La césarienne

La césarienne
Je visualisais l’accouchement depuis longtemps et le scénario qui suit ne faisait pas partie de mon film.

La césarienne. J’ai tourné les pages du chapitre de mon livre sur le sujet sans même y jeter un coup d’œil. J’ai eu mon premier enfant naturellement et rien ne laissait présager que ça allait être différent pour le deuxième. En fait, je ne m’étais pas préparée à cette éventualité. Je visualisais l’accouchement depuis longtemps et le scénario qui suit ne faisait pas partie de mon film.

Des heures de contractions intenses, une dilatation qui stagnait à 6, un col dur et enflé et le coeur du bébé qui en subissait les contrecoups chaque fois; ça sentait le bistouri même si mon cerveau en rejetait l’idée. Quand le verdict est tombé, que pour la santé du bébé et la mienne il valait mieux procéder à l’option B, j’ai ressenti un frisson de panique envahir mon corps.

Je n’ai pas vraiment entendu les explications qui ont suivi. J’en voulais à Lynda Lemay de ne pas avoir écrit une chanson sur le sujet que j’aurais écoutée en boucle, histoire de contrôler ce sentiment naturel de peur face à l’inconnu. Pendant qu’on me roulait jusqu’à la salle opératoire, je ne pensais qu’aux possibles complications. Après avoir passé la journée dans le calme de la chambre, tout se déroulait maintenant vitesse grand V. J’avais l’impression d’être dans une scène de Grey’s Anatomy!

Mon deuxième choc fut d’avoir les bras immobilisés par des sangles aux poignets, car apparemment, j’allais être secouée de tremblements intenses en raison des médicaments injectés pour anesthésier le bas de mon corps. Je dirais que si ce n’avait été de ces secousses sismiques corporelles incontrôlables que j’évaluerais à 9 sur l’échelle St-Denis, je crois que j’aurais pu « profiter » du moment un peu plus sereinement. Difficile aussi pour l’amoureux qui tente tant bien que mal de me rassurer.

Puis, le petit miracle s’est présenté au-dessus du drap vertical, sans décompte pour annoncer son arrivée, et aussi tremblotant que moi. J’avais de la difficulté à garder les yeux ouverts si bien que quand le visage de petit homme fut collé contre ma joue, j’ai eu l’impression de vivre le moment à moitié malgré tout le bonheur ressenti. Le « peau à peau » m’a aussi manqué, mais nous nous sommes repris moins d’une demi-heure plus tard en salle de réveil. L’important était là dans mes bras, en pleine santé.

Reste que j’aurais aimé une conclusion différente pour cette dernière grossesse. Un quatrième garçon, mais un premier à nous deux. Nous avions tellement hâte de vivre ces moments uniques et magiques, comme un baume sur les montagnes russes d’émotions des derniers mois : l’annonce de jumelles à jumeaux, la perte d’un des bébés, la possibilité de séquelles neurologiques sur l’autre. Mais au-delà des agrafes et de la rétention d’eau, notre bonheur est immense et l’expérience que j’en retire est positive en plus de m’avoir donné une leçon : l’importance de ne pas sauter de chapitre!

 

15 avril 2016

Naître et grandir

Photo : Collection personnelle, Carole St-Denis

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