Utiliser le chantage avec un enfant n’est pas efficace. Comment intervenir autrement?
Les parents peuvent parfois avoir recours au chantage quand leur enfant ne les écoute pas. C’est toutefois une stratégie qu’il est préférable d’éviter.
Qu’est-ce que le chantage?
Le chantage consiste à faire des menaces à un enfant pour le priver d’un privilège ou à lui promettre une récompense afin qu’il fasse ce qu’on lui demande. Un parent fait du chantage, par exemple, quand il dit à son enfant : « Si tu ne viens pas tout de suite, tu ne pourras pas jouer après souper. » Ou encore : « Si tu es tranquille à l’épicerie, je t’achète une surprise. »
Le parent qui utilise le chantage le fait souvent parce qu’il se sent dépassé et impuissant à l’égard du comportement de son tout-petit. Le parent répond alors à son besoin de reprendre le contrôle de la situation plutôt qu’aux besoins et aux émotions de son enfant.
Pourquoi éviter le chantage?
Même s’il est tentant de faire du chantage pour vous faire écouter, cette stratégie n’est pas efficace à long terme. Si vous avez recours aux menaces pour vous faire écouter, votre enfant peut ressentir du stress. Il aura alors de la difficulté à comprendre ce que vous attendez de lui. Par exemple, si vous lui dites : « Si tu n’es pas habillé dans 2 minutes, je pars sans toi! », votre enfant risque de s’inquiéter à l’idée que vous le laissiez seul à la maison. S’il fait ce que vous lui demandez, ce sera parce qu’il a peur que vous partiez sans lui, et non parce qu’il a véritablement compris votre demande.
À long terme, ce genre de chantage favorise l’insécurité plutôt que de permettre à votre enfant de comprendre pourquoi il doit faire quelque chose. Dans ce cas, vous pouvez, par exemple, dire à votre enfant : « Je vois que tu aurais envie de rester en pyjama, je te comprends. Ce matin, ce n’est pas possible, car je dois me rendre au travail. »
Si vous promettez des récompenses à votre enfant pour qu’il vous écoute, il s’habitue à faire les choses en échange d’une récompense. À long terme, cette manière de faire ne favorise pas le désir de collaborer, de s’entraider et de faire plaisir à l’autre. Vous pouvez plutôt lui expliquer, simplement, la raison de votre consigne. Par exemple : « J’ai besoin de ton aide pour aller plus vite. Moi, je range la vaisselle, toi, tu ranges tes jouets et après on aura du temps pour lire une histoire! »
Comme vous êtes un modèle pour votre enfant, il risque d’utiliser le chantage à son tour si vous y avez recours souvent pour avoir ce que vous voulez. Il comprend que c’est là une bonne façon d’obtenir ce qu’il veut. De plus, vers 4 ans, les enfants développent leur capacité à négocier. Votre tout-petit pourrait donc vous dire des phrases telles que : « Je vais ranger, à condition de pouvoir écouter la télé. »
Le chantage alimentaire
Le chantage lors des repas doit aussi être évité. Menacer un enfant de le priver de dessert lorsqu’il refuse de manger pourrait le pousser, par exemple, à bouder les fruits et légumes, à être plus attiré par les friandises en plus de nuire à l’écoute de ses signaux de faim. Il est préférable que vous décidiez de l’heure du repas et du contenu de l’assiette et que votre enfant décide de la quantité qu’il mange. |
Comment éviter le chantage?
Voici des stratégies positives à utiliser avec votre enfant au lieu du chantage pour vous faire écouter et diminuer son opposition.
