Voici des réponses aux questions les plus courantes sur le développement psychosexuel des enfants de 5 à 8 ans.
De façon générale, l’intérêt des enfants de 5 à 8 ans à l’égard de la sexualité est moins marqué qu’en bas âge, mais certains manifestent toujours une grande curiosité. C’est toutefois un sujet qui préoccupe bien des parents. Voici des réponses aux questions les plus courantes sur le développement psychosexuel des enfants de 5 à 8 ans.
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Ma fille ne joue qu’avec des filles. Dois-je l’inciter à se mêler davantage aux garçons?
Non. Souvent, avant l’âge de 5 ans, les enfants se mélangent entre garçons et filles. Vers l’âge de 5 ans, ils connaissent les différences entre garçons et filles et préfèrent souvent la compagnie des enfants du même sexe qu’eux. Ils partagent davantage de jeux et de champs d’intérêt communs. Il se peut aussi que des enfants aient des affinités avec des enfants du sexe opposé. Il est alors possible qu’ils se fassent agacer par des enfants du même sexe qu’eux. Mais peu importe que l’enfant joue seulement avec des enfants du même sexe que lui ou qu’il se mêle à ceux du sexe opposé, c’est un comportement normal.
Mon garçon est dégoûté lorsqu’il voit deux personnes s’embrasser. Comment réagir?
Ce genre de réaction est fréquent chez les enfants. En fait, cette attitude est la suite logique de la séparation des sexes à cet âge : la plupart des garçons jouent avec les garçons, les filles avec les filles. Lorsqu’ils voient des adultes s’embrasser, les enfants de cet âge s’imaginent à leur place et sont dégoûtés par cette idée. Vous pouvez simplement leur dire : « Pour l’instant ça te dégoûte, mais un jour, quand tu seras grand, ça t’arrivera aussi. » Il risque de paraître toujours aussi dégoûté, mais l’idée germera peu à peu dans son esprit. Inutile toutefois d’insister davantage.
Mon enfant pose beaucoup de questions sur comment faire des bébés. Jusqu’où devrais-je aller dans mes explications?
Pour commencer, vous pouvez lui demander comment il croit que les bébés se font pour avoir une idée de ce qu’il sait sur le sujet. Vous pouvez ensuite lui donner une réponse simple adaptée au niveau de ses connaissances. À cet âge, les enfants ont le désir de comprendre les choses telles qu’elles sont. On oublie donc les histoires de cigogne et de choux. Votre réponse doit refléter la réalité.
Il n’est toutefois pas nécessaire de donner trop de détails dans un premier temps. Vous pouvez par exemple expliquer qu’un homme et une femme qui s’aiment se collent nus et qu’alors, l’homme dépose une graine dans le corps de la femme qui, combinée avec l’oeuf de la femme, fera un petit bébé qui va grandir, puis sortir du corps de la femme au bout de 9 mois. Si, par la suite, votre enfant vous pose d’autres questions, c’est qu’il est prêt à en savoir plus. Vous pouvez donc continuer de répondre simplement à ses questions. Lorsqu’il cesse d’en poser, c’est qu’il a assez d’information pour l’instant.
Pour les familles monoparentales, homoparentales et hétéroparentales qui ont eu recours à un don de sperme ou d’ovule, il est possible de dire par exemple qu’un docteur nous a aidés à mettre des billes d’or ou des graines de vie dans le ventre de maman. Pour en savoir plus, consultez notre texte Adoption et procréation assistée: comment en parler à son enfant?
Certains livres destinés aux enfants expliquent très bien la conception, la grossesse et la naissance. Ils peuvent être un bon support, particulièrement pour les parents qui sont mal à l’aise avec ce sujet. Il n’est pas nécessaire à cet âge d’expliquer tous les contextes possibles de conception ainsi que les difficultés qui peuvent être rencontrées. Il en saura davantage en temps et lieu.
Voici des livres qui pourraient vous aider :
- La naissance, Françoise Rastoin-Faugeron. France, Éditions Nathan, collection « En grande forme », 2011.
- La naissance, Émilie Beaumont et autres. Paris, Éditions Fleurus, 2005.
- La naissance, Sylvie Deraime. Paris, Éditions Fleurus, 2015.
