L'obésité et le surplus de poids: prévenir et agir

L'obésité et le surplus de poids: prévenir et agir

Quelles sont les conséquences de l’embonpoint et de l’obésité sur la santé des enfants? Comment prévenir et traiter?


Au cours des dernières décennies, l’obésité est devenue de plus en plus présente dans les sociétés occidentales, y compris au Québec. Il ne s’agit toutefois pas seulement d’un problème d’adultes. En effet, le surplus de poids et l’obésité touchent aussi beaucoup de tout-petits et d’enfants d’âge scolaire.

Pour la période 2012-2015, 30 % des tout-petits québécois âgés de 3 à 5 ans étaient à risque d’embonpoint, en embonpoint ou obèses. Au Canada, pour les années 2009-2011, 12 % des enfants de 5 à 17 ans étaient considérés comme étant obèses et 20 % comme étant en surpoids.

Qu’est-ce que le surplus de poids, l’embonpoint et l’obésité?

Le surplus de poids, aussi appelé embonpoint, et l’obésité sont définis comme une accumulation anormale ou excessive de gras corporel qui nuit à la santé. L’obésité est un excès de gras plus important que l’embonpoint.

Pour déterminer si un enfant a un problème de poids, les médecins utilisent l’indice de masse corporelle (IMC). Cette mesure se base à la fois sur le poids et la taille. Chez les enfants, l’interprétation de l’IMC doit toutefois être adaptée pour tenir compte de l’âge et du sexe. Les valeurs d’IMC utilisées chez l’adulte ne sont donc pas appropriées pour les enfants. Vers l’adolescence, cette mesure peut être remplacée par le tour de taille.

Que penser du mot « obésité »?

Plusieurs personnes considèrent que l’utilisation du mot « obésité » est grossophobe, car il laisse croire qu’un individu jugé comme étant obèse est malade ou doit perdre du poids pour être en meilleure santé. Mais ce n’est pas nécessairement le cas. Elles suggèrent plutôt d’utiliser les adjectifs « gros » ou « mince » lorsqu’il est nécessaire de qualifier le corps de quelqu’un (ex. : personne grosse ou mince), car ces adjectifs sont neutres.
À ce sujet, l’Association pour la santé publique du Québec a produit le Guide pour un langage inclusif et non stigmatisant à propos du poids. Destiné entre autres aux professionnels de la santé, ce guide vise à encourager un langage sain sur le poids.
Dans cette fiche, le mot « obésité » est utilisé selon les recommandations faites dans ce guide. Pour consulter le guide : aspq.org

Causes de l’embonpoint et de l’obésité chez l’enfant

Les facteurs qui contribuent à l’embonpoint et à l’obésité sont nombreux. Parmi eux, il y a :

