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La résilience est une habileté qui se développe. Voyez comment aider votre enfant à devenir plus résilient?
21 mai 2021 | Depuis le début de la pandémie, les enfants font face à de nombreux changements. C’est notamment grâce à la résilience qu’ils réussissent à s’adapter à la situation. Voyez comment aider votre enfant à développer cette habileté.
La résilience, c’est la capacité à s’adapter et à rebondir malgré les situations difficiles. Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue clinicienne et professeure associée à l’UQAM, ajoute que la résilience représente aussi la capacité de se montrer flexible par rapport aux changements qui surviennent. « C’est une habileté qui se construit à mesure que l’on vit des changements, des échecs, des épreuves ou des événements stressants, dit-elle. Notre façon de gérer ces situations nous aide à développer de la résilience. »
Cette compétence ne vient pas automatiquement, les enfants ont besoin de soutien pour développer leur résilience. Les parents ont donc un rôle important à jouer pour leur montrer qu’ils peuvent affronter des défis.
Pourquoi est-ce important de développer la résilience?
« On sera confronté toute notre vie à des événements de stress ou à des difficultés, mentionne Nathalie Parent, psychologue, autrice et conférencière. Quand on sent à l’intérieur de soi que l’on a la capacité d’affronter divers événements et de s’en sortir, on développe un sentiment de sécurité et de confiance face à soi et face à la vie. » Apprendre à son enfant à devenir résilient, c’est donc un moyen de l’aider à faire son chemin dans la vie.
Avoir une bonne résilience comporte en effet plusieurs bienfaits utiles pour toute la vie. Par exemple, un enfant résilient démontre généralement plus de facilité à résoudre des problèmes. « Un enfant qui arrive à faire face à des difficultés sera moins anxieux quand un problème se présente à lui, note Geneviève Beaulieu-Pelletier. Il sera davantage disposé à trouver des solutions. »
La résilience est également associée à la prévention de problèmes de santé mentale comme l’anxiété et la dépression.
La résilience a aussi des bienfaits sur le comportement d’un tout-petit. Plus un enfant a une bonne résilience, plus il arrive à gérer ses émotions et moins il est désorganisé devant une situation difficile. De plus, la résilience permet d’avoir des relations positives avec les autres, ce qui amène d’autres avantages. « Avoir un réseau social positif favorise la confiance en soi, le sentiment d’appartenance et de sécurité, note Geneviève Beaulieu-Pelletier. Un enfant résilient qui a confiance en ses capacités dépend moins des autres et devient aussi plus autonome. » À long terme, toutes ces caractéristiques représentent des atouts pour l’école et la persévérance scolaire.
Des contextes qui favorisent la résilience
Dès la petite enfance, vivre dans un milieu sécurisant et aimant est un facteur de protection pour aider un tout-petit à développer une bonne capacité à affronter les épreuves. « Mais même un enfant qui vit dans une famille inadéquate peut devenir résilient, nuance Nathalie Parent. Le simple fait d’avoir une relation significative avec une personne qui a regard positif sur lui peut donner la capacité de résilience à un enfant. » La psychologue mentionne qu’une relation chaleureuse par exemple avec une éducatrice ou un grand-parent peut créer une force de résilience chez un tout-petit.
Les forces personnelles de l’enfant ont aussi un impact. Ainsi, un tout-petit qui a de bonnes habiletés sociales, qui a appris à contrôler ses impulsions et qui a développé une capacité de raisonnement a plus de facilité à s’adapter aux changements et à faire face aux défis.
L’importance de vivre quelques difficultésUn parent très protecteur qui ne laisse jamais son enfant vivre des difficultés ne l’aide pas à devenir résilient. L’enfant doit faire face à de petits défis pour apprendre à les affronter. « Il ne faut pas éviter à tout prix que notre enfant souffre devant une difficulté, avertit Nathalie Parent. L’important, c’est d’être à côté de lui pour l’accompagner au lieu de faire à sa place. Quand une chicane entre frère et soeur survient, au lieu de protéger le plus jeune, par exemple, on peut l’accompagner dans la résolution du conflit. Lui dire : "Qu’est-ce que tu n’as pas aimé, tu peux le dire". Mieux vaut l’aider à se défendre plutôt que le défendre à sa place. » |
11 façons d’améliorer la résilience de votre enfant
- Soyez à l’écoute de ce que vit votre enfant. « Cela lui montre que vous tenez à lui, explique Geneviève Beaulieu-Pelletier. Il voit que vous le comprenez ou que vous essayez de le comprendre. » Quand il se sent aimé, compris et accepté, l’enfant développe sa confiance. Il devient alors plus facile pour lui de traverser des moments difficiles.
