Le développement de l'autonomie

Le développement de l'autonomie
« Non, moi tout seul! » Pourquoi veut-il tout faire seul, même lorsqu’il n’est pas encore capable?


À sa naissance, un bébé est entièrement dépendant de ses parents. Puis, l’autonomie fait doucement son apparition lorsqu’il commence à ramper, à marcher à quatre pattes et à saisir des objets. Cette quête d’autonomie va se poursuivre pendant plusieurs années.

Comment se développe l’autonomie?

Lorsqu’il commence à se déplacer, un bébé veut explorer, mais en même temps, il craint de s’éloigner. C’est pourquoi il fait en général de courtes explorations : il s’éloigne un peu, retourne auprès de son parent pour être rassuré et repart ensuite. Lorsqu’il est rassuré, sa confiance en lui augmente, ce qui lui permet de gagner peu à peu de l’autonomie.

Lorsqu’un enfant gagne de l’autonomie, il ressent un certain pouvoir sur lui-même, sur les objets et sur les autres.

De 18 à 36 mois, l’enfant commence à vouloir vraiment faire les choses par lui-même. Toutefois, il n’est pas encore certain d’y arriver. Il a toujours besoin d’encouragements et de sentir que son parent croit qu’il peut réussir à manger seul, à s’habiller ou à ranger ses jouets sur l’étagère, par exemple.

Même si l’enfant a de la difficulté à réaliser certaines tâches au début, les encouragements qu’il reçoit pour ses efforts lui permettent de croire en ses capacités. À l’inverse, il risque de se sentir honteux et de ne pas croire en lui si ses difficultés provoquent de l’impatience, des critiques et des punitions. Le développement de son autonomie pourrait alors être ralenti.

L’apprentissage de l’autonomie est essentiel au développement des tout-petits. Cet apprentissage se fait à coup d’essais, d’erreurs, de pleurs et de réussites.

Pour protéger leur tout-petit ou lui éviter des frustrations, certains parents freinent parfois ses élans d’autonomie. C’est à ce moment que peuvent survenir les crises du « Non, tout seul! » En plus, un enfant surprotégé risque de devenir anxieux, de manquer d’assurance et d’être craintif et peu débrouillard.

Pour en savoir plus, consultez notre fiche Protéger sans surprotéger.

Faut-il toujours le laisser faire seul?

Même si votre tout-petit doit apprendre à devenir plus autonome, cela ne veut pas dire que vous devez toujours le laisser faire les choses seul. Par exemple, s’il a réussi à mettre ses vêtements seul un matin, il peut encore avoir besoin de votre aide et de votre présence pour s’habiller.

De même, ce n’est pas grave si vous habillez vous-même votre enfant un matin où vous êtes en retard. Si vous croyez que cela risque de le fâcher, prévenez-le en lui disant, par exemple : « Je sais que tu aimes beaucoup t’habiller seul. Ce matin, on est un peu pressé, donc je vais t’aider. C’est possible que ça te fâche et que tu aies envie de pleurer, je suis là pour toi. »

Donnez à votre enfant des occasions d’exercer ses nouvelles habiletés à des moments où il est en forme pour apprendre et où vous êtes disponible pour l’accompagner.

Si votre enfant est très fatigué et n’arrive pas à mettre son pyjama, n’insistez pas pour qu’il le mette lui-même. Dites-lui que vous allez l’aider et qu’il réussira un soir qu’il est moins fatigué. Quand vous reconnaissez le besoin de votre tout-petit, il se sent compris et respecté. Il apprend qu’il peut être lui-même avec vous. Cela contribue à développer sa confiance en lui, ce qui l’aide à devenir plus autonome.

Au début, vous jouez un rôle important pour encourager votre enfant à devenir autonome, mais il apprend petit à petit à trouver lui-même la motivation pour faire des choix et décider ce qu’il veut faire. Il réalise alors qu’il est capable de prendre ses propres décisions et de contrôler ses actions. Cela le rend fier et lui permet de développer un sentiment de compétence.

De petites responsabilités pour grandir

Votre enfant prend conscience de ses limites et de ses forces lorsque vous le laissez faire de petites choses par lui-même, en l’accompagnant au besoin. Il construit son estime de lui-même et développe peu à peu son sens des responsabilités.

Voici des idées de tâches et de responsabilités à confier à votre tout-petit. L’objectif est de le faire participer, même si le résultat n’est pas parfait.

