Encore le même jeu? Loin de l’ennuyer, la répétition lui permet d’apprendre et de s’exercer.
Dès leur plus jeune âge, les enfants aiment recommencer les mêmes jeux et se faire relire les mêmes histoires. La répétition est agréable pour eux et elle est bénéfique à leur développement, car ils sont dans une période d’apprentissage très intense.
Les bienfaits de la répétition pour les enfants
Pour le développement moteur
Lorsqu’il s’agit d’activités motrices, la répétition est un moyen pour un tout-petit d’apprendre et d’exercer de nouvelles habiletés. Par exemple, lorsqu’il construit à répétition des tours de blocs, il exerce sa motricité fine.
La répétition permet aussi au tout-petit de découvrir qu’il est capable de rendre ses mouvements de plus en plus précis. Chaque fois qu’il lance une balle, tape ses mains ensemble, roule par terre ou reproduit un bruit avec sa bouche, l’enfant refait l’action un peu différemment. C’est d’ailleurs par la répétition des mêmes gestes qu’un enfant parvient à marcher, à courir et à faire de la bicyclette.
Pour le développement cognitif
La répétition permet aussi à l’enfant de stimuler sa mémoire. Comme il n’a pas encore développé une très bonne mémoire, répéter lui permet surtout de retenir les choses qu’il aime. De plus, chanter toujours les mêmes comptines l’aide à développer son langage, alors que refaire les mêmes casse-têtes lui permet d’apprendre à évaluer les tailles et les formes avec ses yeux et avec ses mains.
Lorsqu’il répète quelque chose, l’enfant est fier de pouvoir prédire ce qui va arriver.
Lorsqu’il lance un aliment ou un objet par terre de nombreuses fois, le bébé ne cherche pas à fâcher ses parents. Il veut plutôt expérimenter une toute nouvelle réalité pour lui. Avant l’âge de 9 ou 10 mois, l’enfant croit que les objets disparaissent lorsqu’il ne les voit plus. C’est pourquoi il est si fasciné lorsqu’il fait tomber un objet de sa chaise haute et qu’on le lui redonne.
À force de lancer des aliments ou des objets par terre, le bébé comprend qu’un objet existe même s’il ne le voit plus. Ce jeu est d’autant plus passionnant pour lui lorsqu’il découvre qu’il peut relâcher un objet s’il le décide. Il apprend aussi que son action cause un effet prévisible : quand il laisse tomber un jouet par terre, papa ou maman le lui redonne.
La répétition est aussi une façon pour l’enfant de tester sa compréhension de concepts, comme la gravité. Par exemple, il se rend compte que s’il ne retient pas les choses dans ses mains, elles tombent.
Que se passe-t-il quand votre enfant répète?
Lorsque votre enfant fait un nouvel apprentissage, il développe son cerveau. De nouvelles connexions se forment alors entre les cellules dans son cerveau. Et plus il répète, plus ces connexions deviennent solides.
C’est pour cela qu’il apprend et retient facilement les mots lait et dodo, car il les utilise chaque jour. Toutefois, le mot dentiste est plus difficile à comprendre et à retenir pour lui, car il n’est pas souvent utilisé.
Quand il répète un même jeu, votre enfant vit chaque fois une nouvelle expérience avec ses sens. Le plaisir ressenti lors d’une activité est d’ailleurs lié aux sensations qu’elle lui procure. Par exemple, il aime voir l’organisation des couleurs sur sa tour de blocs et la trajectoire des blocs lorsque la tour s’écroule. Sauter dans une flaque d’eau et gribouiller sur du papier est aussi vécu différemment chaque fois, car les sensations ressenties ne sont pas toujours les mêmes.
En refaisant encore et encore le même jeu, votre enfant s’améliore, ce qui lui permet de développer sa
confiance en lui.
Lorsqu’il a beaucoup répété un même jeu, votre tout-petit le modifie ou se tourne en général naturellement vers une activité plus stimulante. Cependant, s’il répète un jeu qu’il exécute très facilement, variez le contexte ou augmentez le niveau de difficulté. Cela l’encourage à expérimenter son jeu d’une nouvelle façon et à se dépasser. Vous pouvez aussi intégrer le jeu répété dans une autre activité.
Voici quelques suggestions.
- Si un casse-tête semble trop facile pour votre enfant, proposez-lui-en un autre qui comporte plus de pièces. Vous pouvez aussi intégrer le casse-tête trop facile à un parcours : votre enfant doit faire le casse-tête à un endroit et les pièces sont placées plus loin. Pour se déplacer entre les deux endroits, il doit relever des défis (ex. : faire des sauts de lapin).
- Si votre tout-petit déplace et gare des petites voitures à répétition, proposez-lui d’ajouter une figurine à son jeu. Elle pourrait être la responsable du stationnement et parler aux conducteurs des voitures.
