Aider les enfants à comprendre la mort

Aider les enfants à comprendre la mort
Pas facile de parler de la mort avec son enfant. Quelques pistes pour mieux aborder ce sujet délicat.


La mort est rarement un sujet facile à aborder avec un enfant. Pourtant, il est important d’en parler, car elle fait partie de la vie. Comment s’y prendre?

 

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Que comprend un enfant de la mort?

C’est habituellement vers 3 ou 4 ans que les questions sur la mort apparaissent. L’enfant cherche à comprendre le monde. Il pose des questions à partir de ce qu’il voit et de ce qu’il vit (ex. : « Pourquoi l’oiseau sur le gazon ne bouge plus? » ou « Pourquoi notre chat est mort? »). Avant 5 ans, l’enfant a une compréhension limitée de la mort.

Même s’il sait que le coeur de la personne décédée ne bat plus et que celle-ci ne peut ni entendre ni parler, le tout-petit a de la difficulté à comprendre que la mort est permanente. Il croit que la mort est temporaire et que la personne décédée va revenir. Il ne réalise pas non plus que tout le monde mourra un jour. Il pense que seules les personnes âgées peuvent mourir.

Entre 5 et 7 ans, à mesure que sa pensée se développe, l’enfant comprend mieux que tout le monde peut mourir, et pour toujours. À l’âge de 9 ans, il comprend que la mort est universelle, irréversible, permanente et inséparable du cycle de vie.

Comment expliquer la mort à un enfant?

Il est bon de parler de la mort avant qu’un décès survienne dans votre entourage, car vous pourrez en parler en étant moins émotif. Il n’est pas nécessaire d’attendre que votre enfant vous pose des questions à ce sujet.

Lorsque vous parlez de la mort avec votre enfant, restez concret et utilisez des mots simples.

Une façon simple d’aborder le sujet avec votre tout-petit est de partir du cycle de la vie dans la nature. Par exemple, dès 2 ou 3 ans, faites-lui observer que les bourgeons arrivent au printemps, que les feuilles grossissent durant l’été, qu’elles se fanent, meurent et tombent à l’automne. Vous pouvez lui donner d’autres exemples qui ne l’inquiéteront pas (ex. : insectes, fleurs, oiseaux, poissons) pour lui montrer que chaque être vivant a un cycle de vie. Expliquez-lui que c’est la même chose pour les humains.

Vous pouvez aussi lui dire que, parfois, les êtres vivants tombent si gravement malades ou souffrent tellement qu’ils ne peuvent pas rester en vie. Cependant, insistez bien sur le fait que souvent les personnes et les animaux peuvent guérir de leur maladie et vivre très vieux.

Pour aider votre tout-petit à comprendre la permanence de la mort, dites-lui simplement que quand une personne meurt, c’est pour toujours et qu’elle ne revient pas. Pour le rassurer, mentionnez-lui qu’il est possible de penser aux bons moments passés avec la personne décédée et que cela fait du bien.

Quand vous parlez de la mort à votre enfant, abordez le sujet avec tact et sensibilité. Soyez aussi ouvert et franc que possible et laissez votre enfant mener la conversation. Encouragez-le à s’exprimer et à poser des questions. Répondez-y de votre mieux, tout simplement. Il est bon de ne pas lui cacher que vous ne savez pas tout et que certaines choses sont difficiles à comprendre, même pour les adultes.

Pour savoir comment expliquer à votre enfant la perte d’un bébé en cours de grossesse, consultez Deuil périnatal: comment soutenir les parents?

Pour savoir comment aborder le suicide, consultez notre fiche Le deuil chez l’enfant (après 5 ans).

Les mots à éviter pour parler de la mort

Il ne faut pas cacher la réalité à votre enfant. Évitez donc d’utiliser des expressions comme « s’endormir », « partir », « s’en aller » ou « vivre au ciel » pour expliquer la mort. Si vous dites à votre enfant que grand-papa s’est « endormi », votre tout-petit risque d’avoir peur d’aller au lit, de crainte de mourir lui aussi. Même chose si vous lui dites que grand-maman « est partie » pour un long voyage ou qu’elle « vit au ciel ». Votre enfant attendra son retour, il sera anxieux quand un être cher partira en voyage ou il entretiendra l’espoir de revoir sa grand-mère dans le ciel lors d’un voyage en avion.

De même, si la maladie est la cause de la mort, dites-le à votre enfant en employant des mots simples : « Grand-maman avait un cancer. C’est une maladie très grave. Parfois, il y a des gens qui guérissent, mais pas toujours. » Ne lui dites pas seulement que sa grand-mère est morte parce qu’elle était très malade, car il pourrait croire qu’elle avait un simple rhume. Il pourrait alors craindre de mourir lui aussi s’il tombe malade. Il pourrait aussi avoir peur que vous mouriez si vous êtes malade. Rassurez-le aussi en lui expliquant que la mort n’est pas contagieuse.

Comment répondre aux questions d’un enfant sur la mort?

Voici des idées de réponses à donner quand votre tout-petit vous questionne sur la mort.