- Aidez-le à gérer ses émotions. Vous pouvez l’aider à mettre des mots sur ce qu’il ressent et à voir comment il peut agir avec cette émotion. « L’enfant peut se sentir jaloux de son bébé frère, dit Nathalie Parent. C’est correct de nommer la jalousie et de se sentir jaloux, mais il doit apprendre qu’il ne peut pas faire mal à son petit frère parce qu’il est jaloux. » Même chose s’il est en colère, vous pouvez lui apprendre à dire pourquoi il est fâché et lui montrer ensuite des façons de se calmer, par exemple en prenant de grandes respirations.
- Établissez des limites et des règles claires. « C’est important de ne pas toujours lui dire oui, note Nathalie Parent. Votre enfant doit apprendre à tolérer une petite frustration comme se faire dire non. » Les règles et les limites favorisent un meilleur autocontrôle de ses émotions et de ses comportements.
- Soutenez son autonomie. « Laissez-le prendre des initiatives et faire des choix, suggère Geneviève Beaulieu-Pelletier. Même si ça peut vous sembler bizarre ou si vous savez que son idée ne fonctionnera pas. S’il vit un petit échec, il apprendra de cette expérience. » Donnez-lui aussi la chance de persévérer devant un défi. Par exemple, s’il a du mal à monter sa fermeture éclair, laissez-le se débrouiller un peu avant de lui proposer de l’aide.
- Stimulez sa créativité. « C’est grâce à la créativité qu’il pourra trouver des solutions aux problèmes qu’il rencontre, dit Nathalie Parent. Encouragez par exemple le dessin libre, les jeux de rôle, le bricolage et les jeux de construction. »
- Laissez-le s’ennuyer. Cela l’oblige à puiser dans ses ressources personnelles pour régler un problème (ex. : inventer un jeu pour s’occuper). Pour faire place à l’ennui, Nathalie Parent conseille aux parents de limiter le temps passé sur les écrans et de prévoir du temps où rien n’est organisé pour l’enfant.
- Favorisez le jeu libre à l’extérieur. Ce type d’activités amènent l’enfant à prendre de petits risques, à résoudre des problèmes et à faire face à certaines peurs. Lorsqu’il joue dehors, votre tout-petit s’essaie par exemple à monter sur une roche, à grimper dans un arbre ou à jouer dans la boue.
- Encouragez votre tout-petit à essayer de nouvelles activités. Il peut s’agir par exemple de faire du canot pour la première fois ou d’essayer une tyrolienne au parc. S’il a peur, rappelez-lui d’autres situations où il a su surmonter sa peur. Accompagnez-le pour le rassurer et veillez à le placer dans une situation où il a de bonnes chances de réussir. « Cela développe son sentiment de compétence et lui montre que la nouveauté, c’est intéressant », indique la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier.
- Stimulez la réflexion chez votre enfant. « Au lieu de lui donner des réponses toutes faites, posez-lui des questions, conseille Nathalie Parent. N’ayez pas peur de lui demander son avis. » Par exemple en revenant du parc, demandez-lui : « Connais-tu un autre chemin que l’on pourrait prendre pour arriver à la maison? »
- Utilisez l’humour pour dédramatiser les situations et faire baisser le stress. L’humour peut par exemple permettre à votre enfant de comprendre que sa réaction est exagérée ou que le problème n’est pas si grave qu’il en a l’air.
- Restez un bon modèle de résilience. « Quand vous faites face à une difficulté, nommez la situation et dites comment vous la vivez », indique Geneviève Beaulieu-Pelletier. Par exemple, si vous avez perdu votre emploi, vous pouvez dire que vous trouvez ça difficile et vous avez de la peine. « Quand c’est difficile, c’est important de le dire, ajoute la psychologue. On ne veut pas donner l’impression à l’enfant que tout est facile pour les adultes. » Dites aussi ce que vous allez faire pour trouver un autre emploi. En gardant une attitude positive, vous montrez à votre enfant que vous êtes capable de trouver des solutions même dans les moments difficiles.
RessourcesBâtir la résilience chez les jeunes enfants, pour les parents de jeunes enfants, de la naissance à l’âge de six ans. Meilleur départ. meilleurdepart.orgComment pouvons-nous améliorer la résilience chez les enfants?, Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants. enfant-encyclopédie.com. |
Julie Leduc – Naître et grandir
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