Mon garçon fait des blagues sur les organes génitaux et utilise des mots vulgaires. Dois-je le laisser faire?
Par curiosité et souvent pour faire rire leurs amis, les enfants font des blagues sur les organes génitaux. Ils peuvent aussi le faire pour attirer l’attention des adultes, surtout si ces derniers se mettent en colère. Il y a deux choses que vous pouvez faire. Si vous sentez que votre enfant cherche à attirer votre attention, mieux vaut ignorer ses blagues et ses mots vulgaires. Vous pouvez aussi lui dire qu’il aura votre attention quand il cessera de parler ainsi. Dans un second temps, vous pouvez lui parler en dehors de ces épisodes où il parle de sexualité en utilisant des mots vulgaires pour lui dire que la sexualité est quelque chose de beau qui doit être respecté. Demandez-lui d’utiliser les vrais mots et d’en parler lorsque le contexte est approprié. Bien sûr, les parents sont un modèle pour leur enfant. Il est donc important que les adultes parlent aussi avec respect de la sexualité et utilisent les vrais termes.
Il arrive que ma fille se masturbe avec son toutou. Que dois-je faire?
La masturbation est un comportement fréquent chez les enfants et met bien des parents mal à l’aise. Il arrive que l’enfant se masturbe par plaisir, mais il est possible aussi qu’il le fasse par ennui ou encore pour se calmer. Quand votre enfant se masturbe, vous pouvez lui dire que c’est correct, mais que se toucher se fait en privé, dans sa chambre. Quand la masturbation est occasionnelle et qu’elle se fait en privé, c’est tout à fait correct.
Mon enfant est devenu très pudique. Dois-je le laisser faire?
La pudeur se développe en vieillissant. Il est donc tout à fait normal que l’enfant manifeste de la pudeur, c’est-à-dire qu’il protège son intimité lorsqu’il est nu. Cela n’a rien à voir avec la honte de son corps ou avec des malaises concernant la sexualité. C’est simplement qu’il a compris que son corps est à lui et que ses parties génitales sont privées.
La pudeur est aussi un très bon moyen de prévention contre les abus sexuels. En effet, un enfant pudique sera plus alarmé par un adulte qui se montre nu ou qui lui demande de se déshabiller devant lui. Il faut donc respecter son besoin de pudeur et d’intimité. Puisque vous êtes un modèle pour votre enfant, ne vous montrez pas nu devant lui si vous sentez que cela le dérange. De cette façon, votre enfant comprend qu’il a lui aussi droit à son intimité.
Mon garçon me dit qu’il a une amoureuse. Que signifie « être amoureux » à cet âge?
Les enfants aiment regarder les adultes autour d’eux et les imiter. Avoir un amoureux ou une amoureuse est la reproduction de ce qu’ils voient autour d’eux. L’enfant ressent un bien-être en compagnie d’un autre enfant, souvent de sexe différent, et se déclare alors « amoureux ». N’oubliez pas qu’à cet âge, les enfants préfèrent habituellement la compagnie d’enfants du même sexe qu’eux. Lorsqu’il joue avec un enfant de l’autre sexe et apprécie sa compagnie, l’enfant peut avoir tendance à se voir comme « amoureux » puisque cette relation semble spéciale. Ce sentiment peut être renforcé par les taquineries des autres enfants et, parfois, par les commentaires des adultes qui voient cette préférence comme « mignonne ».
Devrais-je parler des différentes orientations sexuelles à mon enfant?
La réponse varie en fonction de l’environnement de votre enfant. Si une personne de son entourage est d’orientation homosexuelle, il est important qu’il sache que deux personnes du même sexe peuvent s’aimer ou former un couple. Sinon, vous pouvez attendre que l’occasion se présente et alors, montrez-vous ouvert et disponible à en parler. Peu importe le sujet à aborder avec votre enfant concernant son développement psychosexuel, il convient d’en parler lorsqu’il vous pose des questions, qu’il démontre un intérêt ou encore lorsque la situation s’y prête.
Ma fille a 8 ans. Dois-je commencer à lui parler de menstruations?