  • une mauvaise alimentation à laquelle contribue l’industrie alimentaire (restauration rapide, plats préparés, très grosses portions, publicité, etc.). Au Québec, la loi interdit les publicités alimentaires destinées aux enfants de 0 à 13 ans à la télévision, mais il n’y a aucune règle pour ce qui est des publicités sur les réseaux sociaux, les jeux vidéo en ligne ou les émissions en ligne. Par ailleurs, plusieurs produits peu nutritifs (ex. : céréales) affichent sur leur emballage des personnages qui attirent les enfants;
  • une alimentation riche en gras, en sel et en sucre. En plus de favoriser l’embonpoint et l’obésité, les aliments riches en gras, en sel ou en sucre peuvent aussi entraîner de nombreuses maladies, telles que l’hypertension, le diabète de type 2 et/ou un taux élevé de cholestérol. Les enfants ne sont pas à l’abri de ces maladies;
  • plus de sucre consommé (ex. : compote en sachet, jus). Les compotes et les jus de fruits, même ceux purs à 100 %, ont subi une transformation qui a détruit ou enlevé la portion fibreuse des fruits ou des légumes qu’ils contiennent. Sans la fibre, le sucre est plus facilement transformé en gras qui est alors stocké dans les cellules graisseuses;
  • le manque de sommeil, car les enfants qui ne dorment pas assez auraient tendance à manger plus. Le manque de sommeil parfois retrouvé pendant les vacances d’été, l’absence d’horaire de coucher ou l’utilisation exagérée d’écrans sont directement associés à la prise de kilos et aux fringales chez les enfants;
  • la sédentarité, le manque d’activité physique et le nombre d’heures passées devant les écrans. De manière directe, l’enfant qui pratique une activité de jeu libre ou un sport ne pense pas à grignoter. De plus, les tout-petits passeraient trop de temps assis, particulièrement devant les écrans. Par ailleurs, l’enfant qui passe beaucoup de temps devant les écrans a un sommeil moins réparateur, ce qui rendrait les fringales plus fréquentes le lendemain;
  • les repas pris devant un écran. L’enfant dont l’attention est dirigée vers un écran, et non vers son repas, n’est pas en mesure de reconnaître les premiers signaux de satiété que lui envoie son corps. Il a alors tendance à manger plus que son corps a besoin;
  • les repas mangés rapidement. Lorsqu’un enfant mange vite, il a tendance à manger de plus grandes quantités et, souvent, à se resservir sans avoir eu le temps de ressentir les premiers signaux de satiété;
  • la génétique jumelée au milieu de vie. Il existe plus de 150 gènes pouvant réguler l’appétit, la satiété ainsi que l’absorption et la transformation des aliments par le corps. Ces gènes qui favorisent la prise de poids peuvent être transmis par les deux parents. Par contre, nous savons maintenant qu’il est possible de contrôler cette génétique par la pratique d’activités physiques, une alimentation saine, un sommeil adéquat et une saine gestion des écrans;
  • certaines maladies (ex. : trouble génétique, maladie endocrinienne ou dommages neurologiques). Certaines maladies génétiques atteignent des zones du cerveau de l’enfant qui sont responsables de l’appétit et de la satiété. Les maladies endocriniennes primaires (l’hypothyroïdie par exemple) ou secondaires (causées par la prise de cortisone systémique et prolongée) peuvent également modifier l’appétit et la satiété, mais auront un effet parfois important sur la façon dont réagissent les cellules graisseuses;
  • le statut socioéconomique. Bien que la planification des repas aide à réduire les coûts à l’épicerie et à faire de meilleurs choix alimentaires, il n’en demeure pas moins que le faible revenu et la faible éducation sont liés à une plus grande consommation de produits très sucrés, très salés, très gras et ultra-transformés, car ils sont souvent moins chers. Cela empêche parfois l’accès aux aliments plus sains.

Conséquences de l’embonpoint et de l’obésité

Sur la santé physique

Les enfants considérés comme étant en surpoids ou obèses courent plus de risques, à plus ou moins long terme, de souffrir :

Les répercussions psychologiques sont généralement plus immédiates que les problèmes physiques.
  • de résistance à l’insuline ou de diabète de type 2;
  • d’hypertension;
  • d’un taux de cholestérol élevé;
  • de maladies du foie;
  • de maladies cardiovasculaires;
  • de problèmes liés aux articulations;
  • d’asthme;
  • d’apnée du sommeil;
  • de troubles musculo-squelettiques, comme l’ostéoarthrite, mais beaucoup plus fréquemment, ces troubles peuvent compromettre le jeu libre et les activités sportives de certains enfants, et ce, dès la petite enfance;
  • de certains types de cancers (ex. : cancers de l’endomètre, du sein et du côlon).

Sur la santé mentale

Un surplus de poids et l’obésité peuvent aussi nuire à la santé mentale d’un enfant. En effet, un enfant considéré comme étant en surpoids ou obèse a plus de risque :

  • d’avoir une faible estime de soi;
  • de vivre de l’anxiété;
  • de présenter des symptômes de dépression et, dans les cas extrêmes, des idées noires ou des gestes suicidaires;
  • d’être isolé socialement;
  • d’être victime de discrimination et de moquerie. Les moqueries peuvent marquer un enfant de façon permanente et engendrer des séquelles à très long terme.

Pas de régimes pour les enfants!

Même si un enfant est perçu comme étant en surpoids ou obèse, il est fortement déconseillé de le mettre au régime. Comme il est en pleine croissance, des restrictions alimentaires trop sévères pourraient nuire à son développement et à sa santé. Pour la même raison, il ne faut pas lui donner des aliments allégés (ex. : lait ou yogourt faibles en gras).

Priver un enfant de nourriture peut aussi avoir des conséquences sur la relation qu’il bâtit avec ses parents et avec les aliments, sur son estime de soi, sur le développement de son autonomie, etc. Par ailleurs, un enfant que l’on empêche de manger développe une préoccupation exagérée envers la nourriture. Il peut ainsi commencer à se cacher pour manger ou avoir tendance à manger beaucoup dès qu’il en a l’occasion.

De même, il n’est pas conseillé de discuter avec un enfant de son poids ou d’en parler à quelqu’un d’autre devant lui. Mieux vaut aussi ne pas le peser. Le médecin le fera lors des visites médicales.

Il faut cependant agir afin de maîtriser la situation le plus rapidement possible. Il est important de stabiliser le poids de l’enfant en adoptant, en tant que famille, des comportements alimentaires et un mode de vie sains qui lui permettront d’avoir une croissance et un développement appropriés pour son âge.

