La dyspraxie verbale

La dyspraxie verbale
Qu’est-ce que la dyspraxie verbale et quels en sont les signes?


La dyspraxie verbale est un trouble qui affecte la capacité d’un enfant à produire correctement les sons lorsqu’il parle. La dyspraxie verbale toucherait 1 ou 2 enfants sur 1 000. Elle serait 2 à 3 fois plus fréquente chez les garçons que chez les filles.

Qu’est-ce que la dyspraxie verbale?

La dyspraxie verbale est un trouble neurologique qui touche la parole. L’enfant naît donc avec ce trouble.

L’enfant qui présente une dyspraxie verbale a de la difficulté à planifier et à programmer tous les mouvements que doivent faire sa langue, ses lèvres et ses cordes vocales pour émettre les sons correctement. C’est comme s’il avait de la difficulté à envoyer les bonnes instructions de mouvements à sa bouche.

L’enfant dyspraxique est difficile à comprendre lorsqu’il parle. Il n’améliore pas non plus sa prononciation au même rythme que les enfants de son âge et il a besoin d’une aide soutenue pour le faire.

Dyspraxie verbale, dyspraxie motrice et trouble développemental du langage

Il ne faut pas confondre la dyspraxie verbale avec la dyspraxie motrice, aussi appelée trouble développemental de la coordination. Cette dernière consiste en des difficultés à coordonner les mouvements de tout le corps. Un enfant pourrait avoir les deux dyspraxies ensemble ou seulement l’une des deux.

De même, la dyspraxie verbale ne doit pas être confondue avec le trouble développemental du langage (anciennement appelé dysphasie), qui peut toucher à la fois la prononciation, la compréhension du langage, la construction de phrases et l’utilisation du vocabulaire. Un enfant peut présenter à la fois une dyspraxie verbale et un trouble développemental du langage, ou présenter uniquement l’un des deux.

Les causes de la dyspraxie verbale

Les muscles de l’enfant dyspraxique fonctionnent comme il faut puisqu’il n’a pas de problèmes de réflexes, ni de paralysie ou de faiblesse musculaire. La dyspraxie verbale n’est pas non plus causée par un manque de stimulation ou par une « paresse » de l’enfant.

On croit que la dyspraxie verbale pourrait être génétique. Elle est en effet plus fréquente chez les enfants dont un des parents est atteint.

Comment se manifeste la dyspraxie verbale?

Enfant qui fait des efforts pour bien articuler en raison d’une dyspraxie verbale

L’enfant présentant une dyspraxie verbale fait des efforts évidents pour bien articuler les sons et les mots, comme s’il ne savait pas comment faire. Il peut prononcer un mot d’une façon et le dire d’une façon différente quelques instants plus tard. Par exemple, il dit « dateau », puis « pateau » ou « teau » pour parler d’un bateau. Il donne l’impression que l’apprentissage est toujours à refaire. Il peut aussi avoir de la difficulté à dire les bonnes voyelles (ex. : « bata », et non « bateau »).

Pour l’enfant dyspraxique, il est plus facile de prononcer un son à la fois que de combiner plusieurs syllabes pour faire un mot. Par exemple, l’enfant peut être capable de dire le p dans « pot » et le m dans « main », mais ne pas arriver à dire « piment ».

Pour lui, les mots de 2 syllabes comme « piment » sont plus difficiles à dire, parce qu’il doit prévoir plusieurs façons différentes de placer sa bouche. Par conséquent, plus le mot à dire est long, plus cela risque d’être difficile. Les mots de 3 ou 4 syllabes (ex. : chocolat, hélicoptère) sont souvent un défi important pour lui. L’enfant peut aussi avoir de la difficulté à adopter la bonne intonation lorsqu’il parle.

La moitié des enfants dyspraxiques aurait des difficultés à apprendre à lire et à écrire.

Le développement du langage de l’enfant présentant une dyspraxie verbale est souvent entravé par ses difficultés de prononciation. L’enfant peut en effet avoir de la difficulté à formuler des phrases, car elles contiennent plusieurs sons. Après 5 ans, ses phrases peuvent donc encore être courtes.