Le défi avec le sujet des menstruations est d’en parler préférablement avant qu’elles ne surviennent pour éviter que l’enfant soit prise au dépourvu et qu’elle ait peur. L’âge moyen du début des menstruations se situe vers l’âge de 12 ans. Comme il s’agit d’une moyenne, certaines filles auront leurs menstruations à 10 ans, et d’autres à 13 ans, par exemple. En en parlant avec votre fille dès l’âge de 8 ans, vous êtes certaine d’aborder le sujet avant que les menstruations ne surviennent. Vous pouvez le faire de façon fort simple pour commencer, en profitant notamment du moment où vous avez vos règles pour amener votre fille avec vous, par exemple, faire l’achat de tampons ou de serviettes hygiéniques. Vous pouvez simplement lui expliquer qu’une fois par mois, les femmes perdent du sang pendant quelques jours, mais qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, et qu’un jour ça lui arrivera aussi. Si elle vous pose davantage de questions, vous pourrez aller plus loin dans vos explications, pourvu qu’elles demeurent simples et compréhensibles pour elle.
Quand faut-il s’inquiéter au sujet des comportements sexuels d’un enfant?
Les comportements sexuels inquiètent souvent les parents. On peut s’attendre à ce qu’entre 5 et 8 ans, un enfant se montre nu, regarde un autre enfant nu, se touche lui-même ou touche l’autre, toujours dans un souci de curiosité et d’exploration.
Les comportements suivants ne sont pas communs chez un enfant et méritent une attention particulière :
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Les gestes répétitifs;
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Les gestes qui persistent dans le temps;
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Les propos qui dépassent les connaissances sexuelles d’un enfant de cet âge (l’enfant parle de sexe oral et de pénétration, par exemple);
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Les comportements qui empêchent votre enfant de vaquer à ses occupations (par exemple, il se masturbe constamment dans sa chambre au lieu de jouer, ou encore, ses jeux avec ses voisins se limitent à des jeux sexuels);
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Les comportements qui continuent malgré l’intervention d’adultes qui posent certaines limites;
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Les comportements sexuels qui impliquent des enfants d’âges différents (par exemple, un enfant de 8 ans et un enfant de 4 ans);
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Lorsqu’il y a présence de manipulation, de chantage ou de force dans les comportements sexuels entre enfants.
Si vous êtes inquiet, n’hésitez pas à consulter un sexologue qui se spécialise auprès des enfants, un psychologue ou un médecin afin d’éclaircir la situation et d’intervenir en cas de besoin.
Abus sexuels : ce que dit la loi
Si vous pensez que votre enfant ou un enfant de votre entourage est victime d’abus sexuels, vous devez le signaler à la police ou au bureau de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de votre région. Votre identité demeurera confidentielle. N’oubliez pas que si un enfant s’est confié à vous, c’est qu’il compte sur votre aide. Au Québec, la Loi sur la protection de la jeunesse oblige quiconque à faire un signalement s’il croit qu’un enfant a été victime d’abus sexuel. |
| Recherche et rédaction : Geneviève Parent, sexologue et psychothérapeute Mise à jour : Mai 2021
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Photo : iStock.com/Yobro10
Ressources et références
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GOUVERNEMENT DE L’ÎLE-DU-PRINCE-ÉDOUARD. Comité consultatif provincial sur l’exploitation sexuelle des enfants. Comportement sexuel des enfants. Guide à l’intention des parents. 2013. www.gov.pe.ca
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LABBÉ, Jean. Sexualité chez l’enfant et abus. Université Laval, département de pédiatrie. www.researchgate.net
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ORDRE PROFESSIONNEL DES SEXOLOGUES DU QUÉBEC. www.opsq.org
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ROBERT, Jocelyne. Ma sexualité de 6 à 9 ans. Éditions de l’homme, 2015, 64 p.
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SAINT-PIERRE, Frédérique et Marie-France VIAU. 2006. La sexualité de l’enfant expliquée aux parents. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, « collection du CHU Sainte-Justine pour les parents », 2006, 208 p.
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SOCIÉTÉ DES OBSTÉTRICIENS ET GYNÉCOLOGUES DU CANADA. masexualite.ca. La sexualité et le développement de l’enfant. Moyenne enfance (5-8). 2012. www.masexualite.ca
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VERMONT, Charline. Corps, amour, sexualité : les 120 questions que vos enfants vont vous poser. Paris, Albin Michel, 2022, 208 p.
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