Peurs courantes et anxiété pendant la grossesse

Peurs courantes et anxiété pendant la grossesse
Il est donc normal de vivre une certaine anxiété pendant la grossesse.


La grossesse n’est pas nécessairement une période joyeuse et facile en tout temps et pour toutes les femmes. Le corps subit des transformations importantes et beaucoup de changements toucheront la vie de la future mère. Il est donc normal de vivre une certaine anxiété pendant la grossesse.

Une période riche en préoccupations

La grossesse est une période de changements et de bouleversements qui peut susciter beaucoup de questions et de préoccupations. Par ailleurs, les nombreux changements hormonaux augmentent parfois les difficultés émotionnelles. Certaines femmes deviendront donc un peu plus anxieuses.

De plus, la grossesse, même si elle est désirée et planifiée, est susceptible de susciter des inquiétudes devant les importantes responsabilités et les nombreux changements à venir. La grossesse est aussi l’occasion pour plusieurs femmes de réfléchir à leur propre enfance et à leurs liens avec leurs parents, en particulier leur mère. Ces pensées peuvent nourrir leurs inquiétudes. Il s’agit donc d’une occasion de faire certains deuils, mais aussi de grandir et de se préparer à ce nouveau rôle.

Selon plusieurs études, une forte proportion des femmes enceintes d’un premier bébé dit ressentir certaines peurs pendant la grossesse. Les préoccupations au sujet de la santé sont d’ailleurs beaucoup plus courantes chez les femmes enceintes que dans la population en général. Les sources de préoccupations varient d’un trimestre à l’autre. Par exemple, au premier trimestre, la peur de perdre le bébé est plus fréquente, alors qu’au troisième trimestre, la peur de l’accouchement augmente.

Même si certaines femmes croient que leurs peurs ne sont pas justifiées, d’autres pensent au contraire qu’elles ont raison de s’inquiéter. Certaines vont jusqu’à dire que leurs peurs sont parfois positives. En effet, un certain niveau d’anxiété pourrait être bénéfique puisque l’anxiété permet d’éviter des comportements à risque pour le bébé. Cette émotion démontre aussi une augmentation du sens des responsabilités, ce qui peut aider à planifier l’arrivée de l’enfant.

L’idée n’est donc pas d’éliminer complètement l’anxiété pendant la grossesse, mais plutôt d’apprendre à la gérer pour éviter les effets négatifs et prévenir le développement de troubles anxieux.

Voici les principaux sujets qui peuvent causer de l’anxiété chez la femme enceinte.

La peur de perdre le bébé ou qu’il ne soit pas en santé

Il s’agit de l’une des peurs les plus fréquentes. Certaines femmes craignent que la grossesse ne se déroule pas bien ou d’avoir fait quelque chose qui pourrait nuire à la santé du bébé. Si la future mère a déjà fait une fausse couche, accouché prématurément ou connu des problèmes de fertilité, elle craint peut-être aussi que son corps ne réussisse pas à mener la grossesse à terme. De plus, les nombreux tests médicaux réalisés pendant la grossesse peuvent augmenter la nervosité de certaines mères qui trouvent alors difficile d’attendre les résultats.

Se questionner sur l’origine de cette peur aidera à réduire l’anxiété. Il est également important de se rappeler que la très grande majorité des grossesses se termine par la naissance d’un bébé en santé. Pour diminuer l’anxiété, les mères peuvent tenter de faire des exercices de relaxation ou des activités qu’elles aiment pour se détendre. Il est important de mettre son énergie dans ce qui peut être contrôlé et de lâcher prise pour le reste.

La peur de ne pas retrouver son corps d’avant

Certaines femmes peuvent avoir des préoccupations au sujet de leur apparence physique. Elles craignent de ne plus être séduisantes, de prendre trop de poids ou de ne pas retrouver leur silhouette d’avant la grossesse. La grossesse est avant tout une expérience physique, et la peur de perdre le contrôle sur tous ces changements corporels rapides est très déstabilisante pour plusieurs femmes. Il importe d’être indulgente envers soi-même et d’accepter que le corps aura besoin d’un certain temps pour se remettre de cette expérience. De saines habitudes alimentaires et l’activité physique peuvent aider.

La peur d’accoucher

Toutes les femmes enceintes sont un peu anxieuses à l’approche de la naissance. Environ 20 % des femmes osent dire qu’elles ont peur d’accoucher et 6 à 10 % souffrent carrément d’une phobie. Au cours d’une première grossesse, c’est souvent la peur de l’inconnu et de perdre le contrôle qui angoisse les femmes. Certaines femmes préféreraient même une césarienne, car elles ont l’impression qu’elles contrôleraient ainsi mieux la naissance. Pour une deuxième grossesse, la peur provient parfois d’une mauvaise expérience au moment de l’accouchement précédent. Cependant, même si tout s’est bien déroulé la première fois, une part d’inconnu demeure au 2e ou au 3e accouchement et peut rendre certaines femmes anxieuses.

