La puberté précoce

La puberté précoce
Parfois, la puberté survient très tôt (avant 8 ans chez les filles et avant 9 ans chez les garçons). Comment reconnaître la puberté précoce et comment réagir?


Qu’est-ce que la puberté précoce?

La puberté précoce est définie comme le développement des caractéristiques physiques liées à la puberté et des organes reproducteurs avant l’âge considéré comme normal, soit avant 8 ans chez les filles et avant 9 ans chez les garçons.

Le début de la puberté peut varier d’un enfant à l’autre. En général, elle commence entre 8 et 13 ans chez les filles et entre 9 et 14 ans chez les garçons. Si des signes de puberté apparaissent avant, cela peut être considéré comme une puberté précoce.

La puberté précoce peut être classée en deux catégories :

Selon les données récentes, la puberté précoce est de 10 à 20 fois plus fréquente chez les filles que chez les garçons.
  • Puberté précoce centrale (ou puberté précoce vraie) : Le cerveau sécrète des hormones qui activent les glandes sexuelles (ovaires chez les filles, testicules chez les garçons). Cette réaction entraîne le développement précoce des caractéristiques physiques liées à la puberté : l’apparition des poils au niveau du pubis (garçons et filles), le développement des seins chez les filles et l’augmentation du volume des testicules chez les garçons.
  • Puberté précoce périphérique (ou pseudopuberté) : Les glandes sexuelles (ovaires ou testicules) s’activent trop tôt, sans l’aide des hormones sécrétées par le cerveau. Cela peut être dû à des tumeurs, à des anomalies génétiques ou à d’autres conditions médicales. Ces causes ne représentent cependant pas la majorité des cas de puberté précoce et se produisent très rarement.

L’apparition de façon isolée d’une des caractéristiques physiques liées à la puberté n’est pas nécessairement synonyme de puberté précoce. Des investigations doivent être faites par un médecin pour comprendre ce qui se passe. La cause reste souvent inconnue.

Quels sont les signes de la puberté?

Chez les filles

  • Apparition des seins (un des premiers signes)
  • Croissance de poils sur le pubis, les parties génitales et sous les aisselles
  • Poussée de croissance rapide
  • Hanches qui commencent à élargir
  • Acné
  • Première menstruation. L’arrivée des menstruations n’annonce toutefois pas le début de la puberté, mais plutôt que celle-ci est bien amorcée.

Habituellement, les premières menstruations surviennent environ 2 ans après l’apparition des bourgeons mammaires (seins qui commencent à se développer). Les premières règles ne signifient pas une régularité de celles-ci. Elles peuvent même être assez irrégulières pendant les deux premières années.

Chez les garçons

  • Agrandissement des testicules et du scrotum (un des premiers signes)
  • Croissance de poils sur le visage, le pubis, les parties génitales et sous les aisselles
  • Poussée de croissance rapide
  • Acné
  • Voix qui devient plus grave à mesure que les cordes vocales se développent
  • Développement de la masse musculaire

Conséquences psychologiques de la puberté précoce sur l’enfant

Tous les enfants ne réagissent pas de la même façon devant la puberté. C’est le cas aussi pour la puberté précoce. Certains s’adaptent bien aux changements de leur corps, alors que d’autres peuvent trouver la puberté précoce difficile à vivre.

Difficultés souvent vécues par les enfants qui ont une puberté précoce :

  • Confusion et inconfort : L’enfant peut se sentir confus ou mal à l’aise face aux changements rapides de son corps, surtout s’il ne comprend pas pourquoi cela se produit avant les autres enfants de son âge.
  • Problèmes d’image corporelle : L’enfant peut se sentir gêné de son apparence physique, surtout si elle est très différente de celle des autres enfants de son âge (ex. : une fille dont la poitrine est plus développée que celle de ses amies).
  • Sentiment d’isolement : Comme il se sent différent de ses amis, l’enfant peut craindre d’être jugé ou avoir du mal à s’intégrer dans un groupe.
  • Anxiété et dépression : L’enfant peut ressentir de l’anxiété et du stress en raison de la transformation de son corps. Il peut aussi avoir des idées négatives persistantes qui peuvent mener à la dépression.
  • Préoccupations concernant la croissance : L’enfant peut s’inquiéter de la possibilité d’arrêter de grandir trop tôt en raison de sa puberté précoce.
  • Stigmatisation ou intimidation : L’enfant peut être affecté psychologiquement s’il est la cible de moqueries ou de commentaires blessants.

Si l’enfant éprouve certaines de ces difficultés pendant une période plus ou moins longue, consultez un professionnel (ex. : médecin, pédiatre, psychologue, travailleur social). Vous pouvez aussi contacter le CLSC de votre quartier ou appeler le service Info-Social (811, option 2) pour parler avec un travailleur social. Il est aussi recommandé d’en parler avec l’équipe-école de votre enfant.

Quand consulter?

Enfant qui présente des signes de puberté précoce chez le médecin

Il est recommandé de consulter un médecin si des signes de puberté précoce sont présents. Votre médecin de famille ou le médecin consulté vous dirigera vers un spécialiste, en général un endocrinologue pédiatrique ou un gynécologue pédiatrique. Ce spécialiste fera une évaluation pour déterminer la cause des signes de puberté et élaborer un plan de traitement si nécessaire.