18 mois à 3 ans

  • Aider à mettre la table avec votre aide. Au début, demandez à votre enfant de mettre seulement son assiette, son verre et ses ustensiles.
  • Laver quelques parties de son corps (ex. : ventre et bras) quand il prend son bain. Montrez-lui comment mettre du savon sur la débarbouillette, se savonner et se rincer.
  • Sortir ses jouets de la baignoire.
  • Se laver les mains et les essuyer (sous supervision).
  • Essuyer un petit dégât (ex. : un peu d’eau ou de lait) sur la table ou le plancher.
  • Ranger ses jouets avec votre aide. Décrivez ce que vous faites pour que votre tout-petit apprenne où vont les choses, par exemple : « Je place le livre dans la bibliothèque, je mets les petites voitures dans la valise, je range les toutous dans le panier. »
  • Aider à plier les débarbouillettes et à trier les bas identiques qui sortent de la sécheuse.
Évitez les stéréotypes quand vous donnez de petites responsabilités à votre enfant. Par exemple, votre fils peut passer le balai, tandis que votre fille peut vous aider à pelleter.

3 à 4 ans

  • Accrocher son manteau à un crochet à sa hauteur.
  • Ranger ses vêtements dans les tiroirs.
  • Mettre le linge sale dans le panier de lavage.
  • Nettoyer sa place à la table.
  • Aider à ranger les achats de l’épicerie.
  • Mesurer les ingrédients secs d’une recette, les verser dans un bol et les mélanger.

4 à 5 ans

  • Se verser un verre de lait.
  • Aider à mettre et à débarrasser la table.
  • Aider à vider le lave-vaisselle.
  • Épousseter un meuble (sans bibelots dessus).
  • Se laver seul dans le bain avec supervision.
  • Faire son lit, avec de l’aide.
  • Aider pour le déjeuner (ex. : mettre le pain dans le grille-pain et verser les céréales ou le yogourt dans un bol).
  • Donner de la nourriture à un animal de compagnie avec supervision.

Autonome dans plusieurs domaines

L’autonomie ne se résume pas aux gestes que votre tout-petit peut faire seul. Elle concerne aussi son langage et son développement cognitif, social, affectif et moral.
Par exemple, lorsque votre enfant apprend de nouveaux mots ou dit pour la première fois : « Veux eau! », il développe son autonomie langagière. Quand il comprend qu’un objet existe toujours même s’il disparaît de sa vue, pose des questions ou classe ses petites voitures par couleur, il façonne son autonomie intellectuelle.
Enfin, quand il commence à nommer ses préférences, à respecter des consignes, à apprécier la compagnie d’un autre enfant ou à jouer seul durant de petits moments, il construit peu à peu son autonomie sociale, affective et morale.

