Votre enfant est timide? Comment l’aider à être plus à l’aise avec les autres?
On reconnaît un enfant timide par son comportement. En général, il n’est pas à l’aise en public. Par exemple, il ne va pas jouer naturellement avec les enfants de son âge. Il peut aussi se coller sur son parent, ne pas répondre quand une personne qu’il connaît peu ou pas lui parle et fuir le regard des autres en regardant par terre.
Pourquoi est-il timide?
C’est en général à partir de 2 ou 3 ans que l’on peut véritablement parler de timidité, lorsque l’enfant commence à prendre conscience de son image, du regard des autres et de l’effet qu’il produit chez eux. Voici les facteurs qui peuvent expliquer pourquoi un enfant est timide.
- La timidité peut s’expliquer par le tempérament d’un tout-petit. Le tempérament définit la manière dont un enfant réagit, s’adapte aux situations, gère ses émotions et entre en relation avec les autres. Dès la naissance, certains enfants montrent plus d’insécurité et sont plus sensibles à la nouveauté. Ils ont besoin de plus de temps pour observer une situation nouvelle, l’apprivoiser et s’y adapter. Par exemple, l’enfant timide peut mettre du temps avant d’être à l’aise avec de nouvelles personnes, comme des amis de ses parents.
- La façon dont les parents agissent peut aussi amener un tout-petit à être timide ou augmenter la timidité d’un enfant. Par exemple, les parents qui utilisent la peur pour se faire obéir ou qui font souvent des reproches à leur enfant le placent dans un état d’insécurité. L’enfant perd alors confiance en lui et devient plus timide.
- Les expériences vécues par l’enfant ont aussi une influence. Par exemple, un enfant qui se fait souvent dire qu’il est timide par son entourage ou qui se fait malmener par d’autres enfants à la garderie peut développer une certaine insécurité par rapport aux autres et devenir plus timide.
Les peurs d’un enfant timide
Le sentiment d’insécurité qui habite l’enfant timide l’amène à vivre toutes sortes de peurs. Il a peur de l’inconnu, des situations nouvelles et des étrangers. Il a tendance à voir la nouveauté comme un danger. Par exemple, il peut se demander : « Qu’est-ce qui va m’arriver si je parle à cette personne que je ne connais pas? Est-ce qu’elle va vouloir m’emmener avec elle? », « Est-ce que cette petite fille sera gentille avec moi si je joue avec elle? Qu’est-ce que je fais si elle est méchante? » ou « Comment ça va se passer à la garderie? Est-ce que je vais être capable de jouer comme les autres? ». |
Comment aider un enfant timide
L’enfant timide a besoin de prendre confiance en lui et d’être sécurisé. En ayant une attitude positive, vous pouvez aider votre enfant à être moins craintif devant l’inconnu et diminuer ainsi son sentiment d’insécurité. Voici ce que vous pouvez faire pour l’aider à surmonter sa timidité.
Valorisez votre enfant
Pour prendre confiance en lui, votre enfant a besoin d’être valorisé et de sentir que ce qu’il veut, ce qu’il pense ou ce qu’il ressent est important à vos yeux. Afin de l’encourager, proposez-lui de faire des choix selon ses goûts. Cela lui donne la chance de prendre de petites décisions et de gagner de la confiance. Par exemple, il peut choisir ses vêtements, les livres à lire avant le dodo ou un jeu à faire en famille.
Intéressez-vous aussi à ce qu’il fait. Par exemple, quand il dessine ou bricole, posez-lui des questions sur sa création. Cela développe sa capacité à s’exprimer et l’aide à se sentir intéressant. Se sentir aimé et apprécié aide à surmonter la timidité.
Aidez votre enfant à entrer en contact avec d’autres enfants
Quelques idées pour aider un enfant timide à s’intégrer dans un groupe.

Si votre enfant a de la difficulté à aller vers d’autres enfants, invitez un ami à la maison. En étant dans un environnement familier, votre enfant se sentira plus à l’aise. Commencez à jouer avec les enfants puis, après un moment, retirez-vous en exprimant votre sentiment de confiance envers les enfants. Dites, par exemple : « Vous êtes capables de bien vous amuser. Cela me fait plaisir. »
Rappelez-vous toutefois qu’avant l’âge de 3 ans, les enfants jouent en parallèle, c’est-à-dire qu’ils jouent l’un à côté de l’autre, de façon individuelle. Donc, à cet âge, si votre tout-petit réussit à jouer à côté d’autres enfants, c’est déjà très bien!
