Utiliser le chantage avec un enfant n’est pas efficace. Comment intervenir autrement?
Les parents peuvent parfois avoir recours au chantage quand leur enfant ne les écoute pas. C’est toutefois une stratégie qu’il est préférable d’éviter.
Qu’est-ce que le chantage?
Le chantage, c’est :
- utiliser des menaces pour intervenir auprès de son enfant (ex. : « Si tu ne m’aides pas à ranger tes jouets, je te les confisque »);
- forcer son enfant à faire quelque chose qu’il n’a pas envie de faire, sous peine de subir une conséquence (ex. : « Va brosser tes dents maintenant ou tu n’auras pas d’histoire »);
- utiliser une émotion du parent pour modifier le comportement de l’enfant (ex. : « Je vais être très en colère si tu ne m’écoutes pas »).
Le parent qui utilise le chantage se sent souvent dépassé et impuissant face au comportement de son enfant. Il a recours au chantage parce qu’il tente de reprendre le contrôle de la situation pour satisfaire son besoin personnel. Le parent qui utilise le chantage ne répond donc pas aux besoins et aux émotions de son enfant.
Pourquoi éviter le chantage?
Même s’il est tentant de faire du chantage pour vous faire écouter, cette stratégie n’est pas efficace à long terme. Voici pourquoi.
Votre enfant peut ressentir du stress
Si vous avez recours aux menaces pour vous faire écouter, votre enfant peut ressentir du stress. Il aura alors de la difficulté à comprendre ce que vous attendez de lui.
Par exemple, si vous lui dites : « Si tu n’es pas habillé dans 2 minutes, je pars sans toi », votre enfant peut craindre que vous le laissiez seul à la maison. S’il fait ce que vous lui demandez, ce sera parce qu’il a peur que vous partiez sans lui. Ce ne sera pas parce qu’il a véritablement compris votre demande de s’habiller maintenant.
À long terme, le chantage favorise l’insécurité au lieu de développer la compréhension et la collaboration de votre enfant. Au lieu d’utiliser le chantage, tentez plutôt d’expliquer la situation à votre enfant. Si possible, dites-lui aussi à quel moment il pourra obtenir ce qu’il demande.
Vous pouvez, par exemple, lui dire : « Je vois que tu veux rester en pyjama, je te comprends. Ce matin, ce n’est pas possible, car nous devons sortir. Mais dans deux jours, ce sera la fin de semaine. On pourra rester en pyjama plus longtemps, si tu veux. »
Votre enfant s’habitue à faire les choses en échange d’une récompense
Promettre des récompenses à votre enfant pour qu’il vous écoute l’habitue à répondre à vos demandes en échange de quelque chose. À long terme, cela ne favorise pas le désir de collaborer, de s’entraider et de faire plaisir à l’autre.
Si vous utilisez la récompense pour apprendre un nouveau comportement à votre enfant, le renforcement positif doit être de courte durée. Par exemple, votre enfant a droit à un autocollant chaque fois qu’il vous aide à faire des tâches.
Lorsque votre enfant aura pris l’habitude d’aider, remplacez petit à petit la récompense par un simple « merci ». Offrez-lui aussi des commentaires sur la qualité de l’aide qu’il vient de vous apporter. La récompense par des commentaires positifs permet de le valoriser. Puisqu’il est fier de lui, il apprend à reproduire les comportements souhaités.
Plus un enfant vieillit, plus on s’attend à ce qu’il pose des actions sans se faire récompenser. Ce phénomène se nomme « autodétermination », c’est-à-dire le fait de se mettre en action sans que quelqu’un l’ait demandé.
Votre enfant risque d’avoir recours au chantage
Votre enfant risque de vous imiter si vous avez souvent recours au chantage, car vous êtes un modèle pour lui. En vous observant, il s’aperçoit que le chantage est une bonne façon d’obtenir ce qu’il veut.
À partir d’environ 4 ans, votre enfant peut même tenter de négocier avec vous, car cette habileté se développe à cet âge. Si vous lui demandez de ranger ses jouets, il peut vous répondre des phrases comme : « Je vais ranger, à condition de pouvoir écouter la télévision. »
Le chantage alimentaireLe chantage lors des repas doit aussi être évité. Menacer un enfant de le priver de dessert lorsqu’il refuse de manger pourrait le pousser, par exemple, à bouder les fruits et les légumes. Il pourrait aussi en venir à être plus attiré par les friandises ou à ignorer ses signaux de faim. L’idéal est que vous décidiez de l’heure du repas et du contenu de l’assiette. De son côté, votre enfant décide de la quantité de nourriture qu’il mange. Ainsi, vous sensibilisez votre enfant à son niveau d’appétit au lieu de lui donner une conséquence (ex. : perte d’un dessert). Enfin, établissez des règles claires autour des repas. Elles rendent les attentes alimentaires prévisibles pour votre enfant. Des règles claires permettent de diminuer l’opposition de votre enfant à l’heure des repas. |
Comment éviter le chantage?
Voici des stratégies positives à utiliser avec votre enfant pour vous faire écouter et diminuer son opposition, tout en évitant le chantage.
- Mettez en place des routines afin que votre enfant sache à quoi s’attendre. Elles le sécurisent et lui donnent le sentiment d’être en contrôle. Pour l’aider à se repérer dans la routine, rappelez-lui ce qui s’en vient. Vous pouvez aussi lui poser des questions comme : « Qu’est-ce qu’on fait après le bain? » ou « À quel endroit se trouve ton pyjama déjà? ».
