée et d’y remédier. Dans d’autres cas, la cause demeure inconnue, mais il est possible de mettre fin à la grève de la tétée en consacrant un peu plus de temps et d’attention à son bébé.

Pourquoi un bébé fait-il la grève de la tétée?

Un bébé peut faire une grève de la tétée pour différentes raisons :

• Il peut avoir une affection : rhume et nez bouché, poussée d’une dent, otite, muguet, etc.
• Il est particulièrement sensible à l’humeur de l’entourage et peut faire une grève de la tétée si le climat est trop chargé émotivement (ex. : conflits familiaux) ou si la famille est trop occupée (ex. : par un déménagement).
• Il franchit une étape dans son développement et il est tellement occupé par ses nouvelles découvertes qu’il se désintéresse temporairement du sein.
• Sa mère a changé son régime alimentaire, son savon ou son déodorant. Le début des règles de sa mère peut aussi être en cause.

Comment encourager votre bébé à reprendre l’allaitement?

• Faites de la période de l’allaitement un moment spécial et calme. Réduisez les distractions au minimum.
• Cajolez et réconfortez votre bébé le plus possible. Favorisez le contact peau à peau. Prenez un bain avec votre bébé.
• Tentez d’allaiter votre bébé lorsqu’il est sur le point de s’endormir ou qu’il vient de se réveiller.
• Offrez le sein fréquemment, dans différentes positions. Offrez chaque sein en alternance ou allaitez dans différentes pièces. Allaitez en marchant.

Si la grève se prolonge plus d’un jour ou deux, exprimez régulièrement votre lait, autant pour éviter l’engorgement que pour entretenir la production de lait. Vous pouvez aussi consulter une personne-ressource en allaitement. Un professionnel de la santé peut aussi évaluer votre bébé afin de s’assurer qu’aucune maladie n’est en cause.

Faut-il que j’arrête d’allaiter si je dois prendre des médicaments?

La plupart des médicaments se retrouvent dans le lait maternel, mais en très faible quantité. Certains médicaments sont toutefois un meilleur choix parce que l’on possède plus d’information sur leur utilisation pendant l’allaitement. Plusieurs médicaments peuvent ainsi être utilisés pendant l’allaitement, comme l’acétaminophène, l’ibuprofène et la plupart des antibiotiques.

Avant de prendre un médicament ou un produit de santé naturel, discutez-en avec un professionnel de la santé (pharmacien, médecin, infirmière). Certains médicaments peuvent diminuer la production de lait (ex. : décongestionnants qui contiennent de la pseudoéphédrine) ou causer d’autres problèmes.

Si un professionnel de la santé vous conseille d’arrêter l’allaitement pour prendre un médicament, dites-lui que l’allaitement est important pour vous et votre bébé. Demandez-lui aussi s’il est possible qu’il vous prescrive un autre médicament qui peut être pris pendant l’allaitement.

Sevrer bébé : comment arrêter l’allaitement sans engorgement?

• Procédez au sevrage graduellement pour éviter l’engorgement de vos seins et le risque de mastite.
• Quand vous ne sentirez plus d’engorgement (souvent après 3 ou 4 jours), remplacez une autre tétée, si vous le désirez. L’important est de ne pas éliminer deux tétées consécutives. Graduellement, vous remplacerez autant de tétées que vous le désirez.
• Malgré un sevrage graduel, votre production de lait peut vous causer un inconfort. Exprimez une petite quantité de lait (en pressant vos seins pour faire sortir un peu de lait) au moment de la tétée sautée pour vous soulager.
• Si, quelques jours après la dernière tétée, vous ressentez un engorgement, n’hésitez pas à exprimer un peu de lait ou à remettre votre bébé au sein pendant quelques minutes.
• Au cours des semaines qui suivent le sevrage complet, un léger écoulement de lait peut se produire lorsque vous voyez votre bébé, des objets lui appartenant ou lorsque vous pensez à lui.

Bébé ne veut pas être sevré

Si votre enfant refuse le biberon, le gobelet ou le verre, ne le forcez surtout pas à boire. Changez-lui plutôt les idées et réessayez quelques minutes plus tard. S’il refuse toujours, pensez à reporter le sevrage de quelques jours et, en attendant, raccourcissez la durée de chaque tétée. N’affamez toutefois pas votre bébé pour qu’il prenne le biberon.

Certains bébés refusent d’être sevrés ou doivent être sevrés rapidement (ex. : si leur mère est malade). Voici quelques astuces qui pourraient vous aider si c’est le cas de votre enfant.

• Au début, mettez votre lait maternel dans un biberon ou un gobelet.
• Proposez-lui le biberon ou le gobelet quand il est en forme et pas trop affamé.
• Réchauffez la tétine du biberon sous l’eau chaude pour recréer une illusion de chaleur humaine.
• Donnez le biberon dans des pièces, des positions et des moments (ex. : lors de la collation) qui ne sont pas associés à l’allaitement. Votre partenaire pourrait aussi le lui donner.
• Continuez à donner des caresses à votre enfant afin qu’il sente que ce n’est pas parce que vous le privez du sein que vous le priverez d’amour.

Est-ce possible de reprendre l’allaitement pendant ou après le sevrage?

Une fois le sevrage commencé, il est toujours possible de changer d’idée et de revenir à l’allaitement. Vous n’avez qu’à remettre votre bébé au sein plusieurs fois par jour pour stimuler votre production de lait.

Si le sevrage était terminé, recommencer l’allaitement pourrait être possible, mais vous aurez probablement besoin d’un soutien professionnel (ex. : consultante en lactation ou intervenante spécialisée en allaitement).

À retenir

• Il est important de procéder au sevrage graduellement pour ne pas brusquer votre bébé, mais aussi pour éviter l’engorgement de vos seins et le risque de mastite.
• Pour remplacer la tétée, vous devez donner du lait maternel congelé ou de la préparation pour nourrisson à votre bébé de moins de 9 mois. Par la suite, vous pouvez lui donner du lait de vache homogénéisé à 3,25 % de matières grasses, à condition qu’il ait un menu varié et qu’il mange suffisamment d’aliments riches en fer.
• Si votre bébé ne veut pas boire au biberon, au gobelet ou au verre, ne le forcez pas. De même, ne l’affamez pas pour qu’il finisse par accepter.

Révision scientifique : Louise Godin, infirmière bachelière et consultante en lactation IBCLC Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Décembre 2020

Photos : GettyImages/Tassii, NickyLloyd et svetikd