Que ce soit à l’âge préscolaire ou scolaire, l’enfant présentant une dyspraxie verbale vit souvent des frustrations et du stress dans ses relations, notamment avec les autres enfants, car il ne se fait pas bien comprendre. Son estime de lui peut en être affaiblie.

À l’école, il risque également d’avoir de la difficulté à apprendre à lire et à écrire. Il peut avoir besoin de plus d’aide que les autres enfants pour y arriver. Entre autres, il peut éprouver des difficultés liées à la conscience des sons (ex. : reconnaître que « bateau » commence par le son « b »).

Les signes à surveiller

Certains signes de la dyspraxie verbale apparaissent dès la première année de vie. Par contre, plusieurs signes ne sont pas propres à la dyspraxie verbale, ce qui rend souvent le diagnostic complexe :

De 10 à 15 mois

  • L’enfant fait très peu ou pas de sons. Il ne babille pas.
  • Il a eu de la difficulté avec l’allaitement et avec le passage des aliments liquides aux aliments solides.
  • Il s’étouffe souvent ou a fréquemment des haut-le-coeur.
  • Il bave beaucoup plus que les autres enfants du même âge.

De 15 mois à 2 ans

  • L’enfant ne dit pas de mots ou en dit seulement quelques-uns.
  • Il imite peu les bruits et les sons (ex. : les cris d’animaux).
  • Il bave encore beaucoup à 2 ans.

Après 2 ans et pendant tout l’âge préscolaire et scolaire

  • L’enfant est très difficile à comprendre, même pour son entourage.
  • Il compense souvent avec des gestes et des mimiques pour se faire comprendre.
  • Il semble chercher comment placer sa bouche pour dire les mots.

 

Si votre enfant présente ce genre de difficultés ou si vous avez des inquiétudes à propos de son langage, parlez-en à son médecin. Vous pouvez aussi communiquer avec votre CLSC ou avec l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec pour être dirigé vers des ressources en orthophonie.

Le suivi en orthophonie

Avant l’âge de 3 ans et même après, reconnaître la dyspraxie verbale peut être difficile. Malgré tout, il demeure important de consulter une orthophoniste lorsque les difficultés mentionnées précédemment sont observées. Bien entendu, il n’est pas trop tard pour intervenir après 3 ans. L’orthophoniste peut évaluer l’enfant, l’aider et observer sa progression.

Après une évaluation, lorsque l’orthophoniste confirme la présence de difficultés, elle propose un plan d’intervention. Il est composé d’objectifs comme « produire des mots courts » ou « produire des mots de 3 syllabes », selon le niveau de développement de l’enfant.

Le plan d’intervention inclut également des stratégies à appliquer à la maison, dans le milieu de garde ou à l’école pour atteindre ces objectifs. Souvent, la prononciation de certains mots ciblés peut être pratiquée dans les divers milieux de vie de l’enfant.

Le but de l’orthophoniste est d’aider votre enfant à mieux se faire comprendre par des mots et, si nécessaire, par des gestes ou des signes. De cette façon, l’enfant ne se découragera pas de communiquer.

Le diagnostic et le traitement de la dyspraxie verbale

Orthophoniste et enfant ayant une dyspraxie verbale

L’orthophoniste pose souvent le « diagnostic » de dyspraxie verbale après l’âge de 3 ans. En général, avant cela, elle émet simplement l’hypothèse qu’il s’agit de dyspraxie verbale. Lorsque l’enfant présente plusieurs caractéristiques de la dyspraxie verbale sans que les difficultés soient majeures, l’orthophoniste peut aussi parler de « difficultés praxiques ».

Une fois le « diagnostic » posé, il est important d’assurer un suivi constant, peu importe l’âge de l’enfant. Quelques approches ont fait leurs preuves dans le traitement de la dyspraxie verbale. Ces approches peuvent varier selon le niveau de difficulté de l’enfant.

Le traitement vise toujours à rendre automatiques les mouvements qui permettent de produire les sons. Les exercices sont réalisés par le jeu et sont adaptés aux champs d’intérêt et à l’âge de l’enfant.

Lorsque le contexte le permet, des occasions de « pratique » fréquentes sont privilégiées. En effet, des séances d’exercice courtes et fréquentes sont plus efficaces qu’une seule rencontre d’une heure par semaine. Ces séances d’exercice peuvent être réalisées avec l’orthophoniste, mais aussi à la maison et dans le milieu de garde. En ce sens, tout l’entourage de l’enfant gagne à faire équipe.

