Le sentiment de compétence parentale

Une mère ou un père peut avoir du mal à se faire confiance ainsi qu’à se sentir à la hauteur et satisfait dans son rôle de parent. Développer un sentiment de compétence parentale permet aux parents de bien jouer leur rôle et d’en retirer de la satisfaction. Mais cela ne veut surtout pas dire que vous devez être un parent parfait.

Qu’est-ce que le sentiment de compétence parentale?

Le sentiment de compétence parentale est la perception qu’a un parent de ses habiletés à s’occuper de son enfant. Cette perception représente sa confiance en ses capacités d’être une bonne mère ou un bon père.

Deux dimensions sont importantes pour mesurer le sentiment de compétence parentale :

• L’efficacité parentale
  Le sentiment d’efficacité représente la confiance du parent en ses habiletés à répondre aux besoins de son enfant. Il représente aussi sa capacité à résoudre des problèmes liés à sa vie de parent.
• La satisfaction parentale
  Le sentiment de satisfaction est le degré de valorisation du parent quand il exerce son rôle auprès de son enfant.

Ces deux dimensions sont souvent liées l’une à l’autre. Quand un parent se sent efficace, il se sent satisfait dans son rôle parental. L’inverse est aussi vrai. Un parent qui se sent peu efficace aura l’impression que son rôle de parent n’est pas gratifiant ni satisfaisant.

C’est important pour un parent de se faire confiance. Un parent ayant un bon sentiment de compétence sera mieux préparé pour faire face aux défis quotidiens liés à l’éducation de son enfant. Il décidera et agira aussi plus facilement lorsque de nouveaux défis se présenteront à mesure que son enfant grandira. De plus, un bon sentiment de compétence parentale favorise une bonne relation entre le parent et son enfant.

Comment se construit le sentiment de compétence parentale?

Chez plusieurs parents, le sentiment de compétence parentale commence à se développer avant même la naissance de l’enfant. Pour d’autres, le sentiment de compétence parentale commence à se construire lorsque l’enfant naît et qu’ils peuvent interagir directement avec lui.

Avant la naissance du bébé

Pour une femme qui vit sa première grossesse, porter son enfant peut contribuer au développement du sentiment de compétence parentale. En effet, la grossesse vient avec plusieurs responsabilités. La femme enceinte doit, par exemple, prendre soin d’elle, bien manger, bouger et se reposer. Elle doit aussi être à l’écoute des réactions de son corps.

Pour la femme ayant déjà vécu une grossesse, porter à nouveau un enfant permet de retrouver des repères connus. Ces repères renforcent alors son sentiment de compétence parentale. Ils l’aident aussi à explorer de nouvelles façons de faire pour se sentir plus confiante et en contrôle. Par exemple, la femme pourrait mieux exprimer ses besoins. Elle pourrait aussi changer le type d’accompagnement pour le suivi prénatal ou s’engager dans de nouvelles activités.

Le père ou l’autre parent peut aussi commencer à se sentir compétent dès la grossesse de sa partenaire, s’il s’engage dans le projet. Il peut par exemple le faire en prenant soin de sa partenaire enceinte. Il peut aussi s’intéresser à ce qu’elle vit et au développement du bébé dans son ventre.

Le sentiment de compétence du père ou de l’autre parent pendant la grossesse dépend aussi de la manière dont il conçoit le rôle de parent. Ce sentiment se construit à partir de ses décisions et des actions qu’il pose pour faire de la place à ce nouveau rôle dans sa vie, par exemple :

• négocier avec son employeur ou ses collègues pour préparer son congé parental;
• rénover le domicile pour faire de la place au nouvel enfant;
• discuter avec d’autres pères de leur expérience pendant la grossesse.

Lorsque le père ou l’autre parent a déjà des enfants, les expériences précédentes permettent de renforcer le sentiment de compétence.