En général, les femmes qui ont peur d’accoucher craignent la douleur et ne croient pas qu’elles pourront la gérer adéquatement. Elles craignent également de perdre le contrôle de leurs émotions. La peur peut aussi être amplifiée par les histoires d’accouchement négatives qu’elles ont entendues dans leur entourage ou par des représentations dramatiques vues à la télévision.

Pour mieux gérer la peur d’accoucher, il peut être bénéfique de s’informer sur le déroulement de l’accouchement et d’obtenir des réponses aux questions préoccupantes en discutant avec son médecin ou sa sage-femme. Cette discussion est d’ailleurs une bonne occasion de parler de cette peur avec quelqu’un de confiance. Les cours prénataux sont également une bonne façon de s’informer. Parler avec des mères qui ont vécu une expérience positive peut aussi aider à diminuer la peur d’accoucher, tout comme les exercices de visualisation. Enfin, les femmes qui craignent l’accouchement devraient retenir qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises façons d’avoir un enfant et qu’elles feront de leur mieux.

La peur de ne pas être une bonne mère

Plusieurs parents se demandent s’ils seront capables de s’occuper de leur enfant ou de l’aimer assez. Ils peuvent toutefois se rassurer en sachant que le lien parent-enfant se construira graduellement, à mesure qu’ils passeront du temps avec leur enfant. De plus, la mère a déjà développé un lien privilégié avec son bébé pendant les 9 mois de la grossesse.

Par ailleurs, certaines mères peuvent craindre de se sentir dépassées par leur nouveau rôle de mère. Il est en effet possible de ressentir ce sentiment à l’occasion. Pour calmer cette angoisse, il est possible de prévoir des ressources et de l’aide pour les premières semaines avec bébé. S’informer pendant la grossesse sur l’allaitement et sur les soins à donner au bébé permet aussi de se sentir plus confiante à l’arrivée du bébé.

Pour connaître les peurs les plus fréquentes chez les pères, consultez notre fiche Inquiétudes des futurs papas.

La grossesse en période de crise
En temps de crise, comme pendant la pandémie de COVID-19, le stress associé à la grossesse peut devenir plus important. Les situations de crise contiennent en effet tous les éléments propices au stress : la nouveauté, l’imprévu, le manque de contrôle et la menace à la sécurité.

Malgré tout, apprendre à vivre avec ce stress est possible. Pour en savoir plus sur la gestion du stress en période de crise, consultez notre article COVID-19 : mieux gérer le stress pendant la grossesse.

Quand consulter?

Bien qu’il soit normal de ressentir une certaine anxiété pendant la grossesse, il est important d’agir si cette anxiété s’aggrave au point de vous faire souffrir ou de vous empêcher de fonctionner. Il pourrait en effet s’agir d’un trouble anxieux. Les troubles anxieux touchent de 5 à 15 % des femmes enceintes.

Il est alors essentiel d’aller chercher de l’aide puisqu’il existe un lien entre l’anxiété pendant la grossesse et les symptômes dépressifs après la naissance. En effet, les symptômes anxieux cohabitent souvent avec des symptômes dépressifs. Selon les études, environ 18 % des femmes enceintes souffrent d’une dépression légère au cours de leur grossesse et de 7 à 12 % des femmes peuvent présenter une dépression modérée ou sévère. Il est toutefois préférable de ne pas attendre d’être très souffrante avant de consulter, car une intervention rapide permettra de régler le problème plus rapidement et de diminuer les risques de complication.

Si vous ressentez les symptômes suivants, discutez-en donc avec votre médecin :

  • Sentiment de perte de contrôle et de panique;
  • Pleurs imprévisibles et spontanés;
  • Tristesse, mélancolie, colère épuisante ou désespoir général et irritabilité;
  • Troubles du sommeil;
  • Difficulté à rester concentrée et agitation;
  • Mauvaise perception de soi-même en tant que mère et tendance à se déprécier;
  • Préoccupations excessives et envahissantes au sujet de la santé du bébé ou de sa propre santé.
Médicaments contre l’anxiété : sécuritaires pendant la grossesse?
Certaines futures mères s’inquiètent des effets secondaires des médicaments contre l’anxiété pendant la grossesse. Selon l’Agence de la santé publique du Canada, il existe des médicaments contre l’anxiété qui ont peu ou pas d’effets sur le foetus à partir du 2e trimestre. Par ailleurs, il faut rappeler que ne pas traiter l’anxiété pendant la grossesse peut avoir des conséquences négatives pour la mère et pour le bébé. En discutant avec le professionnel qui suit votre grossesse, vous pourrez faire le choix le plus adapté à votre situation.