- Mettez en place des routines. Grâce aux routines, votre enfant sait à quoi s’attendre. Elles le sécurisent et lui donnent le sentiment d’être plus en contrôle. Un simple rappel de l’étape suivante, quelques minutes avant, peut parfois être suffisant pour qu’il vous écoute. Vous pouvez aussi lui demander, par exemple : « Qu’est-ce qu’on fait après le bain? À quel endroit se trouve ton pyjama déjà? »
- Laissez votre enfant prendre certaines décisions. Il risque de mieux collaborer s’il sent qu’il a du pouvoir sur ce qui lui arrive. Par exemple, au lieu de dire : « Range tes jouets », demandez-lui plutôt : « Veux-tu commencer par ranger tes blocs ou tes dinosaures? » Offrez-lui toutefois seulement un ou deux choix, sinon votre enfant pourrait avoir de la difficulté à se décider. Évitez aussi les questions du type : « Est-ce que tu es prêt à brosser tes dents? » S’il peut répondre oui ou non, il y a de fortes chances qu’il préfère poursuivre son activité au lieu de l’arrêter.
- Expliquez à votre enfant dans quel ordre les choses devraient être faites, au lieu de le menacer de le priver de quelque chose. Par exemple, dites-lui : « Range d’abord tes jouets, après je pourrai te lire une histoire », plutôt que : « Si tu ne ranges pas tes jouets, je ne te raconte pas d’histoire. » Ainsi, votre tout-petit comprendra qu’avant de passer à une autre activité, il faut que la première soit terminée.
- Utilisez le jeu et l’humour pour faire des demandes à votre enfant. Par exemple, au lieu de lui dire : « Va mettre ton linge dans le panier à linge sale, s’il te plaît », proposez-lui un jeu : « Prends ton linge, ferme tes yeux et laisse-moi te guider vers un endroit spécial! » Ou encore, faites une course parent-enfant pour vous habiller. Ainsi, son attention est dirigée vers le plaisir plutôt que sur le choix de faire ou non ce que vous lui demandez. De plus, rire avec votre enfant vous permet de vivre un moment privilégié et renforce votre lien d’attachement.
- Aidez votre enfant à mettre des mots sur ce qu’il vit. Pour lui montrer que vous le comprenez, vous pouvez lui dire, par exemple : « Je sais que parfois tu n’aimes pas quand je te dis quoi faire. » Aidez-le ensuite à parler de ce qu’il veut et à mettre des mots sur ses émotions. Cela vous aide à mieux comprendre sa réaction et à trouver une solution. S’il se sent écouté et compris, votre enfant aura plus tendance à collaborer.
- Si vous sentez que vous allez perdre patience, prenez une pause pour vous calmer au lieu d’avoir recours au chantage. Vous pouvez, par exemple, changer de pièce quelques minutes ou prendre de grandes respirations et dire à votre enfant : « Je te laisse penser à ça, je reviens dans une minute. » À votre retour, si vous maintenez votre demande, dites-le simplement à votre tout-petit. Vous pouvez aussi lui dire : « Je vois que ça ne fait pas ton affaire. C’est vrai que c’est frustrant de ne pas pouvoir tout décider. » Encore une fois, se sentir compris peut aider votre enfant à collaborer. Il est possible aussi qu’après réflexion, vous changiez d’idée. Vous pouvez alors dire à votre enfant, par exemple : « J’ai changé d’idée, je te laisse encore 5 minutes pour jouer et on part ensuite. »
Quand votre enfant fait du chantage…
Si votre enfant utilise le chantage, rappelez-lui simplement ce que vous attendez de lui, sans tenir compte de son argumentation : « Ce que je t’ai demandé, c’est de ranger. » Si vous êtes constant dans vos interventions, votre enfant apprendra qu’il ne peut pas utiliser le chantage avec vous.
À retenir
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Le chantage répond davantage au besoin du parent de reprendre le contrôle d’une situation qu’aux besoins de l’enfant.
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Promettre des récompenses à votre enfant pour qu’il vous écoute l’habitue à faire des choses en échange d’autre chose au lieu de lui apprendre à collaborer.
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Pour amener un tout-petit à collaborer sans utiliser le chantage, vous pouvez mettre en place des routines, lui offrir à l’occasion des choix et expliquer clairement les consignes.
| Révision scientifique : Marie-Hélène Chalifour, psychoéducatrice Recherche et rédaction : Équipe Naître et grandir Mise à jour : Juillet 2019
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Photos : GettyImages/fizkes et Monkey Business Images Ltd
Ressources et références
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