- S’il aime chanter toujours la même chanson, proposez-lui de changer la vitesse (plus lent ou plus vite) ou le volume (plus fort ou plus faible), de danser en même temps qu’il chante, de s’amuser à modifier certains mots ou de préparer un spectacle.
Pas envie ou fatigué de répéter le même jeu?Vous manquez de patience aujourd’hui pour recommencer dix fois le même jeu? Pour éviter les crises au moment de mettre fin au jeu, détournez l’attention de votre enfant en lui présentant un autre jouet ou en le sortant de sa chaise haute, par exemple. Vous pouvez aussi trouver une façon de rendre concret le temps qu’il reste avant la fin du jeu (ex. : lui dire d’arrêter après 5 tours ou le temps d’une chanson). Il est aussi possible d’expliquer à votre enfant que vous êtes fatigué et que vous préférez le regarder s’amuser. |
Pourquoi votre enfant veut souvent les mêmes histoires?
Vers l’âge de 3 ans, votre enfant anticipe les émotions qu’il a ressenties lors des lectures précédentes d’un livre. Et il ressent beaucoup de plaisir à les éprouver de nouveau.
La relecture d’une histoire est aussi un exercice de mémoire pour lui, car il veut vérifier s’il s’en souvient bien. Alors, ne soyez pas surpris s’il vous reprend quand vous osez sauter une phrase ou une page du livre.
Par ailleurs, votre enfant ne porte pas nécessairement son attention sur les mêmes éléments de l’histoire, ce qui lui permet de profiter de chaque relecture d’une manière différente. Vous pouvez l’aider en pointant des détails et en le questionnant sur des éléments nouveaux à chaque lecture.
Par exemple, vous pouvez attirer son attention sur les vêtements du personnage (ex. : « Il porte de grosses bottes parce qu’il fait froid ») et, lors d’une autre lecture, sur les émotions du personnage (ex. : « On dirait que ses mains tremblent. A-t-il peur? ») ou encore sur la forme des objets (ex. : « Le toit de la maison est de quelle forme? »).
Lorsqu’il connaît bien l’histoire, votre enfant est souvent content de la raconter lui-même. Il est fier de pouvoir « lire » comme un grand. La répétition des comptines et des chansons qu’il a apprises lui procure le même plaisir. Lorsque l’enfant découvre de nouveaux livres et de nouvelles chansons qui l’intéressent, il peut moins ressentir le besoin d’entendre toujours les mêmes.
Les routines, des répétitions rassurantesLa répétition de certains gestes jour après jour contribue à rassurer votre enfant. Profitez de son besoin de répétition pour mettre en place des routines à la maison. Elles facilitent certains moments de la journée, comme l’ heure des repas, l’habillement, le changement de couche, la sieste, le coucher, l’heure du bain ou le brossage des dents. Par exemple, chanter à votre tout-petit la même chanson chaque soir le réconforte et l’aide à s’endormir. |
Quand consulter?
La répétition est normale, souhaitable et bénéfique au développement et au fonctionnement de l’enfant. Parlez toutefois de l’intérêt de votre enfant pour la répétition à son médecin si, après l’âge de 18 mois, il :
- ne répète qu’un seul jeu (ex. : aligner des voitures) ou une seule action (ex. : appuyer sur un bouton qui déclenche un bruit);
- répète une action qui n’est pas un intérêt habituel des enfants de son âge (ex. : ouvrir et fermer les portes);
- s’oppose à toutes les modifications que vous lui proposez;
- refuse toujours que quelqu’un participe à son jeu répétitif;
- adopte un langage et des gestes répétitifs pendant ses jeux (ex. : répéter la même phrase, agiter sa main près de ses yeux à un moment précis dans un jeu), en plus de toujours s’allonger par terre sur le côté ou sur le ventre pour jouer;
- est mal à l’aise avec la nouveauté en général.
Le médecin pourra vous aider à mieux comprendre les besoins de votre enfant et vous suggérer des façons de l’inciter à varier ses jeux et ses apprentissages. Un intérêt marqué pour les jeux répétitifs peut être un signe du trouble du spectre de l’autisme.
À retenir
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Il est normal que votre enfant aime recommencer les mêmes jeux et se faire relire plusieurs fois la même histoire.
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La répétition permet à votre tout-petit de faire des apprentissages et de développer des habiletés et son cerveau.
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Vous pouvez utiliser son besoin de répétition pour installer des routines au quotidien. Une routine bien établie contribue à rassurer votre enfant.
| Révision scientifique : Josiane Caron Santha, ergothérapeute Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Décembre 2024
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Photos : iStock.com/VladartDesign et GettyImages/kate_sept2004
Ressources et références
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AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION. DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. 5e éd., Issy-les-Moulineaux, Éditions Elsevier Masson, 2015, 1176 p.
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ENCYCLOPÉDIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS. Apprendre en jouant. 2023. enfant-encyclopedie.com
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FERLAND, Francine. Et si on jouait? Le jeu au coeur du développement de l’enfant. 3e éd., Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2018, 240 p.
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