Les poux résistants gagneraient du terrain au Québec

Les poux résistants gagneraient du terrain au Québec
Les poux résistants gagneraient du terrain au Québec

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Les poux résistants aux pyréthroïdes se retrouveraient maintenant presque partout aux États-Unis. La situation serait aussi inquiétante au Québec.

2 septembre 2015 | Dans 25 états américains sur 30, 100 % des poux résisteraient aux pyréthroïdes, des produits contenus dans plusieurs traitements couramment utilisés pour éliminer les poux (Kwellada-P®, Nix®, Pronto ® et R&C®). Bien que moins alarmante, la situation serait également inquiétante au Québec, soutient Dr Julio Soto, médecin à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Une équipe de recherche de l’INSPQ et du CHUM a recueilli 193 poux chez des écoliers montréalais. « Nous avons trouvé que 100 % de ces poux portaient des gènes de résistance », affirme Dr Soto. Le médecin souligne toutefois que la présence de gènes de résistance signifie seulement que ces poux ont la capacité de devenir résistants et non pas qu’ils le sont déjà. Cependant, l’utilisation de produits comme les pyréthroïdes favoriserait peu à peu les populations de poux qui portent ces gènes. Éventuellement tous les poux risquent ici aussi de devenir complètement résistants aux pyréthroïdes. « Au Canada, nous ne savons pas encore où nous en sommes dans ce processus. La seule chose que nous pouvons dire, c’est que les gènes de résistance sont présents parmi nos échantillons. »

Une étude réalisée dans les années 1990 révèle que les enfants qui ont des poux peuvent vivre des difficultés psychologiques en raison de l’attitude négative des adultes. Selon le Dr Soto, l’estime de soi de l’enfant peut en souffrir. Il suggère donc aux parents et aux professionnels d’éviter de dramatiser la situation.

L’une des principales causes du phénomène de résistance est l’utilisation massive des pyréthroïdes. Depuis, les années 1960, les pyréthroïdes sont en effet les traitements les plus prescrits par les professionnels de la santé puisqu’ils sont peu toxiques. Heureusement, de nombreux traitements de rechange sont maintenant disponibles sur le marché. L’INSPQ a d’ailleurs dressé une liste des produits efficaces qui peuvent être employés pour lutter contre les poux. « Plutôt que de dire le premier choix, ce sont les pyréthroïdes, il faut offrir aux parents plusieurs choix et les laisser choisir », explique Dr Soto. De cette façon, l’utilisation des différents produits sera plus variée, ce qui limitera la sélection de populations résistantes.

La résistance n’est pas toujours à blâmer
Les parents ne devraient toutefois pas conclure trop vite que leur enfant est infesté par des poux résistants. « Beaucoup d’échecs de traitement sont probablement reliés à une mauvaise utilisation du produit », souligne Oliver Bernard, pharmacien. Par exemple, certains parents ne suivent pas les recommandations du fabricant, n’utilisent pas une quantité suffisante de shampoing, n’appliquent pas la deuxième dose de traitement après une semaine ou combine le traitement à des remèdes maison qui en réduisent l’efficacité.

Le peigne fin est un outil important pour augmenter l’efficacité d’un traitement puisqu’il permet d’enlever mécaniquement les poux et les lentes.

De plus, Dr Soto rappelle aux parents d’être patients. « La première application du produit tue les insectes assez efficacement en 24 à 48 heures. Cependant, il est possible que certaines lentes vivantes survivent à la première dose. Après 48 heures, il peut donc y avoir de nouveaux poux qui apparaissent. Les parents pensent que c’est un échec de traitement. » Il faut toutefois attendre 17 jours après le début du traitement pour déterminer si le problème est réglé ou non.

Enfin, il ne faut pas oublier que les poux se transmettent. « Si on détecte des poux chez un enfant, il faut alors déterminer si un autre enfant de son entourage est aussi touché », insiste Dr Soto. Le nombre grandissant d’enfants en garde partagé peut d’ailleurs compliquer la vie de certaines familles. Selon le médecin, si un enfant a des poux, les parents ne pensent pas toujours à s’assurer que le même traitement est appliqué aux enfants infectés de l’autre maison. La transmission des poux d’un enfant à l’autre expliquerait souvent l’échec d’un traitement.

Selon le Dr Soto, environ 3 % des enfants d’une garderie ou d’une école ont des poux. On parle d’éclosion lorsque le nombre d’enfants touchés dépasse le seuil des 10 %.

Besoin d’une prescription?
« Dès qu’on observe un pou vivant ou un oeuf à moins de 6 mm du cuir chevelu, il faut traiter, mentionne Olivier Bernard. C’est à ce moment qu’on devrait consulter le pharmacien. » Avec l’adoption de la loi 41, les pharmaciens peuvent maintenant prescrire un médicament si aucun diagnostic médical n’est requis. C’est entre autres le cas lors d’une infestation de poux. « Cela fait en sorte que ces traitements peuvent être payés par la RAMQ ou les assurances privées, ce qui est une grande aide pour les familles », souligne Olivier Bernard.


Sources : Medical News Today, Institut national de santé publique du Québec et Ordre des pharmaciens du Québec

 

Kathleen Couillard – Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

 

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