Pourquoi on meurt?
« En général, on meurt parce qu’on vieillit. Avec le temps, le corps est tellement usé qu’il ne peut plus fonctionner. C’est le cycle de la vie : on naît, on grandit, on devient un adulte, on devient de plus en plus vieux et on meurt. Parfois, on meurt avant d’être vieux parce qu’on a une maladie qui ne se guérit pas ou parce qu’on a un grave accident. »

Est-ce que l’on sait quand on va mourir?
« Non, personne ne sait quand il va mourir. En général, on meurt quand on est très vieux. Ça peut arriver avant, si on a une maladie ou un accident très grave. »

Qu’est-ce qui se passe quand on meurt?
« Notre coeur arrête de battre et notre corps ne fonctionne plus. Il n’y a plus de vie dans notre corps. Ça veut dire qu’on ne respire plus, que notre sang ne circule plus, que notre cerveau ne marche plus. On ne sent plus rien. »

Où on va quand on est mort?
« On met le corps dans un cercueil. En général, la famille et les amis se réunissent pour dire adieu au corps et après on l’enterre. Dans la terre, le corps disparaît petit à petit. On peut aussi brûler le corps et garder les cendres dans un contenant spécial appelé urne. Après, le corps de la personne morte n’est plus là, mais on peut encore se souvenir d’elle, par exemple en regardant des photos. » Vous pouvez aussi partager vos croyances religieuses en précisant à votre enfant que ce n’est pas tout le monde qui croit la même chose.

Vas-tu mourir?
« Oui, je vais mourir un jour, tout le monde meurt, ça fait partie de la vie. J’espère que ce sera dans longtemps. Je vais sûrement être très vieux. Et toi aussi, tu seras vieux. Pour l’instant, je suis bien là, en forme et en santé. »

 

À retenir

  • Avant 5 ans, un enfant a encore du mal à comprendre la mort.
  • Vous pouvez partir du cycle de la vie dans la nature pour parler de la mort à votre enfant.
  • Il est préférable de ne pas cacher la réalité et d’utiliser des mots simples que l’enfant peut comprendre.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Josée Jacques, psychologue spécialisée dans le deuil
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Octobre 2019

 

Photo : GettyImages/fizkes

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

Pour les parents

  • DEUIL-JEUNESSE. Ensemble, redonnons l’espoir. Pour eux, pour nous. www.deuil-jeunesse.com
  • DOLTO, Françoise. Parler de la mort. Paris, Éditions Mercure de France, 1998, 62 p.
  • FÉDÉRATION DES COOPÉRATIVES FUNÉRAIRES DU QUÉBEC. Comment parler de la mort aux enfants lors d’un décès. www.fcfq.coop
  • FÉDÉRATION DES COOPÉRATIVES FUNÉRAIRES DU QUÉBEC. Protégez-Vous.ca. Chercher de l’aide en période de deuil : trouver le bon support dans la tourmente. 2019. www.protegez-vous.ca
  • GRENIER, Louise. L’absence de la mère : retrouver le lien perdu avec soi. Montréal, Les Éditions Québec-Livres, 2011, 288 p.
  • HUISMAN-PERRIN, Emmanuelle. La mort expliquée à ma fille. Paris, Éditions du Seuil, 2002, 64 p.
  • JACQUES, Josée. Un baume pour le coeur. Québec, Corporation des thanatologues du Québec, 2005, 43 p. domainefuneraire.com
  • LEEUWENBURGH, Erika et Ellen GOLDRING. Aidez votre enfant à vivre un deuil. Saint-Constant, Broquet, 2009, 127 p.
  • MASSON, Josée. Accompagner un jeune en deuil. Montréal, Les Éditions Trécarré, 2019, 392 p.
  • OPPENHEIM, Daniel. Parents : comment parler de la mort avec votre enfant? Bruxelles, De Boeck, 2007, 168 p.
  • VAINEAU, Anne-Laure. « Comment parler de la mort avec les enfants? », Psychologies, 2012. www.psychologies.com

Pour les enfants

  • AUBINAIS, Marie. Les questions des tout-petits sur la mort. Montrouge, Bayard Jeunesse, 2010, 140 p.
  • COBB, Rebecca. Au revoir maman. Namur, Mijade, 2016, 24 p.
  • HUARD, Alexandra et Astrid DUMONTET. La vie, la mort. Toulouse, Éditions Milan, 2014, 38 p.
  • JACQUES, Josée et Ninon PELLETIER. Ma vie sans toi. Montréal, Éditions Petit Homme, 2019, 64 p. (album d’activités pour accompagner le deuil)
  • KAPLOW, Julie. Samantha a perdu son papa. Une histoire sur… le deuil. Saint-Lambert, Éditions Enfants Québec, 2009, 32 p.
  • LATULIPPE, Martine et Nathalie PARENT. Le deuil d’Olivia. Guy Saint-Jean Éditeur, septembre 2022, 28 p.
  • PION, Lynne. Est-ce que tout le monde meurt? Québec, CARD – Éditions Le Dauphin Blanc, 2015, 100 p.
  • POG et LILI LA BALEINE. Mamie est partie. Paris, Gautier-Languereau, 2017, 32 p.
  • SCHMITT, Claire-Lyse. Quand Émile est mort... Colmar, Jérôme Do Bentzinger éditeur, 2018, 32 p.

 

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