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Est-ce une bonne ou une mauvaise idée d’adopter un animal de compagnie pendant le confinement lié à la COVID-19? Notre journaliste a posé la question à différents experts.
8 avril 2020 | Confinées à la maison, plusieurs familles du Québec songent à adopter un nouvel animal de compagnie. Bonne ou mauvaise idée? Quels aspects sont à considérer? Quels sont les avantages et les inconvénients d’adopter en ce moment? Voici les explications et les conseils des experts que nous avons interrogés.
Dans plusieurs refuges du Québec, le nombre d’adoptions a explosé en tout début de pandémie, avant que les directives d’isolement et de confinement soient resserrées. « Il y a eu une importante hausse des demandes, jusqu’à 25 adoptions par jour, ce que nous avons habituellement les jours de fin de semaine », confirme Élise Desaulniers, directrice générale de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal.
Même son de cloche chez Proanima, un service d’adoption d’animaux de compagnie sur la Rive-Sud de Montréal : « Avant que les mesures de distanciation sociale ne soient annoncées, nous avons eu plus d’adoptions de chiens qu’à l’habitude », dit Anny Kirouac, directrice générale de Proanima.
Comme plusieurs parents, Catherine Soucy, une Montréalaise de 40 ans, a cédé aux demandes de ses enfants… et a craqué pour un petit bichon frisé. « On y pensait déjà, bien avant le début de la pandémie et du confinement à la maison », explique cette adjointe administrative.
Adopter un animal tout de suite ou attendre?
Voilà l’une des clés pour prendre la bonne décision : est-ce que l’adoption d’un animal domestique, quel qu’il soit, a été pensée, réfléchie et mûrie? « C’est un engagement à très long terme, on parle de 15 ans et même plus, rappelle Caroline Kilsdonk, présidente de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec. Or, si on n’était pas prêt avant la pandémie, on ne l’est pas plus maintenant. Le contexte actuel ne rend pas ça plus facile… au contraire. »
La très grande présence des familles à leur domicile peut être un avantage, convient la vétérinaire, mais il est plus avisé d’attendre la fin de la crise avant d’adopter un nouvel animal. « Je ne veux pas décourager personne d’adopter un animal, précise-t-elle, mais il faut garder en tête les consignes gouvernementales et elles sont très claires. Toute activité qui nécessite des rencontres ou des déplacements n’est pas recommandée en ce moment. On ne sort que pour l’essentiel. »
Caroline Kilsdonk ajoute que si le désir est toujours là une fois la crise du coronavirus terminée, cela viendra appuyer et confirmer le choix d’adopter un animal.
Les avantages d’adopter un animal en ce moment
Plusieurs études confirment les bienfaits de la zoothérapie chez les adultes tout comme chez les enfants : baisse de l’anxiété et du stress, développement du sens des responsabilités, sentiment d’accomplissement, augmentation de l’estime de soi et de la coopération, entre autres. « C’est une grande source de réconfort, souligne Suzie Prince, directrice générale des Services animaliers de la Vallée-du-Richelieu. La présence d’un animal de compagnie fait baisser l’anxiété. »
Autre aspect non négligeable : avoir un chien, un chat, un furet, une perruche ou tout autre animal domestique occupe les enfants. « Mes fils adorent jouer avec le chiot, le nourrir, le faire courir dans la cour, raconte Catherine Soucy. Ils s’en occupent très bien jusqu’ici… et ça meuble une partie de leur journée! » Dans le cas de l’adoption d’un chien, cela incite les familles à sortir dehors. « Un chien va avoir besoin de sortir deux fois par jour », rappelle Élise Desaulniers, de la SPCA de Montréal.
Vivre le moment présent et accepter les choses telles qu’elles sont, voilà deux autres leçons que les animaux de compagnie enseignent à leurs maîtres, croit Élise Desaulniers. « L’animal n’est pas stressé. Il nous ramène au moment présent », précise-t-elle.
Et les inconvénients?
Toutes les démarches qui mènent à l’adoption d’un animal (se déplacer, rencontrer les gens au refuge, payer, ramener l’animal, acheter de la nourriture, etc.) comportent des risques quant à la propagation du virus. La plupart des refuges ont d’ailleurs ralenti leurs activités ou carrément fermé leurs portes afin de respecter la directive gouvernementale voulant que seuls les services essentiels doivent être en fonction.
La situation actuelle apporte déjà son lot de stress, d’imprévus et d’inconnu : en ce sens, adopter un nouvel animal peut être perçu comme un fardeau supplémentaire. « On ne peut ignorer quand il a faim, qu’il jappe la nuit ou qu’il veut aller faire ses besoins, confie Catherine Soucy. C’est sûr que c’est une responsabilité de plus! »
Dans les rues, un nombre plus élevé qu’à l’habitude de citoyens sortent à l’extérieur et prennent des marches; il en va de même pour les chiens. « Il y a plus de chiens qui circulent, indique Suzie Prince, et on note une augmentation du nombre d’appels pour des chiens qui se promènent sans laisse et qui sont perdus ou errants, tout comme pour les bagarres et les morsures entre chiens. »
Dernier point à considérer : la transmission du coronavirus de l’humain à l’animal est possible. « Certains cas ont été diagnostiqués, c’est une possibilité », dit Caroline Kilsdonk, de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec. L’inverse (de l’animal à l’humain) n’a pas été démontré… pour le moment. « C’est l’inconnu, reconnait la vétérinaire. On ne sait pas pour le moment si le virus peut être transporté par le pelage de l’animal. On recommande la prudence et la vigilance. »
Maude Goyer – Naître et grandir
Photos : GettyImages/Marija Jokic/AkilinaWinner