À retenir

  • Il est normal de ressentir une certaine anxiété pendant la grossesse.
  • Les peurs les plus fréquentes concernent l’accouchement, la santé du bébé et la capacité de bien en prendre soin.
  • Si votre anxiété cause une détresse importante ou vous empêche de fonctionner, il faut consulter un médecin.
Naître et grandir

Révision scientifique : Nicole Reeves, psychologue, Centre des naissances du CHUM
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Mai 2020

Photo : iStock.com/BakiBG

Références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • ALIPOUR, Zahra et autres. « Anxiety and fear of childbirth as predictors of postnatal depression in nulliparous women », Women Birth, 2011.
  • ANNIVERNO, Roberta et autres. « Anxiety Disorders in Pregnancy and the Postpartum Period », dans Durbano, Federico, dir., New Insights into Anxiety Disorders, 20 mars 2013.
  • BAYRAMPOUR, H. et autres. « Pregnancy-related anxiety: A concept analysis », International Journal of Nursing Studies, vol. 55, 2016, p. 115130.
  • BRODICK, Alison. « The fear factor – why are primigravid women fearful of birth? », MIDIRS Midwifery Digest, vol. 24, no 3, 2014, p. 327-332.
  • CACCIA, Nicolette et Rory WINDRIM. Le troisième mois. 2009. www.aboutkidshealth.ca
  • DEFLANDRE, Laure. Les troubles psychiques au cours de la grossesse : anxiété et inquiétude face aux changements. www.passeportsante.net
  • DUNKEL Schetter, C. « Psychological science on pregnancy: Stress processes, biopsychosocial models, and emerging research issues », Annual Review of Psychology, vol. 62, 2011, p. 531-558.
  • FAISAL-CURY, A. et P. Rossi Menezes. « Prevalence of anxiety and depression during pregnancy in a private setting sample », Archives of Women’s Mental Health, vol. 10, no 1, 2007, p. 25-32.
  • GOODMAN, J. H., K. L. Chenausky et M. P. Freeman. « Anxiety disorders during pregnancy: A systematic review », Journal of Clinical Psychiatry, vol. 75, no 10, 2014, e1153-1184.
  • GUARDINO, C. M. et C. Dunkel Schetter. « Understanding pregnancy anxiety: Concepts, correlates, and consequences », Zero to three, vol. 34, no 4, 2014, p. 12-21.
  • HOFBERG, K. et M. R. WARD. « Fear of pregnancy and childbirth », Postgraduate Medical Journal, vol. 935, no 79, 2003, p. 505-510.
  • HUIZINK, A. C. et autres. « Is pregnancy anxiety a distinctive syndrome? », Early Human Development, vol. 79, no 2, 2004, p. 81-91.
  • LILIAN, Sister. « Facing birth fears », Professional Nursing Today, vol. 20, no 2, 2016, p. 48-49.
  • MATINNIA, Nasrin et autres. « Fears Related to Pregnancy and Childbirth Among Primigravidae Who Requested Caesarean Versus Vaginal Delivery in Iran », Maternal and Child Health Journal, vol. 19, no 5, 2015, p. 11211130.
  • MAYO CLINIC. Third trimester pregnancy: What to expect. 2014. www.mayoclinic.org
  • MELENDER, Hanna-Leena et Sirkka LAURI. « Fears associated with pregnancy and childbirth – experiences of women who have recently given birth », Midwifery, vol. 15, no 3, 1999, p. 177-182.
  • PARENT, Nathalie et Joanne PAQUET. Du post-partum à la dépression, renaître après la naissance. Éditions Québec-Livres, 2014, 136 p.
  • REEVES, Nicole. L’anxiété spécifique à la grossesse : une entité clinique distincte? Étude prospective et longitudinale comparée de l’évolution, de l’intensité, des facteurs de risque, des corrélats associés et de la prédiction de l’humeur maternelle postnatale. Sorbonne Paris Cité, 2017.
  • REEVES, N. et autres. « Anxiété et mécanismes d’adaptation spécifiques à la grossesse : une étude longitudinale et qualitative », Devenir, vol. 28, no 1, 2016, p. 42-64.
  • REYMOND, C. et autres. « Validation française d’une échelle d’anxiété spécifique à la grossesse (PRAQ-R2) », Pratiques psychologiques, 2018.
  • STANEVA, A. A., F. Bogossian et A. Wittkowski. « The experience of psychological distress, depression, and anxiety during pregnancy: A meta-synthesis of qualitative research », Midwifery, vol. 31, no 6, 2015, p. 563573.

Partager

À lire aussi