TDAH, mon amour: la parole aux parents

TDAH, mon amour: la parole aux parents
Par Julie Fortier, Rédactrice en chef, Naître et grandir
Beaucoup de place est laissée aux parents. C’est d’ailleurs la force de ce premier épisode puisque le TDAH se limite souvent à des débats d’experts.

À 15 mois, tous les soirs au moment du coucher, Thomas-Alexandre faisait des crises qui pouvaient durer de 2 à 3 heures. Il finissait par s’endormir, épuisé. C’est à 3 ans que le diagnostic est tombé après avoir vu un pédopsychiatre à l’urgence : trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) doublé d’un trouble d’opposition. Dans son cas, la médication s’est imposée, même s’il était encore très jeune.

« Quand on a commencé la médication, les gens me disaient : "Tu drogues ton enfant pour avoir la paix." Non, moi je drogue mon enfant pour qu’on ait une qualité de vie », affirme la maman de Thomas-Alexandre dans la série documentaire TDAH, mon amour, présentée par Claire Lamarche et diffusée à partir de lundi prochain sur les ondes de Télé-Québec.

Dans cette première partie sur les enfants, beaucoup de place est laissée aux témoignages des parents. C’est d’ailleurs la force de ce volet puisque ce sujet controversé se limite souvent à des débats d’experts, laissant peu de place à la dure réalité que vivent les familles ayant un enfant atteint du TDAH. Ces témoignages ébranleront sûrement certains préjugés sur les parents qui décident de médicamenter leur enfant.

Pour plusieurs parents qui témoignent, ce fut une décision difficile, même si les signes étaient présents depuis la petite enfance et que la vie familiale en était bouleversée. Les parents d’enfants aux prises avec le TDAH ressentent d’ailleurs souvent beaucoup de culpabilité et remettent en question leurs compétences. Les propos de la psychiatre Annick Vincent en rassureront probablement plusieurs : le TDAH est un problème neurobiologique, donc peu importe comment l’enfant est éduqué, il aura un trouble du déficit de l’attention.

La médication ne règle pas tout

Autant les parents que les deux experts interviewés le disent : le TDAH affecte beaucoup les habiletés sociales des enfants et leur estime de soi qui, souvent, tombe à plat. Ces enfants ont d’ailleurs parfois des mots très durs à leur égard. Il n’est pas rare que le neuropsychologue Benoît Hammarrenger, qui intervient dans le documentaire, entende les enfants dire : « Je ne suis pas intelligent. » «  Je ne suis pas capable. » « J’aimerais ça être normal. » Des mots que lui-même trouve difficiles à entendre.

En s’immisçant dans le quotidien des familles, le documentaire démontre aussi comment, malgré la médication, le TDAH ne donne pas beaucoup de répit aux parents. Difficile de ne pas se demander comment la maman de Thomas-Alexandre arrive à rester si calme alors que son garçon fait obstruction à tout ce qu’elle lui demande. Visiblement, elle sait comment intervenir et a recours aux bons outils, mais comme lui dit Claire Lamarche, elle doit être « fatiguée morte » quand elle va se coucher.

Les stratégies sont d’ailleurs un aspect important du traitement contre le TDAH, comme l’explique la Dre Annick Vincent : « La médication ne fait pas qu’on enlève les stratégies. La médication permet aux stratégies d’être efficaces. »

Il n’y a pas dans ce volet d’intervenants antimédication ou qui ont des points de vue divergents sur le TDAH. Les deux spécialistes interviewés dirigent chacun une clinique qui fait des évaluations de ce trouble. Malgré tout, ils émettent des questions et des réflexions qui auraient mérité qu’on s’y attarde davantage. Par exemple, les enfants diagnostiqués à tort, l’influence des multiples sources de stimulation dans notre quotidien, notre rythme de vie moderne et l’évolution de la scolarité dans notre société qui est maintenant devenue indispensable pour réussir.

Le mot de la fin revient à cette mère, diagnostiquée presque en même temps que sa fille (la génétique est d’ailleurs souvent en cause dans le TDAH) : « Enfin, on peut mettre un nom, une description, sur un état. Aujourd’hui, j’ai 40 ans, puis à l’époque, on était des tannants, des mal élevés, des indisciplinés et aujourd’hui, ça s’appelle le TDAH ».

 

20 octobre 2015

Naître et grandir

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