Conseils pour stabiliser le poids de votre enfant

  • Favorisez un rapport positif avec la nourriture en encourageant la consommation d’aliments variés et sains.
  • Créez un horaire de repas et de collations. Votre enfant sera rassuré de savoir qu’il a des occasions fréquentes de manger et apprendra qu’il n’a pas besoin de « faire de réserves ».
  • Privilégiez l’eau lorsque votre enfant a soif. Même si un jus est pur à 100 %, il contient beaucoup de sucre et a peu de valeur nutritive. Il est donc préférable de ne pas en boire souvent. Évitez aussi les boissons sucrées.
  • Éteignez les écrans lorsque vous mangez (télévision, tablette, téléphone intelligent). Sinon, votre enfant, tout comme vous, se concentre sur l’écran, et manger devient un automatisme. Il a alors tendance à manger davantage, car il n’est plus à l’écoute des signaux de faim et de satiété que son corps lui envoie.
Il est préférable de faire ces changements de façon graduelle plutôt que de façon brusque et rapide. Ainsi, ces nouvelles habitudes auront plus de chances de devenir permanentes.
  • Révisez le menu de toute la famille en privilégiant des aliments nourrissants, des fruits ou des légumes à tous les repas et à toutes les collations, des grains entiers, de bonnes sources de protéines (ex. : viande maigre, fromages faibles en gras mais non industrialisés – une mozzarella ou un feta à 15 % sont préférables aux fromages à tartiner par exemple –, poisson, protéines végétales comme les légumineuses ou le beurre d’arachides), etc. Rappelez-vous que vous décidez de la qualité des aliments que votre enfant mange, alors que lui décide de la quantité qu’il mange.
  • Limitez les aliments gras ou sucrés, sans toutefois les interdire.
  • Participez à des jeux actifs avec lui pour l’inciter à bouger davantage, et ce, dans le plaisir.
  • Réduisez le nombre d’heures qu’il passe devant un écran. Selon la Société canadienne de pédiatrie, un enfant de 2 à 5 ans ne devrait pas passer plus de 1 heure par jour devant un écran. Pour les enfants âgés de 5 à 11 ans, ce temps ne devrait pas dépasser 2 heures par jour.
  • Évitez de parler de calories ou de mauvais aliments. Les calories ne sont plus utilisées pour évaluer la qualité d’un repas. Lorsque l’enfant fait un lien entre les calories et son poids, il pourrait alors tenter de couper les calories et nuire à son plein développement physique et psychologique. La qualité est privilégiée. De la même manière, il est recommandé de ne plus parler de « mauvais aliments » puisqu’aucun aliment n’est interdit et que plusieurs médecins et nutritionnistes encouragent les plaisirs gourmands occasionnels.
  • Ne faites pas de commentaires liés au poids de votre enfant. Cela peut modifier de manière importante la construction psychologique de votre enfant et son estime de soi.

Comment aider votre enfant à développer de bonnes habitudes alimentaires?

Voici quelques attitudes à adopter ou à éviter afin d’aider votre enfant à développer de bonnes habitudes alimentaires et une bonne relation avec la nourriture :

  • Agissez en tant que modèle positif, tant sur le plan de l’alimentation que de l’activité physique. Souvenez-vous que votre enfant vous observe et vous imite.
  • Aidez votre enfant à reconnaître quand il a faim et quand il n’a plus faim en lui demandant comment il se sent. Cessez vous-même de manger quand vous n’avez plus faim au lieu de toujours finir votre assiette. Vous l’aiderez ainsi à éviter de trop manger. Rappelez-vous que votre enfant est le seul à savoir s’il a encore faim ou non et donc quelle quantité de nourriture il doit manger.
  • Incitez votre enfant à prendre son temps pour manger et donnez-lui l’exemple. Il reconnaîtra ainsi mieux les signaux de faim et de satiété que lui envoie son corps.
  • Impliquez votre enfant dans la planification et la préparation des aliments servis.
  • Partagez vos repas en famille dans une atmosphère détendue.
  • Évitez de lui interdire certains aliments, surtout si les gens près de lui en mangent. Il développerait alors un attrait plus grand pour ces aliments interdits.
  • Ne le forcez pas à terminer son assiette. Lorsque vous servez votre enfant, demandez-lui s’il a une petite ou une grosse faim, ou combien il en veut dans son assiette.
  • Ne préparez pas de repas particuliers pour votre enfant afin qu’il mange plus sainement, car cela l’isole en lui faisant sentir qu’il a un problème. Toute la famille doit adopter de bonnes habitudes alimentaires.
  • N’utilisez pas les aliments pour récompenser ou pour consoler votre enfant. Pour en savoir plus, consultez notre fiche Les récompenses alimentaires.

