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Pas facile de faire bouger les enfants dans un contexte de pandémie. Voici quelques pistes.
11 juin 2020 | En même temps que le beau temps qui s’installe, les règles de confinement s’assouplissent peu à peu. Mais comment faire bouger les enfants dans un contexte où les consignes de distanciation demeurent?
Mère de sept enfants âgés de 3 à 21 ans, Mélanie Lafranchise avoue qu’arracher les enfants des écrans est un défi de tous les jours. « Il a fallu resserrer les règles, dit-elle. Dans les premières semaines de confinement, mon conjoint et moi avons remarqué que les enfants avaient une surcharge d’énergie! » Leur solution? Sortir le trampoline dans la cour… même si la température était moche à l’extérieur. « Au moins, ils pouvaient dépenser un peu leur énergie », confie Mélanie Lafranchise.
L’arrivée du beau temps a été accueillie comme une bénédiction par des milliers de familles au Québec. C’est d’ailleurs le cas de Nadia Furtado, mère de jumeaux de 4 ans. « Je mets plein de jouets dans la cour, des sceaux, des petites pelles, des camions, des blocs, des ballons, et je les laisse jouer pendant que je jardine pas loin », raconte-t-elle.
Patrick Cardinal n’a pas hésité à investir dans la cour, se doutant que la situation n’allait pas se régler rapidement. « J’ai acheté une petite piscine en plastique et j’ai construit un module de balançoires, dit-il. Je me suis dit que ça allait se rentabiliser très vite! » Ses trois filles de 4, 6 et 7 ans sont ravies : elles y passent de longues heures tous les jours.
Rouverts depuis peu, les parcs avec modules de jeux ont été pris d’assaut par les familles, qui n’avaient plus le droit d’y aller depuis mars. Cet été, les petits sportifs pourront se remettre à leurs activités sportives préférées. Le soccer, le baseball et le hockey, entre autres, seront permis à l’extérieur (à condition que la règle de deux mètres de distanciation soit respectée).
La Dre Mélanie Henderson, pédiatre au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, recommande de réserver des périodes pour l’activité physique. « Plusieurs choses ont empêché les enfants d’être actifs en début de pandémie, comme la perte de structure dans l’horaire, le fait d’avoir été confinés brusquement et d’avoir eu un printemps froid. C’est important d’essayer de garder un horaire, en prévoyant des heures de repas, de sommeil et d’activités physiques. »
Miser sur le jeu libre extérieur
Selon Claude Dugas, professeur en sciences de l’éducation physique à l’Université du Québec à Trois-Rivières, les familles doivent tenter, sans se mettre de pression, de profiter de toutes les occasions pour aller jouer et bouger dehors. « L’idée n’est pas d’en rajouter sur les épaules des parents, précise-t-il, mais d’exploiter ce qu’il y a autour de chez soi, dehors. Ça peut être le parc, le boisé, un espace vert, une ruelle ou la rue pour faire du vélo ».
Qu’on le laisse jouer seul ou qu’on l’accompagne, il vaut mieux laisser l’enfant jouer librement, dehors. Cela a beaucoup de valeur, souligne Claude Dugas. « C’est très important de permettre à l’enfant d’être autonome, de prendre des risques, dit-il. Le parent peut être un observateur et laisser l’enfant s’amuser, bouger, explorer. Il n’a pas à se sentir coupable, au contraire! C’est exactement ce qu’il faut faire. »
Donner accès à des objets variés
Outre les jeux de ballons, Claude Dugas propose de laisser à la disposition des enfants des boîtes de carton, des balles, des morceaux de bois, par exemple. « Les enfants peuvent bricoler quelque chose, sans que ce soit planifié, indique-t-il. Il ne faut pas oublier que comme parents, on n’a pas toujours la vision ni la pensée d’un enfant. » Autrement dit : là où les adultes voient des objets variés sans grand intérêt, les enfants peuvent imaginer tout un monde de possibilités.
Mère d’une fille de 3 ans et d’un garçon de 6 ans, Jessica Patricia Lacoste est professeure d’éducation physique au primaire. Pour faire bouger ses enfants, elle aime créer de petits parcours, à l’intérieur ou à l’extérieur de la maison. « Ça ne prend pas beaucoup de matériel, dit-elle. On crée un parcours en utilisant ce qu’on a à la maison, par exemple, on fait un zigzag du salon à la chambre et on place des obstacles, des choses à faire, comme grimper, lancer, sauter. » Une autre idée? On dessine un parcours à la craie dehors : une série de petits ronds dans lesquels il faut sauter, une ligne sur laquelle il faut marcher « en équilibre », une marelle…
L’objectif est que les enfants bougent. Ils ont besoin de faire une activité physique modérée à vigoureuse pendant une heure, chaque jour, rappelle la Dre Mélanie Henderson. « Ça veut dire que l’enfant doit avoir chaud, son coeur doit battre vite », dit-elle.
Pour d’autres idées pour faire bouger votre enfant, consultez notre répertoire d’activités.
Activité physique : quelles recommandations pour les enfants? Selon les Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures, les enfants doivent être actifs tous les jours, et plusieurs fois par jour. -
Tout-petits (1 à 2 ans)
Bouger : Au moins 180 minutes réparties au cours de la journée d’activités physiques de type et d’intensité variés comprenant du jeu énergique. Bouger plus, c’est encore mieux.
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Enfants d’âge préscolaire (3 à 4 ans)
Bouger : Au moins 180 minutes d’activités physiques variées réparties au cours de la journée, dont au moins 60 minutes de jeu énergique. Bouger plus, c’est encore mieux.
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Enfants d’âge scolaire (5 ans et plus)
Bouger : Plusieurs heures d’une variété d’activités physiques d’intensité légère structurées et non structurées.
Suer : Au moins 60 minutes par jour d’activité physique d’intensité moyenne à élevée comprenant une variété d’activités aérobies.
Source : Société canadienne de physiologie de l’exercice |
Maude Goyer – Naître et grandir
Photo : GettyImages/Hakase_