Au parc, montrez à votre enfant des façons de se joindre à un groupe. Dites, par exemple : « J’ai l’impression que tu aimerais aller jouer avec les enfants qui font des châteaux de sable. Viens, nous allons leur demander si nous pouvons en construire avec eux. »
Si votre enfant a constamment de la difficulté à entrer en contact avec les autres, cela pourrait l’amener à s’isoler. Félicitez-le lorsqu’il réussit à surmonter sa timidité.
Préparez votre enfant avant une visite
Pour sécuriser votre enfant avant de vous rendre chez des amis ou dans la parenté, préparez-le en lui disant à l’avance qui sera présent et comment se déroulera la soirée. S’il s’agit d’une deuxième visite, aidez votre enfant à se rappeler certains éléments (ex. : qui était là la fois précédente ou ce que vous aviez fait). Il se sentira ainsi plus à l’aise, car la situation lui paraîtra moins nouvelle.
Soutenir un enfant timide, c’est l’aider à diminuer son malaise, et non vouloir changer sa nature.
Une fois sur place, laissez-lui le temps d’observer comment les choses se passent. S’il se montre distant et silencieux lors de la visite, respectez son rythme et félicitez-le pour ses efforts, même discrets (ex. : un sourire, un salut de la main ou un regard).
Lorsque vous reconnaissez ainsi ses efforts sans insister, sa peur de se trouver avec d’autres personnes ailleurs que chez lui va diminuer peu à peu.
Faites vivre des expériences positives à votre enfant
Plus votre enfant se sent capable de faire des choses, plus il se sent bon. Cela lui permet de gagner de la confiance en lui et d’être plus à l’aise pour aller vers les autres. Par exemple, dans les modules de jeux au parc, laissez-le explorer seul ses limites et accompagnez-le lorsqu’il en a besoin. Quand vous donnez souvent l’occasion à votre enfant de relever de petits défis, sa confiance et son estime personnelle grandissent.
Favorisez les jeux de rôle et de société
Les jeux de rôles, comme jouer à l’épicerie, au restaurant ou à l’école, apprennent à votre tout-petit comment entrer en contact avec les autres. Lorsque vous jouez avec lui, vous servez de modèle pour lui montrer ce qu’il peut dire et comment il peut réagir dans différentes situations de la vie quotidienne.
Les jeux de société l’exercent aussi à interagir avec les autres. Au fil des parties, votre enfant apprend à s’affirmer, à écouter les autres, à respecter des règles et à gérer ses émotions en cas de frustration.
Des comportements à éviter
Évitez de surprotéger votre enfant
Lorsqu’un enfant est surprotégé, sa timidité peut parfois être accompagnée de passivité et d’une grande dépendance à l’égard de l’adulte. Par exemple, l’enfant ne fait rien sans son parent, soit parce qu’il a peur de lui déplaire, soit parce que l’adulte lui a transmis ses propres peurs.
Quand vous surprotégez votre enfant en faisant les choses à sa place, vous lui envoyez le message qu’il n’est pas capable de faire les choses par lui-même (ex. : « Je le fais pour toi, parce que tu n’as pas les habiletés nécessaires pour réussir. »). L’enfant peut aussi ressentir les craintes de l’adulte et avoir peur de faire les choses par lui-même (ex. : « Le monde est si menaçant que je dois être avec toi pour l’affronter. »). Ainsi, l’enfant peut développer la croyance qu’il n’est pas à la hauteur pour faire les choses ou que le monde qui l’entoure est dangereux.
Ne lui reprochez pas sa timidité
Évitez de donner une étiquette à votre enfant en lui répétant qu’il est timide. À force d’entendre ce commentaire, il va se définir comme tel et finir par croire qu’il ne peut pas changer. Or, avec de l’aide et à force de vivre des expériences positives, votre enfant peut gagner de la confiance et de l’aisance avec les autres, et sa timidité peut diminuer.
Ne l’humiliez pas
Évitez de raconter des situations gênantes ou humiliantes vécues par votre enfant à d’autres personnes en sa présence (ex. : raconter que votre enfant a fait pipi à côté de la toilette dans une toilette publique). Même si les gens rient de la situation, votre enfant peut croire qu’ils rient de lui. Ce genre de situation nuit à son estime personnelle. Mieux vaut aussi éviter de dire à votre enfant devant tout le monde qu’il ment ou que ce qu’il dit est ridicule. Cela a aussi des effets négatifs sur son estime personnelle et peut augmenter sa timidité.