Les deux parents développent aussi ensemble leur sentiment de compétence en faisant une place à la venue du bébé dans leur vie. Plusieurs actions permettent d’y arriver, par exemple :

• imaginer leur enfant et discuter de ce qu’ils feront plus tard avec lui;
• se représenter la manière dont ils souhaitent être parents et la place que l’enfant occupera dans la famille;
• aller ensemble aux rendez-vous de suivi de grossesse;
• préparer à deux la chambre du bébé;
• rédiger le plan de naissance;
• discuter de la conciliation famille-travail.

Le sentiment de compétence se développe aussi dans le regard bienveillant de l’autre parent. Par exemple, un parent peut commencer à développer un sentiment de compétence parentale si son ou sa partenaire lui fait sentir qu’il fera bien les choses et qu’il sera un bon parent.

Après la naissance du bébé

Le sentiment de compétence parentale continue de se développer après la naissance du bébé. Les réactions positives du bébé lorsque ses parents en prennent soin contribuent au développement du sentiment de compétence, par exemple :

• quand le bébé exprime un état de calme dans les bras de son parent;
• lorsqu’un sourire spontané apparaît sur le visage du tout-petit à la vue de son parent;
• si le bébé cesse de pleurer lorsqu’il est bercé par son parent ou qu’il entend sa voix;
• quand le bébé émet des vocalises spontanées en interagissant avec son parent.

Par ses réactions positives, le bébé montre à ses parents qu’il apprécie ce qu’ils font. Leur sentiment de compétence est ainsi renforcé.

À l’inverse, l’incapacité d’un parent à calmer son bébé qui pleure peut nuire au sentiment de compétence parentale. Le parent peut alors penser qu’il n’est pas un bon père ou une bonne mère. Il peut aussi croire que son bébé est difficile à satisfaire.

Le sentiment de compétence parentale peut changer d’une journée à l’autre. Par exemple, un parent peut remettre en question ses compétences s’il a passé une mauvaise journée avec son enfant.

Qu’est-ce qui favorise un bon sentiment de compétence parentale?

Pour vous sentir compétent comme parent, vous devez d’abord vous voir comme une personne capable d’apprendre. Vous devez aussi avoir une bonne estime de soi. En d’autres mots, vous devez croire en vos capacités et connaître vos forces et vos limites.

Voici d’autres facteurs qui favorisent le développement du sentiment de compétence parentale :

Une bonne communication peut vous aider à relever les défis du quotidien. 

• Avoir des attentes réalistes par rapport à votre rôle de parent. Appliquez-vous à bien faire les choses, mais soyez réaliste. Donnez-vous le droit de faire des essais et des erreurs, et même parfois de vous sentir dépassé par les événements.
• Avoir le soutien de l’autre parent et sentir qu’il ou elle a confiance en vos habiletés parentales.
• Avoir un bon réseau et du soutien. Vous sentirez ainsi plus facilement que votre entourage croit en vos compétences parentales et qu’il peut vous aider au besoin.
• Avoir autour de vous des modèles de parents qui se sentent compétents.
• Avoir vécu des expériences positives avec des enfants avant même de devenir parent. Vous aurez ainsi plus confiance en vos compétences parentales. Vous vous rappellerez aussi qu’il est normal d’éprouver à l’occasion certaines difficultés.
• Être en contact avec d’autres parents. Vous pourrez ainsi discuter de votre expérience de parent et partager avec eux vos doutes et vos trucs. Parler avec d’autres parents est rassurant et encourageant. Cela permet de renforcer vos habiletés, et donc de vous sentir plus compétent.

Pour trouver d’autres conseils, consultez notre fiche Comment se faire confiance comme parent.

Qu’est-ce qui nuit au sentiment de compétence parentale?

Normalement, le sentiment de compétence des parents leur permet de faire face aux défis de la vie quotidienne. Il leur permet aussi de rebondir, au besoin. Certains facteurs peuvent cependant ébranler le sentiment de compétence parentale, particulièrement s’ils sont intenses et présents sur une longue période.

