Le bégaiement

Lorsqu’il apprend à parler, un tout-petit peut répéter certains mots ou parties de phrases. Ces hésitations sont tout à fait normales. Toutefois, lorsqu’il répète des parties de mots (ex. : « ba-ba-ba-nane »), étire des sons (ex. : « ffffffille ») et bloque sur d’autres (ex. : « p…papa »), il présente peut-être un bégaiement.

Comment reconnaître les hésitations normales?

Les enfants ont parfois des moments où le flot de leur conversation est interrompu. Toutes les interruptions ne sont toutefois pas des moments de bégaiement. Certaines sont non bégayées. Dans ce cas, on parle d’hésitations dites normales.

Au cours de son développement, l’enfant de 3 à 5 ans peut avoir des hésitations lorsqu’il parle. Ces hésitations sont tout à fait normales, car un enfant de cet âge apprend à formuler ses idées, à interagir avec les autres et à faire des phrases plus complexes.

Les hésitations normales incluent les répétitions de mots de deux syllabes ou plus (ex. : « Je vais manger avec avec maman ») ou des répétitions de parties de phrases (ex. : « Je vais je vais manger avec maman »). Un enfant qui bégaie peut avoir des moments de bégaiement et des hésitations normales lorsqu’il parle.

Pour en savoir plus, consultez notre fiche Bégaiement ou hésitation?

Qu’est-ce que le bégaiement?

Le bégaiement est une façon de parler qui se caractérise en général par des répétitions de mots courts ou encore par des répétitions de sons ou de syllabes. Il peut aussi se manifester par des prolongations de sons ou des blocages. L’enfant qui bégaie a besoin de plus de temps pour parler.

Dans des cas plus rares, on peut entendre des répétitions de sons ou de syllabes à la fin des mots. L’enfant peut aussi ajouter des pauses ou des sons dans les mots. Ce type de bégaiement est parfois appelé échodysphémie ou bégaiement atypique.

Le bégaiement apparaît le plus souvent vers l’âge de 2 à 5 ans, mais parfois dès que l’enfant commence à dire des phrases. Il peut aussi se manifester plus tard dans le développement.

Le bégaiement peut nuire à la conversation. Il peut aussi avoir des répercussions négatives sur l’enfant, sur sa perception de lui-même et sur sa capacité à interagir avec les autres.

Bégaiement transitoire ou persistant?

Le bégaiement peut être transitoire ou persistant. Un bégaiement transitoire disparaît pendant le développement de l’enfant, et cela, avec ou sans intervention. Pour certains enfants, le bégaiement persistera au-delà de l’enfance.

Il est généralement reconnu que 5 à 8 % des enfants d’âge préscolaire bégaient. De ce nombre, il y aura une résolution du bégaiement pour 65 à 75 % des enfants dans les cinq ans suivant l’apparition. Globalement, 1 % de la population bégaie.

Des études récentes ont permis d’identifier certains facteurs qui sont associés au bégaiement persistant. Ces facteurs incluent les antécédents familiaux de bégaiement, le fait d’être un garçon, le temps écoulé depuis l’apparition du bégaiement ainsi que l’évolution du bégaiement au cours de cette période.

Comment se manifeste le bégaiement?

Le bégaiement se manifeste par des répétitions, des prolongations et des blocages. L’enfant peut donc :

• répéter un mot d’une seule syllabe (ex. : Je-je-je veux manger!);
• répéter une partie de mot ou un son (ex. : Je t’a-t’a-t’a-ttends);
• allonger un son (ex. : Je vvvvvvvvvvveux jouer!);
• vouloir faire un son sans qu’il sorte (ex. : J’ai mangé une b…anane).

Le bégaiement s’accompagne parfois de mouvements du visage, des yeux ou de la tête. L’enfant peut aussi avoir des mouvements involontaires des bras ou des jambes quand il a de la difficulté à dire des mots.

Comme le bégaiement est vécu comme une perte de contrôle, l’enfant peut aussi se fâcher, ressentir de la peur ou de la honte, arrêter de parler ou même faire une crise quand il éprouve de la difficulté à s’exprimer. Il peut aussi éviter de parler dans certaines situations.

Causes du bégaiement

L’évolution du bégaiement dépend de plusieurs facteurs propres à l’enfant et à son environnement. Les chercheurs s’entendent pour dire que le bégaiement est en partie causé par des facteurs génétiques et neurologiques. Les recherches indiquent que le bégaiement est transmis dans la famille et qu’il y a des différences dans le cerveau des enfants qui bégaient.

Certains facteurs propres à l’enfant (ex. : ses habiletés orales motrices, ses habiletés langagières, son état physique, son tempérament et son environnement) peuvent contribuer à l’installation et au maintien du bégaiement.

Le bégaiement est variable. Certains parents observent que la fatigue, le rythme de vie ou les réactions émotives de leur enfant (ex. : excitation, stress, etc.) peuvent avoir une incidence sur sa capacité à parler. Toutefois, ce ne sont pas les émotions, le niveau d’intelligence ni l’état de l’enfant qui causent le bégaiement.

