L’essoufflement des parents face à l’action climatique

L’essoufflement des parents face à l’action climatique
L’essoufflement des parents face à l’action climatique
Des données indiquent que les parents seraient moins motivés à se mobiliser pour le climat.

17 avril 2025 | Même si 82 % de la population québécoise reconnaît l’urgence climatique, on assiste à un essoufflement des actions individuelles pour l’environnement. C’est ce qu’indique le dernier Baromètre de l’action climatique. Et les données laissent à penser que les parents seraient parmi les moins optimistes et les moins engagés. Pourquoi?

Conçu par le Groupe de recherche sur la communication climatique de l’Université Laval, le Baromètre de l’action climatique* en est à sa 6e édition. Parmi les principaux constats de la dernière année : la proportion de la population qui désire en faire plus pour l’environnement diminue et celle qui déclare déjà faire tout ce qu’elle peut au quotidien augmente.

Les 35 à 44 ans : moins motivés à agir pour le climat

Encore cette année, le rapport montre que la tranche d’âge des 35 à 44 ans est la plus pessimiste et la plus désengagée face à l’action climatique. En effet, les personnes de cette tranche d’âge sont proportionnellement moins nombreuses à poser des gestes pour le climat au quotidien, comparativement aux autres tranches d’âge sondées. Par exemple, elles sont moins nombreuses à privilégier les produits locaux, à composter, à minimiser leur consommation de viande, à réduire leur utilisation d’un véhicule à essence et à opter pour des produits réutilisables plutôt que jetables.

Les 35-44 ans sont aussi plus nombreux à dire être fatigués d’entendre parler des changements climatiques. Par exemple, 42 % déclarent cette fatigue comparativement à 34 % des personnes sondées.

Des parents trop occupés pour s’engager?

Clémence Lalloz est directrice générale de Futur Simple, la coopérative sans but lucratif qui soutient la production du Baromètre et qui a fondé le média d’action climatique Unpointcinq. Elle note que cette fatigue environnementale des 35-44 ans est ressortie dans les six éditions du Baromètre. « Ça nous fait penser que la charge mentale des personnes de 35 à 44 ans, dont une grande partie a des enfants, ne laisse pas de place à l’action climatique », avance-t-elle.

« C’est clair que la charge mentale des gens dans cette tranche d’âge est très élevée. Certains ne peuvent pas en mettre plus dans leur agenda. Mais, pour d’autres, avoir des enfants déclenchera une envie d’agir », nuance de son côté Laure Waridel, écosociologue et professeure associée à l’Université du Québec à Montréal.

Les mères au front pour l’environnement

Laure Waridel a aussi cofondé Mères au Front, un mouvement qui se mobilise pour la protection de l’environnement. Elle souligne que ce sont souvent les mères qui assument la plus grande partie des efforts écologiques à la maison. « Beaucoup de choix de consommation liés à la famille reposent sur les mères », fait-elle valoir. On n’a qu’à penser à l’épicerie, à la préparation des repas et des lunchs de même qu’au choix des vêtements. En effet, même si les couples se partagent mieux les tâches domestiques, les mères prennent encore une grande partie des responsabilités sur leurs épaules.

De plus, selon le Baromètre, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à vouloir en faire plus pour l’environnement (72 % c. 61 %) et à reconnaître l’urgence d’agir (85 % c. 78 %). Cette volonté d’agir jumelée à l’accumulation des tâches familiales peut rapidement venir alourdir la charge des mères.

Il y a toutefois moyen d’alléger la charge environnementale des parents, selon Laure Waridel et Clémence Lalloz. Voici des idées pour y arriver :

  • Discuter en famille des questions environnementales afin que les deux parents et les enfants se sentent sensibilisés.
  • Déterminer les gestes qui peuvent être posés au quotidien par la famille pour le climat.
  • Mieux répartir les responsabilités entre les deux parents.
  • Faire participer les enfants le plus possible (ex. : dans le tri des déchets).

Des conseils pour encourager les parents

L’impression de devoir en faire plus sans en être capables peut entraîner un sentiment d’impuissance chez les parents. « Les familles qui manquent de temps peuvent opter pour seulement un ou deux gestes, en choisissant ceux qui ont plus de poids pour le climat », propose Clémence Lalloz. Le gaspillage alimentaire, la consommation de viande (surtout la viande rouge) et les voyages en avion sont des exemples de gestes individuels avec un très fort impact. « Sans compter les économies d’argent qu’ils peuvent représenter », ajoute-t-elle.

Pour d’autres idées de gestes concrets à poser pour l’environnement, consultez notre texte 20 gestes pour l’environnement.

La directrice de Futur Simple souhaite envoyer un message d’empathie aux parents. « Il y a des moments dans notre vie où l’on est moins disponible pour poser des gestes, dit-elle. L’important, c’est de réfléchir à ce que l’on peut faire différemment. Et voir, au fur et à mesure que notre enfant grandit, s’il y a des actions qui pourraient redevenir accessibles. »

Réduire son empreinte écologique peut parfois complexifier la vie des parents, reconnaît Laure Waridel. « Mais, en même temps, ça peut la rendre meilleure, et de loin, dit-elle. Les meilleurs gestes pour l’environnement sont aussi les meilleurs gestes pour notre santé physique et mentale et celle de nos enfants. »

L’essoufflement climatique des 35-44 ans en chiffres

Voici en bref quelques résultats du Baromètre de l’action climatique qui illustrent la fatigue environnementale des 35-44 ans :
  • 59 % des personnes sondées dans cette tranche d’âge se disent très préoccupées par les problèmes environnementaux. Cette proportion s’élève à 67 % pour l’ensemble de la population sondée.
  • 77 % déclarent déjà poser des gestes pour le climat, comparativement à 83 % de la population.
  • 31 % trouvent ça trop compliqué d’agir pour le climat, comparativement à 25 % de la population qui pensent la même chose.

* Les résultats du Baromètre de l’action climatique 2024 proviennent d’une enquête réalisée en ligne du 17 septembre au 12 octobre 2024 auprès de 2 513 personnes âgées de 18 ans et plus et vivant au Québec.

Amélie Cournoyer – Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

Photos : GettyImages/LeManna et JohnnyGreig

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