Le médecin recueillera les antécédents médicaux et familiaux de votre enfant, les symptômes observés et les données sur sa croissance. Les courbes de croissance depuis la naissance peuvent être utiles pour le médecin.

Il procédera aussi à un examen physique complet de l’enfant pour évaluer le stade de développement de la puberté en tenant compte de la croissance, des organes génitaux et des caractéristiques physiques.

Selon les symptômes de l’enfant et les résultats des premiers examens, d’autres tests plus approfondis peuvent être nécessaires pour mieux comprendre la cause des signes de puberté précoce :

  • Des tests sanguins pour mesurer le niveau des hormones responsables de la puberté, dont l’oestrogène, la progestérone et la testostérone.
  • Des radiographies de la main et du poignet pour évaluer la croissance osseuse et déterminer l’âge osseux.
  • Une échographie pelvienne ou abdominale pour évaluer les organes reproducteurs et détecter d’éventuelles anomalies.
  • Une imagerie par résonance magnétique du cerveau pour évaluer l’hypothalamus et l’hypophyse si une puberté précoce centrale est suspectée.
  • Un test de stimulation hormonale pour évaluer la réponse des glandes sexuelles à des stimuli hormonaux précis.

Faut-il ralentir la puberté précoce?

Il n’est pas toujours nécessaire de ralentir la puberté précoce. La décision de le faire dépend de plusieurs facteurs, notamment de la cause de la puberté précoce, de la progression des signes de puberté, de l’âge et du bien-être global de l’enfant.

En général, un traitement est envisagé lorsque la puberté précoce entraîne des problèmes psychologiques, sociaux ou physiques importants, lorsque l’on veut laisser le temps à l’enfant de grandir plus ou lorsque la croissance rapide pose des risques pour la santé de l’enfant. Les parents et le médecin doivent discuter des avantages et des risques associés à la prise de médicaments.

Le traitement vise à retarder la progression de la puberté à l’aide d’inhibiteurs d’hormones tels que la triptoréline, la goséréline ou la leuproréline. Ces médicaments mettent temporairement en pause la production des hormones sexuelles responsables de la puberté et retardent les signes physiques de la puberté.

Comment expliquer la puberté précoce à mon enfant?

Il est important d’expliquer à votre enfant les changements physiques qu’il vit. Voici comment vous pouvez en parler avec lui.

  • Choisissez un moment où vous pouvez avoir une conversation privée et calme avec votre enfant. Assurez-vous d’avoir assez de temps pour lui donner toute l’information nécessaire et pour répondre à ses questions.
  • Utilisez un langage adapté à l’âge de votre enfant et employez les bons mots (ex. : vagin, vulve, seins, pénis, testicules, menstruations). Évitez les détails médicaux complexes, à moins que votre enfant pose des questions précises.
  • Rassurez-le en lui disant que d’autres enfants vivent aussi une puberté précoce. Dites-lui aussi que s’il a des questions, vous êtes là pour y répondre. Si vous n’avez pas toutes les réponses, dites-lui que vous allez vous informer et lui revenir.
  • Servez-vous de livres ou de vidéos éducatives sur la puberté pour expliquer les changements physiques de manière visuelle (dessins ou animations).
  • Expliquez à votre enfant que chaque personne se développe à son propre rythme. Dites-lui aussi que la puberté commence à des âges différents pour chacun et que tous les jeunes passent par cette étape un jour ou l’autre.
  • Renforcez son estime de soi en soulignant ses forces et en encourageant une attitude positive envers son corps. Ne parlez pas seulement de ses changements physiques, mais aussi de ce que son corps lui permet de faire (ex. : courir, danser, faire du vélo).

À retenir

  • Il peut être normal d’avoir des signes de puberté avant l’âge moyen de la puberté. L’apparition d’un seul signe ne signifie pas nécessairement qu’il y a une puberté précoce.
  • Lorsque des signes de puberté précoce sont présents, il est conseillé de consulter un médecin pour en évaluer la cause. Dans la majorité des cas, il n’y a pas de cause précise.
  • Un enfant vivant une puberté précoce a besoin de se sentir soutenu et de comprendre ce qui se passe dans son corps.
Naître et grandir

Révision scientifique : Stéphanie Legault, infirmière clinicienne, gynécologie pédiatrique, CHU Sainte-Justine
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Juin 2024

Photos : GettyImages/FatCamera et supersizer

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

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  • ARCOITE, Isabelle. On SEXplique ça. Montréal, Éditions de l’Homme, 2021, 252 p.
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  • CHOQUETTE, Hélène. Grande fille! ONF, 2014, 52 min. onf.ca
  • FAVA, Daniela et autres. « Precocious Puberty Diagnoses Spike, COVID-19 Pandemic, and Body Mass Index: Findings From a 4-year Study », Journal of Endocrine Society, vol. 7, no 9, 2023. academic.oup.com
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  • SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE. Soins de nos enfants. Grandir : de l’information pour les garçons au sujet de la puberté. 2018. soinsdenosenfants.cps.ca
  • SOPHER, Aviva. Precocious Puberty and Why it matters. Columbia University, Irving Medical Center, 16 février 2023. cuimc.columbia.edu
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  • TEL-JEUNES. Puberté. teljeunes.com

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