Allaitement: valoriser le rôle des pères

Allaitement: valoriser le rôle des pères
Allaitement: valoriser le rôle des pères

Cette nouvelle fait partie de nos archives. Il se peut que son contenu ne soit pas à jour.


Les pères ont un rôle important à jouer durant l’allaitement. Comment mieux les inclure et les rejoindre.

30 novembre 2021 | Lorsque vient le temps de parler d’allaitement, notre attention se tourne naturellement vers les mères et leur bébé. Les pères peuvent donc avoir de la difficulté à trouver leur place dans cette relation. Comment mieux valoriser leur rôle?

Cette question a fait l’objet d’une discussion lors des Journées annuelles de santé publique qui se tenaient virtuellement les 24 et 25 novembre derniers.

Francine de Montigny, professeure à l’Université du Québec en Outaouais, explique comment elle a interrogé plusieurs pères pour mieux comprendre leur expérience de l’allaitement. « Les pères nous parlent du défi de trouver leur place dans le processus de décision concernant le mode d’alimentation de l’enfant », observe-t-elle. Certains considèrent important d’exprimer leur opinion. D’autres vont plutôt privilégier le choix de la mère. Enfin, certains se retireront carrément de la discussion.

« Quand on discute du mode d’alimentation du bébé, le père peut vite se sentir exclu, explique Kim Couture, directrice de MAM, un organisme communautaire qui oeuvre dans le domaine de la périnatalité. Il ne veut pas faire pression sur la mère, alors il reste parfois à l’écart. Cela peut nous laisser croire qu’il se désengage. Et si on allait chercher son avis en lui demandant ce qu’il en pense? »

Répondre aux autres besoins du bébé

Francine de Montigny a également remarqué que plusieurs pères semblent vouloir compenser le fait qu’ils ne peuvent pas allaiter. « Ce qui est particulier, c’est que les pères dont la conjointe allaite font plusieurs choses pour la soutenir, mais ils ont l’impression que ce qu’ils font n’est pas aussi important. »

Selon elle, ce que les pères retiennent des campagnes de promotion, c’est l’importance de l’allaitement pour le développement du bébé. « Il faut faire contrepoids et leur expliquer quels sont les autres besoins de l’enfant et comment ils peuvent y répondre, insiste-t-elle. Par exemple, il faut leur dire que lorsqu’ils montrent à leur bébé comment faire la grenouille sur le plancher, ils l’aident à développer sa motricité. Quand ils lui racontent une histoire, ils enrichissent son langage et quand ils lui chantent une chanson, ils le réconfortent. »

« On souligne souvent le rôle de soutien du père à la maison, ajoute Ghislaine Reid, consultante en lactation IBCLC. Cependant, sortir les poubelles et changer les couches, ce n’est pas toujours vu très positivement par les pères. Pourtant, ils peuvent faire tellement plus : masser le bébé, le bercer, faire du peau à peau. Il ne faut pas perdre cela de vue. »

Mieux inclure et rejoindre les pères

Jessica Archambault est infirmière et rencontre les nouveaux parents lors du suivi postnatal. « Les papas sont presque toujours présents, remarque-t-elle. Ils sont impliqués et posent beaucoup de questions. Ils sont très à l’écoute et veulent aider. »

Il est donc important de mieux les inclure lors des rencontres prénatales ou dans les groupes de soutien. Par exemple, le format des rencontres a un effet sur la participation des pères. « Nous avons une bonne participation dans nos ateliers prénataux qui sont en mode virtuel, remarque Sophie Morel de Nourri-Source Montréal. Ça se passe le soir ou la fin de semaine, alors c’est plus facile. Après la naissance, on perd les pères parce qu’ils retournent travailler et la majorité de nos activités sont de jour pendant la semaine et destinées aux mères. »

Au-delà de l’horaire, un effort doit être fait pour que les pères se sentent à leur place dans les rencontres. « Les pères se présentent moins aux cours prénataux sur l’allaitement avec la pensée que ça ne les concerne pas puisque ce n’est pas eux qui vont allaiter, note Mirabelle Lavoie, sage-femme. L’allaitement est considéré comme une responsabilité féminine. »

Le père peut aussi se sentir inutile ou impuissant concernant l’allaitement, fait remarquer Kim Couture. « Pourtant, il veut faire quelque chose de concret pour soutenir la mère. Il est dans l’action. Par exemple, c’est souvent lui qui vient louer un tire-lait quand ça va moins bien. Alors, pourquoi ne pas jaser avec lui? On peut lui rappeler qu’il forme une belle équipe avec sa blonde et que ce qu’il fait est très aidant pour elle. On peut lui demander comment il va et ce qu’il trouve le plus difficile. »

Dans certains organismes de soutien, on développe d’ailleurs des stratégies pour rejoindre davantage les pères. « Nous avons embauché un intervenant masculin pour faire la co-animation dans les rencontres prénatales, souligne Karine Hébert du Centre périnatal Le Berceau. Depuis, nous avons près de 95 % des pères qui sont présents dans les rencontres. On voit même un effet dans la fréquentation globale des activités de l’organisme. Davantage de couples s’inscrivent aux activités et ce sont des couples qui étaient aux rencontres prénatales ensemble. »

L’allaitement au Québec en statistiques

  • Environ 89 % des mères québécoises ont tenté d’allaiter leur dernier enfant en 2017-2018.
  • La proportion de mères qui allaitent leur bébé diminue rapidement pendant la première année de vie de l’enfant, passant de 95 % à 1 semaine à 70 % à 3 mois et à 56 % à 6 mois.
  • Les principales raisons données par les mères pour expliquer qu’elles n’allaitent plus leur dernier enfant sont : le manque de lait maternel, l’impression que l’enfant était prêt pour des aliments solides et le fait d’être incommodée ou fatiguée par l’allaitement.
  • 10 % des mères n’ont pas utilisé les services de soutien à l’allaitement parce qu’elles ne connaissaient pas l’existence de ces services.

 

Kathleen Couillard – Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/Aja Koska

Partager