Certains contextes peuvent augmenter le bégaiement dans la parole de l’enfant, par exemple quand le message à transmettre est complexe ou que l’enfant doit interagir avec plusieurs personnes.

Quoi faire quand un enfant bégaie?

Si vous pensez que votre enfant bégaie, vous pouvez appliquer les stratégies suivantes :

• Parlez lentement à votre enfant en faisant de petites pauses.
• Montrez à votre enfant que vous l’écoutez attentivement grâce à votre langage non verbal.
• Diminuez les questions. Commentez plutôt ce que votre enfant dit ou fait pour lui montrer que vous vous intéressez à la conversation.
• Prévoyez du temps dans la journée pour lui accorder toute votre attention. Des périodes de 5 minutes suffisent pour avoir des retombées importantes sur sa communication.
• Ne lui conseillez pas de ralentir son débit, de prendre son temps, de respirer ou de réfléchir à ce qu’il dit. Les conseils ne sont pas utiles pour votre enfant dans un moment de bégaiement.
• Ne complétez pas ses phrases pour lui; laissez-le terminer. Au besoin, vous pouvez vérifier auprès de lui que vous avez bien compris son message.
• Veillez à ce que chaque personne de la famille ait son tour pour parler. Encouragez les membres de la famille à écouter la personne qui parle sans l’interrompre.

Quand consulter?

Que le bégaiement soit transitoire ou persistant, une intervention précoce en orthophonie est souhaitable pour soutenir l’enfant qui bégaie et sa famille. Des études récentes démontrent que le bégaiement, même transitoire, peut avoir des répercussions sur la communication de l’enfant à plus long terme. Pour les enfants d’âge scolaire, une intervention est souvent nécessaire pour éviter l’installation de problématiques plus complexes.

Si votre enfant a moins de 4 ans

Consultez en orthophonie si l’une des situations suivantes est présente :

• Votre tout-petit présente un bégaiement depuis plus de 6 mois.
• Un ou des membres de la famille bégaient ou ont bégayé au cours de leur développement.
• Votre tout-petit réagit au bégaiement (ex. : il évite de parler dans certaines situations, il se met en colère ou a peur ou honte après un moment de bégaiement, il verbalise ses difficultés ou demande de l’aide).
• Vous vous inquiétez du bégaiement de votre enfant.

Si votre enfant a 4 ans ou plus

Consultez en orthophonie dès que vous observez un bégaiement. Après cet âge, il est plus rare que le bégaiement disparaisse de lui-même, sans aide.

Où consulter?

Les services en orthophonie pour l’évaluation et le traitement du bégaiement ne sont pas les mêmes partout dans la province. Certains centres de santé et de services sociaux, hôpitaux et cliniques privées offrent ces services. Pour trouver des orthophonistes spécialisés en bégaiement, vous pouvez consulter le site de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec.

Dans tous les cas, il peut y avoir un temps d’attente avant l’évaluation et la prise en charge. Le médecin de votre enfant peut en général vous orienter vers les services appropriés.

Le suivi en orthophonie

Le suivi en orthophonie vise à soutenir le développement des habiletés de communication de l’enfant, que le bégaiement persiste ou non. Il est maintenant connu que le bégaiement, même transitoire, peut avoir une incidence sur la perception que l’enfant a de lui-même. L’orthophoniste travaille donc à aider l’enfant et sa famille à communiquer d’une façon plus efficace et plus confortable.

Lors de l’évaluation, l’orthophoniste confirmera la présence du bégaiement ainsi que son incidence sur la communication de votre enfant, le cas échéant. Avec votre aide, l’orthophoniste examinera les différents facteurs qui affectent la parole de votre enfant. L’orthophoniste proposera par la suite une intervention appropriée pour votre enfant et votre famille.

Cette intervention permettra notamment de vous aider à déterminer les facteurs qui contribuent au bégaiement de votre enfant et à les modifier pour lui permettre de communiquer plus facilement.

De façon générale, le bégaiement évolue de façon positive pour l’enfant et sa famille, surtout lorsque l’intervention a lieu le plus tôt possible, idéalement avant l’âge de 4 ou 5 ans. Toutefois, aucune approche d’intervention n’est reconnue efficace dans toutes les situations et avec tous les enfants, même si certaines approches ont montré leur efficacité. C’est l’orthophoniste qui suit votre enfant qui peut vous guider quant à l’approche à privilégier avec votre enfant.

À retenir

• Le bégaiement se caractérise par des répétitions de mots courts ou de parties de mots ou de sons (« au-au-au-auto »), par l’étirement de sons (« aaaavion ») et par des blocages sur des sons (« c…amion »).
• La cause du bégaiement inclut des facteurs génétiques et neurologiques, mais aussi des facteurs qui sont propres à l’enfant.
• Il est important de parler lentement à l’enfant qui bégaie et de le laisser compléter ce qu’il veut dire.
• L’enfant qui bégaie a besoin de plus de temps pour parler. Vous pouvez l’aider en créant un climat de conversation sain et détendu au sein de votre famille.

Révision scientifique : Sophie Archambault, M. Sc., orthophoniste Recherche et rédaction : Équipe Naître et grandir Mise à jour : Juin 2024

Photos : iStock.com/acilo et GettyImages/fizkes