- Laissez votre enfant prendre certaines décisions. Il aura tendance à mieux collaborer s’il sent qu’il a du pouvoir sur ce qui lui arrive. Par exemple, demandez-lui : « Veux-tu commencer par ranger tes blocs ou tes dinosaures? », au lieu de dire : « Range tes jouets ». Pour l’aider à décider, limitez le nombre de choix. Évitez aussi les questions comme : « Es-tu prêt à ranger tes jouets? » S’il peut répondre oui ou non, votre enfant voudra poursuivre son activité au lieu de faire ce que vous lui demandez.
- Utilisez un décompte ou un repère de temps visuel (type time timer). Cela aide votre enfant à faire un bon choix et à respecter votre demande dans la limite de temps donnée.
- Expliquez à votre enfant l’ordre dans lequel les choses doivent être faites plutôt que de le menacer. Dites-lui, par exemple : « Tu me demandes de faire deux jeux. Si tout le matériel est sorti, les pièces pourraient se mélanger. J’aimerais qu’on sorte un jeu à la fois et qu’on le range avant d’en prendre un autre », plutôt que : « Si tu ne ranges pas ton jeu, je n’en fais pas d’autres avec toi ». Votre enfant comprend ainsi qu’il doit terminer une activité avant de passer à une autre.
- Reformulez votre demande en la découpant en petites étapes pour diminuer la pression que votre enfant peut vivre. Dites-lui, par exemple : « Il est temps de t’habiller. Commence par ta culotte. Ensuite, ton chandail. Puis, ton pantalon. Et termine par tes chaussettes. »

- Utilisez le jeu et l’humour. Par exemple, au lieu de demander à votre enfant de mettre ses vêtements dans le panier à linge sale, dites-lui : « Prends ton linge, ferme tes yeux et laisse-moi te guider vers la salle de lavage! » Vous pouvez aussi lui suggérer de lancer ses vêtements dans le panier comme s’il jouait au basket. Ainsi, son attention est dirigée vers le plaisir plutôt que sur votre demande. En plus, rire avec votre enfant vous permet de vivre un moment privilégié avec lui et renforce votre lien d’attachement.
- Répétez votre demande et dites à votre enfant que vous le laissez seul un moment afin qu’il puisse faire ce que vous lui avez demandé. Cela lui permet de diminuer sa colère et d’augmenter son sentiment d’autonomie.
- Aidez votre enfant à mettre des mots sur ce qu’il vit. Montrez-lui que vous le comprenez, par exemple : « Je sais que, parfois, tu n’aimes pas quand je te dis quoi faire. » Aidez-le ensuite à parler de ce qu’il veut et à mettre des mots sur ses émotions. Cela vous aidera à mieux comprendre sa réaction et à trouver une solution. S’il se sent écouté et compris, votre enfant aura tendance à mieux collaborer.
- Accordez à votre enfant un moment pour se calmer. Il ressent peut-être trop d’émotions (colère, jalousie, etc.) pour être à l’écoute de votre consigne. En lui offrant du temps pour se calmer, vous l’aidez à entreprendre les actions pour respecter la demande. Lorsqu’il est calme, répétez la consigne et offrez-lui votre aide. Par exemple : « J’aimerais qu’on range tes jouets. Commençons par tes figurines, je vais t’aider. Ensuite, tu pourras ranger tes livres ou tes toutous. »
- Si vous sentez que vous allez perdre patience, prenez une pause pour vous calmer. Prenez de grandes respirations. Vous pouvez aussi changer de pièce pendant quelques minutes. Avisez alors votre enfant en lui disant, par exemple : « Je te laisse penser à ça, je reviens dans une minute. » À votre retour, rappelez-lui votre demande. Vous pouvez lui dire : « Je vois que ça ne fait pas ton affaire. C’est vrai que c’est frustrant de ne pas pouvoir tout décider. » Se sentir compris peut l’aider à collaborer.
Quand votre enfant fait du chantage…Si votre enfant utilise le chantage, expliquez-lui qu’on ne fait pas les choses pour obtenir une récompense. Vous pouvez aussi ignorer son commentaire. Rappelez-lui ensuite ce que vous attendez de lui (ex. : « Ce que je t’ai demandé, c’est de ranger. »), en expliquant la raison de votre demande. Si vous faites preuve de constance dans vos interventions, votre enfant apprendra qu’il ne peut pas utiliser le chantage avec vous. Rassurez aussi votre enfant en lui indiquant que vous avez compris son désir (ex. : regarder la télévision). Proposez-lui un moment précis où son désir pourra être comblé, par exemple : « Après le repas, nous pourrons prendre le temps de nous relaxer un peu devant ton émission. » Idéalement, laissez passer un peu de temps entre l’exécution de la tâche et sa demande. Cela évitera que votre enfant associe son désir (ex. : regarder la télévision) à une récompense. |
À retenir
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Le chantage répond davantage au besoin du parent de reprendre le contrôle d’une situation qu’aux besoins de l’enfant.
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Promettre des récompenses à votre enfant pour qu’il vous écoute l’habitue à faire des choses en échange d’autre chose. Cela ne lui apprend pas à collaborer.
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Pour amener votre enfant à collaborer sans utiliser le chantage, pensez à mettre en place des routines. Vous pouvez aussi lui offrir à l’occasion des choix, tout en vous assurant d’expliquer clairement les consignes.
| Révision scientifique : Andréane Ringuette, psychoéducatrice Recherche et rédaction : Équipe Naître et grandir Mise à jour : Mai 2025
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Photos : GettyImages/fizkes et Monkey Business Images Ltd
Ressources et références
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