Voici quelques-uns des facteurs qui peuvent nuire à votre sentiment de compétence parentale :

• Ne pas avoir le soutien et la confiance de votre partenaire. Cela peut, par exemple, se traduire par des critiques de votre partenaire ou par une indifférence de sa part.
• Vivre du stress. Des recherches ont démontré un lien entre le stress vécu par les parents et le sentiment de compétence parentale. Le stress, ou l’accumulation de stress, peut diminuer votre sentiment de compétence parentale. Lorsque vous êtes stressé, vous pouvez vous sentir moins disponible et efficace avec votre tout-petit. Cela peut se produire, peu importe la ou les sources de stress (ex. : difficultés financières, maladie, perte d’emploi, problèmes au travail, séparation, deuil).
• Sentir de la pression des gens de votre entourage. Vous pourriez ressentir de la pression si vous recevez des conseils non sollicités de la part d’un proche. Ou si vos proches critiquent vos actions en disant, par exemple : « Tu devrais faire comme cela » ou « Il ne faudrait pas que tu prennes ton bébé chaque fois qu’il pleure ».
• Avoir du mal à concilier la famille, le travail et la vie personnelle. Les défis de conciliation de vos différents rôles (parent, ami, partenaire de vie, travailleur) peuvent nuire au sentiment de compétence. Ce peut être le cas si vous ressentez que vous sacrifiez une trop grande partie de vous-même dans votre rôle de parent. Ou encore si vous avez l’impression que vos responsabilités parentales interfèrent avec votre réseau d’amis.
• Se mettre beaucoup de pression pour être un parent parfait. Certains parents veulent, par exemple, être parfaits dans l’éducation de leur enfant. Ils s’imposent alors des normes inatteignables, ce qui les amène à se sentir incompétents.
• Avoir un enfant malade ou qui présente des besoins particuliers. Ces situations peuvent diminuer le sentiment de compétence parentale, même si elles n’ont rien à voir avec le parent. Par exemple, le regard de certains intervenants (éducatrice, médecin, infirmière, enseignant, etc.) sur l’enfant peut amener un parent à se sentir jugé et coupable de la situation.

Comment augmenter votre sentiment de compétence?

Extrait de la conférence Retrouver son sentiment de compétence parentale, par France Paradis.

Si vous ne vous sentez pas compétent comme parent, assurez-vous d’en parler et d’aller chercher de l’aide.

Tournez-vous d’abord vers votre partenaire, puisqu’il ou elle est généralement la personne la plus présente et complice dans votre quotidien. Votre partenaire peut, par exemple, vous aider en vous renvoyant une image positive de vous. Votre partenaire peut aussi vous dire qu’il ou elle approuve vos gestes et a confiance en vos compétences parentales.

Prendre le temps de parler de ce que vous vivez avec un proche peut aussi faire du bien. Mettre des mots sur vos doutes peut vous aider à prendre du recul. Vous aurez ainsi plus de facilité à reprendre confiance en vos habiletés parentales.

Certains organismes communautaires liés à la famille (ex. : maisons de la famille) offrent des ateliers de rencontre et de discussion pour les parents. Participer à ce genre d’activité pourrait aussi vous aider à vous sentir plus compétent en tant que parent.

À retenir

• Le sentiment de compétence parentale représente la confiance d’un parent en ses habiletés à être une bonne mère ou un bon père. Il représente aussi la satisfaction qu’il tire en exerçant son rôle de parent.
• Avoir le soutien et la confiance de l’autre parent et de l’entourage aide à développer un bon sentiment de compétence parentale.
• Vous pouvez améliorer votre confiance en vos habiletés parentales en partageant vos expériences, vos doutes et vos inquiétudes avec votre partenaire et d’autres parents.

Révision scientifique : Carl Lacharité, psychologue, professeur émérite de psychologie de l’enfant et de la famille, et chercheur au Centre d’études interdisciplinaires sur le développement de l’enfant et la famille, Université du Québec à Trois-Rivières Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Février 2025

Photos : GettyImages/svetikd et Dragos Condrea