Favoriser le développement de son autonomie

Enfant qui développe son autonomie en ramassant un dégât.
  • Respectez le rythme de votre enfant et portez attention aux signaux qu’il vous envoie. Par exemple, s’il gigote dans vos bras, il veut peut-être essayer de se déplacer seul et, s’il attrape la cuillère quand vous le nourrissez, il veut peut-être la porter lui-même à sa bouche.
  • Encouragez-le à faire de petites choses par lui-même et à pratiquer ses habiletés. Proposez-lui des tâches et des défis adaptés à son âge et à ses capacités. Si ce que vous lui demandez est trop difficile, il risque de ne pas réussir. Cela pourrait nuire à son estime personnelle et à sa confiance en lui.
  • Permettez à votre tout-petit de faire des choix. Il apprend ainsi à prendre des décisions et à satisfaire son besoin d’autonomie. En plus, cela lui donne un certain pouvoir sur ce qui lui arrive. Limitez toutefois le nombre de choix (ex. : « Tu veux mettre ton chandail bleu ou ton chandail vert? »), sinon il pourrait avoir de la difficulté à se décider.
  • Enseignez-lui comment faire. Au lieu de prendre votre enfant de 2 ans dans les escaliers par exemple, montrez-lui les gestes à faire pour monter ou descendre. Puis, laissez-le faire, en restant à côté de lui pour l’aider au besoin. Si vous lui confiez une tâche, expliquez-lui comment vous la faites (ex. : « Tu vois, je dépose le verre ici, et les ustensiles là. »). Attendez-vous toutefois à répéter souvent. Un nouvel apprentissage demande du temps et beaucoup de répétition.
  • Adaptez votre maison de manière à favoriser les apprentissages de votre tout-petit. Par exemple, dans la salle de bain, mettez un petit banc sur lequel il montera pour se laver les mains et, dans l’entrée, installez un crochet à sa hauteur pour qu’il puisse y accrocher son manteau. Rangez aussi les objets fragiles, les médicaments et les produits de nettoyage hors de sa portée afin qu’il puisse explorer en toute sécurité.
  • Prévoyez 10 minutes de plus à votre horaire lorsque votre enfant commence à faire les choses par lui-même. Vous récupérerez le temps consacré à rendre votre tout-petit autonome plus tard, lorsqu’il pourra faire plus de tâches tout seul.
  • Acceptez que le résultat ne soit pas parfait. Si votre enfant veut s’habiller seul, les couleurs de ses vêtements n’iront peut-être pas bien ensemble. Ne vous arrêtez pas à ce détail; réjouissez-vous plutôt devant ses nouvelles habiletés. Assurez-vous simplement que ses vêtements sont adaptés à la température extérieure.
  • Acceptez les erreurs, les dégâts et les maladresses. Si votre tout-petit renverse du lait en remplissant son verre, évitez de le chicaner. Invitez-le plutôt à vous aider à nettoyer. Assurez-vous que le nettoyage est vu comme un geste normal à la suite d’un dégât, et non comme une punition.
Des parents témoignent de la quête d’autonomie de leur enfant.
  • Réconfortez votre enfant s’il pleure ou s’il est en colère parce qu’il a de la difficulté à faire quelque chose.
  • Félicitez votre tout-petit et encouragez ses efforts en décrivant son comportement. Par exemple : « Wow, tu as réussi à attacher ton manteau tout seul même si c’était difficile! » ou « Bravo, tu as rangé tous les jouets! ». Ces paroles augmentent son estime de soi et sa confiance en ses capacités. Elles lui permettent aussi de mémoriser son action. S’il n’a pas réussi malgré ses efforts, vos encouragements lui donnent le goût de persévérer.
  • Guidez votre enfant sans faire les choses à sa place s’il a plus de 3 ans. Par exemple, si son manteau est à l’envers et qu’il n’arrive pas à le mettre, ne le retournez pas. Posez-lui plutôt des questions pour l’amener à trouver une solution, comme : « Ouf, c’est difficile… Vois-tu où sont les manches? » Dans d’autres situations, partagez la tâche avec lui : « Quel soulier souhaites-tu mettre tout seul? Je vais t’aider pour l’autre » ou « Tu aimerais que je range les livres ou les voitures? ».
  • Encouragez votre enfant de plus de 3 ans à trouver des solutions. Cela lui montre que vous avez confiance en ses capacités. Par exemple, s’il est fâché parce qu’il ne trouve pas un de ses souliers, questionnez-le pour lui montrer comment on cherche un objet : « Où pourrait-il bien se cacher? Où l’as-tu vu pour la dernière fois? Dans quelles pièces as-tu regardé?, etc. »

À retenir

  • Votre enfant a besoin de sentir que vous croyez en ses capacités pour gagner de l’autonomie.
  • Il est important d’encourager votre tout-petit à faire des choses par lui-même en vous assurant qu’elles sont adaptées à son âge.
  • Rassurer votre tout-petit et respecter son rythme l’aide à prendre confiance en lui et à devenir plus autonome.
Naître et grandir

Révision scientifique : Marie-Hélène Chalifour, psychoéducatrice
Recherche et rédaction :
Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Avril 2024

Photos : iStock.com/danr13 et GettyImages/Halfpoint

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • DUCLOS, Germain et Martin DUCLOS. Enfants et ados responsables : miser sur une saine discipline. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, coll. « Parlons parents », 2021, 222 p.
  • FERLAND, Francine. Le développement de l’enfant au quotidien de 0 à 6 ans. 2e éd., Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2018, 264 p.
  • FILLIOZAT, Isabelle. « J’ai tout essayé! » : opposition, pleurs et crises de rage : traverser sans dommage la période de 1 à 5 ans. N. éd., Paris, Marabout, 2019, 256 p.
  • HAMEL, Sarah. Le Ti-pou d’Amérique : mieux le comprendre pour mieux intervenir. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2022, 182 p.
  • MACNAMARA, Deborah. Jouer, grandir et s’épanouir : le rôle de l’attachement dans le développement de l’enfant. Montréal, Éditions au Carré, 2017, 309 p.
  • SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE. Soins de nos enfants. Le développement de votre enfant : à quoi vous attendre. 2019. soinsdenosenfants.cps.ca
  • WEBMD. 4-to 5-years-olds: Developmental Milestones. 2022. webmd.com

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