Ne le forcez pas à aller vers les autres
Il n’est pas conseillé de forcer votre enfant à entrer en relation avec d’autres personnes s’il n’en a pas envie. Par exemple, ne le forcez pas à aller jouer avec des enfants ou à répondre à une dame qu’il ne connaît pas s’il ne veut pas. Cela ne ferait qu’augmenter sa résistance à aller vers les autres. Il est plus gagnant de lui donner le temps d’apprivoiser les situations à son rythme et de le laisser aller vers les autres quand il se sent prêt.
C’est la même chose avec les câlins et les bisous. Ne forcez pas votre enfant à donner un bisou, par exemple, à son grand-père s’il ne veut pas. Invitez plutôt les grands-parents et les autres personnes de votre entourage à avoir une attitude accueillante avec votre enfant. Ils peuvent le saluer sans le toucher et lui parler doucement sans attendre une réponse. Au fil des contacts, votre enfant deviendra de plus en plus à l’aise avec eux.
Évitez de le placer dans une situation d’échec
Si votre enfant n’est pas à l’aise dans un groupe, il n’est pas conseillé de l’inscrire à une activité de groupe où il sera seul pour faire face aux autres enfants et à un animateur. Comme l’enfant timide a peur de la nouveauté et des inconnus, cette situation peut causer chez lui un sentiment de panique. Il y a de bonnes chances qu’il refuse de participer à l’activité ou qu’il fasse des crises pour ne pas y aller. À la longue, il peut abandonner le cours et vivre cette expérience comme un échec.
Pour initier un enfant timide à une activité de groupe, privilégiez plutôt les activités parent-enfant (ex. : natation, gymnastique, yoga, karaté). Être accompagné de son parent aide l’enfant à développer sa confiance et à apprivoiser un nouvel environnement. Favorisez aussi les activités où la présence des parents à proximité est acceptée. Par exemple, au soccer, vous pouvez faire l’échauffement avec votre tout-petit pour le sécuriser et prendre petit à petit vos distances pour le reste de l’activité.
Quand le parent est timide…
Un enfant qui a un parent timide a plus de chance d’être timide lui aussi, d’une part, parce que les parents servent de modèles. Si un enfant voit son parent être mal à l’aise en public, il peut lui aussi développer un malaise. D’autre part, un parent timide peut sans le vouloir empêcher son enfant d’aller librement vers les autres en disant par exemple : « Ne va pas voir les petites filles dans le carré de sable, car tu vas les déranger dans leur jeu. » Même si vous êtes timide, vous pouvez aider votre enfant à développer sa confiance en vous inspirant des conseils mentionnés précédemment. Vous pouvez aussi demander le soutien de votre partenaire ou de votre entourage pour aider votre enfant à entrer en relation avec les autres. Par exemple, laissez votre partenaire participer au cours de karaté parent-enfant ou demandez à votre mère d’accompagner votre enfant à l’heure du conte à la bibliothèque. Si vous souhaitez surmonter votre timidité, vous pouvez obtenir de l’aide auprès de votre CLSC ou d’un psychologue. |
À retenir
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La timidité peut s’expliquer par le tempérament de l’enfant, l’attitude des parents et les expériences vécues.
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L’enfant timide a besoin de gagner de la confiance et d’être rassuré.
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Vous pouvez aider votre enfant à être plus à l’aise avec les autres notamment en le valorisant, en le préparant avant une visite et en faisant avec lui des jeux de rôles.
| Révision scientifique : Annie Goulet, psychologue
Recherche et rédaction : Équipe Naître et grandir Mise à jour : Juin 2018
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Photos : iStock/NiDerLander et Gettyimages/RoBeDeRo
Ressources et référencesPour les parents -
NÉEL, Sophie. La communication positive parents-enfants : une méthode douce et ludique pour aider votre enfant à dépasser ses peurs, cauchemars, émotions négatives, timidité… Éditions Josette Lyon, 2016, 196 p.
Pour les enfants -
COUTURE, Nathalie et Geneviève MARCOTTE. Super Moi surmonte sa timidité. Québec, Éditions Midi trente, 2015, 48 p.
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DOLTO, Catherine. La timidité. Éditions Gallimard, 2011, 28 p.
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