Tablette et tout-petits: pour un usage limité et encadré

Tablette et tout-petits: pour un usage limité et encadré
Tablette et tout-petits: pour un usage limité et encadré

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La tablette pourrait s’avérer un outil d’apprentissage plus intéressant que la télévision en raison de son interactivité, croient des experts.

26 mai 2014 | Toujours plus populaires, les tablettes numériques et téléphones intelligents font des adeptes de plus en plus jeunes. Environ 38 % des tout-petits de moins de 2 ans les utiliseraient, selon une étude de Common Sense Media réalisée aux États-Unis.

Si l’effet de la télévision sur le développement des enfants a fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques, ce n’est pas encore le cas des tablettes. Il faut dire que le iPad est né en 2010 seulement, alors que le petit écran est entré dans nos foyers voilà plusieurs décennies. Et toutes les études montrent que les écrans non interactifs comme la télé n’ont aucun effet positif sur le développement des tout-petits. « Ils peuvent au contraire avoir des effets négatifs : prise de poids, retard de langage, déficit de concentration et d’attention, risque d’adopter une attitude passive face au monde », tranche l’Académie française des sciences dans un volumineux rapport sur les enfants et les écrans.

Et la tablette?

La tablette pourrait s’avérer un outil d’apprentissage plus intéressant en raison de son interactivité, croient des experts. « Les nouveaux appareils numériques permettent de diversifier les sources de stimulation du jeune enfant […] à condition qu’il s’agisse d’un usage limité dans le temps, accompagné par un adulte », précise l’Académie française des sciences.

C’est bien là le problème, selon Linda Pagani, professeure à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal, qui a étudié l’impact de l’exposition aux écrans sur le développement des enfants. « Lire un livre à son bambin, par exemple, qu’il soit numérique ou non, c’est très bien, note-t-elle. Mais ce n’est pas l’utilisation que les parents font de la tablette en général. Ils vont plutôt la lui donner pour qu’il s’amuse pendant qu’ils font autre chose. »

Et aussi chouette soit-elle, la tablette ne peut « en aucun cas remplacer les jouets traditionnels comme les cubes en bois et les poupées, pas plus qu’elle ne peut remplacer les interactions avec les adultes », précise l’Académie française des sciences.

D’ailleurs, en Amérique du Nord, des directions de santé publique et des associations de pédiatres ont émis des recommandations concernant l’exposition aux écrans pour les tout-petits. Avant 2 ans, un enfant ne devrait pas être exposé à la tablette, à la télévision ou à tout autre écran. De 2 à 5 ans, il ne devrait pas passer plus d’une heure par jour devant un écran, tous appareils confondus, selon une nouvelle recommandation de la Direction de santé publique de Montréal. L’Académie américaine de pédiatrie a fixé cette limite à 2 heures par jour.

Un autre son de cloche
Selon l’Académie française des sciences, même pour un bébé de moins de 2 ans, la tablette peut être considérée comme un objet d’exploration et d’apprentissage, s’il est épaulé par un adulte. Il faut cependant éviter à tout prix qu’il soit exposé de façon excessive au « monde virtuel des écrans ». L’Académie conseille donc de l’initier tôt à une pratique modérée. Elle déconseille toutefois l’exposition des bébés à la télévision, qu’elle juge trop passive.

Bien utiliser la tablette

Si votre tout-petit aime faire des jeux sur la tablette, mieux vaut l’accompagner dans cette activité plutôt que de le laisser à lui-même. « Cela permettra de mettre en contexte ce qu’il voit et de saisir des occasions d’apprentissage », note Thierry Plante, spécialiste en éducation aux médias chez HabiloMédias.

Voici d’autres conseils d’experts pour utiliser la tablette de manière judicieuse.

  • Mettre en place un contrôle parental. Pour le iPad, il est possible de le faire en allant dans « Réglages », puis dans « Restrictions ». Vous pouvez aussi télécharger des applications de contrôle parental comme POTATI.
  • Initier votre enfant à la protection de sa vie privée en lui apprenant à utiliser un surnom plutôt que son vrai nom lorsqu’il faut s’identifier sur un site.
  • Tester les applications avant de laisser l’enfant les utiliser et bien regarder les options offertes. Cela permettra entre autres de déterminer si le jeu convient à l’âge de l’enfant. Pour vous aider à faire un choix parmi la variété de contenu éducatif offerte pour les tablettes, consultez ÉduLulu, un site canadien proposant des évaluations d’applications réalisées par des experts indépendants.
  • Choisir des applications exemptes de publicités. En bas âge, un enfant n’a pas les repères pour distinguer clairement la publicité. S’il y est trop exposé, il risque de faire des demandes perpétuelles à ses parents pour obtenir ce qu’il a vu à l’écran.
  • Maintenir la luminosité de l’appareil à 50 %. « À son maximum, elle irrite le cortex visuel et le lobe frontal, c’est comme boire du café très fort », illustre Linda Pagani. Cela peut entre autres nuire au sommeil.
  • Limiter son utilisation afin que votre enfant fasse aussi de l’activité physique et d’autres types de jeux.


Nathalie Côté – Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

 

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