Prévenir l’obésité et le surplus de poids chez les tout-petits

La prévention de l’embonpoint et de l’obésité passe par la mise en place de saines habitudes de vie dès la petite enfance, par exemple :

Il n’y a aucun mal à se faire plaisir de temps à autre, mais faites-le en famille et savourez le moment!
  • favoriser une alimentation riche en fruits, en légumes et en grains entiers;
  • éviter la consommation de boissons sucrées, comme les boissons gazeuses, les boissons pour sportifs (ex. : Gatorade®, Powerade®) et les jus de fruits, même ceux purs à 100 %;
  • éviter les aliments trop sucrés, trop gras, trop salés ou ultra-transformés;
  • encourager l’activité physique afin que les tout-petits soient actifs physiquement pendant au moins 180 minutes chaque jour;
  • réduire le temps passé devant les écrans, car un enfant qui passe beaucoup de temps devant un écran est un enfant qui bouge moins.

Quand consulter?

Si le poids de votre enfant vous préoccupe, parlez-en à son médecin ou consultez une nutritionniste.

Pour remédier à l’embonpoint ou à l’obésité chez les enfants, l’Organisation mondiale de la Santé et les diverses sociétés médicales internationales privilégient désormais des approches ou des programmes éducatifs et multidisciplinaires. Ces interventions sont faites auprès des enfants et de leurs familles.

Elles regroupent habituellement différents intervenants, comme le médecin de l’enfant, un nutritionniste, un kinésiologue, une infirmière, un travailleur social ou un psychologue. Informez-vous auprès d’un professionnel de la santé afin de savoir si un tel programme est disponible dans votre région.

À retenir

  • L’obésité peut engendrer des complications, même chez les tout-petits.
  • Les conséquences psychologiques de l’embonpoint et de l’obésité ne doivent pas être négligées, car elles sont en lien avec l’estime de soi et la réalisation de l’enfant.
  • Afin de modifier les comportements familiaux de manière durable, mieux vaut s’entourer de professionnels de la santé travaillant dans des programmes communautaires d’accompagnement et d’éducation aux saines habitudes de vie.
Naître et grandir

Révision scientifique : Dre Julie St-Pierre, pédiatre et spécialiste de l’obésité infantile
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Novembre 2023

Photos : 123RF/Bayu Harsa et GettyImages/michellegibson, energyy, kali9 et monkeybusinessimages

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • CHILDHOOD OBESITY FOUNDATION. childhoodobesityfoundation.ca
  • DIABÈTE QUÉBEC. Le surpoids chez l’enfant et l’adolescent. www.diabete.qc.ca
  • FONDATION DES MALADIES DU COEUR ET DE L’AVC DU CANADA. Nos enfants sont bombardés : comment le marketing de l’industrie des aliments et boissons met en péril la santé de nos enfants et de nos jeunes. Bulletin de santé 2017. 2017. www.heartandstroke.ca
  • GOUVERNEMENT DU CANADA. Obésité juvénile. 2019. www.canada.ca
  • GOUVERNEMENT DU CANADA. Lutter contre l’obésité au Canada – Taux d’obésité et d’excès de poids juvénile au Canada. 2018. www.canada.ca
  • GOUVERNEMENT DU CANADA. Embonpoint et obésité chez les enfants au Canada : une évaluation globale. 2017. www.canada.ca
  • OBSERVATOIRE DES TOUT-PETITS. Portrait 2017 : Comment se portent les tout-petits québécois? 2017. tout-petits.org
  • ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ. « Pourquoi se préoccuper du surpoids et de l’obésité de l’enfant? ». www.who.int
  • PARTICIPACTION. Le Bulletin de l’activité physique chez les jeunes de ParticipACTION. 2018. participaction.com
  • SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE. Les aspects psychosociaux de l’obésité chez les enfants et les adolescents. 2012. www.cps.ca
  • SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE. Soins de nos enfants. Quand votre enfant est un mangeur difficile. 2019. www.soinsdenosenfants.cps.ca
  • STATISTIQUE CANADA. L’embonpoint et l’obésité chez les enfants et les adolescents : résultats de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé de 2009 à 2011. 2012. www150.statcan.gc.ca
  • STATISTIQUE CANADA. Indice de masse corporelle (IMC) mesuré chez les enfants et les jeunes (classification selon l’Organisation mondiale de la Santé), selon le groupe d’âge et le sexe, Canada et provinces, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes – Nutrition. 2020. www150.statcan.gc.ca

 

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