Parents séparés: le défi des repas

Parents séparés: le défi des repas
Par Stéphanie Côté, Nutritionniste
La séparation entraîne son lot de changements et d’ajustements. Les repas peuvent en faire partie. Lorsqu’il y a des divergences de croyances ou de valeurs entre les parents, ça peut être délicat.

Je fais partie des statistiques. Séparée. Avec deux enfants. Que dis-je? Avec deux merveilleux enfants. La séparation entraîne son lot d’enjeux, de changements et d’ajustements.

À part le déménagement, la séparation des biens, la vente de la voiture, la réorganisation des finances, la planification de la garde partagée, les nouveautés à la conciliation travail-famille et la gestion des émotions (juste ça!), il y a l’éducation et l’alimentation des enfants à assumer seul la moitié du temps. Même si l’autre parent est disponible pour en discuter, le quotidien d’un parent séparé implique tout de même de planifier et préparer les repas, faire les achats et encadrer les habitudes alimentaires des enfants, seul.

On vit ces changements chacun à notre façon et on fait face à des enjeux différents. Pour savoir comment les autres parents séparés vivent cette réalité, j’en ai appelé quelques-uns dans mon entourage. Ils ont été faciles à trouver…

Peu de chicane

La première bonne nouvelle est que, dans mon entourage, l’alimentation des enfants n’est pas souvent ressortie comme un objet de dispute. « On choisit nos batailles! », m’ont répondu Nathalie et Catherinève. Elles ne sont pas toujours d’accord avec les choix alimentaires de leur ex, mais n’en font pas un cas. Elles iraient au front si c’était réellement problématique, mais comme ce n’est pas le cas, elles relativisent et elles tolèrent. Après tout, chacun fait de son mieux, avec ses compétences et ses connaissances. Et tous trouvent des solutions pour offrir à leurs enfants une bonne alimentation : développer ses habiletés, cuisiner avec des amis, rejoindre une cuisine collective, demander de l’aide à sa mère et même son ex, ou trouver un ou une partenaire qui se débrouille bien en cuisine!

Lorsqu’il y a des divergences de croyances ou de valeurs (éviter certains aliments, être végétarien, etc.), ça peut être délicat. Pour Benoit et son ex, l’alimentation a toujours été importante. Ils se font mutuellement confiance sur ce point, mais la maman a tout de même dû accepter le fait que chez papa, il y a du gluten et du lactose dans l’assiette de fiston. C’est primordial que chaque parent respecte la façon de faire de l’autre et qu’il ne le rabaisse pas devant l’enfant.

Répétition

Quand on a vécu 10 ou 15 ans avec une personne, il est normal de partager un répertoire commun de recettes. C’est ce qui nous est arrivé. Pour éviter que nos enfants ne mangent trop souvent la même chose, nous avons partagé un fichier commun où nous inscrivions ce qu’il y avait au menu. Ça a duré quelques mois, le temps qu’on trouve l’un et l’autre de nouvelles inspirations.

Priorités

J’aime cuisiner, j’aime que mes enfants développent le plaisir de bien manger et que leur alimentation soit équilibrée. J’y consacre le temps qu’il faut, mais parfois, je me demande ce qui compte le plus entre passer du temps de qualité avec mes ti-loups ou leur cuisiner de bons repas. Oui, je pourrais les faire cuisiner avec moi afin de joindre l’utile à l’agréable. Oui, je pourrais cuisiner en avance pour avoir plus de temps avec eux. Je le fais, un peu. Autant que je peux. Mais quand le temps me file entre les doigts et qu’on veut jouer, il nous arrive de manger des céréales pour souper!

Pour les papas à qui j’ai parlé, la priorité de jouer ou discuter avec leurs enfants est constamment ressortie. C’est pour ça que Sébastien fait dessiner ou participer ses enfants à l’îlot pendant qu’il cuisine. C’est pour ça que Benoît prépare surtout des salades ou des repas rapides à faire. C’est pour ça que David amène souvent sa fille au restaurant. Quant aux mamans, mon petit échantillon me dit qu’on semble un brin plus motivées à cuisiner des biscuits, des muffins et des barres tendres pour éviter de donner des produits du commerce aux enfants.

Budget

Il y a aussi la délicate question de l’argent. Souvent, en se séparant, les parents s’appauvrissent. Quand les mois sont difficiles à boucler, il arrive malheureusement que l’épicerie écope. Trouver des recettes économiques, courir les spéciaux et gérer les surplus pour éviter de jeter des aliments aident à gérer un budget plus serré. Une autre idée : rejoindre une cuisine collective ou cuisiner en groupe. En plus de réduire la facture d’épicerie, on a la chance de tisser de nouveaux liens avec d’autres parents. Une façon de joindre l’utile à l’agréable!

 

Mise à jour le 30 mars 2022
Publiée originalement le 9 juin 2016

Naître et grandir

Photo : iStock.com/SolStock

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