Comment aider un enfant dyspraxique?

La dyspraxie verbale est un trouble qui est travaillé en collaboration avec une orthophoniste. C’est elle qui cible les mots que l’enfant pourrait s’exercer à dire et qui accompagne les parents afin qu’ils puissent aider leur enfant.

En général, les parents peuvent cibler des moments précis pour les « pratiques ». Par contre, ils gagnent quand même à faire entendre souvent la bonne prononciation des mots à l’enfant, dans le quotidien.

Ainsi, lorsque l’enfant s’exprime avec quelques mots ou une petite phrase et que son message n’est pas clair, le parent peut reformuler ce que l’enfant vient de dire, pour ensuite continuer la conversation. Par exemple, l’enfant dit : « dadin » pour signifier qu’il va au magasin, et le parent répond : « Oui, on va au magasin. On t’achète un chandail? »

L’important est de ne pas prendre constamment un ton indiquant à l’enfant qu’on veut lui enseigner la prononciation. Il ne faut pas non plus arrêter la conversation. L’orthophoniste peut indiquer les contextes où il est intéressant de demander à l’enfant de répéter un mot, le cas échéant.

L’avenir des enfants ayant une dyspraxie verbale

Chaque enfant présentant une dyspraxie verbale est différent. Le développement dépendra donc de l’ampleur des difficultés, de la personnalité de l’enfant, des autres difficultés de langage associées (ex. : difficultés avec les phrases, le vocabulaire) et aussi de l’intensité de l’aide reçue.

À l’âge adulte, certaines personnes dyspraxiques présentent des difficultés de prononciation. Pour d’autres, la parole est pratiquement normale. Cependant, certaines difficultés pourront ressurgir en situation de fatigue, de stress ou dans un contexte qui demande de parler d’un sujet complexe.

 

À retenir

  • La dyspraxie verbale est un trouble qui affecte la capacité à prononcer les sons. L’enfant dyspraxique a de la difficulté à planifier et à programmer les mouvements nécessaires pour parler.
  • Des signes de la dyspraxie verbale peuvent apparaître dès la première année de vie, mais ces signes ne sont pas exclusifs à ce trouble. Le diagnostic peut être difficile à poser et se fait après 3 ans.
  • Le suivi en orthophonie est essentiel pour aider l’enfant dyspraxique à améliorer sa prononciation.

 

Naître et grandir

Recherche et rédaction : Marie-Ève Bergeron-Gaudin, M. Sc., orthophoniste
Adaptation web :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Octobre 2020

 

Photos : iStock.com/track5 et GettyImages/fizkes et FatCamera

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • AMERICAN SPEECH-LANGUAGE-HEARING ASSOCIATION. Childhood Apraxia of Speech.www.asha.org
  • CHARRON, Line.« Réflexions sur les défis dans le diagnostic et la rééducation de la dyspraxie verbale », Rééducation orthophonique, no 263, 2015, p. 187-204.
  • CHARRON, Line et Andrea A. N. MACLEOD. « La dyspraxie verbale chez l’enfant : identification, évaluation et intervention », Glossa, no 109, 2010, p. 42-54.
  • CHILDHOOD APRAXIA OF SPEECH ASSOCIATION OF NORTH AMERICA. www.apraxia-kids.org
  • L’ACCOMPAGNATEUR. Plateforme web conçue pour aider les parents de personnes à besoins particuliers à trouver des ressources pertinentes. laccompagnateur.org
  • MURRAY, Elizabeth, Patricia McCABE et Kirrie J. BALLARD. « A systematic review of treatment outcomes for children with childhood apraxia of speech », American Journal of Speech-Language Pathology, vol. 23, no 3, 2014, p. 486-504. pubs.asha.org
  • PAROLE ET DYSPRAXIE. www.paroleetdyspraxie.com
  • RUSIEWICZ, Heather Leavy, Kaitlin MAIZE et Theresa PTAKOWSKI. « Parental experiences and perceptions related to childhood apraxia of speech: Focus on functional implications », International Journal of Speech-Language Pathology, vol. 20, no 5, 2017, p. 569-580. www.tandfonline.com

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